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21 ‣ Le plan de tous les miracles

Rohan

— Zed, on peut parler ?

Non. Il n'était pas sa copine, bordel.

— Zed, j'ai une question.

Trop direct. Il allait se méfier. Il fallait qu'il emmène le sujet plus subtilement. Mais comment ?

Zed, tu penses quoi des hérétiques ?

Rohan secoua sa tête. Non, ça n'allait pas. Il ne pouvait pas lui demander de la sorte. Les bras tendus sur les côtés pour conserver son équilibre, il faisait des allers retours sur un muret étroit du terrain vague situé derrière l'immeuble de Zed, jouant mille discussions dans son esprit.

Le lieu revêtait le sombre manteau de la nuit. Seuls les scintillements blafards des étoiles cachées par les nuages de pollution cisaillaient des ombres sur la nature mourante, étouffée par les débris métalliques et des déchets qui jonchaient le sol.

Le ronronnement monotone des machines s'entremêlait au chuchotement du vent, et les craquements de l'ardoise sous ses pieds égrenaient cette mélodie.

— Zed, j'ai besoin que tu me rendes un service. Tu me dois bien ça, non ?

Un rire mal à l'aise franchit ses lèvres. Ça sonnait comme du chantage, Zed allait le cuisiner à l'huile d'olive s'il essayait de jouer de cette corde.

— Zed, je pense que ce dragon...

Il s'arrêta pour soupirer. Comment pouvait-il lui faire comprendre l'opportunité qu'il tenait entre ses doigts ?

Ses yeux s'abaissèrent sur la lettre que Jared lui avait remise. Dans l'obscurité, l'encre sombre des phrases se mélangeait avec le papier, mais il l'avait lue et relue si souvent qu'il connaissait par cœur chaque courbure des lettres inscrites.

« Vous êtes convoqués à l'épreuve de Sélection draconienne. »

Il n'y avait pas cru. Quand il avait découvert ces mots, il avait jeté la convocation sur Jared sans poursuivre sa lecture, pensant que l'orphelin se fichait de lui.

« C'est pas une blague, je te promets ! lui avait juré Jared. Tout le monde en parle à Lillport. Des tas de familles ont reçu ces enveloppes. Je me suis introduit dans ton immeuble pour vérifier ta boîte aux lettres, et elle y était ! Et y en avait même une autre pour ton petit frère, Carl. Vous êtes convoqués, je te mens pas. »

Après avoir lu les actualités du jour dans le journal, Rohan dut se rendre à l'évidence : c'était réel.

Du bout du pouce, il caressa le sceau brisé du Prêtre Suprême qui scellait auparavant l'enveloppe et qui ne laissait pas de place au doute.

« Rohan, écoute-moi. Il faut à tout prix que tu mettes la main sur un de ces amplificateurs. Tu dois mettre toutes les chances de ton côté. »

Le garçon pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de fois qu'il avait vu Jared aussi sérieux. Lui, il comprenait.

— J'ai peur, Zed. Peur que la prochaine fois que ma famille a des ennuis, ce soit mes frères ou ma sœur qui se mettent en danger. Je ne veux pas rester impuissant. Si je devenais dragonnier, je pourrais... je pourrais les épargner de tout ça.

Ses pieds pivotèrent en direction du centre ville. Les bâtiments gris et décrépis se serraient les uns contre les autres. À leur pied, les lanternes rouges s'agitaient au gré du vent, étincelantes dans l'obscurité.

Si la nuit masquait les misères et les vices, les lumières du Culte draconiste déversaient, elles, leur lueur sanglante dans les rues, dévoilant sans pudeur la souffrance qui y régnait. Mais elles promettaient aussi un destin glorieux à l'un d'entre eux. Elles alimentaient les rêves inassouvis et les désirs inavoués de tous les jeunes de Lillport et leur laissaient entrevoir un avenir où l'espoir pouvait renaître.

Tant qu'elles brillaient, il leur restait à tous une chance de décrocher le titre de Cavalier.

— Qu'est-ce qui te fait croire que l'amplificateur marchera mieux sur toi que sur les autres ?

Dans un sursaut de surprise, Rohan trébucha. Il chuta du muret et ses fesses heurtèrent les herbes folles du terrain.

Les bras croisés sur sa poitrine, Zed émergea de l'obscurité et s'adossa au mur de l'immeuble. Sous la douche pâle des rayons de lune, ses tatouages se mélangèrent aux ombres en mouvement et semblèrent s'animer, comme les strophes d'une vie tumultueuse. Le gangster fixait Rohan avec une curiosité évidente. Avait-il assisté à toutes les pitoyables conversations qu'il avait eues avec lui-même ?

