Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

2. La noble Dame

Une lumière tamisée régnait dans le petit salon privé de Dame Doris Crawford, traversant tant bien que mal les épais rideaux de velours à peine entrouverts. La femme aimait beaucoup ce genre d'atmosphère un brin mystérieuse, qui laissait planer une forme de doute et d'incertitude ; comme lorsque l'on cherchait à deviner quel objet pouvait bien renfermer cette petite boîte noire sur la commode près de la porte, par exemple.

Doris se délectait des réactions psychologiques humaines. Il arrivait à certaines personnes de se comporter de façon tellement étrange ! Et ça, ces attitudes aléatoires et propres à chacun, ça la mettait dans un état de fascination incroyable. Encore plus que lors de sa première visite à la cathédrale des Dieux Jumeaux, lorsqu'elle était petite. Et pourtant, elle se souvenait encore, à trente-deux ans, de cette scène de sa vie, qui l'avait émerveillée.

Ce qui, chez elle, suscitait la fascination, ce devait être son regard. Deux yeux couleur noisette, qui pouvaient prendre des teintes ambrées dans certaines circonstances ; lorsqu'elle était assaillie de fortes émotions, ou bien lorsque les rayons de l'astre solaire éclairaient intensément toute chose. Ce regard, il était sans nul doute plus éloquent que tous les mots ou toutes les mimiques ; on lisait dedans comme dans un livre ouvert.

Des cheveux fins, d'un soyeux blond platine, étaient maintenus attachés en un chignon las ; quelques mèches raides s'en échappaient pour encadrer son visage au teint de porcelaine. Ce visage au nez à peine retroussé, aux lèvres rouges et charnues, aux très légères rides au coin de la bouche, aux pommettes hautes et soigneusement poudrées... Une belle figure, assurément.

Toujours vêtue de splendides toilettes colorées, elle ne portait pour l'heure qu'une simple nuisette verte élégante, dont les manches atteignaient le coude. Le vêtement descendait un peu au-dessus de ses genoux, laissant voir des jambes magnifiquement sculptées ; une véritable beauté que cette femme-là. Quelques fioritures en dentelle venaient égayer un peu cette tenue nocturne.

Dame Crawford avait le matin en horreur, mais une malédiction - c'est comme cela qu'elle appelait ça - faisait qu'elle ne parvenait jamais à dormir au-delà de huit heures. Elle prenait donc un copieux petit-déjeuner, car en dépit de la finesse de sa silhouette, elle adorait manger et se montrait parfois capable d'avaler un nombre impressionnant de mets durant un seul repas. Tout cela sans prendre un seul kilogramme ; beaucoup de femmes la jalousaient pour cela, mais ce n'étaient à son goût que d'inspides futilités. Femme du monde, certes, mais avant tout femme d'esprit.

Appuyée contre le rebord de la fenêtre, une cigarette à la main, elle observait avec attention le paysage. Elle pouvait apercevoir les jardins, resplendissants de dizaines de nuances de vert. Doris adorait s'y promener et prendre le thé lorsque le temps y était propice ; le soleil brillait et le ciel ne se trouvait couvert d'aucun nuage, uniquement quelques dirigeables, principal moyen de transport d'Arcadia. Elle irait donc s'adonner à ce passe-temps tranquille l'après-midi même.

Au loin, on apercevait les imposantes silhouettes d'autres manoirs semblables au sien. Le quartier le plus aisé de la ville haute regorgeait d'immenses demeures, toutes semblales mais aussi toutes différentes, arrangées selon les goûts des propriétaires ou de leurs épouses.

Elle, on l'avait destinée dès l'âge de seize ans à un fiancé dont elle ne voulait pas. Le mariage avait eu lieu à ses vingt-quatre ans, et depuis, elle vivait oisive, son mari ne rentrant que rarement à la maison. Un membre du Parlement arcadien avait après tout fort à faire, et elle préférait autant que son époux fût loin d'elle. Non pas qu'elle le détestât, mais elle ne parvenait pas à éprouver de l'affection ou de l'attirance pour lui malgré son physique plutôt attrayant.

La femme blonde fut arraché à ses rêveries par le son de deux coups successifs contre le bois de sa porte. Sachant parfaitement à qui s'attendre, elle donna l'ordre d'entrer ; un homme de taille modeste, dignement vêtu d'un costume noir rehaussé d'une cravate d'un joli bleu, entra en poussant un chariot métallique, renfermant le petit-déjeuner.

« Tarte aux pommes caramélisée, fondant au chocolat avec une touche de framboise, compote de pêches. Et votre café, naturellement », annonça le domestique d'une voix atone.

Doris le remercia d'un hochement de tête, et comme chaque matin elle observa avec attention ce valet aux airs taciturnes et serviles. Elle savait que derrière ces apparences se cachait un esprit intelligent ; le regard gris ne mentait pas, il brillait d'une lueur perspicace sans pareille.

Elle l'aimait bien, ce jeune homme. Du haut de son mètre soixante-douze, il semblait plus petit que la majeure partie des domestiques, mais s'astreignait à sa tâche aussi bien, voire mieux qu'eux, malgré son corps plus fin. Howard Lidell la rendait perplexe, en réalité ; elle ne parvenait presque jamais à le faire parler de lui.

Et par-dessus tout, pas une fois il n'avait rougi ou manifesté une quelconque émotion en la voyant aussi légèrement vêtue dans une de ses nuisettes ; on eut dit qu'il était hermétique à sa beauté et à son charme, et ça, elle avait un peu de mal à l'avaler. Les autres domestiques se retournaient sur son passage et lui, rien !

Elle laissa tomber ses pensées absurdes et invita le valet à s'asseoir sur le canapé de son petit salon. Il resta debout, les mains dans le dos, dans sa posture droite et austère.

« Vous me semblez bien fatigué, Howard.

— Il n'en est rien, Dame Crawford, répondit-il d'un ton poli mais glaçant.

— Détendez-vous donc, vous semblez aussi crispé que mon mari. Tenez, prenez donc une cigarette. »

Elle lui tendit son étui en or, se doutant qu'il conserverait sa position stoïque et refuserait poliment, mais il prit l'un des bâtonnets de tabac et y mit le feu avec son propre briquet, qu'il tira de sa poche. A peine eut-il recraché une première bouffée de fumée qu'elle soupira :

« Alston rentre ce soir. Préparez-vous à une rude soirée, Howard. »

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro