Chapitre 16: Piège
— C'est un piège... murmurai-je.
Charlotte se tourna vers moi, un sourcil arqué en accent circonflexe.
— Qu'est-ce que tu as dit ?
— C'est un piège ! Il y a des gens en bas. Beaucoup de gens.
Elle écarquilla les yeux et jeta un regard à l'homme toujours assis. Il arborait désormais un sourire victorieux et fier.
— Ça, pour le coup, c'était mon idée, se moqua-t-il.
Charlotte jura entre ses dents et fit volte-face.
— Va-t'en ! m'ordonna-t-elle.
Je la regardai, hébété.
— Quoi ? Non ! Et toi alors ? Tu ne vas pas rester ici ?
— Bien sûr que non ! Mais ils auront moins de chance si on se sépare. Cours, maintenant !
Je ne lui posai pas plus de questions et partis dans la direction opposée à la sienne. Les nouveaux arrivants étaient tous proches, ils étaient déjà arrivés à notre étage et je ne savais pas où se trouvaient les autres sorties.
Est-ce qu'il en existait d'autre déjà ?
Si le piège était vraiment bien pensé, la seule issue était celle par laquelle j'étais entrée. Je n'avais plus qu'à espérer pour que celui qui l'avait conçu ne soit pas un si bon stratège.
Ils arrivaient... je devais me cacher maintenant ! Je distinguai les contours d'une machine dans l'ébauche de couloir. Je me tapis derrière, priant pour m'être dissimulé à temps. Ils débarquèrent dans le couloir. Ils étaient quatre, du moins ils avaient quatre téléphones avec eux. J'avais l'impression d'être de retour dans la ruelle, quand je m'étais caché derrière une poubelle pour échapper aux policiers.
Etaient-ce des policiers cette fois aussi ? Mes cheveux étaient plaqués à mon visage, je les écartai de mes yeux et jetai un regard circulaire autour de moi, cherchant un moyen de sortir de là. Il y avait une ouverture à l'autre bout du couloir qui débouchait vers l'extérieur, sûrement une porte-fenêtre. Une bande de sécurité en plastique orange était attaché en travers et j'apercevais le bras d'une grue éclairée par la lune.
Elle était située à cinq ou six mètres, est-ce que j'arriverais à sauter si loin ?
— Tu compliques inutilement les choses.
Le son de cette voix me fit tressaillir. Le groupe composé uniquement d'hommes se rapprochait lentement de ma cachette. Ils étaient vêtus de costumes bleus foncés, c'étaient bel et bien des policiers. Et ils savaient que je n'étais pas loin.
Je serrai les dents, refusant de céder à la panique. Quelle était la peine pour les mineurs faisant parti d'une organisation qui tuait des humains ? Et que feraient-ils à ma famille quand ils m'identifieraient ?
J'essuyai les gouttes de sueur qui perlaient sur mon front et me concentrai sur la grue dehors. Cinq ou six mètres. C'était ma meilleure issue, aucun doute là-dessus, je devais sauter.
Sans réfléchir, je courus jusqu'à la bande en plastique, je passai par-dessus...
— Non !
... et je sautai, mais l'un des hommes attrapa ma veste, stoppant net mon élan.
Je glissai et poussai un cri. J'enroulai mes doigts autour de la bande en plastique.
Je tombai.
Je heurtai le mur de l'immeuble sans arrêter de hurler.
Le temps que je me rende compte que j'étais toujours vivant, j'avais la gorge en feu. J'étais suspendu dans le vide entre le deuxième et le troisième étage, agrippé à la bande en plastique comme si ma vie était en jeu... ce qui était en fait le cas.
Au-dessus de moi, j'aperçus un homme à la peau foncée, l'insigne accroché à sa tenue provenait d'une des villes voisines dans laquelle je n'avais jamais mis les pieds. Au moins, personne ne risquait de me reconnaître dans l'immédiat. Il me fixait, un sourire amusé étirant ses lèvres.
— J'en reviens pas que tu te sois accroché !
L'idée de tout lâcher rien que pour l'énerver me traversa l'esprit, mais je ne le fis pas. S'il y a bien une chose que je voulais conserver plus que tout le reste, c'était ma vie. Et à ce moment, elle ne tenait qu'à un fil. Sans mauvais jeux de mots.
La bande en plastique s'étira. J'avais des crampes aux doigts, mais j'étais prête à tenir pour l'éternité si ça me permettait de ne pas mourir écrasé au sol.
Quelque chose se détacha du mur, je chutai d'un mètre supplémentaire. Une nouvelle fois, je lâchai un cri.
— Eh, calme-toi, dit l'homme.
Mes bras commençaient à fourmiller, ils n'allaient pas tarder à lâcher. Une part de moi m'ordonnait de le supplier de m'aider, mais l'autre préférait encore tenter de survivre à une chute de dix mètres.
— Donne-moi la main, je vais te remonter.
Je fixai sa main tendue, hésitant.
— Je ne vous dirai rien. De toute façon, je ne sais rien !
C'était en grande partie la vérité. Je ne connaissais presque pas l'Association, même si je le voulais, je ne pourrais pas les aider.
— On verra ça plus tard, donne-moi juste la m...
La bande en plastique s'arracha. Je poussai un hurlement de terreur et me crispai à l'attente du choc qui ne vint pas.
— Tient, regarde ce que j'ai trouvé !
Le cœur battant, je relevai la tête. La bande était enroulée autour de sa main gauche, il se retenait à l'encadrement de la fenêtre avec son autre main.
— Arrête de bouger.
