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Chapitre 24 : Toi aussi, tu veux rejoindre les étoiles

Il s'est passé une semaine depuis qu'ils se sont installés dans leur appartement de substitution. Une longue semaine durant laquelle Gen n'a pas mis un pied dehors. Pour la simple et bonne raison que s'imaginer dehors l'angoisse tellement qu'il sent une terreur atroce lui dévorer les entrailles. Dès lors, il est resté dans cet appartement, sans jamais en sortir. Mais ce soir, il a trouvé le courage de sortir sur le balcon. 

Il s'est couché à 22h. Mais malgré ça, il n'a pas réussi à dormir. Son esprit ère comme une âme en peine, cherchant un quelconque réconfort qu'il est incapable de trouver. Depuis qu'il est arrivé ici, son corps refuse tout contact. Quant à son esprit, il hurle chaque jour sa douleur dans le plus grand des silences. 

Le soir, il s'endort seul dans des draps froids. Le matin, il se réveille seul dans un appartement désert. Parce que malgré tout ça, Senku doit continuer d'aller en cours. Parce que malgré tout ça, la vie continue et le vert ne peut pas laisser tomber ses études. Depuis déjà quelques jours les partiels ont commencé pour toute la fac. Mais lui, il ne s'y ait pas rendu. Parce qu'il est incapable de mettre un pied dehors, et aussi parce qu'il ne veut pas reprendre un cursus qui ne l'intéresse plus. 

— Je ne retournerai pas à la fac.

C'est ce qu'il a dit à Senku alors qu'il s'excusait déjà de son absence pour le lendemain, obligé de se rendre en cours. Il n'a rien ajouté, ni même tenté de le faire changer d'avis. Après tout, vue la situation, ça serait peine perdue. 

Son corps n'a pas arrêté de tourner dans le lit pendant des heures. Malgré sa fatigue, il n'a pas réussi à fermer l'oeil. Ses yeux sont restés ouverts, fixant le plafond sans même le regarder. Il a entendu Senku se coucher une heure et demie après lui dans la chambre d'à côté. Puis, le calme nocturne s'est abattu sur l'appartement tout comme sur la ville. Les heures se sont écoulées, toutes plus longues les unes que les autres. Et alors, enfin, son corps s'est redressé. Machinalement, il est sorti du lit pour se diriger vers le salon. Là, il a ouvert la large baie vitrée et s'est avancé sur le balcon. 

C'est sa première sortie depuis qu'il est ici. Depuis qu'ils sont arrivés dans cet appartement, il n'a pas senti une seule fois l'air sur son visage. Barricadé dans cet immense appartement, il avait oublié que dehors le froid est encore là. Il est sorti avec juste un sweat sur le dos, rien qui puisse le protéger de la froideur d'une nuit de toute fin de février. 

Ses bras se referment autour de lui, comme si cela allait suffir à le protéger du froid. Et pourtant, malgré l'air qui ronge sa peau, il ne fléchit pas. Pieds nus, trop peu vêtu, il avance vers le rebord du balcon, s'éloignant du salon juste derrière lui. Là, il pose une main sur la rambarde, laissant son regard se perdre vers l'horizon. Face à lui, il voit toutes les lumières qui gardent la ville éveillée et ce malgré l'heure tardive. Des milliers de bâtiments qui affrontent l'obscurité tandis que les rues se sont endormies. Dehors, il n'y a plus que de rares fêtards qui profitent d'une soirée entre amis. Dehors, il n'y a plus que des âmes vagabondes en quête de tranquillité. Et dehors, il y a lui, une âme en peine incapable de trouver ce qui lui permettra de sombrer dans le sommeil. 

L'air se glisse dans ses cheveux, faisant virevolter ses mèches blanches. Il sent l'air lui griffer le cou tandis qu'un puissant frisson parcourt son corps. 

Tu devrais rentrer, tu vas attraper la mort si tu restes dehors. 

Et pourtant, son corps ne bouge pas. Il reste ainsi, la main sur la rambarde en métal. Déjà, il sent sa paume geler autour de la froideur du métal. Quand il expire, un nuage de condensation se forme autour de ses lèvres. Et puis, à mesure que les secondes défilent, son corps tremble sans qu'il ne puisse s'en empêcher. Il grelotte, et pourtant, il ne bouge pas. 

Que pourrait-il faire après ça ? Rentrer ? Et pour faire quoi ? Il ne lit plus, incapable de se concentrer plus de dix minutes sur la même chose. Il ne regarde plus la télévision, agressé par le volume qu'il trouve toujours trop élevé. Il n'écoute plus de musique, agacé par des paroles qu'il connaît par cœur. Il ne sort plus, persuadé que s'il venait à mettre un pied dehors, Mozu le retrouverait. Chaque jour, il vit avec la peur au ventre de le voir revenir pour lui. Chaque jour, il s'imagine que malgré la sécurité de la résidence, il parviendra à le retrouver. Sa main se refermera autour de son poignet avant qu'il ne le tire en avant pour le ramener dans cette maison qui empeste le tabac froid. 

Et puis dans tout ça, il y a ce corps endormi dans la pièce juste à côté de la sienne. Ses pensées voguent jusqu'au vert, comme si cela allait réussir à lui faire oublier cet homme qui lui gâche la vie. Et pourtant, il n'arrive pas à y voir un quelconque réconfort. Parce que depuis qu'il est revenu, il voit toute la souffrance que le vert refoule. Chaque jour, il voit à quel point son regard s'inquiète de ne pas le voir sortir. Il s'inquiète de son silence continu, de son cruel manque d'appétit, de ses cauchemars. Malgré toute sa bonne volonté, il est incapable de laisser sa main se poser sur lui. Il l'évite comme la peste, fuyant ce regard qui se pose sur lui. Et pourtant, il aimerait avoir le courage de le prendre dans ses bras. Mais rien que d'imaginer ses mains se poser sur lui, une nausée atroce le paralyse. 

Ses mains ne sont pas les siennes, se répète-il tous les jours. 

Non, et elles ne seront jamais les siennes. Pourtant, il sent quand même un profond dégoût le paralyser quand il s'imagine qu'il pourrait le prendre contre lui. 

Tu le fais souffrir, tous les jours. 

Oui, c'est un fait. Senku ne dit rien et il sait qu'il ne lui avouera jamais, mais il souffre atrocement de voir Gen dans cet état. Chaque jour, il le voit dépérir. Chaque jour, il le voit s'éloigner de lui. Et il ne peut rien y faire. 

Sa deuxième main vient se poser sur la rambarde. Cette fois, ses yeux ont quitté l'horizon. Son regard se concentre sur le sol qui s'étend sous le balcon. Cinq étages le séparent de ce sol goudronné autour de l'immeuble. Cinq étages. 

Il est en colère contre lui-même. Tous les jours, il maudit son corps et ses réactions grotesques. Il maudit les réflexes qu'il a adopté quand Senku s'approche de lui. Il se souvient de cette main qui a juste voulu prendre la sienne. Et comme seule réponse, il n'y a eu qu'un mouvement de recul, comme si cette main était sur le point de le brûler. Et quand il s'est reculé, il a vu le regard de Senku. Il a aussitôt regretté. Mais le mal était fait.

Tous les jours, il souffre. Tous les jours, il n'y a que la douleur qui l'accompagne. Elle est d'abord physique quand, parfois, s'asseoir sur le canapé provoque une douleur sourde dans son bassin. Parfois, ses vêtements frottent sur des plaies qui ne sont pas refermées, sur des hématomes encore sensibles. Et puis, il y a la douleur mentale, encore plus dure à supporter. Chaque jour, il a l'impression de ressentir des milliers d'aiguilles s'enfoncer dans sa peau. Il y a les maux d'estomacs, les douleurs dans la poitrine tandis que le souffle lui manque. Et il y a aussi cette douleur dans tout son être qu'il ne parvient pas à extérioriser. Elle est là, indescriptible, inatteignable, enfouie au fond de lui. 

Il fait un pas de plus sur le balcon. Cette fois, son regard aperçoit encore plus le sol en contrebas. Il n'y a que cinq étages entre lui et le sol. Cinq étages. Cinq tous petits étages. 

Je veux arrêter de souffrir. 

Ses yeux ne quittent plus le sol tandis que ses mains s'accrochent à la rambarde. Elles la serrent si fort que ses jointures blanchissent. Il ne sent même plus ses mains s'accrocher à elle. 

Ce soir plus que jamais, la douleur s'est réveillée. Et surtout, il ressent un grand vide. Le genre de vide que rien ni personne ne pourra jamais combler. Aucune parole, aucun acte ne pourront jamais venir à bout de ce vide qui le dévore. En lui, il n'y a plus rien, si ce n'est qu'une puissante souffrance infinie.

Il n'y a que cinq étages entre lui et le sol. 

Je ne veux plus penser à tout ça.

Cinq.

Je veux juste que tout ça s'arrête.

Petits. 

Je veux juste arrêter de souffrir. 

Étages. 

Ses yeux ne quittent toujours pas le sol. Il ne sent plus rien, son corps n'est plus qu'une coquille vide. Tout ce qu'il voit, c'est ce goudron, et tout ce vide. 

Tu es vide de toute manière, alors à quoi bon ? 

Sans même s'en rendre compte, son corps se penche en avant. Très lentement, son visage s'avance vers ce vide qui l'attire. 

Il t'a tout pris. Et même si tu n'as plus rien, il reviendra tout te prendre. 

Quelques centimètres de plus, quelques tout petits centimètres. 

À quoi bon se battre ? 

Déjà, il se sent se mettre sur la pointe des pieds. Dans quelques instants, tout sera fini. Il pourra enfin respirer, libéré de cette douleur qui le paralyse. 

À quoi bon ? 

Ses pieds vont bientôt quitter le sol. Et alors, son corps basculera en avant. Tout ce qu'il aura à faire, c'est lâcher la rambarde. Et comme ça, il pourra partir, tout en regardant les étoiles une dernière fois. 

Moi aussi, je rejoindrai les étoiles. 

— Gen ?

Ce son suffit à le paralyser. Sans même s'en rendre compte, son corps entier fait volte-face. Sa main gauche a lâché la rambarde, ses pieds sont à nouveau ancrés sur le sol. Ses yeux ont quitté le sol, se plongeant dans l'obscurité derrière la baie vitrée. Là, il aperçoit une silhouette voûtée par la fatigue et un regard endormi. Ses yeux clignent tandis qu'il peine à se débarrasser du sommeil qui alourdit ses paupières. Il lui faut quelques instants pour se rendre compte de la tenue de Gen. Un sweat léger sur les épaules, un simple jogging, pieds nus. 

— Bon sang mais tu dois mourir de froid habillé comme ça. 

Sa voix n'est qu'un filet, elle aussi encore alourdie par le sommeil. Et pourtant, il voit déjà son corps se déplacer et attraper quelque chose sur le canapé. Ensuite, il sort à son tour dehors, non sans grelotter à l'instant même où le froid vient s'immiscer dans ses vêtements. 

Il s'approche lentement de lui, sans faire le moindre geste brusque. Là, en même temps qu'il s'avance, il déplie le plaid qu'il a pris sur le canapé. Encore une fois, il glisse lentement la couverture sur ses épaules tout en prenant soin de ne pas le toucher. Pour la première fois depuis une semaine, son corps n'a pas le moindre mouvement de recul. Il reste immobile, regardant ses mains qui passent autour de lui pour déposer le plaid sur lui. Aussitôt, il sent un début de chaleur se diffuser dans ses bras. 

— Viens, on rentre.

Au début, Gen est incapable de bouger. Ses pieds sont comme collés au sol, incapables d'avancer. Senku se retourne et, enfin, il semble s'apercevoir de son trouble. Les secondes défilent et Senku se réveille petit à petit. 

— Est-ce que ça va ?

Il n'a aucune idée de ce que Gen était sur le point de faire. À cause de ce sommeil qui paralysait ses paupières, il n'a pas vu ses pieds se décoller du sol, ni son corps penché vers le vide. Tout ce qu'il a vu, c'est sa silhouette. Il ne sait pas ce qu'il vient d'interrompre, mais Gen, lui, le sait parfaitement. 

J'allais sauter

Brusquement, il sent l'air entrer dans ses poumons. Et enfin, il sent à quel point il est mort de froid, là, dehors. Son corps se met à trembler de toute part. Il ne sait pas si c'est le froid qui le fait trembler ainsi ou bien l'adrénaline qui redescend. 

Ses yeux ébènes viennent happer le regard carmin devant lui. Malgré tout ça, il n'arrive toujours pas à bouger, tant son corps est lourd. Alors, lentement, la main de Senku s'élève vers lui. 

Son geste est lent, prenant soin de ne rien brusquer ni de ne rien imposer. Là, il tend sa paume vers lui, l'invitant à l'attraper. Pendant de longues secondes, Gen la regarde sans bouger. Puis, enfin, sa main se redresse elle aussi. Elle reste en suspens, osant à peine s'approcher. Peut-il laisser sa paume attraper la sienne ? Son corps acceptera-t-il ce contact ? Depuis tout ce temps, il n'a pas laissé Senku l'approcher. Alors pourra-t-il prendre sa main comme si de rien n'était ? 

C'est à toi de decider, Gen, pas ton corps

Il en a envie. Il veut que sa paume vienne se réfugier dans la sienne. Lentement, il laisse sa paume se déposer contre la sienne. Il voit ses doigts se refermer autour de sa main et, aussitôt, il sent la chaleur se diffuser dans sa paume.

Senku, de son côté, se rend compte à quel point sa peau est gelée. À cette heure avancée de la nuit, il ne doit faire quelques degrés tout au plus. Il doit le ramener à l'intérieur pour le réchauffer. 

Doucement, il le tire vers le salon. Enfin, Gen sent son corps bouger. Il marche, et chaque pas lui fait mal tant ses pieds sont frigorifiés. Et puis, en quelques secondes, le voilà dans le salon, et Senku referme la baie vitrée. 

— Tu es complètement gelé. 

Tout son corps lui fait mal maintenant qu'il se rend compte de la température. Combien de temps est-il resté dehors à regarder l'horizon ? Dix minutes ? Trente ? Une heure ? Il n'en sait rien, mais il sait juste qu'il est mort de froid. Et sitôt s'en rend-il compte qu'il grelotte de plus belle. Ses dents claquent entre elles tandis que son corps tremble. 

Aussitôt, Senku s'empresse de resserrer le plaid autour de lui. Il frotte ses bras frénétiquement, cherchant à le réchauffer. Puis, il attrape ses mains qu'il enferme entre les siennes. Là, il souffle dessus, laissant son souffle naturellement chaud réchauffer sa peau gelée. Et Gen le regarde faire, sans aucun mouvement brusque, sans même reculer. Il laisse ses mains le toucher, sans ressentir le besoin de les repousser. 

— Qu'est-ce qui t'a pris de sortir dehors à cette heure-ci habillé comme ça ?

— Je ne sais pas.

Il voulait juste sortir. Il voulait juste connaître autre chose que l'air de l'appartement. 

Malgré lui, Senku ne peut pas le blâmer davantage. Cette sortie fut chaotique, mais c'est la première fois qu'il le voit dehors depuis qu'ils sont arrivés. 

— Serre bien la couverture contre toi pour te réchauffer. Je vais te préparer du thé. 

— Non, je n'en veux pas. 

Senku s'arrête dans sa lancée. Il le regarde, ne sachant quoi répondre. 

— Je... je vais me mettre sous la couette. Ça va me réchauffer. 

— Le thé sera... 

