FIX YOU
- Allo ?
- Salut Thomas ! Tu vas bien ? Olly est chez ses parents aujourd'hui !
- Vraiment ?
Ça expliquait pourquoi Dylan était encore avec moi à l'appartement.
- Si tu m'appelles, c'est que t'as un truc en tête ? souris-je.
- J'aimerai que tu m'accompagnes quelque part, maintenant que je peux y aller...
Son ton est tout à coup moins enjoué, mais je ne lui pose aucune question.
- On y va à moto si tu veux, lui proposai-je.
- Oh oui, ce serait super ! s'exclama-t-elle de l'autre côté de l'appareil.
- Parfait, j'arrive !
Je raccroche, le sourire aux lèvres, et colle le téléphone contre mon cœur. Elle arrive à me rendre heureux rien qu'avec le son de sa voix, je me sens un peu stupide.
Et alors que j'allais chercher ma veste dans le couloir, je sens un regard insistant sur moi. Etant donné que nous ne sommes que deux dans cet appartement, je fais comme si je ne sentais rien. Mais Dylan se racla la gorge pour attirer mon attention.
Me tournant enfin vers lui, j'essaye de faire l'innocent, mais je sais très bien qu'il va encore me disputer. Il est adossé à la fenêtre, les bras croisés contre son torse, et me fixe d'un air sévère.
Ouais, j'vais me faire rouspéter fort.
- J'espère que tu lui as dit, parla finalement le brun, le ton grave.
- Hm... Pas encore, avouai-je en détournant le regard. J'ai essayé, je te jure, mais...
- T'as bien vu comment elle était, non ? Ne fais pas l'aveugle Thomas.
Je ne réponds rien, mais mon cœur se serre. Il a complétement raison, je ne peux même pas me justifier, je suis en tort. Il ferme alors les yeux, et soupire.
- Tu vas lui faire du mal, Thomas. Et si Olly te tombe dessus compte pas sur moi pour te défendre ! menaça-t-il cette fois-ci. T'as intérêt à lui dire, et vite, sinon c'est moi qui vais l'faire !
- Ok ! Ok, Dylan ! paniquai-je en secouant les mains dans sa direction. Je te jure que je vais vite régler cette affaire ! C'est prévu.
Enfin, j'allais essayer.
Il souffla de mécontentement, et me laissa enfin partir. J'avais l'impression de me faire disputer par mon père.
J'enfile ma veste kaki au col fourrure que je traine depuis des années, et attrape mon casque de moto. Sortant de l'appartement, je traverse la rue en vitesse pour me diriger vers les garages d'en face. Ma moto se trouvait dans celui du milieu. Je me dépêche de la sortir sur la rue, attache mon casque, et démarre en trombe. Ce n'est pas très loin, en trois minutes je me retrouve déjà devant chez elle. J'appuie sur le klaxonne pour lui indiquer ma présence, et je la vois débarquer avec un sac à dos.
Elle s'empare du second casque qui se trouve dans le mini coffre, et je ne peux m'empêcher de sourire en voyant qu'elle n'a pas perdu les bonnes habitudes. Quand je sens ses bras autour de ma taille, je sais que je peux démarrer.
Pour aller où ? Bobbie m'indiquait la route de sa main, tout en me criant les directions à prendre. En effet, c'était à plus de dix kilomètres, mais ce n'était pas si loin non plus. Nous venions de nous arrêter devant un cimetière.
Une fois à l'arrêt, Bobbie descend et retire son casque. D'habitude, elle s'empressait de recoiffer ses cheveux, mais là, elle n'avait qu'un air inquiet à l'idée de rentrer dans cet endroit. En l'observant, je sentais que je n'avais pas mon mot à dire, alors je descendis du véhicule et rangea les casques. Depuis qu'elle avait posé le pied à terre, elle n'avait pas bougé, restant devant l'entrée de la nécropole.
Je viens alors gentiment dégager son visage, à l'expression concernée, de ses longs cheveux roux. Elle se laisse faire, et tourne la tête pour me regarder. Je n'aimais pas la voir si préoccupée, je me sentais aussi mal qu'elle. Mais si j'étais là, c'était parce qu'elle avait besoin de moi à ce moment précis.
Je ne pouvais pas l'abandonner en laissant place à mes sentiments dix fois trop encombrant. Je devais faire se qu'elle m'avait toujours appris. Se tenant à ma droite, je lui offre mon sourire le plus rassurant, et lui prend la main. Cela semble faire son effet, car elle me sourit, et se tourne de nouveau vers l'entrée du cimetière en plein air.
Elle se décide enfin à bouger, et je marche à ses côtés, restant silencieux. On entendait simplement le craquement des graviers marrons sous nos pieds, et c'était bien comme ça. Il y avait une légère brise en ce début d'automne. Il n'y avait pas un chien dans le cimetière, juste nous, et pourtant il était grand.
- Je ne suis pas revenue ici depuis que je suis partie, se décida-t-elle enfin à parler. Trois ans que je ne l'ai pas vu.
Je l'écoute simplement, et la laisse me diriger jusqu'à une tombe, un peu plus loin de l'entrée. Je connaissais le chemin, j'y étais déjà allé, le jour de l'enterrement. C'est là que je l'avais vu, et c'est probablement là que j'ai eu un coup de cœur pour Bobbie. Ça peut sembler glauque, mais sa force m'avait touché. Pour la deuxième fois, je découvre le visage de son père, sur une photographie. Elle ne me l'avait jamais montré en photo d'elle-même.
Elle reste un moment debout, à observer le marbre qui était assez fleurie. On y découvrait des plaques en bronze, avec les habituelles épitaphes que l'on retrouvait sur les caveaux.
Soudain, Bobbie me lâcha la main, et s'accroupit pour sortir quelque chose de son sac. C'était une de ses plaques, en marbre noir, avec écrit « A mon père, repose en paix ». Je suis un peu surpris, et je me rends compte que c'est la seule plaque contenant cette épitaphe. Elle n'avait rien mis avant cela ?
- Je t'en ai toujours beaucoup voulu papa, commença-t-elle d'une voix tremblante, après s'être relevée. Tu nous as laissé comme ça, tous les trois, sans nous préparer.
Voyant qu'elle s'était mise à parler, je décide de m'éloigner. Elle voulait probablement un moment seule avec lui. Mais avant même que je puisse m'écarter, elle me reprend la main, entrelaçant nos doigts entre eux.
Je commence à paniquer, et la fixe avec de grands yeux. Je ne sais pas si je suis assez fort pour écouter ça en restant droit. Je suis comme une éponge, j'aspire les émotions des gens qui m'entourent, sauf que je les ressentais bien plus intensément. Et là, je pouvais sentir que le moment était si fort pour elle qu'il m'empoignait le cœur.
- Je suis désolé d'avoir pensé ça. J'avais pas encore compris la détresse dans laquelle tu étais. Mais regarde, reprit-elle en étouffant un sanglot, le sourire aux lèvres. Je te présente Thomas. Grâce à lui, je comprends mieux maintenant.
Et voilà, je le savais, mes premières larmes coulent en même temps que les siennes. Je ressens toute sa douleur et sa tristesse à travers notre poigne.
- J'espère que tu me pardonnes, car moi je te pardonne. Désolé de ne pas être venue souvent, je vais faire des efforts.
Sa voix était de plus en plus aiguë. Elle faisait tout pour retenir ses sanglots. Et moi aussi au passage, j'en avais terriblement mal à la gorge. Je devais rester fort, bien que mes joues étaient aussi humides que celle de Bobbie.
Elle se tourna alors vers moi, et fut surprise de me retrouver en larme. Il fallait s'en douter. Thomas Je-Chiale-Pour-Tout-Sangster – comme elle pourrait me surnommer – était toujours au rendez-vous dans les moments tristes comme dans les joyeux.
Semblant touchée par mes larmes, elle enlace ma taille, et me sert contre elle, enfouissant son visage dans ma veste. Je retiens un sanglot et lui rend son étreinte, posant ma joue contre le haut de sa tête.
Si elle m'avait choisie dans un moment aussi intime et intense, c'était qu'elle avait confiance en moi. Et moi, je lui mentais. J'étais si lâche, j'en pleurais encore plus. Mon cœur me faisait terriblement mal, parce que je lui mentais, alors qu'elle, elle avait confiance en moi.
Les paroles de Dylan me revenaient de nouveau en mémoire, et je me préparais mentalement à me faire tabasser par lui et Olly. Ce n'était ni le lieu, ni le moment pour lui dire ça, je ne pouvais toujours pas lui dire la vérité.
Et je savais pertinemment que j'allais la faire souffrir. Quel genre de masochiste suis-je à m'autodétruire ainsi ? Je devais en finir au plus vite avec cette situation. Bobbie m'importait plus que tout.
*
Si tu as aimé ce chapitre mega triste et que t'as pleuré comme un bébé, donne-moi un petit vote, merci bien, et désolé aussi du coup.
* te tends un mouchoir *
❣️ L.O.V.E. ❣️
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