Chapitre 4
Deux semaines avoir rendu l'inscription, Arianne reçut une lettre qui la ravit au plus haut point.
C'était un matin de semaine, alors qu'elle mangeait ses céréales, toujours les mêmes. Le prix du lait avait encore augmenté, alors elle était contrainte à les déguster sans le liquide blanc. Mais elle ne se plaignait pas. Elle savait qu'elle avait déjà la chance de manger à sa faim et de ne pas être victimes des catastrophes qui détruisaient la Terre.
Son frère arriva en criant, le courrier dans les mains. Karo le réprimanda un peu sévèrement et il s'excusa, un peu penaud. Mais juste après, il tendit le paquet de lettres avec un grand sourire adorable. Sa mère les lui prit et commença à les trier.
- Factures d'électricité, facture d'eau, fiche de paie ... Oh, une lettre de tante Lida !
Lida était la sœur de sa mère, et était en mission de bénévole en Europe, afin d'aider les victimes de catastrophes.
- Oh, elle dit que ça empire là-bas. Elle s'inquiète pour nous, car elle pense que ça va nous tomber dessus.
- Maman, c'est qui va nous tomber dessus ? demanda innocemment le petit Karl.
- La pluie ! rattrapa de justesse Arianne, qui avait lâchée sa cuillère qui avait percuté le bol avec fracas. Le mauvais temps arrive, d'après tante Lida.
- Rooooh c'est pas juste ! Moi, je voulais jouer au foot avec mes copains, bouda le jeune garçon.
- Peut-être qu'elle s'est trompée, le rassura sa mère.
Il hocha la tête et repartit dans sa chambre alors que Karo lança un regard reconnaissant à sa fille. Toutes deux voulait protéger Karl des horreurs qui arrivaient un peu partout dans le monde.
La sécheresse était déjà assez proche, mais d'après Lida, de violents ouragans allaient bientôt arriver.
- Arianne ! Tu viens de recevoir une lettre ! s'exclama la mère, étonnée.
Sa fille manqua de s'étouffer. Elle toussa longuement avant de pouvoir questionner sa mère.
- De qui ?
- Je ne sais pas. Ce n'est pas marqué. Tiens, lis-la !
D'une main tremblante, la jeune fille saisit la lettre. Une enveloppe bleue l'entourait et sur celle-ci était inscrite son adresse en lettres dorées. Arianne l'ouvrit d'un geste fébrile. Elle ne recevait jamais de lettre, et elle se demandait bien qui avait pu lui envoyé une aussi belle missive.
A l'intérieur, une feuille blanche était pliée soigneusement. Arianne la saisit avec précaution et commença à la lire.
" Chère Arianne Green,
Je vous écris depuis mon bureau pour vous annoncer que votre demande de stage est acceptée. Je vous félicite donc.
Vos résultats et le préavis de vos professeurs m'ont charmé et j'espère vous voir ce 6 novembre 2227.
Il me tarde de faire connaissance avec vous et vos camarades qui assisteront à cette expérience.
Dans l'attente de ce jour, je vous adresse mes plus cordiales salutations,
Robert Johnson. "
Son cœur rata plusieurs battements à la vue de cette signature. Elle n'arrivait pas à croire que le célèbre savant lui avait écrit en personne. Elle relut et relut la lettre, s'imprégnant de chaque lettre, de chaque mots, de chaque phrase.
Elle effleura son nom du bout du doigt.
-Alors ? Qui c'est ? interrogea sa mère, tout en faisant la vaisselle.
- Robert Johnson, souffla la jeune fille, encore sous le choc.
Elle n'écouta pas ce que lui dit sa mère, et se précipita dans la chambre pour accrocher la feuille en-dessus de son bureau.
Elle se laissa retomber sur son lit, satisfaite. 6 novembre...
Elle allait chérir cette date plus que celle de son anniversaire. Elle eut un petit rire à cette pensée.
Sept heures sonna, et elle dut préparer ses affaires. Avec regrets, elle abandonna le confort de sa maison pour celui des rues crasseuses et sombres. Alors qu'elle passait devant une maison, un chat noir, famélique se frotta à elle.
Il avait un petit museau et des yeux verts. Son pelage sombre était tout emmêlé et on voyait ses côtés sous cette fourrure ébène.
Elle s'arrêta et lui gratta le dessus de la tête, entre les oreilles rabattues de l'animal. Ce dernier poussa un miaulement de contentement et leva les yeux vers la jeune fille. Attendrie par ce petit félin, elle s'apprêta à le caresser encore mais une voix rêche l'interrompit.
- Touch' pas à c'te sale bête.