— Bonne nuit. 

Puis, il disparaît dans la nuit en se ruant vers sa chambre. Il s'empresse de fermer la porte puis se glisse sous les draps sans même se débarrasser du plaid. Là, il se recroqueville sur lui-même, ne pensant plus qu'à se réchauffer. Derrière lui, il laisse un Senku désemparé. Après de longues secondes, il se souvient enfin de la chose qui l'a réveillé. Il passe aux toilettes puis, lui aussi, retourne se glisser sous la couette. Son sommeil sera léger, sa conscience tournée vers la personne juste derrière le mur de son lit. 

***

Gen émerge doucement au bruit de la télévision restée allumée. Ses paupières se soulèvent difficilement tandis qu'il se sent tout groggy. Sa tête pèse une tonne, tout comme son corps. Il se redresse lentement, frottant ses yeux pour se débarrasser du sommeil qui lui voile le regard. 

Il s'est endormi sur le canapé, semble-t-il. Il jette un regard sur lui, se rendant compte que son corps est recouvert par une couverture. Il lui faut quelques instants pour se rendre compte de ce que cela veut dire. 

Son regard balaye l'appartement jusqu'à ce que ses yeux se posent sur Senku, installé sur la table à manger. L'ordinateur ouvert, ses yeux rouges rivés sur son écran, il ne semble pas s'être rendu compte du réveil de Gen. Du moins pendant quelques secondes. Rapidement, il sent la lourdeur de son regard sur lui, ce qui lui fait tourner la tête. 

— Ah, enfin réveillé ? 

Il lui adresse un petit sourire qu'il n'arrive pas à lui rendre. Ses yeux ébènes se posent à nouveau sur la télévision dont il ne comprend pas les images. Il attrape la télécommande pour éteindre l'écran, imposant le calme dans l'immense appartement. 

Gen s'assoit, l'esprit encore embrouillé. Il ne sait pas combien de temps il a dormi, mais dehors, le soleil commence déjà à se coucher. Enfin, après de longues minutes, il parvient à formuler quelque chose. 

— Ton partiel s'est bien passé ? 

Il ne regarde pas Senku, mais il devine qu'il se tourne vers lui. 

— Plutôt bien, je pense. C'était le dernier. 

Gen acquiesce d'un simple signe de tête. Il n'a pas la force de dire quoique ce soit d'autre.

— Je serai davantage présent maintenant, vu que les partiels sont finis.

À nouveau, Gen répond d'un simple signe de tête. Sans trop savoir pourquoi, le froid semble s'inviter à travers ses vêtements. Il rapproche le plaid et s'empresse de s'emmitoufler dedans. Puis, il se rallonge, fixant l'écran noir qui ne diffuse plus rien.

Cette fois, Senku referme son ordinateur. Depuis cette nuit, il ne sait quoi penser. Toute la journée, il a repensé à ce qui s'est passé durant la nuit. À cause de la fatigue, il n'a pas vraiment fait attention à ce que Gen faisait dehors. Mais une fois son esprit bien réveillé, il a eu l'impression d'avoir enfin compris. 

Senku lui a menti. Ce partiel ne s'est pas bien passé. Pour être honnête, il ne l'a même pas terminé. Sur sa feuille, les informations semblaient se mélanger. Et quand son esprit a enfin compris ce qu'il n'a pas su voir cette nuit, il s'est empressé de partir. Durant tout le trajet, il a eu un atroce pressentiment. Dans l'ascenseur, il serrait son sac contre lui. Il a ouvert la porte de l'appartement à la hâte, et il l'a vu allongé sur le canapé, assoupi. Aussitôt, l'adrénaline est redescendue.

Est-ce que Gen a vraiment essayé de commettre l'irréparable cette nuit ? Est-ce que, s'il ne s'était pas levé cette nuit pour aller aux toilettes, Gen serait passé à l'acte ? Se fait-il des films ou bien... est-ce la vérité ? 

Son coeur bat la chamade dans sa cage thoracique. Il fixe ce canapé sans pouvoir voir le corps de Gen. Que doit-il faire ? Le mettre devant le fait accompli ? Ne rien dire ? Redoubler de vigilance ? Son poing se serre. Lui qui n'est déjà pas doué avec les gens ne sait absolument pas quoi faire.

Les secondes s'étirent et, enfin, il trouve suffisamment de courage pour se lancer. Tant pis s'il fait mal les choses, il ne peut pas rester sans rien faire. 

— Qu'est-ce que tu faisais dehors cette nuit ? 

Ses oreilles bourdonnent. Il a besoin d'une réponse et pourtant, il a peur de ce qu'il va entendre. Il essaye de garder constance, ne pas perdre pied devant lui. Il ne doit surtout pas perdre pied devant lui. 

Sa réponse se fait attendre. Mais enfin, il entend sa voix émaner du canapé. 

— J'avais juste besoin de prendre l'air. 

Bien sûr qu'il ne va rien dire. S'il a vraiment essayé de faire ce à quoi il pense, il ne va pas tout simplement l'avouer comme ça. 

— Juste prendre l'air ? 

À nouveau, un silence. Mais au moins, il voit l'arrière de sa tête se relever. Il s'est assis sur le canapé. 

— Oui, juste prendre l'air. 

Il ne sait pas comment rebondir. Gen semble lui faire comprendre qu'il ne dira rien, peu importe ce que dira le vert. Mais Senku ne peut pas rester sans réponse. Si ce qu'il pense est avéré, alors c'est bien trop grave pour ne rien faire. 

— Est-ce que tu me dis la vérité, Gen ? 

Il déteste remettre en question sa parole. Mais après tout ce qui s'est passé dernièrement, il n'a pas le choix. Après tout, Gen lui a bien menti pendant des mois sur ce qu'il vivait. Pourquoi ne le referait-il pas aujourd'hui ?

Cette fois, il voit son visage se tourner vers lui. Les sourcils froncés, il semble en colère. 

— Tu penses que je te mens ? 

— Je ne sais pas. Mais comme le mensonge semble être un de tes talents, je me pose des questions. 

Ses yeux s'écarquillent. Aussitôt, Senku se rend compte qu'il aurait pu formuler sa phrase autrement. Mais c'est plus fort que lui, il n'arrive pas à prendre des pincettes avec les gens. 

Au moins, ses mots semblent avoir provoqué quelque chose chez Gen. Déjà, il se lève, prêt à quitter la pièce. Et sa réaction lui indique qu'il semble avoir visé juste. Il préfère fuir plutôt que de continuer la discussion. 

— Gen attends. 

Il se lève à son tour, se précipitant vers lui. S'il le laisse fuir, il s'enfermera dans sa chambre et n'en ressortira pas de la soirée. Et il est hors de question qu'il le laisse partir sans rien faire. Il ne peut pas le laisser s'enfoncer sous ses yeux.

— Je veux juste discuter. 

— Et moi je n'ai rien à te dire. 

Il voudrait le retenir, mais il sait que s'il le touche, il pourrait vriller. Au lieu de ça, il s'empresse de se dresser entre lui et le couloir. De cette manière, il espère qu'il comprendra qu'il veut juste discuter. 

— Laisse-moi passer, ordonne-t-il. 

— Je veux juste qu'on discute, toi et moi. 

— Encore une fois, je n'ai rien à te dire. 

Il essaye de passer, mais Senku lui barre à nouveau la route. Cette fois, il voit dans son regard une colère sourde grimper petit à petit. Et avec elle, une détresse qu'il cherche à tout prix à refouler. 

— À quoi tu joues ?!

— Je ne peux pas te laisser partir comme ça, pas après ce que tu as fait cette nuit !

— Bon sang mais je suis juste sorti prendre l'air ! Ça faisait une semaine que je n'avais pas mis le pied dehors, tu devrais être content !

Cette fois, c'est au tour de Senku de ressentir de la colère. Mais il fait son maximum pour la contrôler. Il ne peut pas exploser devant lui, il ne doit surtout pas le faire. 

