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Chapitre 2 : les routiers

« Alors, je t'en remets un ?

-Oh, euh... Je ne sais pas si... Oui, bon, d'accord.

Il leva le doigt et le patron vint remplir à nouveau leurs verres de pineau. Armelle considéra le liquide doré avec négligence, lança quelques regards à l'homme qui l'invitait. C'était un routier belge, qui faisait la liaison avec le Portugal. Il l'avait suivie hors de l'autoroute, elle l'avait remarqué, elle l'avait attendu à une station essence toute proche. Là, dans l'embarras d'essuyer avec sa carte bancaire refus de paiement sur refus de paiement, il l'avait secourue. Il avait une créance sur elle, comme un droit auquel elle avait tacitement consenti. Lorsque l'orage était venu, ils étaient déjà garés dans cette étape routière et attablés devant pineau et planche de saucisson.

-J'ai prévenu un collègue, on vient au même endroit, comme ça on partage la chambre, ça fait moins d'frais !

-Vous dormez pas dans vos camions ?

-Oh, ben si, souvent, et même dans la cabine j'ai un petit frigo et tout, mais bon, parfois un vrai bon lit et du chauffage et un billard, c'est mieux que s'peler les miches dans des toilettes sur une aire d'autoroute...

-J'imagine, c'est toujours ça de gagné, approuva Armelle, avec l'orage qu'il fait, en plus...

Elle ne savait pas vraiment quoi dire. Elle n'avait plus l'habitude de flirter. Avait-elle jamais su faire ? Sa tête bouillonnait de toutes les pensées confuses qui avaient guidé sa journée, et qui se mêlaient au doux nuage que l'alcool déployait sur son âme.

-Et toi, tu fais quoi ? repartit le bonhomme.

-Euh... Dans la vie ?

-Ouais, enfin, euh, aujourd'hui, ce soir quoi.

-J'avais... quelque chose de prévu, mais j'y suis pas allée.

-Ah merde, c'est con... C'est pas à cause de moi, hein, je t'retiens pas !

-Non, t'inquiète pas, je suis partie ce matin, c'est loin. Pour ce soir, j'ai vraiment rien de prévu. Je ne sais pas où je dors, je sais pas ce que je fais demain...

-Ahah, on dirait que tu sais pas grand chose ! Et tu dois aller où, après ?

-Je ne sais pas... Je vais peut-être rester ici, leur pineau est super ! lança-t-elle avec entrain. Le cœur n'était pas encore tout à fait à la fête, mais parfois, il suffit de s'en persuader. Au début on ne fait que semblant, et puis on finit tout à fait convaincu.

-Eh, tu pourrais demander au patron d'faire les chambres ou la plonge... T'façon t'as plus trop d'thunes, non ?

-Mmmmh... Je sais pas pourquoi ma carte est pas passée, tout à l'heure...

Elle le savait très bien. Jusqu'à présent, elle n'avait pas travaillé, Édouard lui avait tout offert. Elle n'avait pas poussé ses études bien loin, puisqu'il était là pour eux deux, puisque leur avenir était tout tracé. Parfois elle avait de l'argent sur son compte, mais elle ne savait jamais trop quand elle n'en avait plus. Elle en avait eu pour faire le plein ce matin, et c'était passé ; ce soir, ça ne passait plus. La seule certitude, c'était que ce compte ne se remplirait pas tout seul...

-J'appellerai ma banque, demain.

-Ils sont ouverts le dimanche ?

-Je sais pas... Peut-être qu'ils ont un service d'urgence, 24-24, un truc comme ça...

-J'espère, j'espère, mais m'est avis que c'est pour les vols et pertes et faire opposition et tout.

-T'as qu'à me voler ma carte ce soir... Quand je serai ivre, tout à toi...

Elle avait glissé ces mots avec toute la mutinerie dont elle se sentait capable. Rien que l'idée l'embrasait, alors mieux valait qu'il ne s'en rendît pas compte. Il était mignon, un peu large, les cheveux très courts, un regard accrocheur, le petit ventre d'un trentenaire qui bouge peu. Il n'était pas très brillant. Sa conversation était pauvre, un brin misogyne, et il racontait ses longues journées, sans grand divertissement, avec son accent épais de Wallonie, avec ses « huit » qu'il disait « houit » et son goût immodéré pour la bière trappiste. C'était tout l'opposé d'Édouard. Du reste, il avait assez de tact pour ne pas rentrer directement dans le sujet.

-En tout cas, puisque t'as rien de prévu là, je t'invite ! Tu vas souper avec moi, tu vas voir, je l'connais l'patron, c'est pas mal, et y fait dessert gratis pour les routiers.

-Je ne suis pas routière...

-Alleeeez, t'es avec moi, c'est pareil, tu verras ! Et puis c'est moi qui paie, hein ! Avec tes problèmes de carte et tout, va pas s'embêter à couper la poire en deux.

-Oh... Merci, Antoine... »

Le regarder dans les yeux, être langoureuse, être aguicheuse, avoir l'impression d'être une femme, avoir aussi l'impression de déshonorer toutes celles qui se battent dans le monde contre la soumission et le rabaissement des leurs au rang d'objets. Ce soir, étourdie de pineau et de ce qu'elle avait fui, elle ne voulait rien plus qu'être un objet dans les bras d'Antoine, être une poupée sous les assauts de son collègue, celui qui les rejoignit au cours du dîner, entre le poulet basquaise et le moelleux au chocolat. Rachid, dégoulinant de pluie. Fin, barbu, culturiste, dessiné comme un dieu, jurant comme un diable. Un vrai macho, lui, pas un qui fait semblant de demander l'autorisation à la demoiselle. Le genre d'homme qui n'aime que lui.

« Hé, Armelle, lança-t-il depuis le billard, avoue, c'est qui l'plus beau, Antoine ou moi ?

-Euh... Ça dépend...

Elle glousse, elle attrape son verre pour se donner contenance, elle ne veut pas choisir, elle ne veut en vexer aucun. Elle a troqué le pineau contre la bière, pas certaine d'avoir gagné au change. Rien n'est plus dangereux que les mélanges.

-Antoine a des yeux sympas, et toi... Attends, montre-moi tes yeux...

-Non mais en tout, au total, pas que les yeux, allez, c'est qui que t'préfères ?

-Non mais... Antoine est gentil, bavard...

-On s'en fout, c'est pas les gentils qui chopent ! riposta Rachid, avec un geste vague, comme s'il chassait une mouche, une idée importune.

-Enfoiré ! » siffla l'autre, amicalement.

Armelle les regarda, ces deux coqs qui se disputaient le plaisir de la draguer. C'était si facile, en fait, d'être courtisée. Il suffit de revoir ses prétentions à la baisse. Il suffit de n'avoir aucune estime pour soi-même. Il suffit de porter des shorts courts et de montrer ses jambes sur l'autoroute. Après cinq verres de pineau, dans la chaleur moite de l'orage battant les murs défraîchis de l'étape routière, au milieu de tous ces inconnus, rien n'était plus facile que de s'avilir. Alors elle le fit. En quelques pas, elle fut près d'Antoine. Elle le prit par les joues et l'embrassa, sans pudeur ni retenue. 


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