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16. L'Audacieux


Quelques jours seulement après avoir reçu la visite de Robbie Topping, Doris découvrit, en plus du journal reçu chaque matin, une lettre de la part du criminel. Celui-ci l'invitait galamment à déjeuner dans l'un des restaurants les plus cotés de la ville haute ; la noble dame ne pouvait pas dire que cela l'enchantait réellement, mais elle y voyait une occasion de se divertir un peu, chose qu'elle n'avait pas faite depuis plusieurs jours. Depuis sa petite incartade avec Howard, précisément.

Il avait fallu qu'il l'arrête, qu'il lui fasse prendre conscience du gouffre entre eux deux, pour qu'elle daigne le laisser partir sans entamer la moindre relation adultérine avec son valet de chambre. Elle était d'ailleurs allée suffisamment loin avec ses baisers ; si les dames bien-pensantes savaient ! Doris avait fréquemment ricané à cette pensée, qui lui redonnait un peu de baume au cœur malgré le refus du jeune homme obséquieux. Elle ne savait pas quoi penser de lui, mais de toute évidence, il ne l'appréciait pas davantage que son poste l'exigeait. Il ne lui en dirait sûrement rien, de toute façon.

La belle aristocrate chassa immédiatement ces pensées insignifiantes, pour songer davantage à son rendez-vous imminent avec l'audacieux trafiquant de minéraux. Elle s'occupa seule de sa coiffure, tâche qu'elle assignait la plupart du temps à sa femme de chambre, Arya. Mais depuis qu'elle connaissait la nature de sa relation avec Howard, la jeune femme ne lui faisait plus que très mauvaise impression. Un pincement au cœur, une envie de la renvoyer sur le champ chaque fois qu'elle la voyait... Décidément, rien n'allait plus chez elle. Si elle commençait à s'enticher trop sérieusement d'un domestique, elle le regretterait ; mieux valait s'amouracher d'un homme comme Topping, sans attaches et sans considération pour quoi que ce soit d'autre que sa propre personne. Bien qu'elle ignorât tout des réelles intentions du malfrat à son égard.

Elle sélectionna l'une de ses robes favorites, aux manches longues et au col légèrement échancré, qui laissait entrevoir une peau claire. La teinte bleu saphir du vêtement, recouvert de satin, étincelait à la lumière de la lampe, semblant rendre la robe aussi profonde qu'un océan. Doris se leva, afin de s'admirer dans le miroir. Son apparence lui parut plus que satisfaisante, aussi jugea-t-elle bon de laisser tomber le rouge à lèvres, qui entacherait le naturel qu'elle appréciait tant, et qui plairait sans nul doute au criminel. Ce qu'elle voulait, c'était se le mettre dans sa poche, tout cela pour nuire à son satané époux.

« S'il pouvait se retrouver six pieds sous terre, cela m'arrangerait ! » pesta-t-elle en son for intérieur, indisposée par la présence prolongée d'Alston au manoir.

Une fois qu'elle fût prête, elle n'attendit pas pour se faufiler à l'extérieur, parée d'un long manteau d'une couleur anthracite et d'un petit sac de la même teinte. Elle se glissa dans la voiture, et intima au chauffeur de démarrer ; le véhicule s'élança tranquillement dans les rues calmes de la Capitale. Le trajet fut court, mais néanmoins revigorant pour la femme blonde, qui se délectait d'admirer les grandes maisons voisines, les immeubles, les passants bien apprêté dans la rue, les voitures qui circulaient, les chats errants qui flânaient près des parcs publics... Toute l'effervescence de la grande ville lui plaisait, et avait sur elle un effet tonifiant incroyable.

Lorsque la voiture stationna devant un restaurant chic à la devanture richement décorée, ce fut comme si elle se réveillait ; elle sembla émerger d'un rêve particulièrement plaisant, avec toute la déception que cela impliquait. Cependant, elle se recomposa bien vite un masque de contentement et d'affabilité au moment où elle entrevit la silhouette de celui qui partagerait son repas. Bien apprêté lui aussi dans un smoking probablement hors de prix, il lui prit la main et l'effleura de ses lèvres, avant de lui demander de ses nouvelles, fort poliment.

« Alston est encore au manoir, et sa présence commence sérieusement à m'étouffer. J'ignore ce qu'il manigance exactement, mais il a menacé de renvoyer mon valet de chambre... C'est fatigant, à la longue.

— Votre valet... Oh, oui, le jeune homme discret qui m'a fait bonne impression. Que s'est-il passé ?

