Noir
Alors... Bon, cette partie est une fin alternative, la première fin que j'ai créée en fait, ceux qui préfèrent une fin heureuse peuvent s'arrêter à Rouge. C'est une partie que j'avais prévue de faire en commençant, que j'ai laissé tomber parce que ça me faisait mal, étant donné que je mets énormément d'émotions dans Arc-en-Ciel, et qu'au final j'ai décidé d'écrire après discussion, cette nuit, avec ma meilleure amie. Qu'est-ce que je ferais pas si elle me le demandait, et qu'est ce qu'on est masochistes quand même ! Sur ce, je vous laisse lire le dernier chapitre de l'histoire originelle d'Arc-en-Ciel. Bonne lecture ^^
Les mois ont passé, entre rires et larmes, avec les moments de joie, de peine, aussi. Au milieu de mille couleurs, les deux filles avançaient. Mais aujourd'hui, le ciel est gris, et seule une silhouette se dresse, fine et fière, délicate, vers les nuées perle et argent ne laissant passer que quelques rayons de soleil jouant dans l'herbe tendre où perlent les gouttes de rosée. Comme si la nature avait pleuré, elle aussi, et que ces étoiles tombées du ciel pour orner, délicates et fragiles, quelques brins émeraude, avaient choisi l'éternité en contraste avec le caractère éphémère de la vie, se parant de mille nuances colorées, s'irisant dans la lumière, au milieu d'un monde tout en teintes de gris.
La jeune fille est debout, vêtue de noir, le collier d'arc-en-ciel au cou, au milieu du cimetière. Elle n'a d'yeux que pour une tombe, tandis que ses cheveux chocolat flottent dans la brise, retombant en cascade sur ses épaules pour encadrer un visage doux à la peau de caramel et aux prunelles noisette, mais elle ne pleure pas, elle ne pleure plus. Elle n'a plus de larmes à verser, et seul le vide emplit son coeur, criant au manque de sa soeur. Entre ses mains, une rose rouge, trop vive, contrastant avec le paysage, offre ses pétales doux au vent, qui joue dans les feuillages des arbres du cimetière. Toutes les couleurs semblent un peu ternies, hormis cette fleur, en un battement de coeur.
Lily - car c'est bien elle - a refusé les roses noires sur la tombe, qui du reste, est d'une jolie nuance de blanc, ornée d'argent et d'or. Les caveaux, autour d'elle, sont déjà trop souvent bicolores, entre ombre et lumière, mort et innocence. En ce royaume de blanc et de noir, Emma mérite des couleurs. C'est aussi pour cette raison qu'au cou gracieux de l'adolescente qui observe sans un mot, laissant sa peine s'envoler tout en revivant ses souvenirs, les sept pendentifs colorés étincellent encore, sur leur fine chaîne d'argent. Elle ne les enlèvera jamais. Ça et là, quelques familles nettoient les tombes, posent des bouquets. La jeune fille aux yeux noisette n'a pas bougé, stoïque, silencieuse, serrant doucement contre son coeur la rose écarlate. Et les fragments de passé défilent dans sa tête.
-------------------------------------------------------------
Emma, la serrant dans ses bras au début de leur amitié, quand la cadette se sentait si mal.
Emma, qui riait avec elle, en se moquant des autres, et vivait sa vie selon ses propres règles.
Emma, qui connaissait tous ses secrets, toute sa famille, et savait écouter, rassurer, consoler, aimer.
Emma, qui courait, courait dans le vent jusqu'à ce qu'elles tombent par terre, côte à côte ou l'une après l'autre.
Emma, son petit ange, qui peu à peu était devenue sa confidente, puis sa meilleure amie, sa soeur de coeur.
Emma, qui ne se trouvait pas jolie, mais que Lily avait toujours trouvée cute, adorable, et belle à sa manière.
Emma, avec sa peine, sa phobie scolaire, sa douleur, ses qualités et ses défauts, Emma, dans tous les moments.
Emma, avec sa peur de l'avion, du noir, de la mer, des lézards aussi, que Lily rassurait, quand elle le pouvait.
Emma et l'arc-en-ciel, Emma et tous leurs rêves. Emma et leurs espoirs, Emma et leurs paroles. Emma.
Juste Emma. Juste sa grande soeur. Emma, un ange des couleurs qui avait décidé de s'envoler.
Emma, au cou de laquelle, le soir de la veillée, brillait encore son collier coloré, irisé.
Emma aux mèches grenat, pour finir l'arc-en-ciel. Juste Emma.
-------------------------------------------------------------
Une main se posa doucement sur l'épaule de Lily, la ramenant au présent, et elle ferma un instant les yeux pour cacher la poussière d'étoiles qui s'y posait pour créer quelques larmes, savourant ce simple contact d'une personne qui, malgré la distance, avait voulu venir et être là pour elle. Arnaud avait voulu être à ses côtés, Catherine et Claudelle également, et tous trois tenaient une fleur pour sa soeur : une rose orange, une jaune, et un brin vert tressé autour d'une rose blanche aux doux reflets de jade. La jeune fille resta un instant de glace, puis posa une main en retour sur la main de son frère de coeur, comme pour lui demander de ne pas l'abandonner. D'autres silhouettes les rejoignirent bientôt, complétant l'arc-en-ciel. Thomas, avec une rose bleue, Natt avec l'indigo. Restait une rose violette, qui ne fit que plus mal à la jolie brune qui observait désormais le petit groupe. Une rose violette, entre les petites mains de la jeune soeur d'Emma, accompagnée d'Andy, un ami de celle-ci.
La fillette, du haut de ses quatre ans et demi, presque cinq, s'avança pour déposer la fleur, vêtue d'une robe noire très jolie, oeuvre d'art qui pourtant, ne serait jamais qu'un mauvais souvenir. Elle ne réalisait sans doute pas encore qu'avec ce geste, elle disait au revoir à son aînée, et qu'elle ne la reverrait jamais. Elle ne pouvait pas savoir que plus jamais elle ne pourrait se réfugier auprès d'Emma quand elle était triste, venir lui voler ses peluches, gazouiller doucement quelques mots et la voir dessiner. Elle ne réalisait pas encore tout ce qu'elle avait perdu, et que l'on pouvait résumer en trois mots : sa grande soeur. Pourtant, dans ses cheveux, note d'espoir, un ruban de soie violet était noué, se mêlant aux mèches ondulées, comme une promesse. Elle ne serait pas seule. La petite main de l'enfant se glissa dans celle de Lily.
Je veillerai sur elle, Emma.
Natt vint ensuite placer les pétales indigos près de ceux déposés quelques minutes auparavant, avec douceur, baissant la tête, ses boucles brunes encadrant son visage pâle aux grands yeux sombres tristes et étoilés, cachant ses lèvres tandis qu'il murmurait quelques mots à leur amie par-delà la pierre, par-delà la mort, en un serment que Lily ne vit pas et n'entendit pas. Il resta un instant ainsi, comme s'il attendait une réponse, et eut un sourire étrange aux nuées, ce sourire qu'il n'adressait d'ordinaire qu'aux étoiles. Puis, lentement, il se releva, vint vers la jeune fille aux mèches chocolat et la serra dans ses bras avant de reprendre sa place, légèrement en retrait derrière elle. Son amie ne sut jamais ce qu'il avait soufflé au vent et aux nuages, sous un pâle rayon de soleil, comme une promesse. Une promesse de renouveau, le retour du printemps après l'hiver.
Je prendrai soin d'elle, Emma.
Thomas vint orner la pierre blanche d'une nouvelle rose, bleue, pour celle qui lui était devenue une amie, et qu'il avait d'abord appris à connaître par leurs cours d'anglais, puis par les multiples récits de l'adolescente aux yeux noisette qui, derrière lui, muette, contemplait les fleurs, et par leurs rencontres et leurs fêtes. Il s'était attaché à la plus jeune des deux soeurs, ainsi qu'à son aînée, et il leur arrivait de parler musique et littérature pendant des heures. Ne plus voir Emma rire avec sa cadette lui laissait une amertume peinée. Ne plus voir, Emma, simplement. Jamais. Certes, le jeune homme n'était pas le plus proche des deux filles, mais il les appréciait, et les voir séparées, la survivante ayant perdu son sourire, lui faisait mal. Lily, qui avait pris l'habitude, au fil des mois, de l'appeler son nounours, réclamait des câlins et lui tenait la main en riant, en toute amitié, tandis qu'ils discutaient histoire, livres et cinéma. Cette fois, il n'eut pas besoin qu'elle lui demande, vint l'enlacer, puis se détacha d'elle et laissa avancer la personne suivante. Aussi silencieux que sa jeune amie, il eut cependant un regard qui valait tous les mots, comme une promesse.
Je ne l'abandonnerai pas, Emma.
Claudelle, Catherine et Arnaud s'avancèrent alors, le jeune homme devant lâcher quelques secondes la main de sa cousine pour décorer encore un peu la stèle, s'agenouillant devant le nom gravé en lettres argentées, le coeur serré. Tous trois savaient que Lily et Emma étaient immensément proches, et peu à peu, l'adolescente un peu fantasque que la jeune fille aux iris clairs leur avait présentée était devenue, elle aussi, une part de la famille. Ils avaient appris à la connaître, en deux voyages et par les Skype qu'elle faisait parfois, aux côtés de sa cadette. Et ils ne la verraient plus rire. Claudelle pleurait, Catherine était très pâle, et Arnaud, quant à lui, avait un regard trahissant ses pensées : c'était injuste. Emma n'aurait pas du en arriver là, parce qu'elle ne parvenait pas à être heureuse. Elle était trop jeune, trop gentille. Ils ne verraient plus la douce folie dans ses yeux, dans son rire, sa gêne devant eux, ses airs un peu gauches, maladroits, et Lily qui riait, par remarques sarcastiques ou en la serrant dans ses bras. Lily, dont ils ne pouvaient même pas imaginer la peine. Arnaud eut un regard pour celle-ci, droite malgré son chagrin, et une pensée pour l'aînée des soeurs de coeur, qui voulait voir Lily heureuse et aimée même si elle n'était plus là. Un jour peut-être... Comme une promesse.
Ne t'inquiète pas, je l'aime Lily, ma petite cousine et soeur de coeur, Emma.
Ne restait plus qu'une rose, écarlate, à placer auprès de ses soeurs en un bouquet délicat. Tous reculèrent un peu, tandis que Lily s'agenouillait dans l'herbe, se moquant de sa robe, pour placer au mieux la jolie fleur éphémère. Elle resta un instant là, contemplant le nom gravé sur la pierre, les arabesques d'or et d'argent, la petite phrase accompagnant les dates, et du bout des doigts, traça chaque lettre, avec un demi-sourire triste et amusé à la fois. La vie serait difficile, sans Emma, mais elles se retrouveraient peut-être, dans une autre vie ? D'autres coïncidences, peut-être, ou être vraiment soeurs, cette fois ? En attendant, sa soeur de coeur resterait son ange des couleurs, et elle ne l'oublierait pas, mais il fallait continuer à vivre... Même si elle aurait préféré qu'elles le fassent toutes les deux. De toute façon, elle pouvait presque entendre son aînée hurler si elle n'avait qu'une seconde l'idée « absolument stupide, digne d'une cervelle d'orc, déplorable ! » de la suivre dans la mort, et cette pensée lui arracha un petit rire que les autres ne virent pas. Elle se releva alors et murmura, avant de rejoindre le groupe pour quitter le cimetière :
« Tu sais, Emma, le noir, ce n'est pas une couleur... Tu me manques déjà, grande soeur. »
Nothing's sad 'til it's over. Then anything is.
Goodbye, Emma. Miss ya.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro