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7. Le temps d'un aria

Il avait le corps lourd, les muscles noués par l'indolence. Il sentait, au niveau de ses tempes, quelque chose qui bourdonnait avec insistance. Juste le temps d'un instant, il s'autorisa à songer à un hypothétique retour à ce sommeil qui ne le berçait déjà plus. Mais il commençait à perdre pied, à se détacher des limbes oniriques pour retourner dans le réel, ce monde si pourri jusqu'à l'os, qu'il parvenait à aimer et à haïr tout à la fois. Alors Howard Lidell ouvrit les yeux, et fixa le plafond durant de longues secondes ; le temps de comprendre que ce n'était pas son plafond, celui de sa chambre.

Il n'avait rien de vraiment différent, mais l'habitude le lui disait, il s'agissait d'un autre lieu, un lieu dans lequel il n'était pas censé être. La bouche pâteuse, il voulut prononcer un mot, mais seul un grognement en réchappa. Il remua un instant son épaule, qui l'accueillit avec une douleur brève mais lancinante. Il voulut écarter la main gracile, aux doigts fins, la main de femme posée sur son torse, mais n'en eut pas la force. Il ne devait pas se trouver là, il le savait, mais il ne voulait pas bouger non plus. Inexplicablement, il se sentait bien.

Allongé dans ce lit qui n'était pas le sien, son corps collé contre un corps de femme, chaud et agréable. Il entendait sa respiration près de son oreille, basse et régulière. Parti, le tic-tac incessant de sa montre ; envolé, le froid constant de sa propre chambre. Lentement, il leva le bras gauche, le plaça devant son visage. Puis il étudia la peau pâle et le réseau de veines bleutées qui se dessinait en dessous et qui pourtant était clairement visible. Il remua un peu ; ses muscles se tendirent à cause de la douleur sourde qui commençait à lui ravager le dos.

Howard avait encore l'esprit embrumé, il ne parvenait pas à recoller tous les morceaux de la soirée. Il avait tenté de dormir, affalé sur son lit, mais ça n'avait rien donné. Alors il avait passé un moment à errer dans les couloirs, puis il avait repensé à Arya, Arya Faure et son visage malicieux et enfantin. Le reste s'était fait naturellement. Il se souvenait de baisers échangés, de paroles absurdes et tout le reste se noyait dans le flou. Il le devinait facilement, dans tous les cas. Le corps contre le sien parlait de lui-même.

Bientôt la silhouette féminine se mit à bouger entre les draps, arrachant des frissons à l'homme allongé contre elle. La main fine de la jeune femme se crispa un instant sur son torse, puis se détendit de nouveau. Il soupira et se rendit compte, d'un coup, qu'il aurait bien besoin d'une cigarette. Alors il tâtonna sur la table de chevet, il extirpa un bâtonnet du paquet, et l'alluma avec son briquet. Sous les yeux émeraude de la fille, qui l'observait avec toute son attention.

Howard exhala la fumée, qui ne tarda pas à s'évanouir dans l'air à la fois chaud et frais. Oui, il se sentait bien ainsi, allongé dans ce lit, cigarette entre les lèvres. Corps féminin contre le sien, regard insistant qui ne le quittait pas. Il aurait pu se sentir mal à l'aise mais il n'en était rien.

"Je n'aurais jamais cru que tu resterais jusqu'au matin. Toutes les autres fois, tu repartais pendant que je dormais encore."

La voix douce brisa le charme, sans raison. Il réalisa tout à coup qu'il avait des obligations, et qu'il ne pouvait pas rester là, dans les bras d'Arya Faure, aussi charmante qu'insolente, aussi rayonnante qu'indolente. Le domestique reprit le pas sur l'homme ; il se leva et enfila rapidement son costume de la veille, songeant qu'il devrait en changer dès que possible. Il ne recroisa le regard de la jeune femme qu'une fois sa cravate nouée et sa cigarette consumée. Les deux émeraudes renvoyaient une lueur réprobatrice. Il n'aimait pas ça ; il se détourna et quitta la chambre, la laissant là, car au fond ils ne s'aimaient pas.

*
*  *

Une douce et chaleureuse lumière solaire éclairait le salon privé de Dame Crawford, lorsque son valet entra dans la pièce, poussant le chariot renfermant son copieux repas matinal. Elle-même resplendissait, dans sa robe pourpre qu'elle ne portait que pour les grandes occasions. Ses cheveux blonds platine tombaient dans son dos, lisses et brillants ; Howard songea qu'il devait se passer quelque chose de particulier, pour qu'elle se fût apprêtée de la sorte. Il n'eut pas le loisir de poser la question, car elle le renseigna d'elle-même.

