Je restais immobile quelques secondes, puis je décidais d'essayer de tout ranger en attendant Naëdja. Je rangeais d'abord tout ce que ce type avait endommagé, avant de m'occuper du type lui-même. Je l'assommais du plus fort que je pouvais, puis je le traînais dans une espèce de placard à balais.

Je me réinstallais au chevet de ma mère en attendant Naëdja, qui arriva quelques minutes plus tard.

-Arsenic, qu'est-ce-qui c'est passé ? 

Quand elle vit l'état de mes vêtements, elle ne mit pas longtemps à comprendre.

-Qui t'a attaqué ?

-Regardez dans le placard.

Quand elle l'ouvrit, le type lui tomba dessus. Elle s'écarta à temps, puis  retira la capuche du visage de l'homme.

Il avait les cheveux gris, mais son visage était celui d'un jeune homme. Il avait les traits fins, le menton pointu, la peau assez pâle et un air étrange.
Une sorte d'air mauvais se lisait sur son visage, comme s'il pouvait, même endormi, s'en prendre à vous.

Naëdja avait l'air étrange. J'avais l'impression qu'elle était à la fois heureuse et énervée, comme si c'était une vieille connaissance qu'elle n'espérait jamais retrouver.

Elle finit par lâcher du bout des lèvres :

-Il vient avec nous. Reste ici, je pars par la fenêtre et je reviens avec des vêtements en bon état. N'ouvre à personne, d'accord ?

-Affirmatif.

Elle chargea l'homme sur ses épaules et sauta par la fenêtre.

Je retournais au chevet de ma mère. Elle n'avait pas bougé.
Étonnant.
Si seulement elle savait ce qui venait de se passer, peut-être serait-elle fière de moi. Mais je doute qu'elle en ait ne serait-ce qu'une minuscule idée. Je soupirais.

-Décidément, je crois que nous ne pourrons jamais nous parler face à face.

Je fermais les yeux un instant et posa ma main sur la sienne.

Mais il se passa quelque chose que je ne pensais pas sentir avant un moment.

La main de ma mère saisit la mienne.

J'ouvris brutalement les yeux, cherchant les siens.

Et ils étaient ouverts, ces yeux noirs/violets qui se mirent à briller d'une douceur infinie dès qu'ils se posèrent sur moi.