Chapitre VII
J'ai longtemps repensé à ce que m'avait dit Mamia. J'avais toujours rêvé de ne plus être une fille normale, mais je ne voulais pas être loup-garou. J'ai toujours lu que les loups-garous étaient maudits.Je ne voulais pas être maudite. Ça m'avais l'air horrible, dur à vivre. Une malédiction.
Après tout, les loup-garous étaient maudits.
C'est plus facile d'être médium. Je pense. À près tout, ce n'était pas facile d'avoir affaire à un fantôme mutilé comme la mère d'Éric, ou un fantôme colérique. Mais être médium ne se résumait pas à voir uniquement les fantômes, mais aussi les forces maléfiques et bénéfiques. Je n'ai pas beaucoup d'expérience dans le paranormal, mais ça m'avait l'air plus difficile d'être maudite que de voir les êtres invisibles.
Mamia voyait bien que ses révélations m'avaient troublées. Elle faisait tout pour essayer de me détendre, de me faire sentir à l'aise. Au final, la journée passa, tantôt joyeuse, tantôt monotone. Le soir vint, et après le dîner, Mamia entreprit de me raconter la vie qu'elle a passer avec mon grand-père. Nous nous installâmes sur le canapé, avec une tasse de thé. Avant que Mamia ne commence son récit, Éric entra dans le salon et se posa à côté de moi. Il ne semblait pas avoir remarqué que Mamia le suivait aussi du regard. Il se pencha sur mon épaule et me murmura :
-T'es super discrète quand tu t'en vas tu sais ?
Je lui souris et lui répondis à voix haute :
-Je sais. Toi aussi tu fais des entrés discrètes.
Il ouvrit grand les yeux, abasourdi de me voir parler à voix haute,face à ma grand-mère, alors que j'ai toujours fait preuve d'une extrême prudence quand il s'agissait de parler avec lui, si il y avait un public de une personne ou plus.
-Et mais t'es pas malade ? T'as envie que ta grand-mère te colle dans un asile ?
Mamia mit les mains en porte-voix et s'adressa directement à Éric :
-La grand-mère est sourde, elle n'est pas sénile, elle comprend tout ce que tu dis, et elle se rend bien compte que tu colles sa petite fille depuis 5 ans et elle n'a pas l'intention de la coller à l'asile !
Éric avait alors la mine totalement déconfite. Mamia et moi éclatâmes de rire. Éric était encore plus abasourdi.
Au final, Mamia et moi nous reprîmes. Puis je décidais enfin de lui expliquer ce que j'ai appris le matin même. Une fois que je lui ai expliquée tout ça, Mamia nous fit signe de nous taire et commença son récit, de sa voix douce et envoutante :
-J'ai rencontrée Charles à l'école primaire. Il était toujours seul au fond de la classe. Il m'intriguait. Dans la cour de récréation aussi il était seul. Il y avait beaucoup de nos camarades qui se sont moqués de lui, mais pas longtemps. Charles avait l'habitude de répliquer plutôt violemment aux moqueries, même des fois, il lui arrivait de menacer ceux qui le cherchait vraiment, et il mettait toujours ses menaces à exécution si il le fallait.
Puis j'ai décidée de lui parler. Et on est devenus inséparables. On ne s'est pas quitter de toutes nos études. On étaient toujours dans la même classe et il ne parlait jamais qu'à moi et à moi seule, même quand j'étais avec lui et d'autres amies, il ne leur parlait pas. On s'aimait tellement. Après les études, on s'est fiancés et 1 an après, on s'est mariés.
Mamia marqua une pause. J'avais l'impression qu'elle essayait de ravaler ses larmes.Après plusieurs secondes silencieuses, elle reprit d'une voix plus rauque, sans doutes dût au chagrin :
-On avait trouvé du travail. J'étais fleuriste et il travaillait à l'épicerie, en attendant de trouver mieux. Et on a acheté cette maison.
Je me souviens que Charles était plus l'objet de moqueries qu'en primaire. Mais il n'osait pas répliquer, sans doute parce que ça risquait de lui couter son emploi.
Il revenait souvent plus énervé le soir. Et un soir en particulier. Il avait travaillé particulièrement tard, ce soir là. Il était fatigué. Et il était énervé.
Très énervé. J'avais moi aussi passer une mauvaise journée, et je lui en ai parlé. Ça eu pour effet de l'énerver encore plus. Et je l'ai vu grandir en une fraction de seconde. Son visage se mit à grandir, son nez s'est allongé, sa chemise éclata littéralement,et il devint une énorme bête grise, musculeuse, monstrueuse, aux yeux fous. Il m'avait fait une peur bleue, et je n'osait plus bouger.Il s'avançait vers moi à pas lents, et son haleine était fétide.Je croisais son regard sanguinaire, et aussitôt, son regard redevint humain, SON regard. Celui que je connaissais. Et celui-ci redevint humain. En redevenant celui qu'il était, il s'effondra sur le sol en pleurant. Il s'excusa s'excusa sans cesse, mais cette épreuve, au lieu de nous séparer, nous a rapproché. Je lui ai pardonné.D'ailleurs, ça expliquait beaucoup de choses. Son rapport pratiquement inexistant avec les autres êtres humains, son agressivité dès la moindre moquerie, et tant d'autres choses d'autant plus bizarres... Peu après, je tombais enceinte de ton père, Arsenic, Jean. Et, quand ton père eu 20 ans, Charles mourut.Mais la manière dont il est mort, je n'ai pas à t'en parler...
Sa voix se brisa. Elle se mit à pleurer, mais doucement, très doucement, si bien que ses larmes étaient imperceptibles. Je me déplaçait sur le canapé où se trouvait Mamia. Je la prit dans mes bras, et elle continua de pleurer pendant cinq petites minutes,nous allâmes vers sa chambre. Elle m'embrassa et me souhaita bonne nuit,puis je me dirigeais vers la chambre d'amis. Fin de la journée.
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