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31 ‣ Hop, direct dans les veines

Rohan

Rohan fut tiré de sa sieste par l'arrivée de Saraphine.

— Tu dors ? Et qu'est-ce... Jared, qu'est-ce que tu fais là ?

Le garçon grogna et souleva ses paupières avec difficulté, encore assommé de fatigue.

— Toi qu'est-ce que tu fais là ? Laisse-moi dormir, bougonna-t-il.

Sourde à ses protestations, elle s'approcha de la fenêtre et tira les rideaux opaques. Le soleil d'après-midi éblouit le salon de Zed. Les deux amis allongés de part et d'autre du canapé tirèrent en même temps que la couverture qu'ils partageaient pour se protéger.

— Laisse moi ça !

Attaque du lâche : Jared colla ses pieds puants sur son visage. Son ami se cambra en arrière pour y échapper, mais ne réussit qu'à basculer du sofa. D'un geste rageur, il tira sur la couverture pour l'arracher à l'orphelin et reçut un coussin en pleine face en retour.

Se chamaillant comme des gamins, ils mirent un instant à se rendre compte que Saraphine les fixaient sans un bruit. Rohan fut le premier à remarquer sa posture raide comme un piquet.

— Qu'est-ce qui t'arrive ?

Il leva le bras pour réceptionner le projectile de Jared. Le sourire de l'orphelin s'évanouit lui aussi devant les lèvres pincées leur amie.

— J'ai montré à Rohan le nouveau squat qu'on avait découvert avec Sofian pour le sortir un peu. C'est pour ça les.. (il désigna toutes les griffures sur son visage, vestiges de leur escapade de la veille).

L'adolescente resta de marbre, n'y croyant pas un mot. Elle baissa les yeux vers Rohan, toujours assis sur le tapis.

— Tu veux tenter ta chance avec une excuse abracadabrante toi aussi ?

Sa question claqua, sèche. Rohan déglutit.

— J'ai accompagné Jared à un de ses cambriolages.

Une demie-vérité, en soi.

L'ombre d'une incertitude traversa le regard de l'orpheline.

— Où ça ?

— Sar'...

— Dis-moi.

Le garçon roula la couverture en boule en se remettant sur pied et la posa sur le canapé.

— Au quartier des horloges. Maintenant si t'es venue pour me faire la morale, tu peux garder ta salive, répliqua-t-il, sur la défensive.

Sa voix sonna dure, bien plus qu'il ne l'avait prévu. Il fuya le regard de sa camarade, incapable d'affronter les conséquences de ses mensonges.

— C'est vraiment ce que vous avez fait cette nuit ?

Il haussa les épaules avec désinvolture, mais dans sa poitrine, son cœur palpitait.

— Ne me crois pas, si tu veux, je m'en fiche.

Ses mots tremblèrent légèrement. Il peinait à aligner ses pensées, tant la peur montait vite en lui. À cet instant, il aurait préféré être de retour dans le temple en feu, plutôt que de faire face à sa meilleure amie.

— Jared, c'est la vérité ou pas ? Regarde-moi.

L'orphelin entrouvrit la bouche et jeta un coup d'œil incertain à son complice. Les lèvres de Rohan se mouvèrent sans faire un son. Mens-lui.

— Ouais. J'suis désolé, je savais que ça allait pas te plaire, mais... je voulais l'aider.

Saraphine finit par abdiquer. Elle décroisa ses bras pour les poser sur ses hanches.

— Vous êtes complètement inconscient. Rohan, ta blessure est encore récente, tu...

— T'as pas besoin de me couver, tu sais ? lâcha le concerné avec amertume. Je suis plus le gamin que tu protégeais à l'école, il serait peut-être temps que tu t'en rends compte.

Il ne put empêcher ces paroles blessantes de franchir la barrière de ses lèvres. Un profond ressentiment qu'il ne s'expliquait pas tout à fait lui entravait la gorge.

Il en avait marre d'être le maillon faible du groupe. Tous les autres faisaient leurs choix en toute impunité, mais lui devait toujours répondre de Saraphine. Lorsque Jared avait effectué ses premiers cambriolages, il avait eu droit à quelques avertissements, mais les orphelins ne s'étaient pas mis en travers de sa route. Pourquoi Saraphine ne comprenait pas qu'il aspirait à la même indépendance ?

— Eh Rohan, doucement, ria Jared, désireux de détendre l'atmosphère.

Le garçon ravala sa frustration, conscient que ce n'était pas le moment de provoquer leur amie.

— Désolé, s'excusa-t-il, les dents serrées.

— T'as été aussi amer avec Sofian ? C'est pour ça qu'il veut plus te voir depuis des jours ?

Il s'approcha de la fenêtre pour l'ouvrir et s'accouder au rebord. Un vent chaud s'infiltra dans l'appartement.

— Je lui ai juste dit la vérité, j'y peux rien si ça l'a vexé.

— T'es vraiment insupportable quand ta fierté est blessée, tu sais ?

Un rictus souleva le coin de sa lèvre.

— Je sais. J'irai m'excuser auprès de lui, OK ?

La tension retomba. Rohan se perdit dans l'observation panorama dantesque du quartier engloutit par la marée mordorée de cette fin de journée. Dans quelques heures, Séli viendrait le chercher pour l'accompagner au laboratoire des Arrachés. Cette seule pensée suffit à le remettre de bonne humeur.

— Tu penses à quoi ?

— À rien.

Le regard de Saraphine s'échoua sur la convocation draconienne posée sur la table basse.

— Tu vas aller défiler, tout de même ? Ça serait dommage de gaspiller un voyage gratuit pour la capitale.

Rohan se contenta de hocher la tête. Saraphine vint se poser à ses côtés.

— On n'est pas si mal, à Lillport. Je suis sûre que ça te manquerait si tu étais choisi.

Rohan pouffa de rire.

— C'est vrai que Lillport n'a rien à envier à la capitale.

— Et puis, je te voyais mal dans le rôle du nouveau jouet du Culte, tu sais.

Le cœur de Rohan se pinça devant les tentatives de Saraphine de le réconforter. Si elle savait...

— Ouais, moi aussi.

— Tu l'aurais appelé comment, ton dragon ?

Le garçon haussa les épaules. Il n'y avait même pas réfléchi tant ça lui paraissait lointain. Comme si tout ce qui se passait après l'Affiliation ne le concernait plus et que sa vie allait s'arrêter s'il devenait dragonnier.

— Aucune idée. Pourquoi tu parles au passé ? J'ai encore une chance, s'offusqua-t-il

— Ouais, mais rêve pas trop. Tu devrais l'appeler Jackpot s'il te choisit, d'ailleurs. Ce serait un peu comme toucher le gros lot.

Rohan éclata de rire.

— C'est nul comme nom, se moqua-t-il.

— Tu as une meilleure idée, toi ?

Rohan prit un instant pour considérer la question. Il ne savait même pas comment se nommaient les autres dragons de l'Empire Suspendu.

— Quelque chose en rapport avec sa nature sans doute, intervint Jared. C'est quoi son pouvoir, déjà ? Une histoire de transformation non ?

— Il est associé à la déesse du changement, donc peut-être qu'il a le pouvoir de changer de forme ? tenta Rohan.

— Peut-être qu'il peut rétrécir. Tu veux l'appeler comment, Insecte ? pouffa Saraphine.

— Ou alors Minus, proposa Jared.

— Vraiment imposant pour un nom de dragon, s'esclaffa l'orpheline.

— Parce que tu crois que Jackpot ça va effrayer qui que ce soit ? railla Rohan.

Pendant de longues minutes, les trois adolescents s'amusèrent à chercher des noms plus ridicules les uns que les autres.

Dehors, les lanternes rouges s'agitaient au gré du vent, étincelant de plus en plus à mesure que la luminosité descendait.

Rohan se pencha en avant et posa son menton sur ses mains, fixant les hauts bâtiments du centre-ville de Lillport, au loin. Il pouvait presque déjà s'imaginer sur le dos d'un dragon, survolant les îlots de la cité sans contrainte. Il pourrait même découvrir les autres archipels.

Le seul sur lequel il avait mis les pieds, c'était celui de Bilejar au nord du sien. Les seules vraies vacances qu'il ait connues enfant.

— En vrai, ça doit être bien... murmura-t-il.

— D'être un dragonnier ?

— Oui.

— On ne se reverrait sans doute plus, si tu es choisi, déplora Saraphine.

— Je reviendrai te voir.

— Tu aurais d'autres préoccupations. Et de toute façon, on ne t'y autorisera sans doute pas.

— Ils ne peuvent pas m'interdire de revenir de temps en temps, tout de même !

Jared ricana.

— Ils peuvent bien t'interdire tout ce qu'ils veulent. Mais ne t'en fais pas, tu te feras d'autres amis dragonniers. Le fils de notre cher Empereur, par exemple, Alden de Imperos qui a été sélectionné il y a sept ans.