Arianne se tourna lentement sur elle-même pour apercevoir une vieille dame ridées. Ses cheveux gris étaient rassemblés en un chignon pendant et ses yeux gris scrutaient la jeune fille attentivement. Ses lèvres pincées traçaient une ligne fine sous son nez.
- Pourquoi ? demanda bêtement la jeune fille.
- Parc'qu' il a sur'ment la crève. Z'ont découvert une nouvelle maladie app'lée la Frappe. L'est transmissible par les 'nimaux. Mortel, qui disent.
- Oh, je pensais que nous étions à l'abri ici, souffla Arianne, un peu sous le choc.
- P'tite, écoute moi ! Personne, mais personne n'est à l'abri. Personne ! Not' planète va crever ! À part si c'te savant nous trouve la solution.
- Mais il va la trouver, n'est-ce pas ? tenta de se persuader Arianne.
- P'tet' bin que oui, p'tet' bin qu'non. Moi, j'te dis qu'on est pas prêt de sortit de c'te mouise. On va payer le prix de not' pollution. Mais n'écoute pas trop c'te vieille qui radote, sinon t'vas être en r'tard pour l'école.
- Ah oui, merci ! Au revoir madame ! s'élança la jeune fille.
- Pas d'quoi ! N'hésite pas à v'nir me rendre visite de temps en temps, si ça te dérange pas trop d'écouter une vieille qui radote. Sonne à l'appart' de Francie Marke.
- Je viendrais ! s'écria Arianne, qui s'éloignait déjà.
Elle dut courir pour ne pas arriver en retard au premier cours. Alors, essoufflée et fatiguée de sa course, elle se laissa emporter par les paroles de ses professeurs.
A la récréation, alors qu'elle s'était assise sur son banc tranquillement, le groupe de garçons perturbateurs rigolait bêtement pas très loin d'elle. Elle releva la tête et sentit son cœur s'arrêter quand elle vit Rick et ses deux copains un peu idiots s'approcher.
Le sourire narquois du violent garçon fit peur à Arianne mais elle ne laissa rien paraître.
- Hey la Ringarde ! Nous revoilà ! T'es contente de nous revoir hein ? s'exclama Rick avec un rictus méchant.
Elle ne répondit rien, et fit mine de ne pas avoir entendu.
- Hey ! J'te cause ! Répond !
Avec beaucoup de courage et un soupçon de folie, elle répliqua avec véhémence :
- Pourquoi devrais-je répondre à un mec minable impossible de calculer la somme de trois et de quatre ?
Le sourire du jeune homme s'affaissa immédiatement en une expression de fureur. Autour d'eux, des curieux vinrent admirer le spectacle.
- Tu ... Tu oses...
- Pfff, même pas capable d'aligner trois mots ! Aussi pitoyable que tu en as l'air. Tu payes combien des "copains" pour avoir l'air fort et populaire à côté d'eux ?
Le visage du concerné rougit de colère.
- Ah mais j'oubliais ! Tu veux faire le fort, tu veux te faire respecter parce que, à l'intérieur , tu es faible et tu veux t'affirmer pour ne pas le montrer.
- Je ...Ne ....suis...pas .... FAIBLE ! s'époumona Rick.
Arianne continua, sans prêter attention au jeune homme.
- Tu es juste désespéré à l'idée de crever, comme les autres, et tu as peur ! T'as peur de mourir, comme une loque, après une maladie ou une tempête. Peur d'ailleurs justifiée, parce que les ouragans vont nous tomber dessus.
Elle sentait l'euphorie monter, alors que son ancien persécuteur se décomposait devant elle. Elle se sentit forte, sûre, et elle aimait ça.
- Arianne, souffla une voix, l'interrompant soudain.
La jeune fille se retourna. Une fille de la classe, Julie, la regardait avec une sorte de peur dans le regard.
-Arrête... T'es pas comme cela, fit-elle simplement.
L'adrénaline qui rugissait dans les veines d'Arianne se dissipa aussitôt. Elle se laissa presque retomber sur le banc et sentit le décor tourner.
Rick profita de cet instant pour s'enfuir lâchement. Pendant ce temps, plusieurs élèves s'approchèrent furtivement d'Arianne, pour la féliciter de son courage. Elle était passée, en quelques minutes, de la fille toujours seule, un peu bizarre, à la femme courageuse qui avait osé tenir tête à l'un des molosses de l'école.
Malgré cet instant de gloire dont elle rêvait depuis toute petite, elle se sentait nauséeuse et honteuse. Dans l'espace du instant, elle avait fait subir à Rick ce qu'elle avait dû endurer pendant tellement d'années. Mais au lieu de se sentit fière, elle avait un sentiment de honte tenace. Elle avait aimé torturer mentalement son ancien persécuteur.
