Je me suis réveillée d'un sommeil sans rêve.

J'allais mieux. Beaucoup mieux.

Éric était là, il était encore plus beau que jamais. Il était rayonnant. Et il souriait. D'un sourire magnifique, divin, soulagé et riant.

Je lui souris aussi. Mais je n'avais plus mon rictus, je le sentais.

Je souriais de plus belle, tellement j'étais heureuse. Je me redressais. Je n'avais plus mal !!

J'étais enfin guérie ! J'allais vivre ! Je tentais de sortir du lit. Mais en posant les pieds au sol, je retins un cri de douleur. Mes jambes ne supportaient pas le contact du sol.

En les regardant, je vis avec stupeur qu'elles étaient brulées.

Comment? Pourquoi ?

Envoyant mon regard effrayé, il s'adressa à moi d'une voix apaisante:

-Ne t'en fait pas. Ton oncle a dit à ta grand-mère que c'était des effets secondaires du contre-poison du venin de vouivre. Normalement,ça devrait disparaître d'ici une bonne journée.

Je me recouchais, dégoutée. Éric sourit en voyant ma moue.

Je le regardais et finis par lui sourire.

C'est étrange. Je l'ai fréquenté pendant des années, et pourtant j'avais l'impression de le considérer avec des yeux neufs. J'avais l'impression de ne pas le connaître.

Et pourtant, oui. Je ne le connaissais pas.

Il ne me parle jamais de lui.

Je ne sais pas comment il est mort. Il n'a jamais voulu me le dire.Alors que moi, je lui ai tout dis.

Mais pourquoi il ne me dit rien ?

Éric a dû deviner mes pensées, car son sourire s'est brutalement effacé.Mais il restait muet. Je ne lui dis rien. Je ne savait pas quoi lui dire. C'est lui qui prit la parole :

-Tu sais pourquoi je ne suis pas venu quand tu t'es réveillée ?

-Non.

Il soupira. Et il continua :

-En fait, c'est parce que je ne voulais pas te voir agonisante. Même si ça pouvais signifier que tu resterais avec moi pour toujours. Mais cette pensée est assez égoïste. C'est pour ça que je n'osais pas venir.

-En gros, t'avais peur de ma réaction si je te voyais sourire ?

-Exactement.

Nous restâmes silencieux pendant une bonne minute. Puis, je pris la parole :

-Et...pourquoi est-ce-que tu as giflé Gaël l'autre fois ?

-Parce que je ne supportais pas sa manière de te regarder, comme si tu étais un déchet.

-Hum...Je dois bien admettre que son regard était limite, mais il y a des limites à tout.

-Bon.En gros je n'aurais pas dû.

-Non.T'aurais pas dû pousser à ce point. C'est tout.

-Tu sais que je tiens à toi.

-Oui.Mais moi aussi, je tiens à toi. Plus que tu ne pourrais l'imaginer,d'ailleurs.

Au même moment, la voix de Gaël me parvint de l'autre côté de la porte :

-Arsenic? Ça va ?

-Oui,oui. Nickel.

-Bon,tant mieux. Rebecca est avec moi. On peut entrer ?

-Oui.

Quand Rebecca entra dans la chambre, je vis son air effrayé. Je le regardais, interrogative.

Elle me fit, angoissée :

-Il faut qu'on parle.