Rohan leva les yeux au ciel.

— T'as raison, concéda-t-il. Je vous oublierai vite quand je réaliserai tous les amis bien plus intéressants que vous que je pourrais me faire dans la haute société.

Il reçut un coup de coude dans les côtes. Il poussa un grognement de douleur exagéré en posant sa main sur sa blessure et se retourna vers Saraphine, les sourcils haussés.

— Eh ! C'est toi qui l'as cherché, avec tes réflexions mélodramatiques. En plus je ne peux même pas me défendre, tu n'as donc aucune honte ?

— Alors tu peux faire un cambriolage, mais pas te défendre ?

Piqué au vif, il se pencha pour attraper un vieux coussin bouffé par les mites et le lança sur son amie qui s'exclama de dégoût.

Les deux autres orphelins éclatèrent d'un rire qui ricocha sur Rohan et le contamina. Il eut l'impression qu'une éternité s'était écoulée depuis la dernière fois qu'il s'était senti aussi léger.

Avant, lui et ses amis passaient leurs soirées allongées sous les étoiles, à parler de leurs rêves. Ces dernières semaines avaient été compliquées, mais il voyait le bout du tunnel. Il avait beau avoir un trou dans le corps et avoir dû fuir l'appartement de ses parents, il était reconnaissant d'être en vie et d'avoir des amis sur qui ils pouvaient compter malgré leurs différents.

Quand il serait dragonnier, il leur revaudrait ça.

Le soir venu, les deux amis retrouvèrent Séli au lieu convenu. Bien qu'il ne lui avouerait jamais, Rohan était heureux que Jared soit à ses côtés pour cette ultime étape. Dans les poches de sa veste, ses mains étaient moites d'appréhension.

Le laboratoire des Arrachés se situait au Havre de Fer. Un quartier de Lillport où Rohan et Jared avaient l'habitude de traîner pour explorer les bâtiments abandonnés.

L'endroit regorgeait de structures industrielles et d'entrepôts. De nombreux projets de constructions, tombés en désuétude pour cause de fonds insuffisants, décoraient les coins de rue. Amas de béton et d'acier, où quelques échafaudages tenaient parfois encore debout. Un vrai terrain de jeu pour le groupe d'amis.

Séli les guida à travers les ruelles jusqu'à atteindre la rivière qui traversait la grande île. Un enchaînement d'entrepôts faisait face à une rangée de péniches. À cette heure de la soirée, les quais s'éteignaient. Un homme balayait le pont d'une petite embarcation qui déplaçait des marchandises d'un bout de l'île à l'autre. Entre les bittes d'amarrages, des travailleurs déchargeaient les derniers cargos de la journée pour empiler le matériel sur des voitures tirées par des bouquedocs.

Le tintement des pièces de métal résonnait dans tout le quartier, comme des piaillements d'oiseaux.

L'hérétique longea le cours d'eau jusqu'à atteindre un immense terrain encerclé par un haut grillage. Au bout d'un chemin de bitume se trouvait une grande bâtisse de béton aux verres teintés qui contenaient sans doute des bureaux. Un moulin à eau chevauchait la voie fluviale et, autour, plusieurs serres de tailles variées renvoyaient les rayons pâles de la nuit.

Semblable à une fourmilière, l'endroit grouillait de monde malgré la tombée de la nuit. Des ouvriers foulaient la terre humide d'un pas pressé pour se rendre d'abri en abri. Des voitures débordantes de pièces industrielles circulaient entre les structures de verre et de métal, crachant des petits nuages de fumée noire dans leur sillon.

Rohan ne masqua pas son étonnement devant l'immensité de la structure. Il n'imaginait pas que les Arrachés puissent disposer de fonds si importants. Visiblement, la vente d'amplificateurs était un domaine lucratif.

— C'est une bonne situation, ça, hérétique ? J'envisage sérieusement une reconversion.

La remarque de Jared arracha un sourire à Séli. C'était bien la première fois que Rohan voyait une autre expression qu'un sérieux à mourir d'ennui sur son visage.

— Si tu le souhaites, on a de la place pour toi. Tu as tapé dans l'œil de Marco.

Et dans le sien aussi, à en juger la teinte rosée qui envahit ses joues rebondies.

Les trois adolescents passèrent le portail et s'engagèrent dans l'allée principale. Ils pénétrèrent dans l'immense bloc de béton au centre.

— Ça appartient vraiment aux Arrachés ? souffla Rohan.

