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Chapitre 31 : Parce que le temps guérira nos cœurs

Senku n'en revient pas. Il lui faut quelques secondes pour comprendre ce que la vieille dame vient de lui dire. Et elle, en voyant son visage devenir blanc, comprend que quelque chose ne va pas. 

— Jeune homme, tout va bien ? 

Sa gorge se serre, les mots se perdent dans sa bouche. Il avale difficilement, comme s'il cherchait à empêcher l'angoisse de s'échapper par sa gorge. 

— Il... il a déménagé vous dites ? Mais... pour aller où ?

— Oh ça je n'en ai aucune idée, il ne m'a rien dit. 

Il laisse son corps se reposer sur la porte. Au moins, elle lui permet de rester debout, juste le temps que son tournis ne passe. Puis la vieille femme passe, quittant le couloir non sans un regard intrigué en arrière. Quant à Senku, il lui faut encore du temps pour comprendre. Enfin, il trouve la force de se redresser.

Il ne peut pas être parti. 

Il attrape son téléphone qu'il fourre de suite à son oreille. Un long bip résonne pendant des secondes interminables. 

Ça doit être un malentendu. 

Le bruit résonne encore dans le combiné puis il tombe sur sa messagerie. Là, il n'entend qu'une voix robotique lui indiquant que son correspondant n'est pas joignable. Mais Senku ne peut pas abandonner, alors il réessaye. Il appelle, encore, et encore. Mais à chaque fois, il n'y a pas de réponse. Rien qu'une voix de synthèse qui n'est pas la sienne.

En l'appelant, il est sorti de son immeuble. Il marche dans la rue d'un pas vif sans même savoir où aller. Il appelle, il espère, il prie. À chaque bip qui résonne, il espère qu'il entendra sa voix, mais il n'y a rien. Il ne décroche pas son téléphone. 

Il doit appeler quelqu'un d'autre. Il doit essayer de comprendre ce qui se passe. Gen ne peut pas être simplement parti, ce n'est pas possible. Il lui en aurait parlé. Il lui aurait dit. Parce qu'ils avaient des projets ensemble, parce qu'ils se sont fait des promesses d'avenir main dans la main. Mais tout ça semble s'être envolé en même temps que le bicolore. 

Es-tu vraiment sûr qu'il t'en aurait parlé ? 

Non, il n'en est pas sûr. Parce que Gen lui a déjà menti, alors qu'est-ce qui l'empêcherait de le refaire ? 

Il compose un autre numéro avant de presser le téléphone sur son oreille. À nouveau, un bip résonne, porteur d'attente et d'angoisse. À chaque fois qu'il résonne, Senku sent des sueurs froides couler dans son dos. Mais enfin, une voix. 

— Allô ? 

— Tsukasa, Gen a déménagé. Il... je suis allé chez lui et sa voisine m'a dit qu'il avait déménagé. Je ne comprends rien... Est-ce qu'il t'aurait dit quelque chose ? 

Sa voix est fluette, prise par la panique. Il regarde partout autour de lui, comme si Gen allait réapparaître juste devant lui par magie. Ses yeux s'attendent à le voir au milieu des passants, lui adressant toujours le même sourire tandis qu'il se rue vers lui. Mais il n'est pas là, il n'est plus là. 

— Senku, où est-ce que tu es là tout de suite ?

— Je... je ne sais pas. Pas... pas loin de chez lui. 

Il est à bout de souffle à force de marcher vite. Ses yeux se posent à nouveau partout, lui donnant rapidement le tournis. Il doit être là, pas loin, c'est obligé. Tout ça n'est qu'un malentendu et Gen réapparaîtra bientôt. 

— Senku calme-toi. 

Il ne pourra pas se calmer. Le calme ne viendra que lorsqu'il l'aura retrouvé. En attendant, il est prisonnier de cette peur qui l'avale. Tout ce qu'il veut, c'est être à ses côtés, là, tout de suite.

— Je... je ne comprends rien. Il... Il... Il ne m'a rien dit du tout. 

Il ne lui a rien dit du tout. Il est parti sans rien lui dire, sans même le prévenir. Et tandis que l'évidence s'impose peu à peu dans son esprit, il se rend compte qu'il ne lui a pas dit au revoir. 

— Est-ce que tu sais où il est ? Tsukasa... est-ce qu'il t'a dit quelque chose ? 

— Senku j'ai besoin que tu te calmes. 

C'est la première fois que Tsukasa le voit dans un tel état. À travers le téléphone, il devine sa peur, son angoisse mais aussi l'incompréhension la plus totale dans laquelle il est plongé. Il imagine son regard perdu et cela lui brise le cœur. 

— Il t'appellera bientôt, Senku. Alors s'il te plaît, calme-toi. 

Cette phrase suffit à le figer sur place. Tout son corps s'arrête brutalement de marcher, pris par la surprise de l'évidence. Avant même qu'il n'ait le temps de se contrôler, la colère prend le dessus. 

— Tu étais au courant. 

Ces mots, il les crache. Sa main sert si fort son téléphone qu'elle se met à trembler. Il ne peut pas croire ce qu'il vient d'entendre. Tsukasa vient d'avouer à demi-mot qu'il était au courant de son départ. 

— Tu étais au courant et tu ne m'as rien dit. 

Il ne sait plus quoi faire ni quoi penser. Il n'y a que ses pensées qui fusent à toute vitesse sans qu'il ne réussisse à les contrôler. Il a peur, il est terrifié par la solitude qu'on lui impose si soudainement. Sa respiration s'accélère, son cœur s'emballe. 

— J'ai... j'ai juste fait ce qu'il m'a demandé. Senku... il t'appellera très bientôt et... 

— Mais ferme-là ! Bordel mais ferme-là ! 

Ses mots ont fusé sans qu'il ne puisse les retenir. Autour de lui, les passants se retournent tandis que des regards inquiets recouvrent déjà leurs visages. Ils le contournent, cherchant à éviter sa colère qui se déchaîne en pleine rue.

— Où est-il ?! Dis-moi où il est ! 

— Je ne sais pas où il est, Senku. Il m'a juste prévenu de son départ et m'a demandé de ne rien te dire et... 

— Mais pourquoi ?! Pourquoi ?! 

Il ne comprend pas comment il a pu en arriver là. Il est là, debout, dehors, là où il y a foule. Et pourtant il se sent seul au monde. Abandonné, on vient de l'abandonner. 

— Je... je ne sais pas, Senku. Mais Gen m'a dit qu'il t'appelera bientôt, je te le jure. 

— Va te faire foutre Tsukasa ! Va bien te faire foutre espèce de connard ! 

Il raccroche, puis le monde se met à tourner autour de lui. Les arbres se mettent à danser, les gens aussi. La route se déforme et le ciel s'assombrit. Et tandis que ses yeux ne savent plus où se poser, son souffle se fait de plus en plus court. Il étouffe en plein air, il étouffe au milieu du monde, il étouffe dans cette arène immensément vide. 

Il se sent tituber et il voit déjà quelques personnes se précipiter autour de lui. Chacun pense qu'il est en train de faire un malaise, pris d'un étourdissement passager. Mais pour Senku, c'est bien plus grave. Il s'assoit sur le sol tandis que le monde continue de tourner autour de lui. Il regarde droit devant, encore persuadé qu'il apparaîtra pour lui prendre la main. Mais il n'y a rien. 

Là, son âme s'écroule. Et alors qu'il est dans la ville la plus animée du pays, il se sent seul, terriblement seul. 

Il ne s'est jamais senti aussi seul de toute sa vie. 

***

Comment décrire les jours qui se sont écoulés depuis ? Il n'y a pas de mots ou d'images pour décrire son esprit. Depuis qu'il a appris son départ, son esprit s'est vidé. Il n'agit que par automatisme, semblant vouloir se raccrocher à son quotidien. Il n'est qu'une coquille vide qui vagabonde. Le jour, il est à la fac. La nuit, il est dans son lit, et il ne dort pas. Ses yeux ne parviennent pas à se fermer, son esprit ne parvient pas à trouver le sommeil. Il est dans l'attente, l'éternelle attente d'un appel promis qui ne vient pas. 

Malgré leur dispute, Tsukasa s'est précipité chez lui. Puis le lutteur lui a tout expliqué. Il lui a dit que du jour au lendemain, Gen l'a appelé. Il lui a dit qu'il allait partir et qu'il ne devait le dire à personne. Il a refusé de lui dire pourquoi car il voulait être sûr que Senku l'apprenne de sa bouche. Mais malgré ça, il avait besoin de mettre Tsukasa dans une confidence partielle, se contentant de l'informer de son départ soudain. Avec ceci, il n'a eu qu'une consigne : veiller sur Senku. 

Gen n'est pas dupe. Il savait très bien qu'à un moment ou à un autre, Senku allait finir par être tenu au courant de son départ. C'est pour ça qu'il a demandé à Tsukasa de veiller sur lui, d'être sûr qu'il ne sombre pas jusqu'à ce qu'il l'appelle. Parce qu'il l'appellera bientôt, très bientôt. 

Mais les jours sont passés et Gen n'a toujours pas appelé. Bientôt, c'est une semaine entière qui s'est écoulée. Une semaine de véritable torture pour le vert qui, chaque jour, ne cesse de se repasser le fil des événements. Tous les jours il se demande ce qu'il a pu faire pour que Gen décide de partir. A-t-il fait quelque chose de mal ? L'a-t-il blessé sans s'en apercevoir ? Non, n'a cessé de lui rappeler Tsukasa, ce n'est pas lui le problème. C'est quelque chose de bien plus profond que ça, et ça n'a rien à voir avec lui. 

De son côté, Tsukasa n'a pas cessé d'envoyer tout un tas de messages à Gen. Tous les jours, il l'a supplié d'appeler Senku. Il ne pouvait pas le laisser ainsi dans une attente qui ne prend jamais fin. Lui, il le voit tous les jours. Et tout ce qu'il voit c'est une ombre grotesque qui vagabonde dans les couloirs de la fac. Et le matin du huitième jour, Gen s'est enfin décidé. 

"Je l'appellerai ce soir à 18h."

Senku est rentré depuis une heure déjà. Il est assis sur son canapé, le téléphone posé à plat sur la table devant lui. Il fixe son téléphone sans bouger, attendant l'appel fatidique. Aucun bruit ne résonne dans la pièce, rien que le calme et le silence. 

