Chapitre 12
Empruntant plusieurs couloirs, avant de descendre trois étages, je me demandai bien ce que nous allions faire.
Ayant pu nous changer, je désespérais que Derek ne veuille pas changer son style vestimentaire trop grand.
Nous arrivâmes enfin à la porte blindée derrière laquelle se trouvait la salle de sport où Ric et James s'étaient engueulés le jour de notre arrivée.
Notre instructeur entra un code que personne ne vit et nous entrâmes dans la salle. James ferma la porte et toussa légèrement. Tous les élèves se tournèrent et le regardèrent, ne souhaitant pas assister à une nouvelle crise d'épilepsie.
— Je suppose que vous m'avez tous vu faire une crise hier soir, soupira James.
Les élèves hochèrent de la tête. Qui pouvait oublier le corps de James prit de convulsions, un filet de sang coulant aux coins des lèvres ?
— On a dû vous avertir que j'avais des côtes cassées, et ça ne met pas une nuit à guérir, même avec la magie. Alors ceux qui s'attendaient à faire des combats au corps à corps, c'est loupé !
Plusieurs protestations s'élevèrent dans les rangs. J'avoue que d'un côté, ça m'arrangeait, mais vu comment James et Ric avaient abattus les éducatrices du Domus Morbus, j'aurais bien aimé que l'Altéra violet nous montre de quoi il était capable en tant que guerrier.
— Du coup on va, enfin vous allez, faire du volley, annonça James.
Encore ! Déjà à l'institut on avait fait ce sport, ce n'était pas celui que je préférais, mais si Derek était mon partenaire tout devrait bien se dérouler. Je ne comprenais pas pourquoi on s'entraînait à cette discipline, alors que l'on devait devenir de vrais guerriers. Certains élèves semblaient penser la même chose que moi et quelqu'un demanda :
— Pourquoi ce sport ? En quoi ça va nous aider à devenir des combattants hors pair ?
— Au volley, comme dans un affrontement, on doit être agile, rapide et précis. Dans un combat, si on n'a pas ces trois vertus, on es foutu, au volley, on rate juste la balle et on risque de perdre le match. Dans un cas comme dans l'autre, on est perdant. C'est aussi simple que ça, expliqua James.
— Mais on va jamais s'entrainer avec des armes, se plaignit un mec.
— Si quand je serai à nouveau sur pieds ! Bon trêve de bavardages, au boulot, faites-vous des passes hautes et des attaques. Par binômes évidemment.
Derek attrapa une balle pendant que James tendait le filet. Je savais pertinemment que Derek et moi formions une équipe compétente au volley, nos passes étaient efficaces et précises, James nous félicita et alla s'occuper d'autres binômes qui, contrairement à nous, avaient du mal à être en harmonie.
Nous décidâmes de faire des attaques, car les passes hautes devenaient lassantes. Tout se passait bien, du moins c'est ce que je pensais.
Derek me sortit de mes pensées en m'envoyant une puissante attaque. Je la vis arriver et l'atmosphère sembla se figer, il y avait quelque chose de louche avec la balle.
Soudainement, des lames sortirent du ballon plus tranchantes que des couteaux.
Lorsque je m'en rendis compte, le temps revint à la normale et les lames se rapprochèrent dangereusement. Derek courut pour essayer de rattraper son lancer.
Mes jambes étaient comme paralysées, je ne pouvais plus bouger et regardais la balle s'approcher inexorablement de moi.
J'entendis des filles crier et cela me fit sortir de ma transe, je n'eus pas le temps de me jeter au sol, que James réagit.
Il sauta et attrapa la balle à pleines mains, laissant les lames s'enfoncer dans ses paumes. Après une roulade avant, il se releva avec difficultés en grimaçant. Il arracha les lames de ses paumes avec une telle violence que des gerbes de sang éclaboussèrent son visage décomposé d'inquiétude.
— C'est pas vrai, ça continue, marmonna-t-il.
— Qu'est-ce qui continue ? demanda une fille dont la voix était nouée par l'angoisse.
James laissa l'arme choir au sol et se reprit. Il observa ses mains ensanglantées et afficha une grimace que je devinais comme étant un sourire.
