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Dans sa valise, il n'y avait pas grand chose, comme à l'allée. Il était habitué à ne pas avoir grand chose, donc ce n'était pas grave. Cela avait l'air d'un nouveau départ, alors que c'était un retour à la toute première case de cet immense jeu. Un retour dans le temps, avec bien des détails laissés tout derrière.
Frôler le sol Coréen après tout ce temps était étrange. Respirer l'air Coréen était étrange. Le retour dans son pays natal n'était pas aussi exaltant qu'il ne l'aurait cru. C'était mélancolique, il était perplexe. Il était à peine quatre heures du matin, qui plus était, et pourtant l'aéroport était fort peuplé. Il était fatigué, mais il n'avait pas réussi à fermer l'œil de tout le vol, malgré les longues heures passées à bord de cet avion. Son esprit était torturé par tant de choses qui s'entremêlaient sans cesse et qui ne l'en faisaient ressortir qu'avec une grosse migraine.
La poignée de sa valise en main, il fouilla tout en marchant dans sa poche avant d'en sortir quelques billets. Il avait pour projet de prendre un taxi qui le ramènerait jusqu'à chez lui, jusqu'à se rappeler qu'il avait des dollars américains, et qu'à quatre heures du matin, il ne pouvait se rendre à une banque.
"Quelle plaie..."
Souffla-t-il pour lui-même une fois qu'il rejoignit l'extérieur. Et son corps frissonna de tout son long, ici, c'était la fin de l'hiver et il faisait un froid à glacer ses membres un à un. Une autre chose dont il n'avait plus l'habitude, tiens. Sur la côte Ouest des États Unis, il n'avait pas connu une seule journée de froid, du moins, pas tel que celui qui balayait la Corée. Il posa alors sa valise contre le sol et fouilla à l'intérieur avant d'en retirer un chandail en laine que lui avait acheté Jimin. Qui avait l'odeur de Jimin. Même en étant à des milliers de kilomètres, il avait l'impression qu'il était encore là.
Il balaya cette idée de sa tête bien rapidement, et referma sa valise avant de débuter son ascension. La map de son téléphone lui indiquait une bonne heure de marche avant d'atteindre le centre ville. Il n'avait pas le choix, de toute façon. Il préférait marcher une heure dans le froid et la nuit que d'attendre des heures à l'aéroport pour pouvoir prendre un taxi.
Sa valise n'était pas très lourde, et il l'a tirait derrière lui, le pas rapide, semblant déterminé à atteindre son but, son atelier. L'heure de marche parut bien plus rapide qu'il ne l'aurait cru, perdu dans ses pensées qui formaient un véritable capharnaüm dans son pauvre crâne, son esprit n'étant pas des plus nets. Puis, il retrouva ces quartiers, ceux dans lesquels il avait tant de fois trainé, ceux dans lesquels il avait vu partir nombreuses de ses œuvres, tels des petits pains. Il regardait partout autour de lui, re-découvrant tout cela, embrassant cette vue avec pourtant une étrange sensation.
Puis il finit par s'arrêter stoïque devant l'immense bâtiment qu'il eut connu par cœur mais qu'il rencontrait à nouveau comme l'on reverrait un vieil ami. Ce vieux bâtiment qui s'élevait sur sept étages, au cinquième se trouvant son appartement, là où il avait tout laissé tel quel en partant. Il resserra doucement sa main sur la poignée de sa valise, sa main tremblant dans sa poche, resserrant son trousseau de clefs qu'il avait dû retrouver parmi toutes les affaires avant de partir. Il prit alors une grande inspiration et pénétra dans le hall d'entrée, saluant d'un mouvement de tête le vieil ascenseur. Il avait été réparé. Il suffisait qu'il s'en aille pour que les choses s'arrangent, ici. Il décida alors pour la première fois d'emprunter cet ascenseur, lui évitant alors de trainer sa valise jusqu'au cinquième étages.
Les portes de l'ascenceur finirent alors par s'ouvrir, et il put poser les yeux sur son palier, dont le paillasson semblait rempli de poussière. Il posa un pied dans le couloir, puis l'autre, et ses pas finirent par le mener devant sa vieille porte en bois. Les clefs en main, il n'osait même pas les insérer dans la serrure. Il ne savait pas ce qui l'en empêchait. Où alors le savait-il bien trop? Il finit alors par le faire, tournant ses clefs et déverrouillant enfin la porte avant de la laisser s'ouvrir en un petit grincement qui perça le silence nocturne. Et les rideaux ouverts laissaient pénétrer les rayons de la Lune dans toute la grande pièce.
Faire un pas lui était suffisant pour pouvoir apercevoir tout ce qu'il avait laissé en partant. Son lit approximativement fait, ses pots de peintures posés au sol sur des pages de journaux déjà tachées, sa grande table luisante sur laquelle était empilés des sachets de nouilles instantanées à côté de quelques pots contenant des pinceaux et autres ustensiles. Mais le plus frappant sans doute étaient les toiles, les dessins, les croquis, partout, aux quatre coins de la pièces. Toutes ces esquisses qui le représentaient, toutes ces éloges, ces louanges, ces odes à sa gloire, à sa beauté, à sa merveilleuse muse qui lui avait planté un couteau dans le dos. C'était peut être pour lui, la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
Il entra alors plus promptement dans l'appartement, et subitement, poussa un cri. De rage, de colère, de frustration, de douleur. Il déchira ses poumons, ses cordes vocales, c'était sans doute le cri le plus douloureux qu'il ait pu lâcher de toute sa vie. Il craqua réellement, chose qu'il n'avait pas faite vraiment après tout ça. La suite n'avait été qu'un enchaînement d'actions faites sous pulsions. Sa fuite, puis son retour dans cet appartement vide. Peut être ne l'aurait-il pas fait, les choses auraient été différentes. Jimin l'aurait sans doute supplié de rester, de ne pas partir, de se faire pardonner. Il n'avait pas envie de regretter, car il avait mal. Mais savoir qu'il était sans doute retourné voir son amant avait finis de le briser et de lui faire prendre sa décision. Il avait préparé quelques affaires à la hâte, puis posé au sol, sa précieuse bague qu'il n'aurait jamais une seule seconde pensé retirer, avant de se diriger vers l'aéroport et de prendre un billet pour le premier vol vers Séoul.
Et là, il se retrouvait de nouveau dans l'endroit précis où tout avait commencé. Cet endroit où tous leurs plus précieux souvenirs étaient entreposés et exposés par les dizaines et les dizaines de représentations de Jimin. Et Yoongi péta les plombs. Dans un excès de rage, il se jeta sur le premier mur à sa porté, arrachant les pages jaunies, certaines n'étant même pas de Jimin, les réduisant en un tas de morceaux volatiles qui retombaient misérablement contre le sol. S'en suivit ses toiles qu'il brisa en les faisant s'entrechoquer contre les meubles, ces dernières se retrouvant éventrées, le visage et le corps entier de Jimin mutilés s'échouant avec les autres débris. Il détruisit tout, tout ce qui représentait la source de la pire souffrance de sa vie. Cette même source qui était le parfait antonyme de ce qu'elle était à présent, un jour encore auparavant.
Puis il explosa en larmes.
Ce fut au tour de son corps de s'échouer misérablement au sol, sa carcasse amaigrie se mélangeant au reste de son bonheur. Tout était brisé dans son atelier, même l'artiste qui le possédait. Ses larmes se déversèrent sur un bout de feuille encore épargnée représentant le visage de Jimin, faisant couler les couleurs, dégradant son visage jusqu'à le faire paraître triste lui aussi. Yoongi vint serrer son poing sur ce reste et le froissa avant de l'amener doucement contre son cœur, se recroquevillant sur lui même, son corps pris de milliers de petits spasmes. Il avait l'impression de dépérir.
*
Le soleil était haut dans le ciel, et le carnage était maintenant bien plus visible. Tout était sans dessus dessous, comme si une tornade était passée et avait tout détruit sur son passage. Et au milieu de tout les restes très peu perceptibles, un corps inerte, endormi dans la même position de détresse dans laquelle il avait laissé son corps se vider de tous ses ressentis. Il était à présent proche des midi, et la porte s'ouvrit doucement, cette dernière n'ayant été que partiellement fermée, seulement poussé en outre.
Et la nouvelle présence humaine écarquilla les yeux lorsqu'il posa le regard sur l'état lamentable du logement, ne comprenant pas au début ce qui avait bien pu se passer jusqu'à ce qu'il ne remarque la présence du corps de Yoongi entre tout ce bazard.
"Yoongi?!"
S'écria cette voix qu'il ne connaissait que trop bien et qui le fit ouvrir l'œil. L'artiste se redressa doucement, ne comprenant au début, pas où il se trouvait, jusqu'à ce que tout ne lui revienne. Il leva alors la tête vers Hoseok qui paraissait bien trop choqué, n'osant au début pas bouger, jusqu'à ce qu'il ne semble revenir à lui et qu'il ne se jette au sol à ses côtés.
"Yoongi je... Qu'est ce que tu..."
