Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

36 ‣ La fable d'une menteuse

Lori

Si Lucrezia de Cristo était affolée, elle ne le laissait aucunement paraître. Elle écoutait le monologue de sa fille sans broncher. Du bout des doigts, elle souleva sa tasse de café pour la porter à ses lèvres.

— Hum ? Et après ?

Lori poursuivit son compte rendu. Sa mère resserra sa robe de chambre au niveau de sa poitrine. Des mèches rousses s'échappaient de petits cylindres en plastique autour desquels ses cheveux étaient encore enroulés. Elle clignait frénétiquement des yeux pour se réveiller.

Dehors, l'aube pointait à peine le bout de son nez.

— Voilà, conclut Lori. Maintenant, j'attends tes explications.

Son père revint de la cuisine avec un plateau de viennoiseries. Les yeux de la dragonnière s'arrondirent. Pourquoi ses parents n'étaient-ils pas davantage préoccupés par la situation ?

— Tu as bien fait de garder le silence, Lori. Et ne t'en fais pas, le Culte ne fera rien.

Elle resta bouche bée. C'est tout ?

— Pourquoi vous êtes aussi sereins ? demanda-t-elle en dévisageant tour à tour ses deux parents. Le Culte n'épargnera aucun de nous s'ils découvrent dans quoi vous êtes impliqués.

— Et dans quoi penses-tu qu'on est impliqués, au juste ? s'enquit sa mère.

— C'est bien ce que je vous demande !

Lucrezia se retourna vers son mari.

— Tu peux me passer le sucre chéri ?

Lori allait s'arracher ce qui restait de ses cheveux courts.

— Mère ! s'exclama-t-elle.

La concernée haussa un sourcil interrogateur.

— Quoi ?

— Dîtes moi la vérité !

— Pourquoi ? Pour que le Culte puisse te questionner et la découvrir ?

— J'en sais déjà assez pour tous nous condamner, qu'est-ce que ça change ?

Lucrezia et Virgil de Cristo rigolèrent en même temps. Pour un mariage arrangé, ils s'entendaient beaucoup trop bien. Quelles étaient les chances que ces deux fous crédules se retrouvent sous le même toit ?

— Vous sous-estimez le Culte.

— Lori, si le Culte était si puissant que ça, la famille De Glaris n'existerait déjà plus. Pourquoi tu penses qu'il tolère autant d'écarts ? Simplement par compassion pour leur fille Cavalière décédée ?

— Je...

Elle balbutia quelques mots inaudibles. Elle ne savait pas.

— Si l'Empereur s'en prend à une Haute Famille sous ordre du Culte, comment penses-tu que les autres vont réagir ? embraya sa mère.

— Vous n'étiez pas de cet avis il y a quelques années quand les De Glaris ont commencé à tenir tête à Pol de Imperos.

— À l'époque, Pol avait encore le pouvoir de se débarrasser d'eux tout en empêchant une guerre civile. Mais avec les combats qui tournent en sa défaveur, tu penses qu'il peut encore se permettre de risquer de se mettre les archipels à dos ? Merci chéri.

Elle attrapa le sucrier en argent que lui tendait son mari. Lori resta muette. Son père semblait tout aussi confiant que son épouse. Étaient-ils vraiment si certains de leur puissance ?

— Et l'influence des De Glaris ne vaut rien à côté de celle des De Cristo, assura son père. Si le Culte venait à t'exécuter pour tes mensonges, il signerait la fin de l'Empire Suspendu.

— Et puis, aux dernières nouvelles, nous restons les alliés les plus précieux de Pol, renchérit sa mère. Il ne tirera pas un trait sur notre alliance pour quelques histoires d'amplificateurs.

— Mais il y a plus que des histoires d'amplificateurs, non ? Et l'êtes-vous vraiment, ses alliés ? Ou alors seulement aussi longtemps que ça vous arrangera ?

Derrière la porcelaine de sa tasse, Lori vit le sourire de sa mère s'élargir.

— On dirait que tu commences à comprendre.

— Qu'est-ce que vous sous-entendez ?

