J'étais étonnée, mais je restais de marbre. Je me contentais d'articuler,d'une voix très froide, que je ne me connaissais pas :

-Comment tu m'as retrouvé ?
-À l'odeur.

-J'imagine qu'une vouivre a un odorat aussi développé que celui d'un loup-garou transformé ?
-Touchée.

Elle traversa la pièce silencieusement, puis elle s'assit face à moi. Et elle me sourit, et elle continua de me parler :

-Tu sais où tu es ?

Je lui fit non de la tête :

-Moi non plus. Mais je pense qu'on le saura bientôt. Nous restâmes silencieuses un bon moment.

Je finis par lâcher, du bout des lèvres :

-Désolée.J'ai dû te faire peur.

-Oui.Et pas qu'à moi. À ton oncle, à ton cousin et à ta meilleure amie. Et surtout à ta grand-mère.

-Et à maman ?

-Ta mère est dans le coma.

-Oui.Mais elle communique avec moi quand je dors. Et des fois, je crois qu'elle se matérialise dans ma chambre.

-Et qu'est-ce qui te fait dire ça ?

-Elle laisse des mots. Tu sais que je suis déjà allée dans ce parc ?

-Non.

-Et pourtant. C'est ici que je me suis transformée pour la première fois. Et je n'ai jamais remarquée le reste du parc.

-Un loup-garou se transforme bien de nuit, non ?

-Oui.Mais Mamia pense que je suis une exception. J'ai faillis me transformer cet après-midi.

-Ah oui ? Comment t'as fais ?

-La Richter qui m'a chauffé. Je lui ai griffée la joue. Et tu sais que je n'ai jamais eu d'ongles.

-Ça,c'est bien vrai.

Elle a rit. Mais moi, je n'étais pas d'humeur. Je fixais la fleur. Elle tournait encore.

Tante Lison me dit :

-Tuas quelque chose d'autre sur le coeur ?

-Oui.J'ai peur de te créer des problèmes. Il vaudrait mieux que je m'en aille.

-MAIS T'AS FINIS DE DIRE DES BÊTISES ?

Elle m'a fait sursauter. J'ai crus que j'allais faire une crise cardiaque!!!!

Elle continua, plus calmement :

-Écoutes,on t'a accueilli dans la maison, on t'a aimé, on t'as gâté, et tu voudrais partir à cause d'une sale humaine débile ?! Tu sais que ton oncle a un très bon sort d'amnésie ?

-Oui.Et moi aussi. Tu as testé.

-La nuit où Gaël t'a empoisonné ?

-Oui.Et la Nadia est une elfe noire-croquemitaine avec un petit côté démoniaque pour aller avec, et ses groupies sont dans le même style, d'après Éric. Il croit aussi qu'elles sont pas au courant,sinon elles m'auraient trucidé.

Tante Lison resta silencieuse. Elle était perdue dans ses pensées. Je retournais à la contemplation de la fleur. Elle était toujours aussi belle. Mais elle avait l'air plus proche. En effet, elle s'était rapprochée d'environ 1 mètre. Mais il y avait autre chose.

Elle avait l'air plus naturelle.

Je mis environ 1 minute avant de comprendre que la cloche de verre qui la protégeais avait disparu.

Je souris. Elle était tellement plus jolie comme ça.

Tante Lison reprit enfin la parole :

-Est-ce-que tu sais si Maria Richter est dans le même style que sa fille ?

-Elle a le côté elfe noire. Et elle doit avoir le petit bout démoniaque.

-Donc,son père est croquemitaine.

-Affirmatif.

-Aïe.

-Tiens,t'as eu la même réaction que moi.

-Oui.Donc il vaut mieux pour toi que tu ailles te mettre en sécurité.

Je ne dis plus rien. Puis, j'entendis une petite sonnette, celle qui caractérisais un sms reçu par tante Lison. Une fois qu'elle eut lu le sms, elle se tourna vers moi :

-Le reste de la famille ne devrait plus tarder.

-Bon.

Je ne dis rien. Je n'avais rien à dire. Mais quelques secondes plus tard, j'entendis des bruits de pas provenant du couloir. Quatre personnes. Deux hommes, deux femmes. Enfin, une elfe-vouivre, un magicien-vouivre, un magicien et une médium.

Ma famille et mon amie entrèrent dans le salon. Ils s'installèrent sur les autres canapés.

Au moment même où Rebecca, la dernière à entrer, s'assit, la fleur se mit à briller, très fort. Et nous étions obligés de fermer les yeux tant son éclat était éblouissant.

Et ce fut le noir total.