Chapitre 18
28. 12. 2015
Je passai une affreuse nuit ! Je ne cessai de rêver de cet horrible château, de cette femme aux cheveux bleus pailletés et de Derek ensanglanté. J'en avais parlé avec mon acolyte, mais comme la dernière fois, il me promit qu'il ne lui arriverait rien. Je n'avais pas insisté et nous avions rejoint le réfectoire.
Tous les Traqueurs était moroses, consternés de ne pas pouvoir rester au Domus Lucis. J'étais moi-même déçue de devoir partir après seulement quelques jours passés ici. Je commençai à manger, sans prêter un seul regard à Jay, son intervention lors du bal m'exaspérait.
Au cours du repas, le boss monta sur l'estrade et nous souhaita de bonnes vacances. Gregory fit également un au revoir général, avant de partir avec son supérieur.
L'heure des adieux était arrivée. Nous étions tous réunis devant le couloir de lumière blanche que nous avions emprunté le jour de notre arrivée. Tous les autres Traqueurs étaient passés avant nous, il ne restait que Jay, Louna, Soa, Derek et moi. Les garçons serrèrent la main des trois Altéras.
Je remarquai que les yeux de Louna étaient larmoyants, et Alexis la serra contre lui, avant de glisser quelque chose dans la poche du manteau de sa jeune partenaire.
Ces deux-là s'étaient beaucoup rapprochés en quelques jours... Je saluai les trois Altéras d'un signe de main et attendis Soa, qui elle, pleurait à chaudes larmes. J'allais intervenir, mais James me devança, et prit la rousse dans ses bras.
— Tout doux, on va se revoir ! Tiens, appelle-moi à l'occas ! dit-il en lui tendant un bout de papier.
— T'as un téléphone ? s'étonna-t-elle.
— C'est pas parce qu'on vit dans un monde magique que l'on n'est pas à la page.
— Vous devriez y aller, le portail faiblit, intervint Ric.
James serra Soa une dernière fois, puis nous traversâmes le portail. Nous voilà de retour au Domus Morbus. Au moment où nous atterrîmes dans le salon, les clones que James avait crées, disparurent. Je constatai que les éducatrices avaient changé et ne semblait pas avoir remarqué notre absence. Ce soir, je reverrais mes parents, et pendant quelques mois, je vivrais comme une ado normale.
Durant l'attente jusqu'à ce soir, je restai avec Derek qui m'aida à revoir les bases de la langue latine. Je ne fis aucun signe à Jay comme quoi je ne boudais plus, et il resta assis sur le canapé en lisant le journal. Soa et Louna passèrent le plus clair de leur temps à envoyer des messages, sûrement à James et Alexis.
18h30, mes parents arrivaient dans quelques minutes. J'avais très envie de les revoir, mais en même temps, lorsque je partirais, je ne verrais plus Derek et Soa, ça m'attristait.
— Amy ! Arrête de déprimer ! s'écria Soa en me sortant de mes pensées.
— Je ne déprime pas ! C'est juste que...on va plus se voir et ça me rend triste.
— Moi aussi, tiens ! Comme ça on pourra parler !
Elle entra son numéro de téléphone dans mon portable et me serra dans ses bras. Des miaulements nous interrompirent, Amor sauta sur mes genoux et ronronna, puis il rejoignit Derek vers la fenêtre. Mon partenaire affichait un air sombre et chuchota :
— Ils sont là...
Je savais qu'il appréhendait de voir son beau-père. L'une des éducatrices entra et balaya la pièce du regard afin de vérifier que nous étions là les cinq.
— Vos parents sont là ! dit-elle joyeusement.
Contrairement aux précédentes éducatrices, j'avais un bon sentiment avec celles-ci. Je sautai du canapé et sortis rejoindre mes parents. Ma mère me serra dans ses bras et je lui racontai, enfin inventai, mes journées ici. Eh bien, nous y voilà. C'était le moment des salutations.
Je serrai Louna, qui semblait nous éviter Derek, Soa et moi depuis son agression. Je saluai à peine Jay qui fut obligé de partir avec Louna. L'étreinte de Soa me fit monter les larmes aux yeux. Ce fut alors au tour de Derek. Qu'est-ce que j'étais censée faire ? Le prendre dans mes bras, lui serrer la main, juste lui faire un petit signe ?
Devant mon regard perdu, Derek prit les devants et me prit dans ses bras. Je le serrai fort et il dit :
— Prends soin de toi...
Je n'eus pas le temps de répondre qu'il s'écarta et partit rejoindre son beau-père. J'eus un pincement au coeur lorsque je vis le visage de Derek disparaitre en même temps que la voiture s'éloignait. Je rejoignis mes parents.
