Pour une fois, j'vais directement m'adresser à toi.

Tu me connais peut-être absolument pas, tu ignores ma véritable identité.

Peut-être qu'aussi tout est de ta faute, ou en partie.

Je ne t'en veux pas.

Ça fait trop longtemps de toute façon.

Je broie constamment du noir, et mes larmes se confondent étrangement avec les perles de sang qui glissent le long de ma lame, le long de ma peau.

C'est glauque de se dire qu'une jeune femme puisse à ce point se détester, c'est glauque de la savoir enfermée à double tour dans sa salle de bains, nue le dos appuyé contre le carrelage glacial de la baignoire avec une seule lame et ses larmes pour compagnie.

Et dis moi, est-ce que ça l'est encore plus quand tu sais que c'est ton amie ? Ta petite amie ? Ta soeur ?

Tu flippes ? Tu devrais je t'assure. Si ça se trouve, elle est déjà entrain de nouer un foulard autour de son cou.

Mais dis-moi, tu sais ce que ça fait de s'étrangler sois-même ? Oh non, tu es bien trop frêle pour oser essayer.

Tu ne comprends donc pas, ce sentiment de puissance quand l'étau se resserre. Ton rythme cardiaque accélère, tes veines deviennent saillantes et tes pomettes rouge pivoine, tu t'affoles quand tu te rends compte que tu n'as plus d'air.

Tu sais bien que tu vas mourir, ou du moins en avoir la sensation si tu échoues, mais tu es serein.e dans le fond.

Au fur et à mesure que tu manques d'air, ton mal de crâne s'intensifie, mais c'est léger. Tu te sens déjà flotter.

Tu abandonnes. Enfin.

Je devrais peut-être arrêter... je ne voulais pas te faire culpabiliser...

Tu es bien trop fragile pour ça.

Tu es bien trop fragile pour continuer de vivre avec moi.

Je suis désolée pour tout ce que je t'ai fais, tout ce que tu m'as fais.

Je t'aurais au moins aimé...