Je me stoppai net, je n'avais même pas remarqué que je gesticulais dans tous les sens. Je baissai les yeux vers le sol en béton. Non, je n'avais définitivement aucune chance de survie si je lâchais tout.
— On va te hisser, d'accord ? Surtout, reste tranquille.
Il fit un signe aux hommes derrière lui qui s'approchèrent pour l'aider à me remonter. Je me fichais désormais de qu'ils étaient, je voulais juste vivre. Je chercherais plus tard un moyen de m'enfuir. Je m'agrippai à la bande de toutes mes forces, fermant les yeux.
Finalement, quand je sentis le rebord, je rouvris les paupières et lâchai une main après l'autre pour m'accrocher à lui. Les hommes me saisirent par les bras pour me hisser et me tirer loin de la fenêtre. Une fois en lieu sûr, ils ne me lâchèrent pas.
Mes bras tremblaient et je ne sentais plus mes doigts, mais ce n'était pas le moment de paraître faible. L'un des deux hommes qui me maintenait encore se tourna vers celui à la peau sombre qui venait de me sauver la vie.
— Allons-y, dit ce dernier. On n'a pas de temps à perdre, je n'ai pas envie de croiser ses amis.
Il passa devant et je fus forcé de le suivre. Je ne tentai même pas de me débattre, je savais que c'était inutile. Ils marchaient vite, beaucoup trop pour moi. J'étais encore sous le choc, mes jambes vacillaient et je trébuchai. Les deux policiers me soutirent, pour que je ne m'effondre pas. Je ne pris pas la peine de me relever et me laissai presque traîner par terre. Mes genoux frôlaient le béton, mais ne le touchaient pas, les hommes étaient plus grands que moi d'au moins une ou deux têtes.
A bout de force, je fermai les yeux pendant ce qu'il me semblait une seconde, mais qui dura apparemment un peu plus longtemps. Quand je les rouvris, j'étais face à un camion de police.
La porte latérale coulissa et on me jeta à l'intérieur. Quand elle se referma, la lumière au plafond clignota dans un bruit métallique avant de s'allumer. Au moins je n'étais pas dans le noir complet. Je n'étais pas claustrophobe, mais être confiné dans un si petit espace me mettais mal à l'aise, surtout si j'étais prisonnier.
Génial ! Vive l'aventure.
En vérité, j'étais un peu dans la même position que les deux policiers qu'on avait enlevés. Deux prisonniers dans chaque camp. Et vu que mon arrivée ici n'étais pas prévu, je suppose que ça faisait aussi un invité surprise pour chaque équipe.
Je lâchai un rire nerveux, les coïncidences étaient tout de même amusantes. Finalement, Charlotte avait raison, ça ressemblait un peu à un jeu. Sauf que pour l'instant, j'étais perdant. Enfin, pendant que j'étais vivant, ça m'allait. Espérons que j'étais encore loin du Game over qui signifierait ma mort.
La porte s'ouvrit à nouveau, un homme fit entrer une seconde personne dans le van. Quand la lumière éclaira son visage, je la reconnus.
— Charlotte ?
La porte claqua. Elle se retourna sur le dos, le souffle court. Elle semblait avoir pris des coups, elle. Du sang coulait sur sa tempe. Quand elle m'aperçut, elle rigola nerveusement.
— On dirait qu'aucun de nous deux n'a réussi à s'échapper finalement. C'est bête. Personne ne pourra prévenir l'Association maintenant.
Je tournai la tête vers elle, un sourire amusé flottait sur son visage.
— Je ne vois pas ce que tu trouves drôle.
Elle se mordit la lèvre inférieure, comme pour tenter de ne pas rire.
— Tu n'as vraiment pas de chance quand même.
Elle se redressa et s'appuya sur ses coudes.
— Non, franchement : combien de chances avais-tu de tomber dans un piège qui m'était destiné ?
J'haussai les épaules et détournai les yeux en grognant.
— Le bon côté, c'est que je ne suis pas seule du coup.
Elle ne semblait pas tendue, contrairement à moi. Je peinais à contenir ma panique, on avait été arrêté par les forces de l'ordre et l'Association n'était pas au courant ! Les policiers n'étaient pas si stupides, ils n'allaient probablement pas avertir les médias, pas cette fois. On était coincé, mais ça ne semblait pas la déranger plus que ça. Qu'est-ce qu'elle croyait qu'ils allaient nous faire ? Nous relâcher en s'excusant du dérangement ?
— Comment tu fais pour rester aussi calme ? l'interrogeai-je.
Elle plongea son regard dans le mien.
— J'ai besoin d'être calme pour réfléchir à un plan.
— Tu penses qu'on pourra s'enfuir ? m'étonnai-je.
Les élémentaires étaient enfermés dans des cellules spéciales, personne n'avait jamais réussi à s'échapper sans aide extérieur.
— Mon élément est censé faire de moi une assez bonne stratège. Je suppose que c'est le moment de vérifier si la légende est vraie.
— Dit la fille qui vient de tomber dans un piège, ironisai-je.
— Tu ferais mieux de m'encourager parce-que si je n'y arrive pas, on va avoir tous les deux de gros problèmes.
Je me tournai une nouvelle fois vers elle.
— Tu auras besoin de combien de temps pour mettre un plan en place ?
— Je n'aime pas être prisonnière, répliqua-t-elle.
Finalement, ça semblait être une bonne chose qu'elle ait était capturée elle aussi.
Merci d'avoir lu !
Vous pensez qu'ils vont s'en sortir ? Et si oui, comment ?
Je tenais aussi à remercier tous ceux qui prennent le temps de laisser des commentaires, ça m'encourage vraiment à continuer.
Un petit mot pour donner votre avis est toujours le bienvenu ;)
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro