Je me réveille d'un coup en sentant un seau d'eau glacé me tomber dessus. Je pousse un cri et regarde autour de moi. Je suis dans une salle éclairée aux murs gris bétons et à l'absence de fenêtre. Je me trouve attachée sur une chaise. Je n'ai aucune idée de ce qui est en train de se dérouler... Qu'est-ce que je fais là ? Pourquoi je suis attachée ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

J'entends des pas derrière moi et en déduit que c'est la personne qui vient de me réveiller.

- Qu'est-ce que je fais là ?! Pourquoi je suis attachée ?!

Mais il ne me répond pas. Je regarde autour de moi en essayant de libérer mes mains mais c'est sans succès. La panique monte au fur et à mesure en moi. Qu'est-ce qu'il va m'arriver ?

Soudain, la porte devant moi s'ouvre et un homme entre. Je n'arrive pas à le reconnaître dans l'obscurité. Puis au fur et à mesure qu'il s'avance vers moi dans la lumière, je le reconnais : Kaesar Liusju.

- Pourquoi vous m'avez attachée ? Qu'est-ce que je fais là ?!

Il me sourit, de ce même sourire qu'il avait lorsqu'il est venu m'annoncer ma sélection pour Aréna. Ce sourire dangereux.

Il me regarde un moment avant d'attraper la chaise devant le bureau et de s'asseoir devant moi.

- Nous avons beaucoup de choses à nous dire Lyssandre...

Je le regarde sans réussir à répliquer. Je ne comprends rien à ce qu'il se passe et cela commence à m'énerver. Pourquoi ils m'ont endormie ? Pourquoi je me retrouve attachée à cette chaise ? Qu'est-ce que j'ai fait bon sang pour mériter ça ?!

Kaesar me regarde puis fait signe à l'un de ces hommes de lui passer quelque chose que je n'arrive pas à discerner au début. Une fois en main, il l'ouvre. C'est une mallette, il en sort une photo avant de me la montrer : ma mère, avec un autre homme, ainsi que... Lui ?!

- Qu'est-ce que c'est que cette photo ?! Qui est l'homme en compagnie de ma mère ?! Qu'est-ce que vous faites sur cette photo ?!

Kaesar se met à sourire tandis qu'en moi la panique monte. Je gesticule sur ma chaise et me mets à crier :

- Rép...

- L'homme à côte de ta mère se nomme Viktor Amélia. C'est ton père. Me coupe-t-il en me regardant avec un air dur.

Je le regarde sans rien dire.

- Non ce n'est pas possible ! Mon père s'appelle Christopher ! Vous l'avez vu lorsque vous m'avez annoncé ma destinée !

Je ne sais pas pourquoi mais au fur et à mesure que je crie, des larmes se mettent à couler sur mes joues. Cela ne peut être vrai. Ma mère ne peut m'avoir menti.

- Sais-tu également que le vrai nom de ta mère est Meredith et non Mary ?

- Non vous mentez ! Vous mentez !

Je suis maintenant en train de crier tout en essayant de me libérer l'un des hommes esquisse un mouvement vers moi mais c'est la voix de Kaesar qui m'arrête :

- Pour mon cher ami Kaesar... De la part de Viktor, Meredith et notre prochain enfant... Lyssandre...

Les yeux de Kaesar se relève de la photo pour se poser sur moi. Je suis complètement abasourdie. Je ne sais plus quoi penser...

- Vous...

Kaesar me colle le dos de la photo et je suis maintenant capable de lire à mon tour cette phrase : Pour mon cher ami Kaesar. De la part de Viktor, Meredith et notre prochain enfant, Lyssandre. Que notre amitié soit éternelle. V.

Ma respiration commence à me manquer. Je me sens étouffer. Et puis finalement c'est le noir...

*

Je me réveille brusquement quelques heures plus tard. Ou quelques jours plus tard. Je n'en ai aucune idée... Je suis complètement perturbée... Je ne ressens ni la faim ni la soif.

Je suis complètement ravagée.

Ma vie entière est un mensonge. Je ne sais même pas qui haïr le plus ? Mes « parents » et surtout ma mère pour m'avoir menti depuis que je suis née ? Ou Kaesar Liusju pour m'avoir tout avouer et ainsi briser tout ce que j'avais construit depuis que je suis née ?

C'est un cauchemar. Ça ne peut être que ça... Je suis tranquillement en train de dormir dans mon lit. Je suis en train de rêver...

Si seulement...

La porte s'ouvre à nouveau devant moi et Kaesar vient se rasseoir sur la chaise toujours placée devant moi. Je baisse la tête sur mes genoux afin d'éviter son regard :

- Pourquoi est-ce qu'ils m'ont menti ?

Il part dans un petit rire sans me répondre. Je relève la tête vers lui et redemande plus sèchement :

- Pourquoi m'ont-ils menti ?!

- C'est une histoire bien trop compliquée pour une gamine de ton âge...

La rage monte en moi et je me mets à hurler en tirant sur mes poignets attachés :

- Répondez moi !!!

Une baffe. Ma tête tourne du côté opposé tandis que ma joue se met à chauffer. Je reste un instant sans bouger. Choquée.

- Merci... Lâche Kaesar en se rasseyant.

Je ne bouge plus. Je suis complètement paralysée et les larmes sont sur le point de couler.

- Ton père et moi nous nous sommes rencontrés au lycée. C'est également là que ton père a rencontré ta mère. Mais ils ont commencé à sortir ensemble à l'université. En tout, cas, au lycée, ton père et moi sommes devenus rapidement de très bons amis. C'est que nous partagions les mêmes idées... Nous voulions une Révolution afin de changer cette société corrompue qui ne s'occupait pas de sa population... Alors nous avons commencé à préparer la guerre des Downs. La guerre de ceux qui n'ont rien.

Je tourne lentement ma tête vers lui, hypnotisée par ce qu'il est en train de m'avouer.

- Puis nous sommes entrés à la fac et ta mère est rentrée dans sa vie. Mais nous continuions de nous voir. Souvent même. Autour de nous, nous avions réussi à convaincre plein de personnes. Des hommes, des femmes, des étudiants et étudiantes dont ta mère. Elle paraissait très enthousiaste au début. Elle nous a d'ailleurs aidé à concevoir ce que sont maintenant les Destinées. Mais il y eut une chose. Une seule chose qu'elle refusa. La dernière Destinée. Celle du divertissement et le projet de Aréna.

Il se lève et se met à tourner autour de moi en regardant par terre. De mon côté je le suis des yeux, impatiente qu'il continue. Espérant qu'il continue.

Il fait un tour complet autour de moi puis continue en se mettant dans l'obscurité contre un mur :

- Et puis les choses ont commencé à mal tourner... Je me suis disputé avec ta mère. Viktor n'était pas là à ce moment là. Elle disait que j'avais perdu la tête que cette histoire d'Arène allait trop loin, qu'elle ne voulait pas participer à une Révolution si c'était pour que le système mis en place par la suite soit meurtrier. Et tu sais ce que je lui ai répondu ? Je lui ai dis de rentrer chez elle. Que de toute façon on n'avait pas besoin d'elle. Alors elle a claqué la porte et puis elle est partie. Le lendemain, Viktor est venu me voir et a voulu discuter à propos de notre dispute. Alors je lui ai dis ce que je pensais. Je suis resté calme, poli, l'ami qu'il avait toujours eu. Et, nous avons continué notre projet en échange de ma promesse d'abandonner l'histoire de l'Arène. Enfin, ce n'était pas une vraie promesse tu dois t'en douter n'est-ce pas ?

Il n'attend même pas que je réponde et reprend directement :

- Bref nous avons continué notre projet pendant des mois, et je me suis réconcilié avec ta mère et nous avons pris la photo que tu as vu. Mais voilà, on sentait que nous devions commencer notre révolte. Que nos partisans attendaient des actions concrètes de nous et pas seulement des idées sur un morceau de papier. Alors nous nous sommes à nouveau réuni avec ton père. Et je lui ai reparlé d'Aréna. Bien sûr il n'était pas content, il pensait que c'était de l'histoire ancienne. Mais non, cette idée ne m'avait jamais quitté et je comptais la mener jusqu'au bout.

- Pour-quoi ? Je réussis à demander avec une petite voix.

- Pourquoi ?! Mais parce que Aréna est ce qu'il manquait à cette société ! Aréna est le bol d'air de notre société Lyssandre ! Tu imagines combien de personnes regardent ce programme ? Combien se rendent à l'Arène pour l'avoir en direct ?! Des millions !! Jamais aucun programme sur notre continent n'avait fait ce record d'audience !

- Et les concurrents qui meurent ?! Hein ça ne vous fait rien ?!

- Nous donnons à ces gens une raison de vivre et de mourir Lyssandre. Les morts dans l'Arène sont les plus connus du monde entier. Ils sont vénérés par tous ! Ils obtiennent ainsi plus de reconnaissance que dans toute une vie !

Je me tue tandis que Kaesar continue de parler :

- Tu es bien comme tes parents... Tu ne partages pas mes idées. Ton père n'ont plus ne les partageaient plus à la fin. Il disait que j'étais devenu fou. Et la dernière fois que nous nous sommes vus, il a une nouvelle fois essayé de me faire changer d'avis. Et une nouvelle fois, il est parti avec ma fausse promesse. Mais la dernière parce que j'en avais assez. Et cette nuit là, j'ai envoyé des hommes le tuer...

Mon cœur loupe un battement en entendant cette dernière phrase. Puis la rage remonte en moi et je tire comme une furie sur mes liens pour essayer d'aller étrangler ce bâtard.

- Vous avez fait assassiner mon père ! Vous avez tuez mon père ! Espèce de salaud !

Il me plaque contre la chaise tellement soudainement que j'en reste bouche bée.

- Si je ne l'avais pas fait, la Révolution n'aurait jamais eu lieu ! Si je ne l'avais pas fait des centaines de personnes seraient toujours dans la rue à crever de faim tandis que le gouvernement investit dans des stades afin d'accueillir le prochain grand événement sportif ! Et toi tu me reproches d'avoir supprimé tous ceux qui voulaient empêcher cela ?!

Je ne réponds pas et baisse la tête :

- Qu'est-ce que vous allez faire de moi ?

Il se relève et reste devant moi avant de répondre :

- Je te l'ai dis, j'ai pour habitude de supprimer tout ceux qui s'oppose à moi...