— Je ne te crois pas, répond-il simplement. 

Il était au bord du balcon, les mains sur la rambarde, le regard rivé vers le sol. Il ne l'a vu que quelques secondes, mais il en est sûr et certain. 

— Comment ça tu ne me crois pas ?

— Tu n'étais pas sorti prendre l'air. 

— Ah oui ? Eh bien dans ce cas, qu'est-ce que j'étais parti faire, hein ? 

— À toi de me le dire. 

Ses prunelles noires brillent de plus belle. Il s'empresse de détourner le regard lorsqu'il se rend compte de sa détresse. Il ne veut pas la montrer à Senku, il ne veut pas qu'il comprenne ce qu'il y a au fond de son être.

Mais il l'a déjà compris, tu ne crois pas ?

Peu importe, il ne peut pas le lui dire. Prononcer ces mots à voix haute viendrait à donner vie à ce qu'il ne veut pas voir. Il veut juste oublier toutes ces pensées parasites, oublier la douleur et la fatigue. 

— J'étais juste parti prendre l'air.

Mais ces paroles sonnent fausses pour les deux garçons. Gen les répète comme un poème qu'il a appris par cœur sans le comprendre. Elles sont vides de sens et de vérité, un simple mur qu'il a dressé entre lui et la réalité. Ce mur s'effondre, mais il fait tout son possible pour s'y accrocher. Car s'il disparaît, il sera obligé de s'exposer au monde entier. Et ça le terrifie. 

— Maintenant Senku fiche moi la paix ! 

Sa voix a fusé si fort que le vert a eu un mouvement de recul. Gen en a profité pour s'engouffrer dans le couloir, se ruant vers sa chambre. 

Mais Senku n'a pas dit son dernier mot. À son tour, il se jette sur le porte, bloquant la poignée avec sa main. Encore une fois, il se dresse face à Gen, face à sa peur et sa douleur. Deux émotions qui semblent sur le point de s'emparer de tout son être. Et tout ce que veut le bicolore, c'est s'engouffrer dans cette chambre pour les faire taire une bonne fois pour toute. 

— Mais va-t-en ! 

Il crie comme jamais il ne l'a vu crier avant. Dans ses yeux, il y a une terreur qu'il n'avait jamais vue auparavant. Mais surtout, il y a la souffrance. Une souffrance que les mots ne peuvent décrire, que seul le cœur peut comprendre. 

Depuis que Gen est ici, son corps ne supporte pas le contact avec autrui. Mais cette fois-ci, c'est lui qui le provoque. Parce que ses mains se jettent sur celles qui retiennent la poignée. Elles veulent juste qu'elles s'en aillent, qu'elles le laissent en paix. 

Surpris, Senku a lâché la poignée. Mais il ne peut pas le laisser entrer. Alors, de tout son poids, il avance, espérant le faire reculer. Les mains de Gen s'accrochent à ses bras, cherchant à le dégager de son chemin. Mais Senku ne veut pas que ça se termine comme ça. Il ne doit pas le laisser fuir, il doit l'en empêcher. Alors, ses mains bataillent à leur tour pour ne pas lui laisser l'avantage. 

Comment en sont-ils arrivés là ? Devant lui, il ne voit qu'un Gen terrifié qui, par tous les moyens, tente de survivre à ce qui le paralyse. Et lui, il essaye en vain de le garder sur Terre avec lui. Il veut comprendre cette souffrance, qu'elle sorte de son corps et qu'elle arrête de le détruire. Il veut juste l'aider à porter un peu de son poids pour l'en soulager. C'est tout ce qu'il veut. 

— Gen, je veux juste t'aider ! 

— Et moi je veux que tu me laisses tranquille ! 

Son cœur brûle de douleur. Il fond petit à petit dans sa cage thoracique, provoquant une douleur si forte qu'il n'arrive pas à la hurler. Et pourtant, il aimerait, mais il n'y arrive pas. 

