Mon père était là, devant la porte. Ils nous fixait, le regard dénué de la moindre émotion. Je pleurais toutes les larmes de mon corps, sans pouvoir me contrôler, dans les bras de ma mère qui me caressait doucement les cheveux.

Lui, il ne disait rien. Il se contentait de nous fixer, comme si nous étions des bêtes curieuses, des extraterrestres, des créatures étranges. Au final, ma mère leva la tête vers lui et lui dit, d'une voix dure :

-Elle doit retourner vers Naëdja. Non seulement parce qu'elle peut sauver un peuple, mais aussi parce qu'elle ne peux plus rester ici.

Lui, il mit quelques minutes avant de dire d'une voix tremblante, d'un airincrédule  :

-N...non, pas... possible... je... je...

-Tu quoi ? S'il te plaît, Jean, j'ai pas que ça à faire. Sache que même si tu ne nous donnes pas ton accord, je trouverais un moyen de la sortir de là, qu'elle puisse vivre sa vie.

-N-non, c'est ma fille !! Je viens juste de la retrouver, et toi, tu penses que je vais la laisser m'échapper ?

-Fallait prendre tes responsabilités en temps que père avant ! Si t'avais voulu d'une vie avec elle, on aurait arrêté cette errance, on aurait trouvé un appartement, ou mieux une maison et on aurait eu une vie normale !

-Parce que tu crois peut-être qu'avec ce qu'on est, on peut prétendre à une vie normale ?

-Regarde Bastien !! Lui, il a bien réussi à construire un foyer pour sa famille !!

-Je ne suis pas ton frère et je ne suis pas magicien, combien de fois devrais-je te le répéter ?

-Mais je suis magicienne, moi !! Tu aurais pu me demander n'importe quoi, je l'aurais fait !

-J'aurais pu ?

-Je ne sais pas si je suis encore prête à le faire maintenant, vu comme tu traites notre fille...

-IL EST HORS DE QUESTION QUE JE LA LAISSE PARTIR !!

-TU TE SOUVIENS DU JOUR OÙ NOUS AVONS DÉCIDÉ DE FAIRE NOTRE VIE ENSEMBLE ? TU CROIS PEUT-ÊTRE QUE J'AI DEMANDÉ L'AVIS DE MES PARENTS CE JOUR-LÀ ? NON !

-Je... Je ne veux pas qu'on se dispute, je veux juste qu'on soit tous ensemble...

Il ne bougeait plus. Il s'était plaqué contre le mur et recroquevillé dons un coin. Ma mère ressemblait à une lionne. Elle me serrait contre elle de façon protectrice, et avait un je-ne-sais-quoi bestial dans la voix. En levant les yeux vers, elle, je vis qu'elle avait les yeux rouges. Mais vraiment rouges. Et entièrement : que ce soit l'iris, la pupille ou ce qui était autrefois blanc, la totalité était rouge.

D'un seul coup, ses cheveux s'enflammèrent. En voyant ça, mon géniteur prit peur et recula. Il se transforma en bête féroce et sauta sur ma mère, qui l'esquiva en me tenant dans ses bras. Elle me posa sur le sol, derrière la porte. J'essayais de ramper loin de la chambre, tandis que ma mère lançait des rayons enflammés sur mon père, qui l'esquiva sans trop de difficulté, mais touchant les murs qui prirent feu en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire.
Je rampais tant bien que mal en dehors de la maison, tandis que j'entendais les cris de colère de mes parents.

Dès que j'arrivais vers ce qui me semblait être la porte d'entrée, je vis qu'il y avait quelques marches que j'essayais tout de même de passer, et je dévalais l'escalier en me faisant ces bleus partout. Mais je n'en avais rien à faire : mieux valait m'enfuir et me faire mal que rester ici.

Quand je me rendis compte que j'étais assez loin, je regardais la maison en feu en espérant voir mes parents en sortir. Si mon père ne survivait pas, j'espérais qu'au moins ma mère serait là.

Mais je ne vis aucun des d'eux sortir de la cabane qui se réduisait progressivement en cendres. Je ne les entendais plus. Étaient-ils morts ? Ou avaient-ils réussi à s'en sortir ?

Une larme coula silencieusement sur ma joue. J'avais toujours eu un réflexe : quand une situation tournait mal, j'imaginais toujours le pire scénario.

Je ne bougeais plus, attendant de les voir sortir. Pendant de longues et interminables minutes qui se transformèrent progressivement en heures et que la nuit tombe, me gelant sur place face aux décombres carbonisés de la cabane.

(Je sais, j'en ai mis du temps avant de le sortir mais je crois que c'est mieux comme ça. E espérant qu'il vous a plu. À la prochaine, mes petits poisons :) :) )