Partie 11 : Onzième Penché
Pov Julie :
Je repoussai mon assiette, indifférente à l'unique feuille de salade qui était déposée dessus.
La mastiquer avec la lenteur recommandée reviendrait à perdre dix minutes de mon temps...
Dix minutes de préparation et de danse en plus n'étaient pas négligeables.
Mon nouveau rythme et régime drastique me convenaient, je me sentais mieux et cela se ressentait dans mes mouvements.
J'avais déjà perdu deux kilos.
Ne lâche rien... Bientôt, tout ira mieux.
Ces petites pilules bicolores étaient merveilleuses : je voyais ça comme un vrai miracle.
L'idée d'en prendre plus me tentait ardemment mais je me contentai...
Pour le moment.
Les rires avaient cessé... les remarques, aussi.
C'était un pur soulagement : je me sentais à ma place. Enfin.
Je descendis les marches en volant presque, pressée d'enchaîner ma nouvelle chorégraphie qui m'était imposée.
Au moment d'entrer dans la salle, mon corps percuta le torse d'un homme et je me retrouvai les quatre fers en l'air.
-Julie ? Tu va bien ?
Matthew.
Je me relevai et acceptai sa main tendue.
-Mais qu'est-ce que tu fais ici ? -M'exclamai-je en souriant.
-Je t'avais bien dit que je reviendrais plus souvent ! -Me répondit-il en me prenant dans ses bras avant d'embrasser ma joue, les yeux pétillants.
Je me mis à rosir de plaisir.
-Tu tombes au mauvais moment, je dois retravailler mes pas.
Bizarrement, cette idée ne me plaisait pas.
Etre avec Matthew se révélait être meilleur qu'une chorégraphie d'enfer et des ballerines neuves.
Son sourire s'agrandit.
-Je t'emmène déjeuner.
Un tête à tête avec lui ?
Mon dieu, je dois rêver.
-Non, tu ne rêves pas. -S'exclama t-il, amusé.
-Je n'ai pas faim.
-Crois-moi, là où je t'emmène, tu auras faim.
Mais...mais...
Il me calait contre sa hanche et nous sortîmes, marchant vers une Harley noire qui flamboyait fièrement face aux voitures plus traditionnelles des autres membres du Ballet.
-Jolie. -Commentai-je d'un ton désinvolte.
-N'est-ce pas ?
Matthew s'installait sur le devant et me tendit un casque, faisant vrombir le moteur.
Je sentis la puissance de ses muscles sur ma peau et entoura mes bras de chaque côté de son torse, satisfaite d'être aussi proche de lui.
Nous nous élançâmes sur la route, doublant les feux et vibrant sous la lumière.
Je pourrais vite y prendre goût.
L'odeur de vieux cuir et le souffle de vent était si agréable...
-Tu es bien silencieuse. -Commenta Matthew d'un ton léger.
-C'est parce que je me sens bien.
-C'est bon à savoir : je veux que tu sois au nirvana avec moi.
Un sourire étira mes lèvres.
-Cette tentative d'humour est absolument grotesque.
Son rire fit trembler mon corps.
-Habitue-toi : je suis connu pour mon humour dévastateur.
Crois-moi, je commence déjà à m'y habituer....
Nous roulâmes encore quelques minutes, avant de nous arrêter dans un salon de thé "Tea Time".
-Après vous, mademoiselle. -Me dit-il en m'ouvrant la porte.
L'intérieur était soft, aux tons châtains et blanchâtres.
Quatre tables basses et un canapé étaient disposés dans l'antre, orné de vases superbes contenant des lys. Des chaises crème accueillaient les consommateurs.
Je ne voyais pas Matt, - le rebelle et ténébreux Matthew - sirotant un thé dans un endroit aussi...romantique.
-Je venais souvent ici accompagner ma mère... –Chuchota-t-il contre mes cheveux.
Sa mère ?
Le ton brusque de sa voix me laissa présager qu'il ne s'agissait que d'un souvenir.
N'insiste pas...
Je le suivis docilement jusqu'à la petite table du fond.
Le stress pointait le bout de son nez, exactement comme lors d'un premier rendez vous.
Mon dieu...
La compagnie de Matthew était agréable, il ne feignait pas d'être intéressé par quelque chose : il l'était.
Il semblait s'intéresser à ce que je lui disais, me questionnait sur ma vie mais évitait soigneusement de me parler de la sienne.
C'était un homme qui n'imposait pas sa présence : il était calme, drôle et sympathique.
Je dois sûrement rêver....Allez, pince-toi ma fille.
Le temps défila à une vitesse folle et je regrettai de ne pas avoir le pouvoir de l'arrêter.
-Allez, ma belle : mange ce beignet. Je sais que tu en as envie.
Oui. Non. Ce n'était pas une bonne idée.
Ayant une petite idée de l'effort que je devrai fournir pour évacuer ce beignet, je secouai le tête.
-Julie.
Le ton de Matthew s'était fait dur.
-Quoi ? -Demandai-je en relevant la tête.
-Mange.
As-tu seulement la moindre idée de ce que j'endure pour ne pas prendre de poids ?
-Ecoute, Matthew...
-Non, à toi de m'écouter petit oiseau : je sais très bien ce que tu es en train de faire. Tu as décidé de maigrir, soit. Mais si ce n'est pas pour toi que tu le fais...
-Bien sûr que c'est pour moi ! -M'écriai-je en me redressant.
-J'ai bien l'impression que ce n'est pas le cas. Tu fais ça pour faire plaisir à l'Académie. Arrête de te priver, Julie. Ce n'est ni bon pour toi ni pour la danse que tu pratiques.
J'opinai, prise entre deux feux.
Qui croire ?
Le beignet devant moi usait de ses charmes pour me tenter et me faire craquer.
Vaincue, je le pris entre mes doigts et croquai légèrement dedans.
Mon dieu, ce truc est divin !
Une étincelle victorieuse brilla dans le regard de Matthew qui me contemplait d'un air satisfait.
Je m'appliquai à mastiquer le plus lentement possible, tâchant de faire bonne figure devant lui.
Ne lui donne aucune raison de croire que tu es une goinfre... ça ruinerait tes chances.
Accoudé sur la chaise, les yeux sombres et le sourire aux lèvres, celui-ci observait mes lèvres se mouvoir.
Je ne chercherai pas la signification de ce geste.
- Que dirais-tu d'un petit questions-réponses ? -Me demanda-t-il brusquement.
Mes épaules se haussèrent.
- Je suis partante.
- Bien. As-tu eu des animaux étant petite ?
J'étais surprise par son choix de question.
- Des poissons rouges. A moi : quel était ton rêve, petit ?
Je le vis esquisser un rictus amusé.
- Etre un méchant.
- Un méchant ?
Mes sourcils se froncèrent.
- Un gangster comme dans les mauvais films. Je voulais être cet homme invincible qui avait toujours une arme dans la main... Ce qui m'aurait posé un réel problème en soit.
- Pas sûr que maman Parrish soit d'accord. -Répondis-je d'un ton léger.
Son visage se ferma instantanément.
Qu'ai-je pu dire de mal ?
- Autre question.
Sa voix était devenue basse et sèche.
- Le nom de ta première petite amie ?
L'ombre d'un soulagement se forma sur son visage.
- Anna Robets en CM2. A mon tour : plutôt film à l'eau de rose et comédie trash?
Je lui posai la question qui me brûlait les lèvres, clairement prise au dépourvu.
-Tu ne me poses aucune question sur la danse ?
-C'est un domaine qui semble te faire souffrir donc, non. Je préfère te connaitre intégralement, savoir ce qui te fait rire, ce qui te fait pleurer, ce que tu aimes faire et ce qui compte réellement pour toi. Si je ne te jugeais que par ton domaine, j'aurais l'impression de te trahir.
Mon cœur fondit comme de la neige en été.
Ma pauvre, tu va finir par tomber raide dingue de lui.
Au plus profond de mon être, une petite voix me chuchota que Matthew faisait déjà partie intégrante de ma vie.
Nous échangeâmes nos numéros (ou plutôt Matthew me prit mon portable pour y mettre le sien et prendre le mien par la même occasion) et je rentrai en paix avec moi-même.
Ce fut avec le sourire que j'entamai mon entrainementquelques instants plus tard.
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Et si je vous dit qu'Après deux Valses fera 41 chapitres, que me direz vous ?
Mes idées sur cette histoire sont officiellement closes, je n'ai plus qu'à les mettre par écrit (et une fois n'est pas coutume, je suis plutôt fière de ma première trame d'idée.)
Une fois que ce tome ci sera écrit...je me consacrerai sur la nouvelle de Sarah et Shira...puis sur celle de Joy.
Super, non ? ;)
Qu'avez vous pensées de ce chapitre-ci ?
A vos commentaires !
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