Alors que la pièce est plongée dans le silence, une vibration résonne. Là, l'écran de son téléphone s'allume, dévoilant la photo du bicolore. Senku se sent défaillir pendant quelques secondes. Mais l'instant d'après, il se jette sur son téléphone, se hâtant de décrocher. Au début, il n'y a que le silence qui lui répond. Et la seconde d'après il entend enfin sa voix. 

— Salut Senku. 

À travers sa voix, il perçoit un sourire tendre sur ses lèvres. Ces derniers jours, il n'a ressenti qu'un cocktail d'émotions toutes plus horribles les unes que les autres. Mais maintenant qu'il l'entend parler, elles se sont toutes envolées. Tout ce qui compte, c'est de pouvoir l'entendre. 

— Salut Gen. 

Sa voix n'est qu'un filet. Il essaye d'être clair mais la boule dans sa gorge l'empêche de parler comme il le souhaite. 

Un léger silence s'installe, le temps pour Gen de chercher les bons mots pour l'homme à l'autre bout du fil. 

— Je... je tenais déjà à m'excuser pour mon silence. Je sais... que tout cela n'a aucun sens pour toi et que ça fait bien trop longtemps que tu attends mon appel. Je suis désolé pour tout ça. 

Sa voix tremble de temps à autre. Malgré le téléphone, il l'entend. Il ne sait pas où il est mais il devine sa détresse. 

— Mais tu as fini par m'appeler, répond simplement le vert. 

Que peut-il répondre d'autre ? Il aurait toutes les raisons du monde de s'énerver, d'exiger des réponses claires. Mais il n'en fait rien, il laisse la parole à Gen à l'autre bout du fil. 

— Je sais que tu ne comprends pas mon départ, commence-t-il. Mais laisse moi d'abord te dire que mon départ n'a rien à voir avec toi. Enfin... si en quelque sorte. Mais tu n'as rien fait de mal du tout. 

Ses mots sont maladroits et Gen se maudit de ne pas trouver les bons. Son poing se serre sur sa cuisse tandis qu'il prend une grande inspiration. Il doit faire un effort, expliquer tout ce qui se passe et être le plus clair possible. 

— Alors pourquoi... pourquoi es-tu parti sans rien me dire ? 

L'entendre parler lui brise le cœur. Toute son assurance habituelle s'est envolée, ne laissant place qu'à la peur et l'angoisse. Il le devine assis sur son canapé, si fragile, si seul. 

— Parce que si je t'en avais parlé, je n'aurais pas réussi à partir. 

C'est plus fort que lui, il n'arrive pas à empêcher sa voix de trembler. Pendant quelques secondes, il couvre sa bouche de sa main, cherchant à réprimer ce sanglot qui menace de s'échapper. Il ne doit pas pleurer, pas maintenant. 

Senku l'entend inspirer et expirer bruyamment. Et juste après, il continue. 

— Dans ma vie, tout ce que j'ai toujours connu, c'est la violence. Je l'ai vue grandir dans mon foyer, je l'ai vue se déchaîner sur moi pour ce que j'étais, puis je l'ai vue s'acharner sur moi tandis que j'essayais de la fuir. 

Gen fixe l'horizon, cherchant à se raccrocher à ce paysage qui se profile devant lui. L'air glisse sur son visage, lui offrant à chaque souffle toute la fraîcheur nécessaire pour dénouer sa gorge. Ses paroles sortent, sans que jamais Senku ne l'interrompt. 

— Toute ma vie, j'ai vécu avec cette violence, et je me suis adapté à elle. J'ai fait tout ce qu'elle m'ordonnait de faire, je me suis construit avec elle tous les jours de ma vie. 

Son regard noir se baisse jusqu'à sa main. Il fixe sa paume fermée sur son genou. Il regarde son poing, cette main encore emmaillotée dans des restes de bandages alors que son bras continue de guérir. Une main qu'on a maltraitée des années durant. 

— Quand Mozu est mort, reprend-il, j'ai été libéré de cette violence pour la première fois. Avant ça, je n'ai jamais eu de répit. Car même quand j'étais avec toi, il y avait toujours ce risque pour qu'elle revienne me trouver. Je n'ai fait que la fuir sans jamais la combattre. Et maintenant, elle a disparu, et pour de bon cette fois. 

Il ferme les yeux, savourant la caresse de la brise. C'est la première fois qu'il s'ouvre de la sorte à quelqu'un. Là, ici, il dévoile le fond de sa pensée, tout ce que son corps a dû supporter durant toutes ces années. Enfin, les choses prennent forme sous ses mots. 

— Mais sans elle, je ne sais plus qui je suis. Je me suis construit avec elle et maintenant, elle n'est plus là. Pour la première fois, j'ai vu l'avenir se dessiner devant moi, mais j'ai été incapable d'aller de l'avant. Parce que du haut de mes vingt-trois ans, je ne sais pas qui je suis. 

Senku aimerait parler, mais il ne le coupe pas. Il écoute cette intime confession sans parler, même si ses lèvres le brûlent. À travers ses mots, il sent la peur. Tout ce qu'il aimerait c'est pouvoir le prendre dans ses bras pour effacer ses craintes. 

— Je ne sais pas qui est le vrai Gen. Toi, Senku, tu ne connais que le Gen qui a grandi avec la violence. Mais ce n'est pas moi, ça. 