— Les blessures, répondit James. Heureusement, elles ne sont que superficielles, ce qui n'empêche pas que Ric va me tuer.
Je n'étais pas convaincue par la réponse de James, le « ça continue », signifiait autre chose. Mais je gardai mes doutes pour moi, valait mieux ne pas inquiéter James davantage.
Je remarquai cependant que certains élèves qui se trouvaient près de Derek, s'étaient écartés.
C'est là que je compris. James faisait référence aux accidents qui s'étaient produits : le binôme Alexis-Louna, l'agression de Louna et la sienne, les sous-entendus avec la prophetia, Ric et Alexis avaient dû le prévenir, et maintenant cet incident.
Ça faisait beaucoup de catastrophes en 2 jours. Et si certains élèves s'étaient écartés de Derek, c'est parce qu'il avait presque toujours un lien direct avec les événements.
— Monsieur ?
— Quoi ?
— C'est quoi ce truc ?
James soupira fortement et regarda l'heure.
— Ça fait plus de cent ans qu'on n'a pas revu ces armes. Elles étaient utilisées par les Citadellis lors de la première guerre des sangs-mêlés. Les lames étaient en argent, et visiblement le sont toujours, puis recouvertes de poison. Ça a fait de vrais ravages dans les rangs des Altéras ce truc, expliqua-t-il.
— Mais est-ce qu'il y a du poison sur celle-ci ? questionna une fille d'une voix hystérique.
— Non, je serais déjà mort sinon. Enfin à ce rythme, je vais me vider de mon sang, plaisanta le jeune Altéra.
Pour des femmes, les Citadellis avaient des idées bien cruelles. James essaya d'essuyer le sang de ses mains sur son t-shirt noir moulant, mais rien à faire, le sang continuait à couler. James soupira brusquement.
— Bon, on va arrêter le cours là. Il reste une heure à tuer. Je vais voir le boss et régler cette histoire. Vous, vous pouvez retourner dans vos chambres. Rendez-vous à midi tapant au réfectoire.
James ramassa l'arme qui trainait à ses pieds et sortit. J'étais en état de choc, on dénombrait pas moins de trois agressions en deux jours. Y en aurait-il d'autres ?
Il fallait qu'on trouve des infos sur cette prophetia, j'avais le pressentiment que tout tournait autour de ça. Sur le chemin qui menait à notre chambre, nous croisâmes un groupe de filles qui gloussaient.
— Comment t'as réussi à l'avoir ?
— Je suis allée au kiosque en utilisant la clé d'or.
La jeune adolescente agita un magazine de mode sous le nez de ses amies. Et devinez qui était en couverture ?
— Hiiii, le nouveau parfum pour homme de Burberry est sorti ! Il est juste trop beau !
— Ce n'est pas le parfum qui est trop beau, c'est leur mannequin ! Il est juste parfait ! J'aimerais trop le voir en vrai !
Vous avez compris de qui elles parlaient ? De Derek évidemment. À côté de moi, les pommettes du mannequin en herbe étaient passées au rose. Je commençai à rire et m'approchai des filles.
— Excuse-moi, je peux juste regarder un truc sur le magazine ?
La fille approuva et me le tendit. Derek se rapprocha et le visage des filles s'assombrit, il n'y prêta pas attention.
J'examinai la couverture. Derek et ce jeune homme ne semblaient pas être la même personne. Je remerciai la fille et lui rendis son bien, avant de partir morte de rire.
J'entendais les filles commenter la photo de Derek tandis que lui rougissait encore davantage. Une fois dans la chambre, mon partenaire se laissa tomber sur l'un des canapés.
— Mais qu'est-ce qu'elles trouvent à cette photo ? T'as vu la tête que je tire là-dessus ?
— Je t'ai trouvé très beau sur ce cliché, dis-je.
Derek me regarda bizarrement, puis ajouta:
— Je suis désolé...
— Ouh, t'es sûr que ça va ? T'aurais pas de la fièvre, rigolai-je.
— Amy, sans déconner, je suis désolé pour ce matin, répéta Derek.
J'étais abasourdie, il pensait vraiment que je le tenais pour responsable de ce qui s'était passé ? Alors que ce n'était pas le cas ! Je savais pertinemment que Derek n'était coupable de rien. Je me rapprochai de lui et m'assis à côté en regardant Amor se glisser dans les bras de son jeune maitre.
