Je suis dans un aquarium rempli de poissons morts. J'aimerai briser les vitres, cesser de sentir cette odeur putride. Les cadavres tournent autours de moi. Impossible de hurler, je pourrais en avaler. Surtout se taire. J'étouffe, je vois la vie qui continue derrière la paroi.

Les nageoires se détachent, flottent dans un tourbillon de matière en décomposition. L'eau a la couleur de l'agonie.

Des poissons remontent de temps en temps à la surface, sortent des plantes moisies qui peuplent ma prison de verre. Certains sont à moitié dépouilles, nagent avec leur mort, mangent les macchabées.

C'étaient de beaux animaux. Des spécimens de spécialistes. Leurs couleurs ont chuté, leurs formes ne sont que bouillie de chaire en putréfaction.

S'ils sont morts, c'est de ma faute. Je ne m'en suis pas occupée, je n'ai rien nettoyé, tout est sale. Sale, sale, sale. Je suis sale. J'aurais dû les nourrir. Je passe devant leur aquarium tous les matins et je n'ai jamais vu le lent supplice de ceux qui le peuplent. Coupable. Je suis coupable. Je ne m'en suis pas occupé, je ne m'en suis pas occupé. Mes yeux ajoutent un peu de sel à l'eau qui m'entoure.

C'est un cauchemar, je sais que c'est un cauchemar. Mais ça me semble être le copié-collé de l'intérieur de ma boîte crânienne.