Chapitre 5 : Toi et la nitroglycérine
Cet après-midi, Senku et Chrome se sont enfermés dans leur laboratoire, comme à leur habitude. Penchés sur leur paillasse, ils réalisent la manipulation indiquée par le professeur Xeno lors de leur dernier cours avec lui. Avant eux, d'autres étudiants ont utilisé le laboratoire. Par conséquent, ils ont pris pas mal de retard, occupés à ranger ce que les autres n'ont pas nettoyé avant leur départ. Ça avait bien agacé Chrome qui, depuis le début de l'après-midi, garde une mine renfrognée malgré ses manipulations. Il déteste ranger, alors le faire derrière les autres...
Par conséquent, un grand silence règne en maître dans la salle. De temps à autre, Chrome le brise en demandant à son acolyte de lui passer tel ou tel produit.
— Hé Senku, y'a plus d'acide benzoïque.
— Et donc ? Va en chercher dans la réserve.
— Je peux pas là. Si je lâche ce truc, mon expérience est foutue.
Senku tourne son regard vers Chrome et, sans aucune discrétion, lâche un long soupir agacé.
— Tu veux bien aller m'en chercher s'il te plait, mon petit Senku ? demande-t-il d'un air taquin en appuyant bien sur les trois derniers mots.
— C'est bon j'y vais. Et arrête avec ça. Ça commence à être lourd.
Il enlève ses gants et ses lunettes de protection. Il sort du laboratoire, se dépêchant de rejoindre la réserve. D'ordinaire fermée aux étudiants, cette salle contient tous les produits que peuvent avoir les chimistes en licence de science. Et parce que le professeur Xeno a son étudiant favori, il a passé un double des clés à Senku. Il déverrouille la salle et se hâte de chercher le produit demandé par Chrome. En quelques minutes, il parvient à trouver un flacon et, sans perdre un instant, il se dépêche de faire le chemin inverse.
— Écoute au moins ce que j'ai à te dire !
— Non. Maintenant laisse-moi partir.
Ces voix sont loins, mais Senku en a reconnu l'une d'entre elles. Et le ton employé ne lui plaît pas vraiment.
S'il ne se trompe pas, elles doivent venir du fond du couloir. Autrement dit, à quelques mètres de lui. Rapidement, il enjambe les mètres pour rejoindre les deux voix. C'est là qu'il a vu ce qui s'est passé.
— Je t'en prie, après je m'en irai.
— Kenta, laisse-moi passer.
Un homme se tient dans le coin du couloir, empêchant quelqu'un de bouger. Il le bloque de toute sa grandeur et de tout son poids. Et la personne qu'il empêche de passer, c'est Gen.
Merde.
Le cerveau de Senku tourne à toute vitesse. Témoin de cette scène, il ne peut pas se contenter de les ignorer. Surtout que cette armoire à glace se tenant devant Gen ne semble pas vouloir écouter le bicolore qui, il le voit sur son visage, commence peu à peu à perdre constance.
Mais Senku n'est pas fou. S'il s'interpose entre eux, ce mec pourrait bien décider de le frapper. Et au vu de sa force, il pourrait bien lui faire manger le pissenlit par la racine. Et puis, soudain, il a une idée.
Ni une ni deux, il rebrousse chemin et se rue dans le laboratoire. Il est pressé mais essaye de paraître tout à fait normal face à Chrome.
— Tiens, prends ton flacon.
Il dépose l'acide benzoïque juste à côté de son ami. Puis, le vert attrape un gros bécher et se rue vers la sortie.
— Je reviens, lâche-t-il simplement en fermant la porte derrière lui, tout ça sous le regard médusé de Chrome.
Sans perdre une seconde, le vert revient sur ses pas, là où se trouve Gen. Et quand il arrive, la situation est en train de dégénérer.
— Lâche-moi tout de suite !
— Pas avant que tu m'aies écouté !
L'armoire à glace a attrapé le poignet de Gen, le tirant vers lui sans aucune douceur. Il voit le corps de Gen partir en avant tandis qu'il essaye de se libérer, en vain.
De son côté, Gen essaye de ne pas le montrer, mais il est mort de peur. Déjà, il essaye d'évaluer ses chances pour se sortir de cette situation. Suivre ce type ne présage rien de bon pour lui. Et malheureusement, cette brute épaisse possède la force d'un titan. Il le tire en avant sans ménagement, voulant le déloger de ce coin de couloir. Les secondes passent et, déjà, il sent une douleur aiguë irradier dans son poignet et des tiraillements dans son bras. Ce type va lui arracher le bras si ça continue.
Et puis, soudain, il le lâche. Pris dans son élan, Gen sent son corps partir en arrière et percute le mur. Pendant un court instant, sa respiration se coupe face au choc. Puis, la seconde d'après, il ouvre les yeux, voyant l'homme en face de lui tourné vers le couloir.
— Bordel mais c'est quoi cette merde ?
— Désolé, j'ai glissé.
Gen fait volte-face, reconnaissant la voix qui vient de parler. À quelques mètres de lui se tient Senku, un gros bécher vide dans la main. Puis, ses yeux affolés se tournent à nouveau vers l'armoire à glace en face de lui. C'est là qu'il remarque qu'il est mouillé par une substance étrange. De là où il est, il peut sentir une odeur sucrée se diffuser dans l'air.
— T'es qui toi espèce de connard ? Et c'est quoi ça ?!
— Ça c'est juste de la nitroglycérine.
Un sourire indescriptible prend place sur le visage du vert tandis que son regard devient plus dur que du roc. Instantanément, le type s'est tendu, tout comme Gen juste derrière.
Un lourd silence s'abat entre eux. L'homme ne bouge plus d'un pouce, semblant essayer de comprendre ce qui lui arrive.
— Tu bluffes, lâche-t-il simplement.
— Je ne parierais pas là-dessus si j'étais toi.
Pour être parfaitement honnête, le sourire de Senku est à faire peur. Et Gen, qui ne bouge plus depuis tout à l'heure, ressent cette terreur au fond de lui. Une part de lui, la part logique, se dit que Senku ne peut pas avoir tout simplement jeté de la nitroglycérine sur ce type. C'est si dangereux qu'il n'ose même pas imaginer ce qui pourrait se passer. Mais son regard est si... terrifiant. L'autre part de lui est persuadé qu'il est tout à fait sérieux.
— Tu sens cette odeur sucrée ? C'est caractéristique de la nitroglycérine. Donc si j'étais toi, j'irais de ce pas me débarrasser de mes vêtements avant d'exploser en plein de petits morceaux.
Le corps de l'homme se tend encore plus et, cette fois, une mine terrifiée vient remplacer sa colère. Et puis, sans crier gare, il s'échappe en courant.
— J'éviterais de courir si j'étais toi, on sait jamais ! lui crie Senku tandis que le malheureux s'échappe sans demander son reste.
Et puis, un calme désagréable s'abat entre eux. Du regard, Senku surveille que la brute ait disparu. Et, enfin, il se tourne vers Gen. Resté dans le coin du couloir, il donne l'impression de vouloir disparaître dans le mur. Il est si recroquevillé dans ce coin qu'il a perdu quelques centimètres. Ses yeux restent écarquillés, dévoilant la peur qu'il a ressenti quelques instants plus tôt.
— Je te rassure, je lui ai juste lancé de la glycérine diluée avec de l'eau. Aucune chance que ce type explose. Enfin, il faudra quand même qu'il n'approche aucune flamme tant qu'il n'a pas changé de vêtements.
— D'a...d'accord.
Sa gorge est si serrée qu'il arrive à peine à parler. Et malgré les secondes qui défilent, il ne semble pas vouloir quitter ce coin. Son corps reste figé, paralysé par la peur qu'il a ressenti.
— Hé, ça va aller ? demande tout de même Senku en s'approchant.
Comme un réflexe, le corps du bicolore se tend un peu plus et sa main se lève jusqu'à son visage. C'est alors qu'il remarque à quel point sa main tremble. Non, pas seulement sa main, tout son corps.