Avant qu'elle ne puisse répondre, les cloches de la ville se mirent à sonner à l'unisson. Cette symphonie de tintements n'était jouée qu'à une seule occasion : la célébration d'un nouveau Cavalier.

Lori écarquilla les yeux.

— Le garçon que je suivais, il était convoqué ce matin. Et si c'était lui qui...

— Calme-toi, Lori, la stoppa sa mère. Qu'il soit choisi ou non, ça ne change rien. Ils sauront que tu mens, mais garde le silence. Quoique le Culte te demande, ta réponse doit être la même : tu ne sais rien. D'accord ?

— Mais lui, il en sait des choses.

— Rien qui puisse nous mettre en danger. Fais-moi confiance.

Elle aurait été bien plus confiante si elle savait ce que ses parents cachaient. Son père lui tendit le plateau de viennoiseries.

— Tu veux un café avant que le Culte ne te convoque pour t'expliquer ?

Trois paires d'yeux la fixaient avec colère.

— C'est la vérité, répéta-t-elle.

— Donc c'est un pur hasard si le garçon que tu traquais dans une affaire d'amplificateurs a été affilié au dragon ?

— Ce ne serait pas la première fois que Aléus nous ferait ce genre de blague.

Le lieutenant Filibert ne riait pas. Au contraire, il affichait une expression des plus sérieuses. Lori n'aurait jamais cru qu'il puisse aggraver davantage la sévérité naturelle de ses traits. Ses yeux brillaient d'une rage intense et son souffle était lourd.

Lori baissa la tête vers les deux bracelets dorés qui entravaient ses poignets et soupira. C'était la pire des scénarios. Rohan avait été sélectionné.

— Je vous ai dit tout ce que je savais sur lui.

— Épargne-nous tes piteux mensonges, Lori.

Elle haussa les épaules. Les paroles de sa mère tournaient en boucle dans son esprit. Tu ne sais rien.

— Être une Cavalière ne te rend pas intouchable.

— Je ne sais rien, je vous l'ai déjà dit.

Le lieutenant claqua ses mains sur la table.

— Tu peux être précipitée dans le vide pour ça.

— Je ne sais rien.

Un éclair de fureur traversa le regard du Gardien. Il contourna la table et s'assit sur le bord, les bras croisés sur sa poitrine. Il laissa peser un long silence durant lequel Lori ne détourna pas le regard.

— Tu sais qu'on va interroger le garçon aussi ? dit-il enfin.

— Oui, et pour la vingtième fois : je ne sais rien de plus que ce que mes rapports mentionnent. J'ai enquêté sur ses amis et sur le gang avec lequel il traînait, et je n'ai jamais entendu parler d'amplificateurs. Mais peut-être a-t-il mis la main sur la drogue un jour où je ne le surveillais pas.

Lori tourna la tête vers la sergente Hasburg qui avait supervisé sa mission. Elle non plus ne croyait pas un mot qui sortait de sa bouche.

Le lieutenant se pencha en avant. Son visage n'était plus qu'à quelques centimètres de celui de Lori.

— Pourquoi est-ce que tu le protèges ?

C'est pas lui que je protège.

— Je ne protège personne. Je ne sais r...

La gifle partit si vite qu'elle ne la vit pas arriver. Son corps bascula sous l'impact, mais le lieutenant la rattrapa par le col de sa veste et la plaqua de nouveau contre la chaise. Les pieds avant décollèrent du sol, seule la poigne ferme du Gardien lui permettait de ne pas tomber en arrière. Lori garda les yeux rivés sur ses menottes.

Au fond de la salle, Furtive se débattait en poussant des braillements aigus. Les chaînes d'or qui la maintenait cliquetaient alors qu'elle se cambrait pour essayer de s'en débarrasser.

— Lieutenant, intervint la Messagère draconienne adossée au mur. Je ne pense pas que—

— Tu penses que tu peux te tirer de ce mauvais pas simplement parce que tu es une De Cristo ? Les dieux n'ont que faire de ton nom.

— Je ne pense pas que l'Empereur partage leur avis.