Elle sentit ses larmes monter, et sa gorge se serrer. Quand le monde se fut dissipé, Julie s'approcha lentement d'elle.
- C'était très courageux. Un peu stupide mais courageux.
Arianne ne répondit pas, l'air un peu désorientée, comme un de ces faons perdus que l'on voyait dans les livres racontant la vie d'antan. Les biches s'étaient éteintes depuis longtemps, suite à la disparition des forêts.
Julie s'assit timidement à côté de la jeune fille.
- Ça va ? s'inquiéta-t-elle en voyant le visage hébété de sa camarade.
- Oui... Enfin, je crois... laissa souffler Arianne.
Après un petit moment de silence, elle dit avec hésitation :
- Merci de m'avoir arrêter... Je ne m'était pas rendue compte. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris.
- Ouais, je sais... Mais tu lui as foutu une sacrée frousse. C'était une vengeance. Mais il ne fallait pas que ça aille trop loin.
- Je ne sais pas ce qui m'a prit, murmura Arianne. J'ai aimé ça ! J'ai aimé voir son visage se tordre, j'ai aimé me sentir supérieur, j'ai aimé...
- Chuut, la coupa gentiment Julie en voyant les yeux de son interlocutrice s'emplirent de larmes. Tu as su t'arrêter, c'est ce qui compte.
Arianne hocha la tête, peu convaincue.
- Je vais aller m'excuser, décida fermement l'ancienne persécutée.
Julie approuva d'un coup de tête et souhaita bonne chance à sa copine.
Cette dernière se dirigea alors sûrement vers l'endroit où Rick s'était réfugié. Ses deux potes débiles étaient allés Dieu sait où, le laissant seul.
Arianne n'était plus qu'à quelques mètres de lui. De cette distance, elle l'entendait renifler, et son sentiment de honte s'en renforça d'autant plus.
Elle prit son courage à deux mains et s'excusa :
- Rick, je suis vraiment désolée... Je voulais me venger, et je ne sais pas ce qui m'a prit. Je... Regrette sincèrement. Veux-tu me pardonner ?
Il regarda la main qu'elle lui tendait et essuya ses yeux rougis d'un revers de manche. Il lui sera la main, un peu hésitant avant de dire :
- Je suis aussi désolé. Je ne me rendais pas compte de...ce que c'était. Je te demande pardon.
Arianne, un peu rassurée, s'exclama d'un ton un peu plus enjoué :
- Excuses acceptées.
Et Rick continua :
- Et t'avais raison. J'ai peur de crever dans ce monde de merde. Je veux pas périr à cause des erreurs de nos ancêtres ! J'veux vivre, pas me faire tuer par une saloperie de maladie, une connasse de tempête ou de mourir de soif quand notre réserve d'eau va s'épuiser. J'ai pas envie de crever comme un autre, putain ! s'exclama-t-il.
Arianna tressaillit à chaque mots vulgaires. On lui avait appris la politesse, et elle n'était pas habituée à entendre de tels propos.
Elle tapota gentiment l'épaule de Rick, en essayant de paraître rassurante.
- Je ne sais pas si cela peut te rassurer... Mais j'ai reçu une invitation de stage... Il y a quelques semaines. Je vais aller voir l'entreprise de Robert Johnson.
Voyant les yeux de Rick s'écarquiller, elle s'empressa de continuer :
- Je ne serait bien sûr pas la seule ! Mais je pourrais lui demander comment avance son projet. À croire ce que l'on dit, le vaisseau est déjà en construction. Il a peut-être déjà trouvé son fameux carburant ! Et alors... À nous Mars !
Son interlocuteur sourit légèrement :
- Alors ça ! Je t'ai toujours pensé pessimiste et timide mais tu montres une toute autre facette de toi aujourd'hui. Je te remercie pour tout... Tu m'as fait prendre conscience de choses que je croyais impossible qu'elles ne m'arrivent. Merci encore.
Elle lui serra la main, satisfaite d'elle-même et se dirigea convers on banc où l'attendait Julie, le sourire aux lèvres.
Nouveau chapitre ! Enfin nan ?
Bref. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis bien attachée à la vieille Francie.
Sinon, comment avez-vous trouvé ce chapitre ?
Je suis en train d'écrire le prochain mais il fait d'abord que je monte un plan de l'histoire des catastrophes. Histoire de ne pas faire de fautes dans les dates. J'en ai déjà fait, il faudra que je corrige bientôt !
Sinon, je tiens à vous souhaiter d'excellentes vacances ! Profitez bien !
A la prochaine !
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