Chapitre IV
Que mes paupières étaient lourdes. J'ai eu du mal à ouvrir les yeux. Lorsque je les ai ouvert, un néon m'aveuglait. Je les refermais aussitôt. Je m'attardais à l'ouïe. Des gens parlaient tout autour de moi. La pièce était remplie de personnes.
- Je suis vraiment désolé, Monsieur Park...
Ça, c'était la voix de Yoongi. Je la reconnaîtrais entre mille. Et elle était remplie de sanglots. J'ai rouvert les yeux et j'ai tourné la tête. Jihyuk, accoudée au lit où j'étais allongé, a ouvert la bouche, surprise.
- Papa, Papa ! Jiminou est réveillé !
Yoongi et mon père se sont tournés vers moi, à peine soulagés que je sois revenu parmi eux, comme s'ils s'y attendaient. Yoongi s'est agenouillé près de moi, son visage inondé de larmes. Je crois qu'en un an de relation, je ne l'ai jamais vu autant pleurer. Je tentais de me redresser, mais il m'en empêcha.
- Est-ce que tout le monde va bien ? Shin, le bébé ?
- Oui, tout va bien, me dit-il avec tendresse, me caressant les cheveux. On a suivi tes conseils. On s'est enfermé dans un placard et on s'est attaché des oreillers tout autour de la taille pour être le moins blessé possible. Et ça a marché. Tu nous as sauvé, d'une certaine manière.
J'ai souri. Mon regard s'est posé sur Jihyuk. Je voulus lui caresser la tête mais une douleur affreuse s'est faite ressentir dans mon poignet. Je lâchais un soupir.
- Qu'est-ce que tu as ?
- Je crois que je me suis foulé le poignet.
- Attends, je vais appeler le médecin.
Deux minutes plus tard, l'homme est apparu. Je lui ai indiqué mon poignet, et il la prit pour le tourner dans tous les sens. Ça me faisait un mal de chien.
- Oui, je crois que c'est cassé.
J'écarquillais les yeux.
- Cassé ? Carrément ?
- Oui. C'est une belle fracture.
- Mais, comment on va faire ?
Nous avions seulement des attelles, rien pour faire des plâtres ici.
- On va improviser. Peut-être qu'en glissant quelques morceaux de bois dans l'attelle, cela permettrait à ta main de ne pas bouger.
- Et en combien de temps ça va se remettre ?
- Oh, je dirais... six semaines.
- Six semaines ! Oh non...
Six semaines sans pouvoir tirer. Super. Comment j'allais faire pour tuer le Président ? Je crois que la situation ne pouvait pas être pire.
- Bon, je vais chercher ce qu'il faut, je reviens tout de suite.
L'homme nous a quitté. Mon père et Jihyuk sont parti également, afin de me laisser me reposer. Seul Yoongi est resté.
- Pourquoi est-ce que tu pleures ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
J'étais tellement inquiet. Yoongi me regardait avec peine.
- Tu t'es fait écraser par plusieurs lits, dans le dortoir. Quand nous t'avons retrouvé, tu étais allongé sur le sol, et tu ne respirais plus. On a dû te réanimer. Mais ce n'était pas à cause des lits que tu as perdu connaissance...
Il a reniflé et a évité mon regard. Je fronçais les sourcils.
- C'était à cause de quoi ?
- C'était à cause... de mon collier. Du collier que je t'ai offert hier.
En disant ses mots, je posais mes mains sur mon cou pour vérifier. Effectivement, je sentais une ligne droite toute chaude et irritée sur ma peau. Je l'imaginais rouge.
- Yoongi, ce n'est pas ta faute, tu n'aurais pas pu le sav-
- Putain, mais Jimin, j'ai failli te tuer ! hurla-t-il en se relevant. Tu ne te rends pas compte de ce que j'ai fait.
Je sentis ses larmes tomber sur mon bras nu.
- C'était un accident !
- Peut-être, mais ça ne change rien. Tout était de ma faute. Je... Je suis vraiment désolé...
Et sur ces mots, il est parti. Il me laissa seul parmi les autres blessés de la pièce. Je ne lui en voulais pas du tout. Jamais je ne lui en voudrais. Rien n'était de sa faute, tout était involontaire. Mais je connaissais Yoongi. Je savais que quand il faisait une bêtise, il s'en remettait peu. Il avait du mal à se pardonner à soi-même. Et me perdre, et qui plus est en me tuant, aurait été fatal à Yoongi.
Le médecin revint quinze minutes plus tard avec une attelle. J'avais si mal. Je pensais mettre plus de six semaines à m'en remettre. J'allais devoir apprendre à tirer de la main gauche...
~
Les jours suivant, Yoongi m'a royalement évité. Lorsque j'entrais dans la même pièce que lui, il s'en allait, même s'il était en plein milieu d'une conversation. Ça me faisait mal. Je n'aurais jamais pensé qu'il s'en voudrait autant. Et il pensait qu'en m'évitant, ça allait régler la situation. Qu'est-ce qu'il pouvait être bête parfois. C'était comme si m'éviter me protégeait de lui. Comme s'il se pensait dangereux.