— Alors, on a un petit ami ? rigola ma mère.
— Mais non...
J'évitai de parler de Jay à mes parents, car je ne savais pas moi-même où on en était lui et moi.
Je mis mon sac dans le coffre et m'installai à l'arrière de la Ford de John. Au bout d'une demi-heure, je finis par m'endormir, bercée par les ronrons du moteur.
19. 03. 2016
Samedi 19 mars, et demain, un dimanche, je retournerais au Domus Morbus. Cela faisait presque un mois que je n'avais pas eu de nouvelles de Derek, je lui avais envoyé bon nombre de messages, mais il n'avais jamais répondu. Par contre Soa me téléphonait tous les jours.
Mon portable sonna et me fit sursauter. C'était Jay. Son message m'arracha un sourire.
De Jay : Bonjour princesse ! Comment tu vas ?
À Nouvel An, il m'avait envoyé un magnifique message d'amour et je lui avait redonné une chance après avoir parlé pendant des heures avec Soa. Finalement, une once d'amour pour lui subsistait dans mon coeur.
Je pensai alors à envoyer, encore une fois, un message à Derek, peut-être aurais-je des nouvelles désormais. Rien, aucune réponse. Une pensée me glaça le sang. Et si ma vision s'était réalisée ? Non impossible ! Mais alors pourquoi il ne répondait pas ?
Je saturai son portable d'appels et de messages, mais il ne répondait pas, c'était le silence radio. C'est vrai que ça faisait presque un mois que je n'avais pas de nouvelles de lui, j'aurais dû m'en inquiéter plus tôt ! Je ne répondis pas au message de Jay, et appela plutôt Soa, qui avait peut-être des infos.
— Allô ?
— Soa, c'est Amy !
— Hey comment tu vas ?
— Bien, dis-moi, tu n'aurais pas des nouvelles de Derek ?
— De Derek ? Non pas depuis le Nouvel An. Pourquoi ?
— Oh pour rien, faut que je te laisse ! Je te rappelle !
— D'acc !
Je raccrochai. Mais quelle cruche ! Pourquoi je n'avais pas pris des nouvelles de Derek tout de suite ! Alors qu'en plus je rêvais tout le temps de lui et pas en bien. J'essayai de ne pas paniquer ! Je m'assis devant le bureau et ouvris Safari.
Et après dix minutes d'intenses recherches, je finis par trouver l'adresse du ministre, et heureusement, il n'habitait pas trop loin de chez moi, seulement vingt minutes en bus.
Je fourrai mes affaires dans mon sac et descendis les escaliers en vitesse. Ma mère était sortie manger avec des amies, il n'y avait que John et moi.
— John ! Je sors !
— Tu vas où ?
— Chez...un ami ! Je t'appelle quand je rentre.
— Ok ! Bon aprèm !
Je filai à l'arrêt de bus et je réussis de justesse à le prendre. Après vingt minutes de trajet, j'arrivai enfin devant la maison du ministre. Une incroyable villa d'architecte en verre se tenait là, elle était entourée d'un grand jardin, le genre de maison que les riches achetaient.
Je remontai l'allée, mais plus j'approchai, plus des éclats de voix me parvenait. Je reconnus la voix froide de Derek et celle caverneuse du ministre. Je toquai, mais les éclats de voix couvrir le bruit.
— Mais puisque je te dis que je n'étais pas à ton gala, mais à l'institut ! Et puis c'était l'année passée déjà !
— Le gamin a été très clair ! Le jeune homme avait l'air aveugle, il n'y a que toi qui correspondes à la description de ses yeux là !
— Mais ce n'était pas moi !
Les deux hommes continuèrent à s'engueuler. Je retins mon souffle et attendis que les cris cessent. Je ressayai et cette fois, on m'entendit.
— Va ouvrir !
Je perçus des bruits de pas et la porte de verre opaque s'ouvrit, laissant apparaitre le visage de Derek. Lorsqu'il me vit, je m'apprêtais à lui dire salut, mais il ferma la porte avec violence. Hein ?
— C'était qui ? demanda le ministre.
— Personne !
— Je vais bosser, ne me dérange pas !
— Ok !
Qu'est-ce que j'étais censée faire ? Un peu sous le choc, je ne bougeai pas d'un millimètre. Je vis apparaitre une silhouette féminine à travers la porte.
— Qui c'était ?
— Une erreur !
— Mais bien sûr !
La porte se rouvrit et laissa apparaitre une magnifique femme, ses longs cheveux bruns foncés encadraient son visage aux mêmes traits que ceux de Derek. Elle lui ressemblait beaucoup, la seule différence, c'était qu'elle avait les yeux marrons.
