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9. Entretien sur écoute

Un froid hivernal aurait régné dans le salon si la grande cheminée ne réchauffait pas la pièce d'un feu apaisant. Les langues ardentes remuaient en rythme, semblaient danser dans l'ombre de l'âtre. Les yeux verts d'Alston Crawford ne quittaient pas une seconde ce chaleureux ballet. Son invité, quant à lui, demeurait souriant, attendant que le maître de maison daignât prendre la parole.

Ni l'un ni l'autre ne pensait être observé par une tierce personne. Et pourtant, tapi dans un coin de la pièce à la chaleur agréable, une silhouette invisible voyait et entendait tout, sans être vue ni entendue. On aurait pu voir cela comme une forme de tricherie, car ce n'était pas bien poli d'espionner les conversations d'autrui, et se rendre totalement absent physiquement grâce à un minéral imprégné relevait tout de même d'une bonne dose de roublardise.

Seulement, Howard n'avait aucune mauvaise intention, et même si cela n'excusait en rien son comportement, ça suffisait à lui laisser la conscience tranquille ; il n'avait jamais été homme à s'embarrasser de considérations inutiles, de toute façon. S'il désirait écouter ce que ces deux-là avaient à se dire, c'était d'une part afin de glaner des informations sur la vie dans le monde d'en bas.

Il ne connaissait pas cette seconde partie de la ville, ayant toujours vécu dans la partie aisée de la Capitale. Petit, il avait été le pupille d'une famille de la haute bourgeoisie. Lorsqu'il eut atteint sa majorité, on l'envoya suivre une formation de domestique, et il servit dès lors dans plusieurs maisons prestigieuses d'Arcadia. La famille Crawford étant la plus aisée d'entre elles, jusqu'à présent ; il n'avait strictement rien à redire du confort au manoir.

Même s'il appréciait énormément le privilège qu'était la vie au-delà de la Frontière, il se fascinait depuis quelques années pour cet autre monde, cet univers parallèle qui se trouvait en deçà. Il avait entendu des choses étonnantes à ce sujet. On y voyait des gens si pauvres qu'ils n'avaient ni toit au-dessus de leur tête, ni nourriture pour subsister sans montrer une maigreur effarante. On y voyait des combats à chaque coin de rue, dont l'enjeu pouvait être un simple morceau de pain ou bien une poignée de haricots.

Certains quartiers disposaient de plus de moyens que d'autres, mais la plupart des habitations étaient des taudis ou de vieux immeubles rongés par les plantes grimpantes qui attaquaient aussi le sol pavé. A cause de la pollution venue de la ville haute, l'air était nocif et vicié, et transportait presque plus de maladies que tous les patients de l'hôpital central réunis. On ne lui avait dépeint de ces lieux qu'un tableau immonde et corrompu, et pourtant, il continuait jour après jour à manifester un intérêt impressionnant pour tout ce qui s'y passait de notable.

Une question lui traversait d'ailleurs souvent l'esprit, depuis qu'il avait aperçu le chef de l'Etat faire un discours en ville, lors de l'une de ses courses dans le quartier marchand. Il avait vu cet homme qui imposait le respect, et s'était rendu compte que lui seul avait rendue possible la séparation des deux "castes" de la Capitale en mettant la Frontière en place. Dès lors, il avait nourri le fol espoir d'entretenir un jour une conversation avec le Maréchal Wilkerson, histoire de lui révéler le fond de sa pensée concernant ses méthodes radicales pour ne pas "mélanger les torchons et les serviettes".

L'attention du domestique fut vite captée par la voix grave et dure d'Alston Crawford. Il n'émit pas le moindre frisson ; si au début, il avait du mal à supporter cette voix caverneuse sans trembler, l'habitude lui permettait désormais de ne pas y prêter trop d'attention.

"Je conçois que c'est délicat de faire appel à vous pour espérer rétablir un semblant de... (Il eut une hésitation.) paix, mais comprenez que l'Etat n'a plus le choix, monsieur Topping. Nous ne cherchons pas à vous piéger en sollicitant votre aide. Au contraire, si nous parvenons à stopper la rébellion grâce à vous...

- Croyez-moi, je n'ai pas besoin de vos promesses, le coupa le blond, sans se départir de son sourire aussi affable qu'ironique. J'admets que c'est une perspective palpitante, que de contribuer à enrayer la machine rebelle... Mais d'un côté, cette révolte est plus ou moins profitable à mon commerce de minéraux imprégnés. Maintenant que le danger est encore plus présent, certains bourgeois d'en haut vont commencer à m'acheter de la marchandise et je pourrai m'enrichir aussi facilement que je volerais un bonbon à un nourrisson."