En entrant dans le dortoir, je l'ai vu. Lorsqu'il croisa mon regard, il se leva instinctivement de son lit et commença à partir. Mais je lui barrais l'entrée.
- Tu crois pas qu'il est temps de mettre fin à tout ça ?
Il ne m'a répondu. Il tenta une nouvelle fois de partir mais je lui tirais le bras.
- Arrête Yoongi ! Ce n'est pas ton collier qui m'a tué, c'est ton absence qui est en train de le faire !
Il regardait la porte du dortoir, les larmes aux yeux. Puis il a lâché un long soupir.
- Viens, il faut que je te raconte quelque chose...
Je ne l'ai jamais vu aussi triste. Je pense que ce qu'il allait me dire était très sérieux. Yoongi me prit par l'épaule et me força à m'asseoir sur un des lits. Il prit l'une de mes mains.
- Il y a une chose sur mon passé que je ne t'ai jamais avoué. Quand j'avais 15 ans, j'ai tenté de me suicider.
Les larmes dégoulinaient sur ses joues. Les miennes commençaient à apparaître aux coins de mes yeux.
- Pourquoi ?
- Peu importe pourquoi, c'est de l'acte que je veux te parler, et de ses conséquences. Ma mère m'a emmené à son boulot une fois, pour me montrer ce que c'était que la vie active. Elle bossait à l'hôpital à l'époque. À un moment, elle est partie pour soigner un patient, et j'en ai profité pour aller dans son bureau. Dans un placard, il y avait des tas de médicaments. J'en ai ingurgité un très grand nombre. Quand ma mère m'a retrouvé, j'étais sur le sol de son bureau, inconscient. Elle et ses collègues ont réussi à me sauver à temps, ils m'ont fait un lavage d'estomac. Quand je me suis réveillé dans ma chambre d'hôpital, ma mère était là, et elle pleurait. Elle s'en voulait de n'avoir rien vu venir, de n'avoir rien pu faire pour m'aider.
C'est vrai que la situation était un peu similaire. Tout ce qu'il me disait là me faisait mal au cœur. Cela me faisait penser à sa chanson The Last.
- Tout ça pour dire que, ce qu'a ressenti ma mère, je l'ai ressenti avec toi aussi. Et c'est maintenant que je me rends compte à quel point ce que j'ai fais est grave. Je déteste être impuissant.
Je l'ai pris dans mes bras. La culpabilité le rongeait.
- Je suis content qu'elle ait réussi à te sauver.
- J'imagine, oui.
M'écartant de lui, je lui essuyais ses larmes sur ses joues.
- Où est le collier ?
- Là.
Il le sortit de sa poche. Je le pris et l'accrocha autour de mon cou.
- Tu as de la chance, j'ai failli le jeter à la mer après l'incident. C'est une arme de crime, après tout.
- Arrête. N'en parlons plus. À partir de maintenant, tu ne me lâches pas d'une semelle, c'est clair ? Je déteste être séparé de toi, et encore plus quand c'est volontaire.
- D'accord, d'accord...
J'ai souri. Il a fait de même. J'ai caressé sa joue mouillée. J'adorais le voir ainsi : sensible. Ça me faisait toujours craquer. Je trouvais ça beau, un homme qui pleurait. Sauf que moi, je ressemblais à rien quand je pleurais. Yoongi, lui, était mignon.
- Euh, Yoongi, tu peux me rendre un service ?
- Bien sûr. Tout ce que tu voudras.
- Tu peux me faire un massage ?
J'ai légèrement rougi. Yoongi, lui, est devenu blanc.
- Euh, d'accord, mais je te préviens, je ne suis pas très doué pour ça.
- C'est pas grave, juste sentir ta peau contre la mienne me fera du bien, ai-je murmuré à son oreille.
J'ai enlevé mon tee-shirt d'une main. Yoongi ne manquait pas une miette du spectacle. J'ai jeté le vêtement sur le lit sur lequel nous étions assis, puis je me suis allongé sur le ventre, faisant toujours attention à mon poignet. Yoongi s'est assis au bord du lit, et commença à masser mes épaules. Je lâchais un gémissement de plaisir. C'était délicieux. Son toucher m'électrisait, comme toujours. Il était si tendre et précis dans ses gestes. Il caressa mon dos de long en large. Je fermais les yeux. Mon cœur battait fort dans ma poitrine. Avec une pointe d'érotisme, il traça ma colonne vertébrale avec le bout de son index. Ce geste me fit frémir. Comment un simple geste comme celui-ci pouvait me donner autant de frissons ? Il a finit par s'asseoir sur mes fesses pour avoir un meilleur accès à mon dos.
- Tu sais que s'il n'y avait personne, je te prendrais maintenant ? susurra-t-il à mon oreille.
Mon cœur rata un battement.
- J'aurais bien aimé.