— L'Empereur a toute confiance au Culte. Si je lui assure que tu représentes un danger pour son règne, ton rang ne te sauvera pas.

— Si vous le dites.

Les doigts du lieutenant attrapèrent sa mâchoire.

— Tu ne t'en sortiras pas comme ça, rugit-il. Je découvrirai ce que tu caches.

— Je ne cache rien.

Le lieutenant la repoussa si fort que la chaise bascula. La tête de Lori cogna le carrelage, lui arrachant un gémissement de douleur.

— Lieutenant, ça suffit.

La voix de la Messagère claqua, sans appel. La femme d'âge mûr croisa ses bras dans son dos et s'approcha. Ses cheveux noirs crépus étaient attachés en un chignon serré sur le sommet de sa tête, laissant son visage ovale et anguleux bien en vue. Ses épais sourcils accentuaient son regard intense et scrutateur.

Abigail Thorne.

Elle connaissait peu de choses d'elle pour l'avoir rarement croisée, mais elle savait que cette Messagère servait souvent de conseillère à l'Empereur. Elle comprenait mieux que le lieutenant les répercussions dévastatrices qu'aurait une condamnation de Lori.

Elle s'avança vers la Cavalière et lui tendit une main. Lori leva ses bras liés pour l'attraper. Sa tête tourna quand la Messagère la remit debout, mais cette dernière propagea en elle une vague d'apaisement pour calmer la douleur.

— Détachez-la, ordonna-t-elle.

— Mais...

— C'est un ordre.

La sergente Hasburg fit un geste des mains et l'attraction entre les deux bracelets cessa. Lori put à nouveau écarter les bras.

— Dois-je enlever les menottes ?

— Non. Elle gardera les bracelets et le torque en permanence.

— Vous voulez la renvoyer au camp ?

— Une fois les célébrations draconiques achevées, oui.

Même sans maîtriser les arts divins, Lori pouvait deviner la colère qui submergeait le lieutenant. Il serra ses poings tremblants.

— Alors, on fait comme s'il c'était rien passé, parce que c'est une De Cristo ?

Abigail tourna vers lui un regard lourd d'avertissements.

— Son entraînement se poursuivra jusqu'à ce qu'on ait tiré cette affaire au clair.

Elle jeta un coup d'œil en direction de Furtive qui s'était immobilisée. Ses deux pupilles fixaient le lieutenant avec férocité.

— Mettez aussi des bracelets sur les pattes de la dragonne. Je veux qu'on soit en mesure de la maîtriser rapidement si besoin.

À contre-cœur, Lori ordonna à Furtive de se laisser faire quand la sergente Hasburg lui passa les épais anneaux dorés. Lorsqu'elle eut fini, elle raccompagna Lori jusqu'à la sortie du bâtiment.

— Lori, l'arrêta-t-elle alors que la dragonnière grimpait sur selle. Fais attention à toi.

Était-ce une menace ou alors s'inquiétait-elle pour elle ? Lori n'aurait pas su dire. Suivant les directives de sa Cavalière, Furtive se dissimula et s'envola.

Lori s'allongea sur l'encolure et ferma les paupières. Ses épaules se mirent à trembler et les larmes jaillirent de ses yeux.

Ses émotions contenues durant l'interrogatoire refaisaient une à une surface. Toute sa peur refoulée se déversait sur elle, torrent d'angoisse et de terreur profonde. La terrible sensation que son monde était sur le point de s'écrouler la saisit à la gorge. Elle cacha son visage dans le cou de la dragonne, secouée par des sanglots incontrôlables.

Comment ses parents faisaient-ils pour rester aussi impassibles face aux dangers ? Lori, elle, était dévastée par la peur et par la solitude et l'isolement qui l'attendait.

Son avenir lui parut plus indiscernable que jamais. Quels dangers la guettaient encore ?

Elle ne voulait pas le savoir. Alors elle repoussa les doutes qui la rongeaient et se concentra sur le flottement de son corps dans les airs. Le vent sécha ses larmes et la respiration régulière de Furtive calma ses tremblements.

Au moins, sa dragonne ne l'abandonnerait jamais.


Merci d'avoir lu !

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro