Je jouais avec la nourriture qui était dans mon assiette. Je me posais pas mal de questions. En fait, surtout une mais elle est assez importante. Ça a tendance à me couper l'appétit. Mais à partir du moment où mon ventre m'a fait savoir que ce n'est pas super bien de gâcher la nourriture, j'ai tout englouti comme une morte de faim.

La loi du ventre a toujours eu raison des autres, du moins chez moi.

Pendant que je mangeais, j'essayais de rester attentive aux bruits dans la maison, et surtout, je pensais à Éric. Certes, lui, il avait pas eu de problèmes pour me retrouver, il a sans doutes dû prévenir les autres, mais est-ce-qu'il serait capable de me retrouver ?

Si ça trouve, mon père a dû prévoir le coup.

Cette pensée me fit grogner. Mais je ne dis rien de plus. Au bout d'environ 15 minutes, quand le plateau fut vidé de la nourriture qu'il contenait et fut posé au sol, j'essayais de descendre de mon lit. Je suis quelqu'un de têtu, et j'aime pas être un boulet, donc je bouge.

Mais tout ce que je réussis à faire et me ramasser lamentablement sur le sol. J'avais l'air maligne, tiens !!!

Le bruit alerta mon père, qui se précipita dans ma chambre.

-Ça va ?

-Ouais, nickel.

-Je vois ça. Tu sais, si tu t'ennuies, tu peux me le dire et je te laisserais des bouquins. Désolé si t'es branchée jeux vidéos ou télé, mais...

-M'en fiche. Je veux pas de ça, je veux te parler.

-Et de quoi ?

-J'ai pas mal de questions à te poser.

Il soupira et me prit dans ses bras pour me remettre au lit.

-Tu sais, je peux le faire toute seule.

-Mais oui, vu l'état de ta cheville...

Il s'assit juste à côté de moi. Je contemplais les traits de son visage tiré par la fatigue et ses yeux si semblable aux miens me fixer d'une lueur bienveillante que je qualifierai presque de... paternelle ?

J'inspirais profondément et commençais mon interrogatoire :

-Bon. Alors de un : J'ai un pote fantomatique et je ne peux plus le voir depuis que je suis ici. Ors, vu comme tu m'as tiré tout à l'heure, je suis légèrement étonnée qu'il n'est pas encore fait une entrée.

-Normal. J'ai érigé une barrière pour éviter l'entrée d'entités fantomatiques.

Allez, je me lance. Après tout, qu'est-ce-que je risque ?

-Pourquoi tu tues ?

Ses yeux prirent un certain éclat. Indéfinissable. Je dirais triste, mais aussi colérique, avec une pointe d'énervement.

-Je... Je ne sais pas. J'ai l'impression que je ne me contrôle pas. C'est presque mécanique. Je me transforme sans savoir pourquoi, et comme tu le sais sans doutes, avec la transformation vient la bestialité et les envies de meurtres.

-Oui, mais pourquoi tu ne tues pas d'humains ?

-Je n'en sais rien. J'ai l'impression que quelque chose me guide inévitablement vers un être magique.

-Et... pourquoi tu m'as épargné ?

-Parce qu'il n'y a qu'une seule personne sur cette terre que possède des yeux comme les tiens, et c'est ma fille que j'ai fuis.

-Ouais, tiens, parlons-en. Pourquoi tu m'as abandonné ?

-J'avais peur de te tuer si je restais. Et je tenais vraiment à l'éviter.

-C'est pour ça que t'es resté avec maman.

-Elle était la seule sur cette terre à pouvoir me calmer.

-Comment ça "était" ?

Il leva sa tête, qu'il avait gardé baissée jusqu'à l'ors.

-Elle... Elle est vivante ?

-Oui. Elle vit au manoir avec Naëdja, Mamia, Éric et moi.

-Alors, Mamia je suppose que c'est ma mère, Naëdja, qui ne la connaît pas mais qui est Éric ?

-Le fantôme dont je te parlais.

Il se leva et sortit.

-HÉ !!! Où tu vas ?

-Présenter des excuses à quelqu'un.

J'entendis une autre porte claquer, puis plus rien.

Mon psychopathe de père m'avait laissé seule.

(Désolée pour le retard, je n'avais AU-CUNE inspiration. J'espère quand même que la suite vous a plu !!! À la prochaine, mes petits poisons !!!! :) )