Le lendemain. Collège. J'étais ravie de revoir Rebecca. Je me suis demandée de quelle couleur est son aura. Éric m'a dit que celle des humains était blanche, comme celle des entités de lumière, dumoins, c'est ce qu'il m'a dit. Il m'a aussi dit que l'aura de quelqu'un qui a fait beaucoup de mauvaises actions était en général gris foncé, mais jamais noire.

-Seuls les démons ont une aura noire, m'a-t-il dit.

En tout cas j'ai très peur d'en croiser un, n'importe où, n'importe quand. Ça me fait peur.

Je n'ai pas l'intention d'en parler à Rebecca.

Tout ce qui s'est passer ce week-end, personne ne devra jamais le savoir.Du moins, le plus longtemps possible.

Nadia Richter et ses potes, Jessica, Diana, Marie, Cassandre et Éléna,ont recommencé à me chercher des noises.

De toute évidence, Nadia a oublié la nuit de jeudi où elle a failli se faire trucider par un loup-garou particulièrement énervé. Et, à en juger par le souvenir intact de Mamia, la première fois qu'elle a vu mon grand-père se transformer en loup-garou, ce doit être une expérience assez traumatisante. Ou alors, pour elle, le traumatisme,c'est que quelqu'un mette sur les réseaux sociaux qu'elle regarde My little pony le soir avant de dormir ou qu'elle dort dans un pyjama Hello Kitty.

Dans ces cas-là, je crois que je pourrais assassiner toute sa famille sous ses yeux en les étripant et les éviscérant et en lui faisant manger leurs entrailles, elle l'aurait oublier sous une semaine.

La journée a été très longue. J'ai eu droit au "poison", à la mode en ce moment.

Mais il y a un truc que je n'ai pas pu supporter, c'est que Rebecca ait droit à ses propres surnoms insultants.

Ça je ne peut pas le supporter.

 Que j'ai droit à supporter les surnoms insultant, OK. Que l'on se moque de moi, passe encore. À la j, me faire frapper sans que personne ne réagisse, je pourrais le supporter, peut-être pas longtemps, mais je pourrais le supporter.

Mais si il a un truc que je ne pourrais pas supporter, c'est que l'on se moque de Rebecca. En même temps, j'ai pu constater qu'elle avait un peu changé.

Je veux dire,je savait qu'elle avait des oreilles plutôt longues, mais,jusqu'à maintenant, je ne savais pas qu'elle avait les oreilles qui pointaient hors de ses cheveux. Du coup, elle se fis surnommer "le lutin".

Je la défendais à chaque fois que la bande de Nadia se moquait d'elle.

À la sortie du collège, Nadia et ses potes nous ont suivis. On avait beau courir dans tous les sens, elles nous suivaient quand même.Nous ne pouvions pas aller chez moi, j'avais oublié mes clés à lamaison, Gaël était encore au lycée, tante Lison était au travail,quand à oncle Bastien, même pas la peine. Chez Rebecca, pas possible. Elle n'a pas la clé de sa maison, car elle devait aller chez moi, et ses parents ne sont pas chez elle.

Nous nous mîmes à courir le plus vite possible. Mais non n'arrivions pas à les semer. Elles étaient rapides.

Heureusement pour moi, la nuit commençait à tomber. Si nous arrivions à leur échapper encore quelques minutes, je pourrais utiliser ma rapidité de loup-garou et nous pourrions enfin les semer. Plus que quelques minutes.

Je sentais que Rebecca commençait à perdre de la vitesse, et je la pris par le poignet pour éviter de la perdre.

Plus que deux minutes avant la tombée de la nuit.

Cette fois, je commençait moi aussi à m'essouffler, mais il était urgent que nous tenions jusqu'au bout.

Plus qu'une minute avant la nuit.

Cette fois-ci, nous ne pouvions plus tenir. Nous essayâmes tout de même de courir. Puis nous arrivâmes dans un lieu qui me sembla aussitôt familier. Le parc où je m'étais transformée la première fois.

Il y a quelqu'un, là haut, qui a un drôle de sens de l'humour.

Plus qu'une minute.

Rebecca monta en haut d'un arbre. J'essayais de monter à mon tour, mais Rebecca n'étais pas assez rapide.

Plus que 30 secondes.

Je n'arrivais plus à penser. J'en pouvait plus. J'en avait marre. De Nadia et des autres. Je sentais l'humanité en moi s'échapper.J'essayais de m'accrocher au peu d'humanité qui restait en moi. Maisje sentais mes os, mes muscles, mes organes grandirent. Et s'était douloureux.

Je me tordais de douleur sur le sol.

Mais j'essayais de m'accrocher. Je savais que si je ne tenais pas, il y aurait des morts. Et j'essayais de l'éviter. Je sentais le regard interloqué de Rebecca sur moi, et j'espérais qu'elle soit distraite. Je ne voulais pas qu'elle me voit. Je risquais de perdre ma seule amie.

Et,ça peut se comprendre, j'en ai autant envie que de perdre le contrôle en ce moment même.

Nadia et ses groupies arrivèrent.

Plus qu'une seconde avant que la nuit ne commence.

Trop tard.