"Alston a décidé, sans me consulter, que nous aurions un invité à midi. (Elle s'appliqua à teinter ses lèvres du même pourpre que sa robe, puis se tourna vers lui.) Vous avez peut-être entendu parler de Topping. Robbie Topping, cela vous dit quelque chose ?"

Le domestique acquiesça, avant de se rendre compte qu'il s'agissait d'une impolitesse ; lorsqu'un aristocrate posait une question, on y répondait, point.

"Tout le monde a déjà entendu parler de cet homme dans la Capitale, Dame Crawford. Voire même dans tout Arcadia. Il me semble que sa renommée n'est plus à faire.

- En effet, poursuivit Doris, il est notoire, mais il a mauvaise réputation. Vous devez donc savoir que c'est un bookmaker doublé d'un trafiquant de minéraux."

À la mention de ces pierres renfermant des pouvoirs fabuleux, il porta machinalement la main à sa montre, qui contenait l'un d'eux. La femme n'offrit aucune interprétation à ce geste, ne se doutant pas qu'un domestique pouvait posséder un tel objet précieux.

"Ainsi, vous recevez monsieur Topping ? Monsieur Crawford a des fréquentations pour le moins crapuleuses, observa-t-il. (Il se tut un instant, la mine brusquement grave.) Je ne devrais pas dire de telles choses sur votre mari."

La blonde balaya cette remarque d'un geste de la main, avec sa désinvolture habituelle qui faisait d'ailleurs tout son charme.

"Ne vous gênez pas en son absence, je n'en pense pas moins. Alston est un rustre doublé d'un fourbe, mais je ne le voyais pas si idiot. Inviter un criminel sous notre toit ! Mon toit ! Cet homme n'a tout simplement aucune considération."

Elle marqua une pause, qu'elle ponctua d'un soupir las, fatigué. Elle ne semblait pas avoir réellement bien dormi, et ses paupières parfois papillonnantes en attestaient volontiers. Doris se leva de son siège, et épousseta inutilement sa superbe robe.

"Oh, Howard. Pouvez-vous m'aider avec ma robe ? J'ai conscience du fait que c'est le travail de la femme de chambre, mais elle n'est pas là. (Elle ne remarqua pas le léger sourire en coin du valet à la mention de son autre domestique.) Remontez simplement cette fermeture, je vous prie.

- Bien, madame."

Il avait répondu à l'ordre d'une voix atone. La femme se demanda une nouvelle fois s'il était réellement insensible à sa beauté, à son charme. Elle ne comprenait décidément pas son attitude. Il s'approcha d'elle avec sa tranquillité habituelle. Ses doigts glacés arrachèrent un frisson à la blonde lorsqu'il effleura la peau de son dos, l'espace d'un court instant, entreprenant de remonter la fermeture. Une fois cela fait, il s'éloigna d'elle, tout simplement, et l'observa un moment.

Dame Crawford se redressa de toute sa hauteur. Avec ses talons hauts, elle dépassait bien le domestique d'une dizaine de centimètres. Même sans, du haut de son mètre soixante-quinze - taille qu'on trouvait souvent aberrante pour une si jolie femme -, elle le dominait de trois centimètres. Parfois, il lui arrivait de se demander comment un homme de sa stature pouvait dégager autant de charisme. Car il y en avait assurément, derrière cette façade débonnaire qui le caractérisait. La voix du valet interrompit son flot de pensée, brusquement, abruptement.

"Dois-je faire autre chose, madame ?

- Euh... Non, vous pouvez disposer jusqu'à l'arrivée de notre invité. Soyez prêt pour une heure et demie, si possible."

Howard répondit d'un hochement de tête tranquille, et ce ne fut qu'à cet instant que la maîtresse de maison réalisa le désordre dans ses courts cheveux bruns, habituellement si soignés. S'était-il réveillé en sursaut ? Elle secoua la tête. Ça ne la regardait pas, de toute façon.

En le regardant quitter la pièce, de son pas sûr et tranquille, elle songea qu'elle aurait mieux aimé avoir un époux dans son genre plutôt que ce rustre d'Alston. Puis elle laissa un petit rire s'échapper d'entre ses lèvres pourpres, réalisant la stupidité de sa pensée. Un valet et une noble Dame, quelle bêtise !

La perspective de partager un repas avec un criminel notoire et impuni lui traversa de nouveau l'esprit, et sa mine radieuse s'assombrit.

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