Il continua longuement ses gestes légers et délicats. À la fin, ne sentant plus ses mains, il préféra finir le massage avec sa bouche. Il me baisa la nuque puis ma colonne vertébrale, ses lèvres se posant sur chaque bosse que formait l'os. J'ai failli m'endormir tellement c'était bon.
- Voilà.
- Merci, Yoongi. C'était vraiment super.
Je me suis penché vers lui et je l'ai embrassé. Que ses lèvres m'avaient manqué. Plus que je ne l'aurais cru. Il me répondit et posa une main dans ma nuque. Son odeur aussi, m'avait manqué. Sa peau, son souffle... Tout m'avait manqué. Je pris l'avantage sur le baiser, l'embrassant comme jamais je ne l'avais fait avant. Il en fut un peu étonné. Je voulais lui montrer à quel point il m'était vital. Lui tout entier m'était vital. Je me dégageais, en manque de souffle.
- Je t'aime, Yoongi.
~
Quelques semaines sont passées. Nous approchions des côtes françaises. Taehyung remarchait, et semblait en pleine forme. Moi, j'avais l'impression que ma guérison stagnait. Shin ne faisait que de vomir. La pauvre. Son ventre commençait à devenir rond tout doucement. Yoongi m'a fait rire en pensant qu'elle vomissait à cause du bateau, alors que c'était à cause du bébé. Il ne connaissait vraiment rien aux enfants. C'était mignon quelque part. Mon père semblait plutôt fier de moi et de mon poste de second. C'est moi qui devait donner les ordres lorsqu'il n'était pas là. Je n'aimais pas tellement ça au début mais je me suis habitué. Diriger les gens, je ne l'ai jamais fait. Et ça me rappelais que c'était le même boulot que le Ministre et le Président. Ça me donnait envie de vomir.
À présent, je m'occupais plus de Jihyuk. Elle avait besoin de moi, tout comme moi j'avais besoin d'elle. La plupart du temps, on s'installait sur les structures gonflables et on discutait pendant des heures. John était toujours là, malheureusement. Et elle l'écoutait toujours, tel une conscience, comme Jiminy Cricket.
Et le soir, après avoir terminé le boulot, je m'allongeais seul sur le pont, et je fixais les étoiles. Je touchais le pendentif de mon collier en les observant. Sous ma tête, le sol a vibré sous les pas de quelqu'un. J'ai penché la tête. C'était Yoongi. Il s'allongea près de moi et glissa sa main dans la mienne, ce qui me valut quelques frissons.
- Tu as bien mangé ?
- Ça va.
- Et tu as bien travaillé ?
- Oui. Mon père était plutôt content.
- Bien.
Il déposa un léger baiser sur mon front, caressant ma main avec son pouce.
- Est-ce que tu as peur ? me demanda-t-il soudainement.
- Peur de quoi ?
- Peur de ce qui va se passer. Peur de rencontrer les autres ARMYs du monde. Peur de l'inconnu.
- Non, ai-je immédiatement répondu. Je n'aurais jamais peur, puisque je serais tout le temps avec toi.
- C'est pas faux.
J'ai posé ma tête sur son épaule, continuant d'observer les constellations.
- Tu crois qu'ils sont là-haut ?
- Qui ça ?
- Ma mère, Seokjin et ton frère.
Yoongi a inspiré un grand coup.
- Oui, sûrement. Regarde. Ils sont tous les trois là.
Il pointa trois étoiles dans le ciel noir, qui formait un triangle.
- Oui, tu as raison.
- Ils veillent sur nous. Et ils sont tous là. À chaque instant qui passe. Nous ne sommes jamais seuls. Tu n'es jamais seul.
- La vie est tout de même morne sans eux. Heureusement que tu es là, avec moi.
Je me suis tourné vers lui. Il me regardait, la bouche entrouverte. Il respirait fort. Il s'est penché vers moi et m'a embrassé avec passion. Le baiser était magique. J'avais froid, mais ce n'était pas à cause de l'air frais. Yoongi avait le don de m'embrasser comme la toute première fois. Les sensations étaient toujours les mêmes. Mon cœur s'emballa alors qu'il posa sa main chaude sur ma joue. Je me sentais si bien. Nous étions dans notre petit cocon, loin du monde. Il se sépara de moi, relevant une mèche de mes cheveux.
- Tu es beau.
- Toi aussi.
- Non, pas moi.
- Mais si, Yoongi. Tu me fais penser à un papillon. Tu ne vois pas comme tu es magnifique.
Il a souri. Un nouveau baiser sur le front. Il m'a serré fort contre lui, comme un père et son enfant. J'ai fermé les yeux et me focalisais sur le bruit des vagues, la chaleur de ses bras, la sensation de son souffle sur ma peau. Puis, des bras de Yoongi, je suis passé aux bras de Morphée.
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Désolée pour ce chapitre, pas trop d'inspiration en ce moment ☹️
Je vous promets de faire un meilleur chapitre la semaine prochaine !
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