Merde alors...
Senku n'imaginait pas qu'il lui aurait lui-même fait peur. Enfin après ce qu'il vient de vivre, il y a de quoi être terrifié. Il se demande même ce qui se serait passé s'il n'avait pas eu l'idée d'asperger ce type avec de la glycérine.
— Bon, suis-moi.
— Hein ?
Le bicolore semble sortir de sa torpeur. Quand ses yeux se posent à nouveau sur le vert, ce dernier lui tourne le dos, déjà en train de quitter ce bout de couloir. Pendant quelques secondes, Gen est incapable de bouger. Puis, enfin, il parvient à bouger ses jambes. En se mettant à marcher, il se rend compte à quel point il est tendu.
Sans dire le moindre mot, Gen se contente de suivre Senku. Il le voit s'arrêter devant le laboratoire et, avant d'entrer, il lui glisse un simple "j'arrive".
Arrivé dans la pièce, Senku dépose le bécher sur sa paillasse. Puis, il attrape sa veste accrochée au porte-manteau.
— Je reviens tout à l'heure, indique-t-il simplement à Chrome.
— Bah, tu vas où ?
— Je reviens j'ai dit. Pas la peine de nettoyer ma place, je le ferai après.
Puis il ferme la porte. Cette fois, Senku s'est débarrassé de sa longue blouse blanche, laissant apparaître sa tenue en dessous. Un jean large bleu clair accompagné d'un tee-shirt noir près du corps. Il se dépêche d'enfiler sa veste, une veste large elle aussi, ressemblant aux vestes de sports portées par les étudiants américains dans les films pour adolescents.
— Suis-moi, réitère le vert.
— On... on va où ?
— On va marcher.
Sa réponse le surprend, mais il ne conteste pas. Il se contente de le suivre, marchant à ses côtés sans rien dire. En quelques minutes, les voilà qui sortent dehors, abandonnant derrière eux l'étroitesse du couloir du bâtiment.
Quand Gen sent l'air filer dans ses cheveux, un soulagement profond le saisit. Et puis, sans rien ajouter de plus, il se contente de marcher aux côtés de Senku qui, depuis le début, n'a pas décroché un seul mot. Il se contente juste de marcher, laissant le bicolore se remettre de ses émotions.
Le temps s'écoule et, sans s'en rendre compte, les deux garçons ont déjà presque fait le tour du campus. Enfin, Gen sent sa gorge se dénouer. Il inspire profondément, savourant la douceur de l'air qui passe dans ses poumons, dénouant son corps tendu. Puis, il expire, laissant la peur s'échapper et s'évanouir dans l'air.
— Marcher oblige le corps à s'oxygéner, lâche Senku après tout ce long silence. Ça permet de réguler le rythme cardiaque et de renouer avec ses sensations. Et ça permet aussi de calmer l'angoisse.
— Toujours une explication parfaitement scientifique, répond Gen, un brin amusé.
Un léger sourire apparaît sur le visage de Senku avant de disparaître aussitôt. Enfin, après tout ce silence, il pose la question qui lui brûle les lèvres.
— C'était qui ce type ?
Aussitôt, le corps de Gen semble se tendre à nouveau. Senku et le manque de tact...
— C'était... un quatrième année. Il... il y a quelques semaines, les troisièmes années et les quatrièmes années ont dû se réunir pour un projet de groupe. C'est comme ça que je l'ai rencontré. Et... il a vite commencé à se comporter bizarrement.
— Je vois.
Un taré certainement frustré par le fait que Gen l'ait sûrement recalé. En clair, ce type est une ordure.
— J'espère... qu'il ne reviendra pas à l'attaque.
— Vu la frayeur que je viens de lui faire, je pense qu'il va te laisser tranquille pour un moment, répond le vert.
Gen aimerait bien lui donner raison. Mais on ne sait jamais comment cela peut tourner avec les gens naturellement violents. Ils peuvent être calmes, jurer de ne plus jamais vous faire du mal et, d'un coup, exploser, telle la bombe à retardement qu'ils sont.
