Chapitre 22
22. 03. 2016
J'étais de retour dans cette affreuse chambre. L'homme encapuchonné et la femme aux cheveux pailletés étaient en plein dialogue.
— Tu as bien compris ce que tu dois faire ?
— Oui.
L'homme tournait en rond dans cette pièce, tandis que la femme jouait avec son serpent. Mais qu'est-ce qu'ils fabriquaient ? La femme laissa tomber son reptile au sol, elle prit une plume et écrivit sur un parchemin, elle le tendit à l'homme.
— Tiens, il faut qu'il comprenne que ce n'est pas fini.
— En es-tu sûre ?
— Mike va me payer cet affront et je vais me venger ! Et comme tu m'aimes, tu vas m'aider.
La femme parlait d'un ton enjôleur, elle se rapprocha de l'homme et se blottit contre son torse.
— Jusqu'à maintenant tout se passe plutôt bien, ces chers Altéras sont plus que déstabilisés.
C'était quoi ce délire ? La robe blanche de la femme glissa de ses épaules et finit au sol. Même si c'était une vision, je détournai le regard, gênée devant la vision qu'elle offrait de son corps.
Je me réveillai en sursaut. J'avais eu plusieurs visions et je me sentais à chaque fois bouleversée. J'avais remarqué qu'il existait deux sortes de visions, celles que j'avais en touchant directement les gens, et les autres, celles que j'avais en rêve.
Je me frottai les yeux et je me mis à rougir en me rendant compte que j'avais dormi sur le torse de Derek. Je remarquai alors que mon partenaire était bien calme. Est-ce que... ? J'allais secouer le jeune homme pour m'assurer qu'il était bien vivant.
Derek bougea et cela me rassura. Mes pensées s'égarèrent. Qui était ce Mike et pourquoi se venger de lui ? Que préparaient-ils ?
— Amy ?
La voix de Derek mit fin aux tourments de mes pensées. Il était encore pâle, mais il avait l'air beaucoup mieux qu'hier soir. Il se leva gentiment de son lit et prit des affaires propres, faisant comme si de rien n'était.
Je ne savais pas quoi dire tellement la surprise me clouait sur place. Le jeune homme s'approcha de moi et m'embrassa sur le front.
— Merci pour tout hier soir !
— De...de rien, dis-je en rougissant.
Je regardai le jeune homme, ses yeux étaient remplis d'une petite étincelle, je l'avais à peine aperçue qu'elle disparut.
— Amy, ça ne va pas ? Je sais que tu étais inquiète hier soir, mais...
— Oui, tu m'as fait SUPER peur ! Mais je dois te dire quelque chose !
— Je t'écoute.
— J'ai eu une vision...
Derek prit un air sérieux tandis que je lui racontais mon rêve. Et comme moi, il n'avait absolument aucune idée de ce que ça pouvait signifier, et il ne put répondre à aucune de mes questions.
Nous décidâmes finalement d'aller déjeuner, et une mauvaise surprise nous attendait. Tous les Traqueurs étaient réunis devant un arbre. Qu'est-ce qui se passait ? Je m'approchai et je crus que j'allais vomir. Derek, qui s'était mit à côté de moi, me serra dans ses bras tandis que Jay faisait de même avec Inès.
La cause de mon malaise, c'était le fait qu'un Traqueur était littéralement épinglé à l'arbre, il était couvert de sang et de blessures. James et Ric arrivèrent et se figèrent tandis que l'effroi traversait les rangs.
Malgré ma peur, je remarquai qu'un papier était agrafé sur le pull du Traqueur. James fut le premier à réagir, il arracha le papier et les poignards qui retenaient le corps, celui-ci tomba de l'arbre dans des gerbes de sang et atterrit dans les bras du violet.
— Emmenez-le à l'infirmerie ! ordonna-t-il à deux Traqueurs.
Le silence envahit la place, personne ne parlait, nous étions trop choqués. Les mains de Ric qui tenaient le papier tremblaient. Lionel, le partenaire de Soa, eut enfin l'idée de demander ce qui était écrit sur le papier. Ric regarda les deux autres Altéras avec une hésitation évidente et ce fut d'un ton tremblant qu'il lut :
— « La liberté n'est jamais acquise. »
Tout le monde était silencieux, l'atmosphère m'oppressait tellement que je pensais m'évanouir dans les bras de Derek. James inspira fortement pour se calmer.
Je remarquai alors qu'Alexis n'avait pas l'air dans son état normal, il tremblait beaucoup trop pour que ce soit dû juste au choc, des perles de sueurs glissaient le long de ses tempes, il porta la main à son cou et essaya de le dégager, alors que son kimono ne montait même pas au niveau des clavicules. Il se détourna brusquement des Traqueurs et comme Derek hier soir, vomit de la bile et du sang.
— Ouh là !
James s'approcha et posa une main sur le dos d'Alexis, mais ça ne fit rien. La crise d'angoisse du jeune homme ne s'arrêta pas, malgré les efforts de Ric et James. Qu'est-ce qui se passait ? Pourquoi une telle panique ? Je voulais bien que cet incident soit traumatisant, mais à ce point ? Ce fut finalement Louna qui réussit à le calmer. Alexis s'appuya contre un arbre et passa une main sur son visage.
— Alexis, qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle.
— Rien, juste des mauvais souvenirs...
— Capables de provoquer une crise d'angoisse ? répliqua-t-elle.
Elle arqua un sourcil et Alexis lança un regard de soutien à Ric et James, mais ceux-ci haussèrent les épaules.
— Qu'est-ce que c'était comme souvenir ? insista-t-elle.
— Mes...premières années...d'...
Alexis buta sur le dernier mot, il avait l'air très mal à l'aise. Tous les adolescents avaient envie de savoir quels étaient ces fameux souvenirs. Ric et James secouèrent vigoureusement la tête. Louna croisa les bras sur sa poitrine, à 14 ans, elle avait un sacré caractère.
— Alexis !
— Ah pardon...
— À quoi tu pensais ?
— À mes premières années d'...esclavage...
— QUOI !
Le cri de surprise fut unanime. Alexis avait été un esclave ? J'avais bien retenu lorsque James avait dit que des Altéras avaient été esclaves.
Alexis soupira et commença à jouer avec ses cheveux. Il expliqua que ses parents étaient déjà esclaves, il avait donc lui aussi hérité de ce statut. À 14 ans, il avait été assigné au service de Vereiya, la chef des Citadellis.
Le brun se stoppa pour reprendre son souffle et ses esprits. Il finit en disant que sa « maitresse » avait tendance à piquer des crises de colère et que c'était ainsi qu'il avait hérité de la cicatrice en forme de croix sur sa mâchoire. Il ajouta en regardant Ric que c'était grâce à M.Astart qu'il avait été sauvé.
Est-ce que ça voulait dire que les Citadellis étaient derrière cette agression là et toutes les autres ? La plupart des Traqueurs partirent déjeuner sans trop se poser de questions, le choc devaient les empêcher de réfléchir. Seuls Soa, Derek et moi restâmes près des trois Altéras qui semblaient trop absorbés par leur discussion pour nous remarquer.
— Tu penses que les Citadellis ont un rapport avec le problème de mon premier cours de sport ? demanda James. Après tout c'était une de leurs armes.
— Je ne pense pas. L'autre jour, quand je suis allé à Plescia, il ne manquait aucune de leurs armes, j'ai pu vérifier de mes propres yeux. À mon avis, elles n'ont rien à voir avec cette histoire !
— Ouais, t'as raison, mais alors qui aurait pu faire autant de dégâts ? questionna Ric.
— Je n'en sais rien...
Je lançai un regard entendu à Derek. Était-ce aussi simple que le pensaient les Altéras ? Je n'en savais rien, mais pour le moment on allait dire qu'ils avaient raison.
Le papier tomba au sol et j'eus le temps d'apercevoir la signature : 47AG, avant que James ne le piétine. Je ne la compris pas et haussai les épaules, avant de rejoindre les autres. Mais quand je vis Jay en train de rire avec Inès, je renonçai à m'asseoir avec eux et restai le plus loin possible avec Derek.
Durant l'après-midi, les combats étaient au programme. Alexis prit une partie du groupe dont Jay faisait partie pour la théorie, tandis Ric et James avaient le restant des élèves pour un cours pratique.
— Je suppose que vous n'avez pas d'armes ? commença James.
— Bien supposé. Ils ont 16 ans tout au plus, pourquoi auraient-ils des armes ? soupira Ric.
— J'ai eu mon premier poignard à 14 ans, donc pourquoi pas eux ?
— Parce qu'on ne s'appelle pas tous James Roddart !
Le violet arqua un sourcil et tira le langue à Ric, celui-ci haussa les épaules, désespéré par le comportement de son ami. Mais je voyais à ses lèvres que cela l'amusait.
James tira un couteau de sa botte et porta la lame devant ses yeux d'un air totalement désinvolte. Ric était sur le qui-vive. Le coup partit et le poignard se planta dans l'arbre à côté de l'Altéra blanc. Le violet se déplaça rapidement derrière son acolyte et plaça une lame sortie de je-ne-sais-où sous la gorge de son ami. Je serais toujours impressionnée par la rapidité et l'agilité des Altéras. Jamais je n'arriverais à avoir ces qualités là !
— 1- 0 pour moi ! s'écria James.
Il resserra sa main sur le manche de son couteau. Ric soupira et enfonça son coude dans l'estomac du violet, celui-ci lâcha l'arme et se plia en deux.
— 1-1.
Plusieurs Traqueurs sourirent, c'était un retour-à-l'envoyeur de la part de Ric.
— Où est-ce que James a commis une erreur ?
Bonne question. Si j'avais été dans le cas de James, j'aurais fait exactement la même chose et donc la même erreur. Ce fut Derek qui répondit. L'erreur de James était d'avoir laissé un point vital sans défense, il était donc facile pour Ric de se défendre.
Derek me surprenait vraiment sur ce coup, je n'aurais jamais pensé qu'il était aussi fort en stratégie. Le reste de l'entrainement se déroula plutôt bien, à part Soa qui se blessa méchamment à la main et dût aller à l'infirmerie.
Le repas de midi arriva pour mon plus grand bonheur, j'avais véritablement faim. Alexis vint à la rencontre de Ric et James.
— J'ai été obligé de faire transférer le Traqueur de ce matin au Domus Lucis, dit-il, je ne pouvais pas le soigner, ses blessures étaient trop graves.
— Tu as bien fait, approuva Ric.
Je voyais bien aux visages des trois Altéras que l'incident de ce matin les perturbait. Même moi lorsque j'y pensais, j'avais des frissons d'horreur.
Je m'assis à côté de Jay, et Derek, étonnamment, s'assit en face de mon copain. Au menu du jour, riz-dinde. Je mangeai avec appétit et discutai avec Derek et Jay qui se retenaient pour ne pas se lancer des piques.
Soudainement, un violent choc me projeta en avant. Je me retournai vivement et aperçus avec épouvante l'infirmerie en flammes. Des cris de panique s'élevèrent autour de moi, dans un brouhaha sans nom et un foutoir mal contrôlé, les Traqueurs prirent la fuite dans la forêt.
— Alexis ! Soa est toujours dans le bâtiment ! cria James.
Le violet courut en direction des flammes sous les cris de Ric et d'Alexis. Je ne pouvais pas abandonner Soa, alors je suivis les trois Altéras et Derek m'emboita le pas. Ric et James essayaient de faire venir de l'eau de lac sur les flammes grâce à leurs pouvoirs, mais rien à faire, l'eau ne bougea pas.
— Ça ne sert à rien ! Il y a une barrière magique ! s'égosilla Alexis pour couvrir le crépitement des flammes.
— Il ne reste qu'une solution.
James tendit ses armes à Ric et un cri de pure peur éclata depuis le bâtiment en flammes. Nous étions impuissants devant ce feu et je serrai les poings à tel point que mes ongles formèrent des croissants de lune dans mes paumes.
James courut jusqu'au bâtiment et s'engouffra dans la fournaise. La fumée me faisait pleurer, je ne voyais quasiment rien, mais j'entendais Ric crier. Les secondes suivantes passèrent au ralentis, j'avais l'impression qu'il ne se passait plus rien.
Un cri de Derek me ramena à la réalité, la barrière magique était tombée. Je frottai mes yeux embués et je vis une silhouette sortir du brasier. James avait réussi, il avait sauvé Soa ! Le violet la déposa près de moi et avec Ric, ils conduisirent l'eau sur les flammes qui s'éteignirent immédiatement.
— James, tu as vu ce qui a déclenché l'incendie ? questionna Alexis.
— Une prise mal branchée...Mais s'il te plait fais quelque chose pour Soa !
Je voyais dans le regard de James qu'il mentait, cet incendie était criminel, ce n'était pas une prise mal branchée qui l'avait déclenché !
Alexis s'approcha de la rousse et grâce à sa magie qui faisait une douce lueur brune, il la soigna. Pourtant, le visage de James ne se détendit pas. Sa beauté acerbe était gâchée par les brûlures, des lambeaux de peau partaient et il semblait souffrir le martyre lorsqu'Alexis le guérit.
Les trois Altéras remirent de l'ordre parmi les Traqueurs et trouvèrent une excuse plus au moins plausible. Je savais qu'ils mentaient et essayaient d'étouffer cette affaire, mais je n'avais rien pour dire ce pourquoi ils l'étouffaient. Une chose était sûre, c'était que cette incendie avait été prémédité ! Mais par qui ?
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