Son regard parcourut la large salle d'accueil. Une inscription sur le mur d'en face indiquait "Scientia Industries". Il n'en avait jamais entendu parler.

— Disons qu'on partage le lieu avec un de nos collaborateurs.

Elle n'en révéla pas davantage. Les Arrachés avaient donc des accords avec des groupes industriels. Ça expliquait comment ils avaient trouvé les fonds nécessaires pour développer des amplificateurs. Mais pourquoi un industriel prendrait le risque de s'associer à un groupe d'hérétique ?

Ils arpentèrent les couloirs étroits de l'immeuble. Un air frais et humide régnait dans les lieux, et une odeur chimique les imprégnait. Sur les côtés, les portes en acier s'ouvraient sur des techniciens pressés ou sur des chercheurs vêtus de blouse et de lunettes de protection.

Séli les conduisit jusqu'au fond du troisième étage qui, contrairement au reste du bâtiment, était désert et sombre. La plupart des locaux semblaient inoccupés. Certains étaient encore en travaux.

Séli toqua à une porte.

— Ah, les voilà ! s'exclama la voix de Marco de l'autre côté.

Le battant s'ouvrit sur un laboratoire à peine éclairé par quelques lueurs vacillantes. Rohan plissa les yeux.

Des étagères remplies de flacons en verre multicolores occupaient les moindres recoins de la pièce, tandis que des fioles fumantes dégagaient une vapeur dansant dans l'air. De nombreux papiers, notes et plans, jonchaient le sol. Au centre de la pièce, autour d'une grande table en acier inoxydable, deux scientifiques manipulaient des tubes à essais avec précaution. À l'intérieur, un liquide phosphorescent brillait dans la pénombre.

— Désolé pour l'obscurité, on évite d'exposer les amplificateurs à la lumière.

Il s'écarta pour laisser entrer les trois adolescents et referma la porte dans leur dos. Georgina se trouvait là également, adossée au mur, les bras croisés sur sa poitrine. Qu'était-elle au juste pour Marco ? Elle paraissait jeune pour être son bras droit.

— Installe-toi, Rohan.

Il lui désigna une chaise à côté de la table centrale. Il attrapa une petite mallette noire sur une des étagères et l'ouvrit, révélant une fine seringue.

— Tu es toujours sûr de ta décision, Rohan ? Il n'est pas trop tard pour te désister.

Il attrapa la seringue et frappa le verre du bout du doigt.

— Oui, confirma le garçon.

Son cœur s'accéléra quand il prononça ce mot, conscient qu'il se trouvait à un tournant critique de son existence.

— Tu te souviens de notre marché ? Ne nous oublie pas une fois dragonnier. Nous aurons certainement besoin de tes services de... d'informateurs.

— Je tiendrai ma promesse, dit-il en pesant chaque syllabe.

En recevant cette dose, il s'engageait dans une cause plus grande que lui. Les incertitudes se bousculaient encore dans son esprit et ses craintes n'avaient jamais disparu, mais la détermination dominait ses émotions.

Tu pourras toujours refuser les missions qui représentent un danger pour ta famille.

Il tendit l'avant-bras à Marco, mais ce dernier secoua la tête.

— Enlève ton tee-shirt. L'injection se fait au niveau de l'aisselle.

Rohan haussa un sourcil de surprise.

— La substance agit sur les glandes sudoripares. Elle va amplifier tes phéromones.

Le garçon ne comprit pas un traître mot de ce que le leader venait d'expliquer, mais il s'exécuta. Il ôta son haut et leva le bras.

Jared poussa un sifflement admiratif et eut le droit à un regard noir comme seule réponse.

Les doigts froids de Marco touchèrent sa peau alors qu'il désinfectait la zone.

— Tu veux que je te tienne la main ? proposa Jared.

Rohan l'ignora, concentré sur son souffle. Il avait affronté beaucoup d'obstacles pour en arriver là, et pourtant il craignait encore la douleur d'une petite aiguille.

Marco posa le bout de la seringue contre son aisselle et l'enfonça. Un fourmillement parcourut le bras de Rohan alors que le liquide se propageait en lui.

— Félicitations, tu viens de décrocher la médaille de la plus grande hérésie, applaudit Jared.

L'homme reposa la seringue sur la table.

— Maintenant, il faut croiser les doigts.

Tout revenait toujours à ça. La chance ou la malchance. Le hasard.

Aléus, on est de bons amis depuis le temps. Tu peux bien m'accorder cette dernière faveur, non ?


Merci d'avoir lu !



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