Mais après cette courte discussion, Senku se rend bien compte que Gen est à nouveau tendu comme un arc.
— Je sais où on peut aller, reprend le vert.
— Ah oui ?
— Suis-moi. Je vais te montrer où je vais quand je n'ai pas le moral.
Surpris, Gen décide de le suivre. Il faut dire qu'à cet instant, il a juste envie de se changer les idées. À nouveau, un silence s'installe entre eux tandis qu'ils marchent à travers tout le campus. Et puis, les voilà qui arrivent près du stade de l'université.
Sans trop comprendre où Senku veut en venir, Gen le suit. Ils entrent tous les deux dans le stade et viennent s'installer dans les gradins. En bas, les étudiants en licence de sport sont en train de s'entraîner. De là où il est, Gen reconnaît Tsukasa, Kohaku ou encore Taiju.
— Je prends note que lorsque tu n'as pas le moral tu vas voir tes amis. C'est assez mignon je trouve.
— Tu m'as pris pour une pom-pom girl ou quoi ? Mon seul plaisir, c'est de venir ici et de les voir galérer.
Il aurait dû s'en douter. Senku, être du genre amical ? Bien sûr que non.
— Pourquoi ça ne me surprend qu'à moitié ?
À peine a-t-il prononcé cette phrase qu'il se met à rire. En bas, Kohaku est en train de s'entraîner au saut en longueur. Et visiblement, elle vient de rater son saut, ce qui fait rire Senku aux éclats. Gen aurait pu trouver ce comportement complètement déplacé mais, à l'heure actuelle, il s'en moque. Après tout, c'est Senku. Il est comme ça.
En bas, Kohaku semble avoir entendu le rire tonitruant de Senku. Elle relève la tête, posant sa main en visière. Et quand elle voit son ami aux cheveux en pétards, son expression change radicalement.
— Senku si tu ne la fermes pas maintenant je te fais bouffer tes dents à la sortie !
— C'est ça la lionne, je t'attendrai !
Comme réponse, elle lui adresse deux beaux doigts d'honneurs avant de tourner les talons. Elle part en courant pour rejoindre l'autre bout du stade.
— Et pourquoi tous ces entraînements au juste ?
— Ils s'entraînent pour les olympiades que l'université organise juste avant les vacances d'été. C'est dans trois semaines donc ils s'entraînent tous les jours.
Tout le terrain du stade a été aménagé pour accueillir différents ateliers pour permettre aux étudiants de s'entraîner sur toutes les disciplines organisées pour les olympiades. Si Kohaku s'est dirigée vers un atelier saut en hauteur, Tsukasa, de l'autre côté, est en train de s'entraîner à la lutte. Et comme les deux amis s'y attendaient, il rafle tout.
— Tsukasa s'en sort très bien, commente Gen.
— Ce type est un véritable monstre.
Les bras croisés, avachi sur son siège, Senku regarde ses amis s'entraîner en souriant. Et tandis que ses yeux ne savent plus vraiment où se poser, Gen finit par comprendre pourquoi Senku aime assister à l'entraînement de ses amis. Et contrairement à ce qu'il a dit tout à l'heure, ce n'est pas seulement pour se moquer d'eux. Voir ses amis donner tout ce qu'ils ont, se surpasser pour donner le meilleur d'eux-même, ça a quelque chose de très plaisant. On a envie de les encourager pour qu'ils donnent tout ce qu'ils ont, pour qu'ils réussissent. Et même si Senku a une manière bien particulière de les encourager, il sait que c'est ce qu'il pense lui aussi.
Au loin, Taiju est en train de donner tout ce qu'il a dans la course de haie. Et si son visage crispé par l'effort est vraiment hilarant à voir, Gen ne peut s'empêcher de l'applaudir lorsqu'il est arrivé premier. Senku aussi s'est redressé. Mais plus réservé que Gen, il n'irait pas jusqu'à ouvertement applaudir son meilleur ami. En entendant les applaudissements, Taiju se redresse. Et lorsqu'il voit Senku accompagné de Gen, il ne peut se retenir de hurler.
— Senku ! T'es venu voir ton meilleur ami courir ! Je suis si heureux !
— Oui oui, c'est ça Taiju. Retourne courir maintenant !
Gen essaye de se retenir de rire, mais c'est peine perdue.
— T'es vraiment sans pitié avec tes amis.
— Ils savent que c'est ma manière de les encourager.
Le temps passe et, même s'ils sont à l'ombre, l'air commence à devenir lourd. Les deux garçons se débarrassent de leur veste et, de temps à autre, Gen se prend au jeu d'encourager ses amis du haut des gradins. En bas, les encouragements de Gen résonnent et, par fierté, Kohaku accélère dans sa course. Elle arrive tout juste première, dépassant sa camarade d'une poignée de centimètres. Les bras en l'air en signe de victoire, elle manifeste sa joie et se tourne vers Gen. Elle lui adresse un large signe de main que le bicolore lui rend.
— Cette fille est une vraie sauvage, mais elle a l'âme d'une athlète.
En entendant Senku parler, Gen se retourne.
— Son plus grand rêve serait d'entrer dans l'équipe olympique du Japon.
— Ouah, elle a de l'ambition !
— Oui, je la respecte beaucoup pour ça.
Entendre ces paroles sortir de la bouche de Senku lui fait tout bizarre. Et tandis qu'il continue de parler, Gen se rend compte qu'il assiste là à un événement plutôt rare. Entendre Senku dire ce genre de choses ne doit pas arriver tous les jours.
Et aujourd'hui tu es là pour le voir.
— Mais elle garde la tête sur les épaules, ajoute le vert. Elle sait qu'il en faudra plus pour qu'elle soit prise. Donc en attendant, elle suit des études pour devenir coach.
— Elle a la tête sur les épaules.
— Derrière ses grands airs, elle est tout à fait consciente de sa situation.
Une part de lui aimerait que Kohaku soit là pour l'entendre parler d'elle de cette manière.
— Et pour les autres ? Tu sais dans quoi ils s'engagent ?
— Tsukasa aimerait entrer dans l'armée, Ruri aimerait travailler dans l'édition, répond-il en énumérant sur ses doigts, Chrome veut devenir chercheur en chimie, Kohaku coach et athlète et Taiju...
Senku ne parvient pas à se retenir de pouffer de rire.
— Désolé mais à chaque fois que j'y pense ça me fait rire. Bref, Taiju veut devenir prof de sport.
Comme réponse, Gen ne peut s'empêcher de rire à son tour. Pendant un instant, il imagine Taiju se tenir devant une classe de vingt-cinq élèves en train de les entraîner. Les pauvres, il les plaint d'avance.
— J'avoue que j'ai du mal à le voir prof.
— Je me demande même s'il parviendra à passer les écrits. Mais bon, ça c'est une autre histoire.
— Et Yuzuriha ?
— Yuzuriha voudrait devenir styliste. Elle est dans une école de mode pas loin de la fac.
Depuis qu'il est ici, Gen n'avait pas la moindre idée de ce que voulait devenir ses amis. Même pour Tsukasa, il n'en avait aucune idée. Connaître ça lui donne l'impression d'être un peu plus proche d'eux, rien qu'un peu.
Les yeux de Gen se posent à nouveau sur le terrain. Désormais, il se sent parfaitement apaisé. L'agression qu'il a subi deux heures plus tôt semble être loin derrière lui. Senku avait raison. Aller voir ses amis, ça fait toujours du bien.
Soudain, il sent une prise se refermer autour de son poignet gauche. Pas une prise forte, bien au contraire. Il n'a senti qu'une main fine, bien différente de la poigne de l'autre brute de tout à l'heure. Il a tourné la tête, surpris par ce contact.
Senku vient d'attraper son poignet. Ses yeux carmins rivés sur sa main, il ne remarque pas la surprise dans les yeux de Gen. C'est alors que le bicolore ressent une légère pression au creux de son poignet.
— Ton pouls s'est calmé. Tu vois, je t'avais bien dit que venir ici allait te faire du bien.