Senku passe sa main sur son visage. Non, il n'est pas d'accord avec lui. 

— J'ai évolué aux côtés d'un homme qui ne voulait que me contrôler. J'ai fait des études de lettres car il le voulait, j'ai appris à manipuler les gens pour échapper à ses crises et je n'aime que ce qu'il aimait lui. Je ne suis qu'une chose qu'il a façonné pour lui convenir. Mais ça, ce n'est pas moi. 

— Je suis sûr que tu te trompes, Gen. 

Senku ose enfin parler. Là, le bicolore attend qu'il parle à son tour. 

— Le Gen que je connais est une personne belle. Il aime passer du temps avec les autres, il est capable de rire aux éclats, il aime un peu trop le soda et... et il est capable de me dire ce qu'il n'aime pas. Et ça c'est bien la preuve que tu sais ce que tu veux. 

— Mais tout ça n'est que le résultat d'années entières passées à atteindre l'idéal de Mozu. Le Gen que tu connais aujourd'hui n'est que le Gen avec lequel il voulait vivre. 

Senku comprend très bien ce qu'il veut dire. Et malgré l'envie égoïste de le garder près de lui, il comprend. Il imagine très bien cette sensation de n'être que la personne que les autres ont voulu qu'on soit. Parce que lui, il s'est toujours interdit d'aller dans cette voie-là. Il n'a jamais voulu être la chose parfaite que le monde voulait créer. Il n'a fait qu'être lui, peu importe les avis des autres. 

Mais Gen n'a pas eu ce choix. 

— J'ai beaucoup de choses à découvrir sur moi, Senku. Des choses que je dois découvrir par moi-même sans l'aide de personne. C'est... c'est pour ça que je suis parti. 

Cette phrase lui arrache le cœur. La prononcer, c'est rendre réel ce départ secret. C'est donner vie à cette situation déchirante qui leur fait du mal à tous les deux. 

— Si j'étais resté, tu m'aurais vu changer. Toi et moi, on se serait éloignés, et je voulais à tout prix éviter ça. 

— Comment est-ce que tu peux en être sûr ? 

— Parce que c'est comme ça que ça se passe, Senku. Tu m'aurais vu entamer un voyage solitaire dans lequel tu ne pouvais pas intervenir. Et je sais que ça nous aurait fait du mal à tous les deux. 

— Gen... 

Mais ton départ me fait déjà du mal. 

Il ne peut pas prononcer ces mots. Ce serait trop cruel de lui imposer ses états d'âme, même s'il a envie de les hurler. Après tout, Gen le sait déjà. Car il souffre lui aussi de cette séparation qu'il leur impose. 

— Très bientôt, tu entreras à Harvard. Et je veux que tu te concentres sur ce que cette opportunité a à t'apporter. 

— Rien n'est encore fait. 

— Raison de plus pour que je m'éloigne. Si j'étais resté à tes côtés, tu m'aurais vu m'éloigner, et ça t'aurait déconcentré d'Harvard. Et je ne veux pas que tu rates la chance de ta vie. 

Chacun aimerait pouvoir prendre l'autre dans ses bras. Mais cette séparation les en empêche. Ils sont là, si loin et si proches à la fois. Liés par des mots, liés par leurs voix, mais séparés par des centaines de kilomètres. 

— En partant maintenant, nous garderons chacun les meilleurs souvenirs de notre vie avec tous les deux. Moi, je me souviendrai de ton sourire quand tu me parles de ce que tu aimes. 

— Et moi je me souviendrai de ton regard. 

C'est si cruel, si douloureux. Déjà, le visage de Gen se dessine dans son esprit. Il revoit la douceur de ses traits et la puissance de ses yeux ébènes. Il savoure leur couleur, leur profondeur, tous les mots qu'ils lui disent. À travers ses yeux, il a vu des mondes qui n'existent pas. À travers ses yeux, il a vu des univers, mais aussi l'infini. 

Un silence s'installe entre eux. Aucun ne parle, cherchant à accepter cette douleur qui les paralyse. Tous les deux, ils meurent d'envie de pleurer, mais ils se retiennent. Mais soudain, Gen reprend son discours. 

— Tu n'imagines pas tout ce que tu m'as apporté, Senku. Je ne pourrais jamais assez te remercier pour ce que tu as fait. 

Ses mots lui serrent la gorge. Le monde est injuste. Pourquoi faut-il qu'ils se séparent ? Pourquoi l'univers ne peut-il pas les laisser s'aimer en paix ? Leur amour est fort, les liens qui les unissent sont puissants. Et pourtant, ils doivent se séparer. 

— Tu as été le premier à me demander la permission pour me toucher. Tu m'as fait comprendre que j'étais une personne comme tout le monde et que j'avais le droit d'être aimé. Et tu m'as aimé comme jamais personne ne l'a fait auparavant. 

Cette fois Senku ne parvient pas à retenir une larme. Elle s'échappe de son œil gauche dans le plus grand des silences, tout ça sous les mots de Gen. 

— Merci de m'avoir aimé comme tu l'as fait. L'année que j'ai passé à tes côtés a été la plus belle de ma vie.

— Oh bon sang Gen... 

Il presse sa main libre sur ses yeux. Là, sous ses doigts, il sent des larmes silencieuses couler lentement. Il aimerait qu'il soit là pour les tarir. Tout ce qu'il voudrait, c'est que ses mains viennent sécher ces perles qui lui échappent. 

— Je t'aime, je t'aime tellement... 

À l'autre bout du fil, Gen ne parvient pas à retenir ses larmes. Dans une grimace, il essaye de cacher son sanglot pour qu'il ne puisse pas l'entendre, mais c'est peine perdue. Les larmes prennent possession de son corps tandis que quelques sanglots résonnent déjà. 

— Moi aussi... moi aussi mon amour. 

Les séparations sont toujours difficiles. Quand deux âmes se sont aimées mais que la flamme s'est éteinte, il est compliqué de dire au revoir à la personne que l'on a aimé. Mais qu'en est-il des âmes qui se séparent en étant toujours éprises l'une de l'autre ? Qu'en est-il de cet amour qui vit sans personne pour y répondre ? La douleur est indescriptible. La pire torture que l'on puisse imposer à un Homme. 

— Je voudrais que tu sois là, répond Senku entre deux sanglots. 

C'est bien la première fois que Gen l'entend pleurer. Jusqu'à présent, il ne l'a jamais vu faire couler de larmes devant lui. Et l'entendre sangloter sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit pour sécher ses larmes lui détruit le cœur. 

— Moi aussi... moi aussi... 

Le téléphone toujours collé à l'oreille, Senku ne parvient pas à parler. Il entend la respiration de Gen, une respiration coupée par les larmes qui l'étouffent. De son côté, Gen ne ressent qu'une puissante douleur. Une douleur qu'il impose au vert malgré lui. Une douleur qu'il n'oubliera jamais. 

— Est-ce que... est-ce que tu es bien arrivé ? Tu... tu as un toit sur la tête ? 

Ses questions le font sourire. Même lorsqu'il n'est pas à ses côtés, Senku continue de le choyer. Plus que personne, il se soucie de lui, parce que son coeur lui appartient. 

— Oui, répond-il en souriant. Je suis dans une auberge de jeunesse le temps que je me trouve un appartement. Mais je suis bien arrivé. 

Senku essaye de sourire à son tour, même s'il a l'impression de creuser un peu plus la plaie béante dans son cœur. Et puis, soudain, il entend du bruit au téléphone. Ce bruit, il le connaît. 

— J'entends la mer, ajoute-il. 

— Oui, je suis au bord de la mer. 

Pour passer ce coup de téléphone, Gen a trouvé refuge sur une plage. Assis dans le sable, il savoure la solitude de la plage. Là, il est seul, seul face à l'océan qui se retire et revient sans cesse en roulant sur le sable. Il respire l'air salin, savoure la brise légère pourtant rare à cette période de l'année. 

— J'ai toujours voulu vivre au bord de la mer, reprend le bicolore. Je ne te l'ai jamais dit ? 

— Non, tu ne me l'as jamais dit. 

Un sourire mélancolique étire les lèvres de Senku. Pendant un court instant, il s'est imaginé à ses côtés. Il s'est imaginé se tenir sur cette plage, les orteils plongés dans le sable encore froid. Puis, il s'est imaginé enlacer ses doigts avec les siens tandis que le vent vient fouetter violemment leurs vêtements, faisant danser leurs cheveux dans l'air. Qu'il aurait aimé pouvoir être là, juste à côté de lui. 

Mais il ne peut pas. 

— J'espère... j'espère que cet appel n'est pas un adieu, ajoute Gen. 

Il sait très bien que Senku a un esprit cartésien. Aujourd'hui, ils se quittent, et il y a très peu de chances qu'ils se retrouvent un jour. Mais malgré cela, Gen espère qu'ils se retrouveront. Après tout, ils sont deux âmes sœurs qui ont enfin réussi à se trouver. Malheureusement, l'univers les a fait se rencontrer au mauvais moment. Mais qui sait, peut-être sont-elles vouées à se revoir un jour et à se retrouver ?

— Alors disons que ce n'est qu'un au revoir, répond Senku. 

Gen ne peut se retenir de rire. Senku ne cessera jamais de le surprendre. Puis ils laissent à nouveau un silence s'installer, un silence terrible car annonciateur de la fin de leur conversation. Très bientôt, il faudra raccrocher pour se dire au revoir pour de bon. Ils fermeront le canal, et ils n'entendront plus jamais la voix de l'autre. 

— Senku, il va falloir qu'on raccroche. 

Non, il ne veut pas. Il ne peut pas accepter que les prochains mots soient les derniers. Il veut lui parler, encore et encore, que cet appel ne s'arrête jamais. Mais c'est impossible, purement impossible. 

— Je sais, se contente-il de répondre. Je sais... 

Les larmes coulent, toujours aussi silencieuses. Dans quelques instants, sa voix disparaîtra. 

— Je ne t'oublierai jamais mon amour, reprend Gen. Quoi qu'il arrive, quoi qu'on devienne toi et moi, tu resteras toujours l'amour de ma vie. 

Et Senku ne sait comment répondre à ses mots. Il n'y a rien de plus puissant que ce sentiment qui enserre son cœur souffrant. Un sentiment qui ne pourra jamais être décrit, même par les meilleurs écrivains ; qui ne pourra jamais être illustré, même par les meilleurs artistes. Il n'y a rien de plus puissant que ce simple mot, décrivant en lui-même toute la profondeur et les nuances des sensations qui les font vivre : Amour. 

— Je t'aime, Gen. Je t'aimerai toujours moi aussi. 

Là, derrière son téléphone, il l'entend sourire. Rien qu'un souffle, mais tant de mots et de remerciements qui en sortent. Et puis, la seconde d'après, il n'y a plus aucun son. Il a raccroché. 

Et il n'y a toujours pas assez de mots pour parler du vide qu'il a ressenti juste après. Aussitôt, il y a eu les larmes, et son souffle s'est envolé. Il s'est senti s'écrouler tandis que son corps s'est lamentablement échoué sur le sol. Là, il a laissé ses larmes couler alors qu'il avait l'impression d'étouffer. 

Quant à Gen, son souffle s'est emballé. Et dans cette immensité vide, il s'est levé, laissant ses larmes emporter son bon sens. Là, il a hurlé, de toutes ses forces. Il a hurlé sur le monde, hurlé sur lui-même, hurlé sur les autres. Un hurlement déchirant qui aurait suffi à briser le cœur de n'importe qui passant dans les parages. 

Deux âmes blessées par le plus beau sentiment du monde. Deux âmes blessées par la vie qui devront accepter d'avancer séparément. Et peut-être qu'un jour, lorsque ces deux âmes seront réparées, elles pourront se rencontrer à nouveau. Mais en attendant, il faudra vivre. En attendant, il faudra survivre. 

***

Il y a eu des coups sur la porte, encore et encore, mais Senku n'ouvre toujours pas. Allongé dans son lit, emmitouflé dans sa couette, il ne veut pas se lever. Le sommeil le paralyse, le gardant chaudement dans son lit. Il ne veut pas le quitter car c'est seulement en restant à ses côtés qu'il ne souffre pas. 

Mais les bruits à la porte se font de plus en plus forts. Et il a beau couvrir son visage de son oreiller pour ne plus les entendre, les bruits ne s'arrêtent pas. Autrement dit, s'il ne se lève pas, ce vacarme ne s'arrêtera jamais. 

Dans des gestes lents et las, il sort de son lit, se traînant jusqu'à la porte d'entrée. Sans aucune envie, il déverrouille la porte et l'ouvre. 

Il n'est pas vraiment surpris de voir tout ce monde devant sa porte. 

— Vous voulez quoi ? 

— Oh... bonjour Senku ! 

Il sait très bien quelle tête il tire même s'il ne s'est pas vu dans le miroir. Mais cela n'empêche en rien Yuzuriha de lui offrir un sourire doux. Juste à côté d'elle, Taiju se tient droit, ne sachant pas vraiment quoi dire. Et derrière eux, Byakuya, qui semble lui aussi chercher les bons mots pour s'adresser à son fils. 

Les voir prendre autant de pincettes ne fait que l'agacer profondément. Dans un long soupir, il s'éloigne de l'entrée, les laissant entrer. Il sait très bien pourquoi ils sont là et qu'il n'arrivera pas à les convaincre de partir. Après tout, il n'en a même pas la force. 

— On voulait voir comme tu allais, se justifie son père en entrant dans l'appartement. 

— Surtout que... on ne te voit quasiment plus en cours, reprend Taiju. 

— Hum. 

Que pourrait-il leur répondre ? Ils ont raison. Ça fait maintenant plusieurs jours qu'il n'a pas la force de se rendre en cours. Il n'arrive plus à rien, ni à réviser, ni à lire. Depuis son appel, son esprit est sur pause. 

Depuis que Gen et lui se sont appelés, Senku s'est enfermé dans son appartement. Il n'envoie plus de messages, ne parle plus à personne. Il n'a pas la force d'affronter le monde sans lui. Il n'a plus la force de rien. 

Byakuya jette un regard sur l'appartement tout en essayant de ne rien montrer. Comme il s'y attendait, ce n'est pas glorieux. Sur la table, des paquets de ramens instantanés qui n'ont pas été jetés. Des canettes de soda, des baguettes sales. Senku n'a jamais été réellement ordonné, mais là, c'est un tout autre niveau. 

— C'est bon vous êtes contents ? Vous avez pu voir l'état de mon appartement, vous avez pu me parler cinq minutes donc maintenant je vous invite à faire demi-tour et à me laisser en paix. 

Sa remarque fait tiquer Yuzuriha. Le Senku qui se tient devant eux n'a plus rien à voir avec celui qu'ils connaissent. Il a l'air épuisé, à bout de forces, irrité. Ses yeux ne les regardent pas, les fuyant dès que leurs regards se posent sur lui. Et il n'arrête pas de frotter ses mains entre elles. 

— Eh bien... je pensais qu'on aurait pu parler un petit peu plus longtemps. Tu en penses quoi ? 

La brune sait qu'elle doit être très prudente. En temps normal, Senku ne dit jamais rien. Il garde tout pour lui, incapable de montrer à qui que ce soit ses faiblesses. Mais aujourd'hui, elle sait qu'il y a urgence. 

— J'en pense que je n'en ai pas envie mais que je sais très bien que vous ne partirez pas quoi que je dise. 

