Je suis pitoyablement enroulée en boule sur moi-même, pour mieux résister au froid environnant qui menace de s'emparer de moi et de me geler jusqu'à la mort, attendant que je ne sais quel miracle se produise. J'ai peur. Je veux revoir ma mère.

Pourquoi j'ai ce réflexe de gamine, là, d'un coup ? Je n'ai jamais demander à voir ma mère quand j'avais peur, je me contentais de serrer les dents jusqu'à ce que ça passe. Mais là, je ne sais pas pourquoi. Je me sens perdue. Je veux disparaître, loin, très loin, quittes à en mourir.

Je veux ma maman. J'ai peur. 

Un ricanement suivi d'une voix moqueuse me tira de mes pensées. Pitié, pas elle...

-Tiens, tiens. Il y avait longtemps, poison.

-Tu ne me manquais pas, si tu veux tout savoir. Que me vaut ce non-plaisir ?

-Ne te moque pas de moi.

-Tu crois pouvoir me donner des ordres ? Laisse-moi rire.

Je ne sais pas ce qui me prend de lui répondre comme ça. Ma fierté peut-être ? À moins que je ne sois devenue maso sans m'en rendre compte. Non, je suis pas comme ça. Ça doit vraiment être un coup de ma fierté.

Nadia se rapproche de moi à une vitesse fulgurante. Les arbres nous entourent et nous piègent, elle et moi, dans un espace clos. Tiens, mon pire cauchemar est en train de se réaliser.

-Tu ne sais pas de quoi je suis capable, poison. Ta mort sera un soulagement pour moi. Ne plus te voir me manquera peut-être. Après tout, je n'aurais plus personne à embêter. Enfin, je pourrais toujours m'occuper du cas de Rebecca.

-Si tu comptes me faire réagir, c'est raté. Je ne sais pas de quoi tu es capable, hein ? Laisse-moi rire. Tu as failli mourir la dernière fois, tu te souviens ?

-Tu ne peux pas me tuer.

-Je t'aurais fait souffrir autant que je le peux.

-Tu sais que si tu fais ça, tu te retrouveras en Enfer.

-Au moins je ne serais pas seule.

Elle se jeta sur moi et me frappa avec ses pieds, aveuglée par une rage sans nom. J'ai mal aux côtes... Je crache du sang... J'aimerais tellement lui rendre les coups...

Elle finit par arrêter et me fixe, triomphante.

-Alors, tu ne fais plus ta maligne, poison, hein ?

-Tu... ne... me fais... pas peur.... Si tu veux me tuer.... fais... le... Si tu veux me... torturer... te... gêne... pas... Mais tu... me fais... pas peur et... tu me feras... jamais... peur...

Elle leva la main au dessus de sa tête, s'apprêtant à frapper mon crâne, quand quelque chose l'arrêta. Une queue de serpent. 

Un énorme serpent aux écailles bleues se tenait derrière elle, ainsi qu'un aigle au plumage doré et cuivré se jetait sur elle, la plaquant aux sol. Elle se dégagea rapidement de l'oiseau et se libéra du serpent avant de s'éloigner de nous. Elle nous fixait avec une haine sans nom et me jeta :

-TU NE PAIS RIEN POUR ATTENDRE, ARSENIC !!!!!

Avant de disparaître. Je me mis à ricaner comme une hystérique, pendant quelques minutes jusqu'à ce que je me mette à cracher du sang. Je finis par m'affaler sur le sol couvert de neige, alors que deux formes humaines se précipitaient vers moi. Et ce fut le noir complet.