Elle me regarda fixement avec un joli sourire. Joignant les mains sur son tailleur gris elle demanda gentiment :
— Bonjour jeune fille, je peux vous aider ?
— Euh bonjour madame. En fait, je suis venue voir Derek, répondis-je.
— Vous êtes sa petite amie ?
L'espoir s'installa dans ses yeux, tandis que Derek les leva au ciel.
— Euh non, je suis juste une amie.
— Mais entrez donc !
Mme Lavaine me fit entrer et me conduisit au salon où elle m'invita à m'asseoir sur le canapé blanc du salon moderne et richement décoré. Derek s'assit en face de moi et je vis dans son regard qu'il n'était pas dans son intention que je rencontre sa mère.
— Alors jeune fille, quel est ton prénom ?
— Amandine madame.
— Pas de ça entre nous, tu peux m'appeler Aurélie !
La mère de Derek sourit davantage. Elle était tellement belle, je ne m'étonnais pas qu'elle soit mannequin ! Je regardai les photos encadrées aux murs, la plupart représentaient Aurélie posant pour diverses grandes marques.
Mon regard s'arrêta sur une photo en particulier où Mme Lavaine était l'égérie de Burberry.
— Amandine ?
— Excusez-moi, vos photos sont magnifiques ! Vous êtes tellement belle dessus ! m'extasiai-je.
— Merci, c'est gentil.
— Vous pouvez me parler un peu plus de votre métier ?
— Tu aimerais faire une carrière de mannequinat ?
— Non non, mais ça m'intéresse d'en savoir plus.
— Dommage, tu as un bon potentiel !
Mme Lavaine entreprit de m'expliquer son métier dans les moindres détails. Elle m'apprit également qu'elle aurait voulu que Derek suive ses traces, mais il avait toujours refusé.
— Tes yeux feraient un tabac auprès des marques ! s'exclama Aurélie.
— Maman...
— Tu sais que j'ai raison !
— Non, on en a déjà parlé. Je ne serais pas mannequin, il va falloir t'y résoudre maman.
La mission à Burberry me revint, Derek avait géré ! Enfin pas étonnant lorsque l'on avait une mère mannequin qui avait déjà posé pour cette marque ! Je ne comprenais pas le refus du jeune homme, Derek secoua la tête avec un sourire en coin.
Mme Lavaine prépara du thé et amena des biscuits. Je restai tout l'après-midi avec Derek, ayant retrouvé le sourire, et Aurélie, vraiment très gentille. Durant ce temps, M. Lavaine quitta la villa pour rejoindre son bureau, il ne me remarqua même pas. Le temps passa très vite et lorsque je reçus un message de John, il était 18h00. Je me levai du canapé.
— Merci beaucoup Aurélie pour cet après-midi, mais il est tard et il faut que je rentre.
— Ça m'a fait plaisir de te rencontrer. Mais tu pourrais rester manger ! Ça me ferait plaisir !
— Je suis désolée, mais il faut que je rentre. On se voit demain Derek !
Je réalisai trop tard mon erreur. Pourquoi avais-je dit ça ? Je venais de me souvenir que le ministre allait changer Derek d'école. Un émotion étrange me travers de long en large. J'eus subitement une idée.
— Aurélie ? J'aurais une faveur à vous demander, commençai-je.
— Oui bien sûr !
— Euh en fait, votre mari a dit que Derek allait changer d'école et euh...
— Tu aimerais que je le fasse changer d'avis ?
Derek tourna brusquement la tête vers sa mère, puis vers moi.
— Oui, c'est ça !
— Je vais faire mon possible.
— Merci Aurélie !
Mme Lavaine m'embrassa sur les deux joues. J'adressai un signe de main à Derek et m'éloignai dans l'allée.
Au coin de la rue, je vis le bus arrêté et je courus à pleines jambes pour l'avoir. Je présentai mon abonnement au chauffeur et m'assis à l'arrière. J'étais heureuse, soudainement mon téléphone sonna.
De Derek : Merci pour ce merveilleux après-midi, ça m'a fait plaisir de te voir ! J'espère qu'on se revoit demain !
De Moi : Merci à toi, c'était sympa, et ta mère est très gentille. J'espère aussi qu'on va se revoir !
Je souris et entamai une véritable conversation avec Derek. Je rigolai à plusieurs de ses messages, et les gens me regardèrent bizarrement.
Le trajet passa rapidement. De retour chez moi, je mangeai avec John, pris une douche et allai me coucher. Je n'ai toujours pas répondu au message de Jay, pensai-je avant de m'endormir.
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