— Écoute Derek, on forme un binôme, c'est basé sur la confiance, et tu as la mienne.
— Comment tu peux me faire confiance ? Je suis accusé de tentative de meurtre.
— À ce propos, il faut que je te parle...
Je n'avais pas parlé de mon rêve à Derek. Je lui devais bien ça, il se sentirait soutenu, alors je lui racontai tout sans omettre le moindre détail. Au fur et à mesure que je comptais ma vision, le visage du jeune homme pâlissait.
— Pourquoi tu ne me l'as pas dit tout de suite, gronda-t-il lorsque j'eus fini.
— Je ne savais pas trop comment te l'annoncer.
Les yeux encore et toujours vides, Derek fronça les sourcils. Il se leva et demanda :
— Qui est au courant de ta vision ?
— Ric, James, sûrement le boss, ainsi que Gregory et Alexis... et Soa, répondis-je en n'osant pas le regarder dans les yeux.
— Je croyais qu'on devait se faire confiance ! Résultats, j'étais le seul à ne pas être au courant.
— Derek...
Je n'eus pas le temps de me justifier qu'il partit dans sa chambre et claqua la porte avec une telle violence que les murs tremblèrent.
Je reconnaissais qu'il aurait dû être le premier au courant, mais je pensais que lui en parler maintenant, même si d'autres personnes étaient au courant, le rassurait, eh bien non au contraire, il avait mal pris le fait que je ne lui ai pas parlé en premier.
J'avais la désagréable impression de retrouver le Derek du Domus Morbus, froid et qui me filait les jetons. En quelques mots, je venais de détruire tout ce que j'avais construit avec lui !
Je filai à la salle de bain et pris une rapide douche. J'aurais dû essayer de discuter avec Derek, mais je n'avais pas le courage, ni l'audace de le déranger, alors qu'il venait de s'isoler.
J'avais très envie de lire, mais on était parti tellement précipitamment du Domus Morbus que je n'avais rien eu le temps d'emporter, à part mon téléphone portable que je gardais toujours sur moi. Tant pis, je passerais à la bibliothèque un de ces jours.
À 11h55 précisément, Derek, qui semblait m'éviter rejoignit le réfectoire tandis que je courrais derrière pour le rattraper.
En chemin, nous croisâmes Jay, ça faisait un bout de temps qu'on s'était pas parlé juste tous les deux. Il m'embrassa et lorsque je regardai autour de moi, Derek avait disparu. Main dans la main, nous allâmes nous asseoir à nos place habituelles. Je jetai un regard d'incompréhension à Derek qui détourna la tête. Quelle tête de mule celui-là !
James et Ric arrivèrent. Le jeune Altéra violet avait les mains entourées de bandages. Ils s'assirent près de Gregory et Alexis qui était visiblement rentré sans encombre de Plescia. Le boss se leva et monta sur l'estrade.
— Jeunes gens, avant d'entamer le repas, j'ai quelque chose à vous annoncer, commença-t-il. La nouvelle année approche et j'ai à coeur de vous laisser rentrer chez vous pour cet événement. Demain matin, vous n'aurez ni cours, ni mission, et le soir, une petite soirée sera organisée, vous êtes obligés de vous y rendre, seul ou accompagné. Le matin du 28, vous retournerez à l'endroit exact où vous étiez avant de venir à Lux.
— Monsieur ? Est-ce que nos instructeurs seront à cette soirée ? interrogea une fille avec espoir.
— Exceptionnellement oui. En raison de ça, vos missions ont été décalées à cet après-midi, je vous les remettrai après le repas.
Son speech fini, le boss retourna s'asseoir vers les quatre Altéras et... Louna. J'étais tellement absorbée par mes pensées que je ne l'avais pas vue. Elle avait l'air d'aller beaucoup mieux, même si son teint était un peu grisâtre.
Mais pourquoi n'était-elle pas venue s'asseoir vers nous ? Et pourquoi Jay ne disait rien ? J'aurais pu continuer à me poser des questions pendant de longues heures si les elfes n'avaient pas amené les plats.
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