Il ne savait même pas quelle question poser, tout se passait bien trop vite dans son pauvre esprit, lui qui venait simplement faire un petit tour pour entretenir son atelier, comme il le faisait toutes les semaines depuis son départ. Et Yoongi n'eut même pas la force de parler, il fondit dans ses bras en le serrant de toutes ses forces, s'agrippant à lui comme s'il risquait de se noyer et qu'il était sa seule chance de survie. Hoseok était tellement désemparé, mais il passa à son tour ses bras autour de son corps, le ramenant contre lui en caressant doucement son dos en le berçant pour tenter un tant soit peu de le calmer. Il fit cela pendant une vingtaine de minutes au moins, n'osant pas parler, voulant laisser du temps à Yoongi qui semblait bien trop bouleversé. Il comprenait aisément que s'il était de retour et ce, sans n'avoir prévenu personne, c'est qu'il avait dû se produire quelque chose de grave. Et surtout s'il le retrouvait dans un tel foutoir.
L'artiste finit par doucement relever la tête vers lui, ses joues couvertes de larmes séchées et la bouche pâteuse. Il regarda partout autour de lui, son cœur se serrant de voir tout son travail partit en fumée, puis il releva la tête vers Hoseok.
"Jimin m'a trompé..."
Finit-il par avoué. Et le dire à haute voix rendaient les choses encore plus réelles. Tout comme la mine choquée qui venait de s'installer sur le visage d'Hoseok.
"Attends... Quoi?"
Yoongi hocha simplement la tête et prit quelques morceaux de croquis entre ses doigts qu'il fit retomber aussitôt.
"C'est pas possible je... Mais vous vous aimez tellement!"
"Visiblement pas."
Hoseok se gratta l'arrière du crâne, c'était irréel pour lui. Il n'avait jusqu'à lors, jamais vu un amour aussi pure et fort que celui de Yoongi et Jimin, alors apprendre que Jimin avait osé aller voir ailleurs était totalement impensable. Mais c'était bien réel, visiblement.
"Mais pourquoi? Je suis complètement perdu..."
Yoongi posa sa main sur son crâne douloureux, évidemment dormir sur le sol n'était pas des plus agréables.
"Il y a des choses que je ne t'ai pas dites, pour ne pas t'inquiéter mais... Je souffrais de dépression la bas."
Et plus Yoongi parlait, plus Hoseok tombait de haut, n'étant au courant de rien.
"Yoongi..."
Fit-il simplement en passant une main dans ses cheveux, se sentant réellement peiné d'apprendre cela.
"Et... C'était très difficile pour moi... Je souffrais de cauchemars et d'hallucinations et... suite à ça, je n'arrivais plus à avoir de relation sexuelle avec Jimin. C'est pour ça qu'il est allé voir ailleurs... Par ce que je le "délaissais"."
Hoseok était littéralement choqué, ses propos étaient insensés.
"Je n'aurais jamais cru Jimin capable de ça. Et il t'a fais le reproche de le mettre de côté?"
Yoongi hocha simplement la tête, se rappelant de la colère et de l'injustice qu'il avait pu ressentir lors de cette discussion, lorsque Jimin lui avait finalement tout dit.
"Quel culot putain..."
Le rouquin était énervé contre Jimin, et surtout très déçu. Il n'aurait jamais pensé cela de lui qui était un tel ange, un tel souffle de vie pour Yoongi.
"Mais j'ai agis sous le coup de pulsions... Je suis entrain de me demander si partir sur un coup de tête pour revenir ici était une bonne idée..."
"Oui, tu as bien fait. Du moins pour le moment. Il doit comprendre l'énorme erreur qu'il a faite. Tu es parti sans le prévenir, je présume."
"Oui... Je suis juste parti et j'ai laissé... La bague qu'il m'avait offerte sur le sol..."
Une fois de plus, Hoseok se figea. Il y avait beaucoup d'informations d'un seul coup.
"Attends quoi, la bague? Vous étiez fiancés?"
"Mhhh... Oui et non... C'était plus une bague de promesse qu'une bague de fiançailles."
Et Hoseok comprit que la souffrance de Yoongi après cette séparation, car c'en était bel et bien une, allait être considérable. Il ne savait déjà pas à quel point il avait souffert là bas, mais sa rupture avec Jimin allait briser l'homme qu'il était. Car il était le premier et unique amour qu'il n'avait jamais eu.
"Aller, viens là..."
Souffla Hoseok en le ramenant contre lui, voulant lui apporter toute la chaleur et le réconfort dont il avait besoin.
"Je suis là, je ne te laisserai jamais tomber..."
C'était un véritable calvaire.
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voilà le premier chapitre du tome 2 🥺
j'ai pas mis trop de temps avant de le sortir, bien qu'il ne fasse que 2200 mots, c'est déjà bien
je pense que certains d'entre vous l'ont deviné, mais du coup il est retourné en Corée. les choses vont à présent être bien différentes comme vous pouvez le comprendre, avec les deux se retrouvant de chaque côtés du globe
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