Byakuya plisse légèrement les lèvres. Senku n'a pas vraiment tort après tout. Mais ils ne peuvent pas le laisser comme ça. Ce garçon qui se tient devant eux n'a rien à voir avec le fils qu'il connaît. Quelque chose s'est brisé en lui, quelque chose qu'il n'a toujours pas fait sortir. 

C'est lui qui a appelé Taiju et Yuzuriha. Après que Senku l'ait tenu au courant du départ de Gen et de leur échange téléphonique, il n'a plus eu de nouvelles. Il s'est retrouvé dans une impasse qu'il n'arrivait pas à franchir. D'un côté, il ne voulait pas envahir l'espace personnel de son fils, surtout avec ce qu'il est en train de vivre. Mais d'un autre côté, ce manque de nouvelles n'a fait que l'inquiéter. Et en appelant ses deux meilleurs amis, il a compris qu'il n'était pas le seul à s'inquiéter. 

Mais maintenant qu'il est ici, il a surtout l'impression de gêner. Si Senku n'est pas du genre à se confier, il le fera encore moins devant son père. Malgré lui, il décide de se mettre en retrait. 

— Je... je peux vous laisser discuter, si vous voulez. 

Senku ne le regarde pas, continuant de fuir les regards. Mais Taiju et Yuzuriha se tournent vers lui. D'un geste discret de la tête, ils lui font comprendre que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Peut-être qu'avec eux Senku aura un peu moins de mal à se dévoiler. 

Byakuya acquiesce et s'empresse de sortir de l'appartement. Il ferme la porte derrière lui, laissant son fils entre les mains de ses meilleurs amis. 

Aussitôt, Yuzuriha se tourne vers Senku puis se dirige vers le petit canapé. Elle s'assied, se tournant à nouveau vers son ami. D'un geste de la main, elle lui intime de s'asseoir à côté d'elle. Elle le voit lever les yeux au ciel tandis qu'il obtempère. Il s'assoit, suivi par Taiju. Mais même comme ça, il ne les regarde pas. 

Le silence s'installe entre eux. Se faisant, Senku espère leur faire comprendre qu'il n'a pas envie de parler. Ne rien dire, c'est la meilleure chose à faire pour lui. 

— Ça fait combien de temps que tu n'es pas sorti de chez toi ? lui demande la brune, toujours tournée vers lui. 

Il laisse un court silence s'installer, juste avant de répondre. 

— Une semaine. 

Depuis qu'il a raccroché, il n'est pas sorti. Il n'en a pas eu la force. 

— Et tu comptes rester ici encore longtemps ? 

Cette question le surprend. Il n'a pas l'habitude d'entendre Yuzuriha lui parler comme ça. Ce genre de phrase correspond plus à Kohaku qu'à la brune. 

— Qu'est-ce que ça peut vous faire de toute façon ?

— On s'inquiète, s'empresse d'ajouter Taiju. Rester comme ça à te morfondre, ça ne te ressemble pas.

Mais je n'y arrive plus. 

Mais ça, il ne parvient pas à le dire à voix haute. Ses lèvres restent scellées, incapables de libérer la douleur qu'il garde en lui. Une part de lui aimerait se livrer mais l'autre part est tellement habituée à ne rien dire qu'il ne parvient pas à s'en libérer. 

— Tu ne dis jamais rien, reprend la brune à côté de lui. 

Il ne veut pas qu'elle puisse voir la douleur dans son regard. Pourtant, ses yeux carmins se tournent vers elle, et leurs regards se rencontrent. 

— Quelque chose te fait peur ?

S'il a peur ? La vérité, c'est qu'il est terrifié. Cet avenir qui se dessine devant lui lui fait froid dans le dos. Avant, il y avait Gen pour le soutenir. Avant, Gen était là pour assurer ses arrières et le pousser vers le haut. Mais maintenant qu'il n'est plus là, il n'a plus la force d'avancer. Et l'avenir lui fait peur. 

Ses yeux rouges quittent les siens. Yuzuriha prend ce geste comme un "oui". 

— C'est normal d'avoir peur. Tu te sens seul et tu dois avancer vers un avenir que tu imaginais autrement. C'est complètement normal, Senku. 

Il déglutit, cherchant à ravaler l'angoisse qui le possède. Vu de l'extérieur, on ne dirait pas que son corps est paralysé par cette peur qui le possède. Mais à travers ses yeux, on peut y lire toute cette angoisse qu'il cherche à cacher. Ses yeux sont le miroir de son âme, une âme troublée et blessée par une séparation déchirante. 

De son côté, Taiju se contente d'observer Senku et Yuzuriha. Il n'a jamais été très doué avec les mots, tout l'inverse de la brune. S'il y a bien une personne capable de le cuisiner, c'est bien elle. Et de ce qu'il voit c'est en train de fonctionner. 

— Mais tu ne peux pas laisser cette peur te paralyser. 

— Je n'y arriverai pas. 

Sa voix n'est qu'un mince filet. C'est bien la première fois que Taiju l'entend parler de cette manière. Toute sa vie, il a connu un Senku sûr de lui et capable de soulever des montagnes. Mais aujourd'hui, il n'a plus qu'une ombre devant lui. Le Senku qui se tient là n'est plus celui qu'il a connu. 

