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15. Dans les plus hautes sphères

Si toute la ville haute était superbe et magnifiquement entretenue, il existait au sein de la Capitale un lieu que l'on pouvait aisément considérer comme le plus beau d'Arcadia. Haut de trois étages immenses, le grand palais du Maréchal dominait de gigantesques jardins, entretenus à la perfection par une équipe d'employés compétents. Coupant en deux ces étendues verdoyantes, une large allée pavée menait à la double porte d'entrée, en bois d'acajou finement décoré.

Simplement en regardant la bâtisse, l'on pouvait se sentir imprégné d'une aura de puissance, incommensurable et inexplicable. Comme si le pouvoir détenu par l'occupant des lieux déteignait sur tout l'édifice et ses visiteurs. Comme si à travers cet étalage de richesse, monsieur Wilkerson exerçait une pression considérable sur quiconque y mettait les pieds. Il s'agissait là d'un sentiment indescriptible, mais bien présent et surtout persistant. Raison pour laquelle personne n'appréciait d'être convié au palais du chef d'Etat.

Beaucoup de rumeurs circulaient à son sujet, par ailleurs, et il suscitait la crainte des uns autant que l'admiration des autres. Il était de toute façon tâche impossible de décrire le Maréchal Rufus Wilkerson sans l'avoir déjà rencontré au préalable. Son regard seul dégageait beaucoup plus de choses que n'importe quel habitant de la cité, et ce n'était pas peu dire. Il incarnait avec une indécente aisance le rôle d'un homme de pouvoir fortuné et charismatique. D'aucuns le considéraient même comme un demi-dieu, béni par les Dieux Jumeaux eux-même depuis son accession au pouvoir.

Attablé dans la salle à manger de la demeure, au bout d'une table sans nul doute trop longue pour un seul homme, il consultait son journal en prenant de temps à autre une bouchée de ses œufs accompagnés de bacon. Depuis son séjour en Angleterre, il raffolait des petits-déjeuners que l'on servait là-bas, dédaignant toute consommation sucrée au matin. Le crissement de sa fourchette contre l'assiette de porcelaine ne le perturbait pas plus que cela, tandis que son majordome, posté non loin, retenait à grand peine des grimaces, insupporté par ce son strident.

Le domestique, qui se trouvait au service de cet individu singulier depuis près de cinq ans, n'avait jamais réussi à le cerner. Il le savait, que derrière son apparence calme se cachait quelqu'un d'effrayant ; seulement, jusque là, jamais son employeur ne l'avait montré en sa présence. Il conservait toujours cette prestance qui lui donnait l'air d'une force tranquille imperturbable.

A seulement quarante ans, le Maréchal jouissait déjà d'une renommée internationale, autant due à sa politique dure qu'à son charme certain, qui le rendait assurément populaire auprès de la gent féminine et en faisait un modèle pour nombre d'hommes de la Capitale. Ses costumes, souvent d'un noir intense, convenaient particulièrement bien à sa silhouette élancée, et mettaient en valeur des yeux bleus, d'une pâleur fantomatique. Une fine moustache noire, de la même couleur que ses cheveux gominés, surmontait un sourire narquois qu'il arborait souvent, et qui en agacerait plus d'un. Cependant, il était Rufus Wilkerson, et personne n'oserait lui faire ravaler ce rictus arrogant. Car quoi que l'on en dise, ceux qui l'admiraient le redoutaient tout autant.

Soudainement, l'homme de pouvoir crispa son poing, qui se referma sur le papier du journal pour le froisser. Il ne perdit pas son calme pour autant, mais une veine pulsait dangereusement sur sa tempe, signe d'une exaspération certaine. Il posa les nouvelles chiffonnées sur la table d'une propreté effarante, et termina son assiette dans un silence presque morbide, sous les yeux inquiets du majordome.

« Les nouvelles ne sont pas bonnes, monsieur ? »

N'importe quel domestique aurait veillé à garder sa langue dans sa poche, mais celui-ci connaissait suffisamment son employeur pour se permettre une certaine familiarité — quoique très relative — à son égard. Le Maréchal lui-même avait insisté pour qu'il se montre un peu moins rigide et ose lui adresser la parole s'il en sentait le besoin. Wilkerson repoussa son plat vide d'un geste doux, et émit un soupir fatigué.

« On peut dire ça, oui. Encore une stupide rumeur d'insurrection dans la ville basse. Quand les gens vont-ils comprendre que cela ne sert à rien, de se soulever ? (Il marqua une pause, et rajusta sa cravate noire.) Les pauvres gens d'en-bas feraient mieux de se soucier de leur propre sécurité, plutôt que de foncer délibérément dans un abîme duquel ils ne sortiront jamais. S'ils se font trop insistants, je serai bien obligé de leur envoyer mes troupes en représailles. Et les Dieux savent qu'ils ne s'en tireront pas si tel est le cas. N'êtes-vous pas d'accord, Karl ?

— Certainement, monsieur, répondit l'intéressé avec déférence. Il serait mieux pour tout le monde que les choses se calment dans la ville basse. Des rumeurs circulent en ville, également...

— De quel genre de rumeurs s'agit-il ? » le coupa le politicien, intrigué.

Le domestique repoussa une mèche de cheveux grisonnants vers l'arrière, et pinça les lèvres, peu désireux de faire part de ce qu'il avait entendu à son patron. Cependant, et il le savait, il était bien forcé d'obéir s'il ne voulait pas risquer son poste, qui comportait un certain nombre d'avantages ; loger au palais étant sans conteste le plus important d'entre eux.

« Eh bien, reprit Karl en s'efforçant de rester calme, on dit que le Parlement est incapable d'enrayer cette soi-disant révolution. Je ne voudrais pas vous alarmer, mais... c'est ce que j'ai entendu. Certains ne font plus confiance à notre gouvernement, et j'ai bien peur que cela ne vous avantage pas. »

Rufus hocha calmement la tête, inexpressif, et se leva tranquillement, repoussant sa chaise du pied ; le grincement du bois contre le sol ciré à outrance résonna à ses oreilles, mais il n'y prêta pas la moindre attention. Il posa de nouveau son regard pâle sur la silhouette droite de Karl, et sourit, d'un sourire léger et peut-être teinté d'une certaine mélancolie. Les Dieux seuls le savaient.

« Je m'en doutais bien, que tout s'envenimerait tôt ou tard. Mais que l'on mette ça sur le dos du gouvernement, alors que nous déployons des efforts pour nous occuper de cette révolte... Alston Crawford a même envisagé de nous allier avec le plus grand criminel d'en bas, qui se charge de trafiquer des minéraux, en plus d'autres commerces tous plus illégaux les uns que les autres. Il faudra que ce Topping m'explique ce qu'il trouve à la ville basse, pour pouvoir s'y rendre si souvent...

— Certaines personnes ont besoin de côtoyer les plus démunis pour se sentir importants. Ce doit être le cas de ce criminel, selon toute vraisemblance.

— Vous avez certainement raison, Karl. Et puis, ce serait ingrat de ne pas l'admettre ; il dispose d'une audace remarquable, et d'un grand sens de la stratégie. S'il ne s'agissait pas d'une menace, j'aurais bien voulu l'intégrer en tant que général de nos armées. Avec un tel personnage dans nos rangs... (Il serra le poing, et ouvrit de nouveau sa main après quelques secondes.) Les rebelles deviendraient un simple mauvais souvenir dont on rirait dans les plus grandes réceptions. Cependant, je doute que Crawford parvienne à le convaincre. Ce serait bien trop facile... »

Le domestique se raidit, imaginant très bien le sort que son employeur pourrait réserver au parlementaire en cas d'échec. Rufus Wilkerson n'était pas lui-même quelqu'un de violent, mais il ne rechignait pas à utiliser des moyens quelque peu discutables lorsqu'il jugeait cela nécessaire. Évidemment, le majordome se rangeait du côté de son chef par rapport à l'improbable succès de Crawford. Connaissant bien Topping de réputation, il lui semblait évident qu'il ne se laisserait pas berner par les mots d'un politicien rude et peu stratégique.

« Bah ! soupira le Maréchal en se levant de table. Nous verrons bien comment évoluent les choses dans les prochains jours. D'ici là, voyons ce qu'il en est de nos finances... »

Il s'éloigna tranquillement, suivi de près par Karl, qui ne voyait pas l'avenir d'un œil rassuré.

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