La bouche du rouquin se plissa très distinctement en une moue dégoûtée. De toute évidence, le simple fait d'accueillir un homme enfreignant la loi sous son toit le répugnait au plus haut point ; s'il eut serré la main de Topping, nul doute qu'il l'aurait passée sous l'eau et frottée vigoureusement après, pour ne pas être infecté par la criminalité. Car si Alston Crawford passait facilement pour un rustre et un homme impoli, il ne contrevenait jamais à la loi et ne l'avait pas fait une seule fois en quarante-deux ans de vie. Record prodigieux compte tenu des tendances frauduleuses de ses confrères du Parlement.

"Oh, ne me regardez pas comme ça, s'il vous plaît, ricana le bookmaker en voyant la mine sombre de son hôte.

- Ne me parlez pas sur ce ton chez moi, Topping.

- Eh bien, plus de monsieur, maintenant ? Je vois que vous vous agacez très vite.

- C'est vous, qui m'agacez prodigieusement."

Howard, bien dissimulé, se retint d'émettre un rire grinçant. Alston n'avait pas tenu deux minutes, et s'empressait déjà de se montrer grossier et condescendant envers son invité aussi indésirable que sarcastique. Celui-ci semblait en effet s'amuser à le faire sortir de ses gonds, comme s'il s'ennuyait et qu'il n'avait aucun autre moyen de se distraire que celui-ci. Le valet songea un instant que cet énigmatique "criminel" serait bien plus épanoui au cours du déjeuner, en présence de la maîtresse de maison dont le charme ne le laissait pas de marbre.

"Quoi qu'il en soit, reprit le parlementaire sur un ton moins sec, j'ose espérer que vous allez faire le bon choix. Même un homme comme vous est capable de comprendre qu'il faut prendre soin de son pays.

- Je crains de ne pas avoir le cœur d'un véritable patriote, monsieur. Sachez qu'il n'y a pas de bon choix ; il y a juste de bonnes ou de mauvaises décisions. (Il consulta le cadran de sa montre avec un haussement de sourcil, et son ton se fit soudain plus badin.) Je commence à avoir faim, pas vous ? Si nous allions déjeuner ? Oh, bien sûr, c'est à vous de voir, mais je commence à avoir trop chaud, à cause du feu..."

Le domestique n'attendit pas la fin de la conversation pour s'éclipser, jugeant qu'il n'y aurait de toute façon rien de bien intéressant à entendre. Ce Topping ne semblait clairement pas d'humeur à discuter d'affaires privées dans la demeure de son potentiel allié. Le petit brun jeta à son tour un œil à sa propre montre, après s'être de nouveau rendu visible dans l'escalier menant aux quartiers des domestiques ; il avait peut-être le temps de fumer une cigarette avant de retourner auprès de Dame Crawford, ça le détendrait...

Il laissa bien vite cette perspective de côté en apercevant la silhouette familière de la femme dont il avait partagé le lit durant la nuit. Arya Faure se tenait nonchalamment adossée à la porte de la chambre du valet, une mèche de ses cheveux foncés lui tombant en travers du visage, entre ses deux grands yeux verts. Il voulut tourner les talons et s'éclipser, mais elle n'était pas de cet avis.

"Hé là, tu ne vas pas encore fuir tes responsabilités !" grommela-t-elle, gonflant ses joues à la manière d'une enfant contrariée.

A contrecœur, il s'approcha d'elle, assez près pour discerner les taches de rousseur presque invisibles qui recouvraient la peau de ses joues et de son nez. Elle ne faisait aucun effort pour les cacher, puisque de toute façon, on les remarquait à peine si l'on n'y prêtait pas attention ; et puis, elle ne comprenait pas pourquoi tant de femmes s'échinaient à les dissimuler. La mode, sans doute.

"Mes responsabilités, répéta-t-il, sarcastique, un demi-sourire en coin au bout des lèvres. Je ne crois pas avoir quoi que ce soit de ce genre envers toi, Arya. (Il tenta de l'écarter doucement de la porte, mais elle ne se laissa pas faire.) Si tu me permets d'entrer dans ma chambre...

- Une seconde, mon petit. Tu devrais avoir un peu plus de considération pour moi - et les autres femmes que tu as pu fréquenter, éventuellement. Ce matin, tu m'as lâchement laissée tomber pour te rendre auprès de la maîtresse de maison. Tu as privilégié ton travail, comme le ferait n'importe quelle créature servile. Mais toi... Je ne vois pas en toi quelqu'un de servile. Tu me rends perplexe, tu sais ?"

Il ouvrit la bouche pour parler, mais il n'eut pas le temps de prononcer le moindre son. Elle attrapa sa nuque de sa main gelée, pressa ses lèvres contre les siennes et fourra sa langue dans sa bouche, sans délicatesse ni tendresse. Rien qu'une passion brûlante, foudroyante. Puis elle se détacha de lui et approcha de son oreille, pour lui murmurer, d'une voix étrangement atone, ces quelques mots dont il ne comprit pas l'importance, sur le moment.

"Je t'aime et je te hais, Howard Lidell."

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