Dans mon lit, cette nuit là, je me tournais et me retournais sans trouver le sommeil. Logique. Il s'est passé tellement de choses aujourd'hui.Au bout d'environ une heure, je commençais à en avoir marre de ne pas dormir. Je repoussait les couettes et me dirigeait vers le salon,histoire d'aller chercher Éric, pour pouvoir discuter. Je sortis de la chambre pour me diriger vers le salon. Éric était installé dans le canapé, à regarder le feu, crépitant dans la cheminée. En m'approchant, je remarquais que ses yeux étaient plissés, comme s'il essayait de dormir. J'avançais silencieusement jusqu'à lui, puis je m'installais tout aussi silencieusement sur le canapé. Il ne bougea pas un muscle. Puis, il me dit :

-C'est dingue, je sens presque sa chaleur.

-Au feu ?

-Oui.

Silence.Puis, il reprit :

-C'est dur d'être mort.

-Pourquoi?

-Je n'ai plus l'habitude de ressentir des sensations au toucher de quelque chose. Ça me manque.

-C'est triste.

-Très.

Nouveau silence. Cette fois, c'est moi qui repris la parole :

-Et sinon, le contact avec les gens ?

-J'ai tendance à sentir la chaleur humaine.

-Tuas déjà tester.

-Oui.Quand tu dormais.

-Tu me touches quand je dors ?

-Juste le bras.

-Bon.

-Tu devrais pas dormir à cette heure ?

-C'est vrai qu'il est trois heures du matin. Non puis, j'arrive pas à dormir.

-Après ce que t'as dit ta grand mère, tu m'étonnes.

-Si tu veux mon avis, c'est dingue.

-Tu sais, je savais que tu n'étais pas normale.

-En même temps, je parle aux morts. Si tu trouves que c'est normal,alors tout va bien.

-Très drôle. Plus sérieusement, je le sentais. Ça se voyait dans ton aura.

-Vraiment? Tu vois les auras ?

-Oui.Et la tienne est magnifique. Elle est bleue-verte, avec une touche de mauve.

-Ouah.

-Et oui. Cool, non ?

-Plus cool que de se transformer en bête assoiffée dès la tombée de la nuit si on te casse trop les pieds.

Il tourna enfin la tête de mon côté et me regarda dans les yeux :

-Tu devrais aller te coucher. Tu as des cernes jusqu'au milieu des yeux et tu n'arrêtes pas de bailler.

-T'as raison. Bonne nuit.

-Bonn enuit.

Suivant ses conseils, je rentrais dans ma chambre, ferma la porte  et m'endormis comme une masse.