— Oh, Zed ! Je ne pensais pas que tu serais rentré si tôt, bafouilla Rohan.

Il se releva et épousseta la terre de ses vêtements. Son regard hésitant se posa sur Zed pour tenter de juger la situation. Le jeune homme demeura immobile, attendant patiemment une réponse. Rohan se frotta la tête, embarrassé.

— Rien. J'ai aucune preuve que la drogue fonctionnera pour moi, admit-il. Mais ça vaut le coup d'essayer. Si ça fonctionne–

— Oui oui, j'ai entendu tes arguments, le coupa Zed. Mais est-ce que tu réalises vraiment le danger d'un tel plan ?

— Je réalise très bien. Je sais que je risque ma vie. Mais tu ne penses pas que c'est un pari à prendre ?

Zed haussa les épaules avec une moue indécise.

— Saraphine a l'air de penser que non.

Rohan ria jaune.

— Saraphine peut bien parler. Y a pas une semaine qui passe sans qu'elle se retrouve dans les embrouilles jusqu'au cou.

Un sourire amusé rehaussa les lèvres du gangster.

— Elle s'inquiète pour toi.

— Moi aussi je m'inquiète pour elle ! C'est pas pour autant que je me comporte comme si j'étais son père. Je suis plus un gamin, je sais dans quoi je m'engage. Si je veux mettre ma vie en jeu, c'est mon problème, pas le sien.

Malgré ses efforts pour contenir ses émotions, il réalisa les tremblements de ses mains et le haussement de sa voix. Il déglutit pour rafraîchir sa gorge écorchée par la force de ses mots. Ses yeux détaillèrent le visage de Zed, à la recherche d'un indice, d'un soutien. Il se devait de le convaincre.

Le gangster se décolla du mur et leva les mains avec indifférence.

— Tu prêches un convaincu, garde ta salive.

Son expression changea. Ses yeux s'illuminèrent d'une lueur étrange dans la nuit, presque effrayante. Rohan plissa les paupières, essayant de deviner ce que cachait l'intensité de ce regard. Zed enfonça ses mains dans les poches de sa veste et s'approcha de Rohan.

— Tu es certain de vouloir rencontrer les hérétiques ?

Il articula chaque mot, les savourant comme les mets qu'il préparait.

— Si tu le désires vraiment, je peux arranger une rencontre, ajouta-t-il.

Son ton bas transpirait d'une persuasion irrésistible. Était-ce Rohan qui essayait de le convaincre, ou bien tout l'inverse ?

— Je suis sûr de moi, affirma Rohan. Mais n'en parle pas à Saraphine, s'il te plaît.

— Je te retourne la demande.

Le garçon hocha la tête pour marquer son accord.

— Bien. Demain, je te donnerai un lieu de rendez-vous.

Il tourna les talons pour regagner l'immeuble, mais Rohan le héla.

— Eh, Zed. Tu savais pour les drogues que je transportais, non ? devina-t-il.

Sa question n'était qu'un souffle, empreinte d'une curiosité et d'une appréhension mêlées.

Zed s'arrêta. Sous ses pieds, l'acier et la rouille grincèrent en une symphonie sinistre. Il inclina la tête, offrant la moitié de son visage à la morsure de la lune. Des émotions s'entrechoquèrent sur ses traits.

— Non. Je n'en savais rien.

Et il disparut.

Rohan baissa les yeux. Du bout du pied, il gratta la terre pour déterrer une vieille montre. Derrière son cadran brisé, les aiguilles immobiles témoignaient d'une époque révolue. Prisonniers du temps, les rouages ne chantaient plus leur refrain scandé.

Leur sort était scellé.

Le vent souffla dans les oreilles de Rohan, seul témoin de ce théâtre où le garçon s'était prêté à un jeu dangereux et sans merci, sur une estrade où la vérité n'était qu'un mirage et où les mensonges régnaient en maîtres absolus.

Loin des lueurs rouges de la ville, lorsque les consciences s'effaçaient devant des rêves naïfs et que la raison s'émoussait, l'obscurité avalait toutes les promesses.


Merci d'avoir lu !

Oui, je me suis lâchée sur les tournures poétiques dans ce chapitre. Ca détonne un peu avec les autres chapitres mais j'étais inspirée et ça sonne bien alors j'ai pas eu le cœur d'y supprimer x)

Et voilà, Rohan prend son destin en main et s'engage dans une pente vertigineuse. On verra où ça le mène :)


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