Ses mains se mettent à trembler. Il essaye de le cacher, mais cela n'échappe pas aux yeux de ses amis. Et puis c'est au tour de ses bras, puis de tout son corps. Du plus fort qu'il peut, il essaye de retenir ses larmes qui lui brûlent les yeux. Sa gorge lui fait mal, il a l'impression d'étouffer. 

— Il ne reviendra pas. 

Cette phrase résonne dans l'appartement comme une sentence irrévocable. Pour la première fois depuis une semaine, il prononce ces mots de vive voix. Et les prononcer, c'est leur donner vie. Oui, Gen ne reviendra pas. Il va devoir réapprendre à vivre sans lui, réapprendre à se passer de ses mots et de sa présence. Petit à petit, son odeur s'effacera de son appartement, puis de sa mémoire. Il n'y aura plus que leurs moments à eux qui lui resteront en tête tandis que le temps l'éloignera toujours plus de lui. Il devra l'accepter et vivre avec. Il devra vivre jusqu'au jour où il pourra penser à tous leurs moments avec un sourire aux lèvres. Mais en attendant, il n'y a que ce cruel constat qui revient, encore et encore. 

Il ne reviendra pas. Il ne reviendra pas. Il ne reviendra pas. 

Il referme ses mains sur son jogging, le serrant de toutes ses forces. Ses jointures se mettent à blanchir tandis que sa poigne se fait toujours plus forte. Malgré le tissu entre ses doigts, il sent ses ongles s'enfoncer dans ses paumes. 

Juste à côté de lui, Yuzuriha vient poser une main sur son épaule. 

— Vas-y Senku, relâche toi, tu en as besoin. 

Ses yeux noisettes se glissent jusqu'à son petit-ami. Taiju la regarde, le même air inquiet sur le visage. Puis, enfin, les sanglots de Senku résonnent dans l'appartement. 

Au début, ils sont discrets, rien de plus que quelques hoquets tandis qu'il reprend sa respiration. Mais les larmes coulent toujours plus, entraînant avec elles tout ce qu'il a refoulé. Ses épaules sont secouées par ses larmes tandis que les hoquets se transforment en de véritables sanglots déchirants. Pour la première fois depuis qu'il a raccroché, Senku pleure. Il laisse ses émotions le submerger, libérant toute cette colère et cette peine qu'il a gardé pour lui. Lui qui ne pleure jamais, le voilà incapable de s'arrêter. 

Ses pleurs, parfois accompagnés de cris, résonnent dans tout l'appartement. Désormais, Senku ne parvient plus à se contrôler. Mais aujourd'hui, il n'est pas seul. À côté de lui, les bras de ses amis se referment autour de lui tandis qu'il laisse ses sanglots résonner. Là, dans cette étreinte recherchée, il peut pleurer, jusqu'à ce qu'il n'ait plus de larmes. Parce que ses amis sont là et qu'ils seront toujours là pour accueillir ses pleurs. 

Byakuya, resté dans le couloir, fait tout son possible pour ravaler les larmes qui lui brûlent les yeux. C'est la première fois qu'il entend son fils pleurer aussi fort. Ses cris lui fendent le cœur et pourtant, il est soulagé de les entendre.

— C'est bien Senku, laisse tout sortir. 

Pleurer, c'est accepter ses émotions. Pleurer, c'est accepter la douleur de la perte et la torture de la solitude. Et peut-être qu'il faudra pleurer longtemps avant que ces sentiments ne cessent de le torturer. Mais ce jour viendra, et en attendant, il y aura du monde pour sécher ses larmes. 

Gen n'est plus là, mais Senku n'est pas seul. Il n'y aura plus ses paroles pour adoucir ses démons, mais il y aura les autres. La vie continue son cours, la vie continue d'avancer, emportant avec elle la douleur d'une séparation injuste. 

Il faudra du temps pour tout réparer. Mais ça tombe bien : du temps, il y en a à l'infini. 

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Si vous avez pleuré pour ce chapitre sachez que moi aussi. Durant la scène de la conversation téléphonique j'ai dû faire des pauses car c'était trop compliqué émotionnellement parlant 😭. Je crois que c'est la première fois que j'écris une scène aussi triste. J'espère tout de même que ce chapitre vous aura plu. Après toutes les péripéties qu'ont vécu Senku et Gen, est-ce que cela pouvait se finir autrement ? Gen qui a besoin de se découvrir et Senku qui doit se concentrer sur l'avenir. Ce dénouement est dur... mais il est réaliste. Rare sont les couples qui perdurent après avoir vécus de telles tragédies.

Il reste un seul chapitre avant l'épilogue. Pour le prochain chapitre, je vous conseille de vous poser dans un endroit calme. Il s'agit d'un chapitre très important pour moi car c'est le plus abouti de tout ce que j'ai pu écrire jusqu'à maintenant. Pour lui aussi j'ai pleuré, je l'ai écrit en plusieurs fois, je me suis isolée en écoutant des musiques déchirantes pour pouvoir l'écrire. Alors pour la suite, mettez-vous au calme, activez la musique que je mettrai en média, et profitez de ce chapitre qui clôturera cette belle histoire d'amour qu'ont pu vivre nos deux protagonistes.

Je vous dis donc à la prochaine pour le dernier chapitre avant l'épilogue !

Ciao~

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