— Ce serait trop ennuyeux à expliquer. Ne sommes-nous pas ici pour passer un bon moment ? »

Le blond se contenta d'un hochement de tête, accompagné d'un sourire sympathique. Un serveur les conduisit à la table réservée, dans le fond de la salle, non loin d'un orchestre qui jouait une mélodie de Chopin ; Doris se laissa peu à peu enivrer par l'atmosphère charmante et l'air sublime, pour se détendre complètement. Le vin contribua également à la mettre dans de meilleures dispositions par rapport à son interlocuteur, qui faisait de son mieux pour lui apparaître sympathique.

« Vous n'avez pas répondu clairement à ma question de la dernière fois, sourit-elle, joueuse. Vous savez, lorsque vous m'avez parlé d'un... d'un ami commun, je crois. Qui est-ce ? Je ne me doutais assurément pas que nous avions les mêmes fréquentations !

— Oh, vous n'avez pas idée, madame ! Louis Marcano, Hilda Braun, Diana Loyd... Nous avons plus d'amis communs que vous ne le pensez.

— Eh bien ! Vous semblez en savoir beaucoup sur mon cercle d'amis, monsieur Topping... »

Le ton amusé sur lequel elle prononça ces mots eurent pour effet d'élargir le sourire du malfrat. Cependant, il ne daigna pas répondre à la question, arguant que « garder le mystère intact » était bien plus attrayant. Elle n'objecta pas, et accorda bientôt toute son attention aux mets qui lui furent servis. Une assiette de légumes finement coupés et assaisonnés accompagnait un poisson recouvert d'une sauce à l'aspect fort engageant. Le goût s'avéra à la hauteur de l'apparence du plat, aussi n'en laissa-t-elle pas une miette ; ce que ne manqua pas de souligner son vis à vis.

« Il est de coutume de manger de bon cœur, lorsqu'un repas nous est offert. Je n'allais tout de même pas me priver ! ricana-t-elle, beaucoup plus sereine maintenant qu'elle avait l'estomac plein. Bien, si vous me parliez un peu de vous... Qu'avez-vous fait qui soit digne d'intérêt, ces derniers temps ?

— Oh, vous savez, mes affaires... Ce ne sont pas des histoires très intéressantes, et cela ennuierait rapidement une dame comme vous. Le monde criminel n'est pas assez raffiné pour une femme de votre qualité... Si je puis me permettre. Votre époux n'approuverait sans doute pas la familiarité que je m'autorise avec vous, n'est-ce pas ? »

Doris eut envie de lui répliquer que l'avis d'Alston ne lui importait pas le moins du monde, et même qu'elle était heureuse, si sa conduite pouvait l'énerver. Mais le connaissant, il n'en serait pas le moins du monde affecté. Oh, bien entendu, elle aurait droit à des remontrances, mais ce ne seraient pas celles d'un mari aimant qui craint pour l'honneur de son épouse ; juste les imprécations d'un produit de la société, formaté pour entrer dans le moule des convenances. Or elle n'était pas une femme de convenances. Elle préférait largement s'acoquiner avec n'importe qui plutôt que son mari ; un valet, un criminel... Peu lui importait.

Maintes fois, elle avait songé à quitter le pays pour vivre loin de ces terres, mais qu'y avait-il dans les nations voisines ? Hongrie, Bulgarie... Rien de très intéressant. Il lui faudrait au moins fuir jusqu'en France ou en Angleterre, pour retrouver un train de vie mondain et semblable à celui d'Arcadia, justement bâtie sur le modèle anglais. Elle laissa échapper un soupir, et insista pour quitter le restaurant, dont l'atmosphère commençait à lui paraître étouffante.

« Quelque chose ne va pas, madame ? s'enquit Robbie une fois qu'ils furent à l'extérieur, dans la rue baignée d'un soleil réconfortant. Madame ?

— Tout va bien... Je crois que j'ai simplement besoin de repos. Ces temps-ci, je dors fort mal, et la présence d'Alston ne m'aide pas à me sentir en sécurité.

— Voudriez-vous que je vous loge ailleurs, en attendant qu'il s'en retourne à ses occupations officielles ? Ce n'est pas un problème, je dispose de plusieurs appartements vacants, et...

— Non, cela ira, merci, le coupa-t-elle. Votre sollicitude me touche, mais je ne peux pas laisser la maisonnée entre les mains de ce... Il ferait n'importe quoi pour me porter préjudice, vous comprenez ? »

Le criminel lui répondit par l'affirmative. Doris manifesta bientôt le besoin pressant de rentrer chez elle pour s'allonger et dormir ; il ne la retint pas, et la gratifia à nouveau d'un baisemain cérémonieux avant de prendre congé. Elle-même retourna dans sa voiture, et songea avec une satisfaction non dissimulée qu'elle avait bien réussi son coup. Robbie Topping semblait indubitablement intéressé par elle, et la sollicitude sincère qu'il avait manifestée à son égard la confortait dans cette optique-là.

Elle sourit, malgré la fatigue, et pensa avec soulagement que les jours à venir s'en verraient moins douloureux à supporter.

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