Ses yeux se lèvent vers lui et, pour une raison étrange, Gen se sent défaillir sous la puissance de son regard carmin. Avant aujourd'hui, il n'avait pas fait attention à leur profondeur, ni même à leur couleur. Des yeux de cette teinte, ce n'est pas très commun. Et il ne l'avait jamais remarqué parce qu'il ne s'était jamais attardé sur ses yeux. Des yeux étranges, mais aussi charmants.
La pensée a traversé son esprit, trop tard. En se rendant compte de ce qu'il vient de se dire, il sent ses joues rosir. Il est presque persuadé que son pouls est en train de s'accélérer. Et le pire, c'est que les doigts de Senku sont toujours sur son poignet. S'il ne fait rien, il va se rendre compte que son rythme cardiaque s'emballe. Il va vite faire le lien, il va comprendre pourquoi son cœur s'emballe, il en est persuadé. Et actuellement, c'est bien la dernière chose dont il a envie.
La pression au creux de son poignet est toujours là. Malgré les secondes qui s'étirent, Senku ne retire toujours pas sa main. Pire que ça, il ne bouge plus.
Bon sang Senku... retire ta main !
Et soudain, sa main lâche son poignet. L'air de rien, Gen se dépêche de détourner le regard pour reprendre constance. Instinctivement, il ramène sa main gauche près de lui et s'empresse de refermer sa main droite autour de son poignet. Mais rien n'y fait, la sensation persiste. Et tandis qu'il essaye de calmer son émois, il sent son pouls pulser contre sa main droite. Il est rapide, bien trop rapide.
— Quoi Chrome ?
Dans la panique, Gen n'avait pas remarqué qu'il avait lâché son poignet pour répondre au téléphone. Il n'entend pas très bien ce que Chrome est en train de lui dire, mais il n'a pas l'air très content.
— Rah ça va arrête de râler, j'arrive.
Il entend Chrome protester mais Senku s'empresse de lui raccrocher au nez.
— Désolé, je dois rejoindre Chrome au labo. Il se plaint que je me suis barré sans rien ranger. Donc si je ne reviens pas, il va me faire une scène.
— Oh... euh... pas de soucis.
Il se force à sourire pour paraître normal. Mais Gen sent bien que son sourire n'a rien de naturel. Avec un peu de chance, Senku n'y verra que du feu.
— Bref, à plus.
Puis il s'en va, n'appuyant ses paroles que d'un simple signe de main. Et avant que Gen n'ait le temps de s'en rendre compte, il a déjà disparu des gradins. Désormais, il se retrouve seul, assis sur ce siège inconfortable, à regarder ses amis se démener. Et tandis que son corps entier semble s'accommoder à cette solitude soudaine, une évidence lui vient à l'esprit.
Je ne l'ai même pas remercié pour ce qu'il a fait aujourd'hui.
Désormais, c'est la gêne qui prend place. Il aurait dû le remercier et il n'en a rien fait. Il pourrait le remercier par un message, mais ça serait inconvenant de faire ça de cette manière. Senku n'a pas le physique de Taiju ou de Tsukasa. En s'interposant de cette manière, il a pris des risques. Des risques qu'il n'était pas obligé de prendre.
Ses yeux viennent machinalement se poser sur le siège qu'il occupait quelques minutes plus tôt. En le regardant, il se rend compte de son absence. Et tandis qu'il sent ses joues rosir, une pensée étonnante germe dans son cerveau.
J'aurais aimé qu'il reste ici avec moi, juste un peu plus longtemps.
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Allez un petit peu d'action maintenant ! Lentement mais sûrement, les bases se mettent en place ! J'espère que pour le moment, cette fic vous plaît ainsi que le tournant qu'elle prend. Pour ma part, je prends beaucoup de plaisir à l'écrire ! C'est la première fois que j'écris une fanfic en me concentrant sur la relation amoureuse. Et je dois vous avouer que j'y prends goût !
Quoiqu'il en soit, je vous dis à bientôt pour la suite de cette histoire !
À la semaine prochaine !
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