Pris dans leur bousculade, Gen a glissé. Et à cause de ça, il a senti son corps heurter le mur. Se rendant compte de ça, Senku a reculé. Ses mains le lâchent, comme s'il venait de se brûler. Mais comme un réflexe, la main de Gen a volé. Et sans crier gare, elle vient s'abattre de toutes ses forces sur sa joue. 

Le coup fut si inattendu que Senku n'a pas eu le réflexe de reculer davantage. Il est resté là, incapable de bouger, le visage endolori. Puis, lentement, il a porté sa main jusqu'à sa joue droite. Son visage se tourne lentement vers Gen et, enfin, il croise son regard. 

Sans même que son corps ne s'écroule au sol, il l'a vu s'effondrer. Le dos contre le mur, le regard horrifié, il porte sa main coupable jusqu'à sa bouche. Tout son corps tremble, terrifié parce qu'il vient de faire. Parce qu'à cet instant, il vient de faire tout ce qu'il déteste. 

Son corps pèse une tonne. Il sent ses jambes faiblir jusqu'à ce qu'elles se dérobent sous son poids. Cela a suffi à sortir Senku de sa transe qui le rattrape juste avant qu'il ne s'effondre au sol. Dès que ses mains ont attrapé son corps, Gen s'est mis à pleurer. 

Ses larmes sont si violentes qu'elles lui coupent la respiration. Une expression horrifiée paralyse ses traits tandis que son acte se rejoue dans sa tête. Il l'a giflé, il vient de lever la main sur lui. Il vient de lever la main sur la personne qui ne veut que l'aider. Il vient de le frapper. 

Il essaye de s'excuser, mais il ne sait même pas si ses paroles ont le moindre sens à travers ses sanglots. Mais il répète les mêmes mots en boucle tandis que ses larmes continuent de couler à flots. 

— Je suis désolé, je suis désolé, je suis désolé... 

Les mains de Senku viennent se poser sur son visage, essuyant toutes ces larmes qui maculent ses joues rouges. Il n'essaye même pas de l'empêcher de pleurer, il n'y arriverait pas. Parce que dans ces larmes, il y a bien plus que la culpabilité qu'il doit ressentir. Dans ces larmes, il y a la haine, la peur, la douleur, la colère, l'incompréhension. Dans ces larmes, il y a tout ce qu'il n'a pas réussi à lui dire. Dans ces larmes, il y a des mots qui s'échouent sur ses doigts. Il y a des cris, des pleurs, des hurlements et des silences. Tout ce qu'il n'a pas réussi à formuler a pris la forme de perles salées qui s'écoulent inlassablement sur son visage déformé par la douleur. 

Le corps de Gen tremble de douleur et de fatigue. Ses larmes coulent encore, incapables de se taire. Ses yeux ne regardent pas le vert, ils en sont incapables. À la place, ils continuent de pleurer. Et enfin, au milieu de toutes ces larmes, la vérité éclate au grand jour. 

— Je voulais mourir, je suis désolé Senku. Mais j'ai trop mal, j'ai beaucoup trop mal...

Ses mots lui font l'effet d'une bombe. Son cœur se serre, tout son monde se met à tourner. Alors il avait raison. Il aurait préféré se tromper, mais ce n'était pas le cas. Hier soir, Gen a bien tenté de mettre fin à ses jours. 

— Je sais que tu souffres Gen, et je ne peux même pas imaginer à quel point. 

Il essaye de couvrir le bruit de ses sanglots en parlant plus fort. Avec ses paroles, il continue d'essuyer ses larmes et de maintenir son visage vers lui. Il ne doit pas perdre son attention, au grand jamais. 

— Mais je suis là, je serai toujours là. Alors laisse moi porter un petit peu de cette souffrance avec toi. 

Doucement, entre ses mains, les sanglots se tarissent. Désormais, il n'y a plus que des hoquets répétés et des tremblements. Ses yeux brillent de supplice, cherchant à s'accrocher à quelque chose. Alors, Senku plonge son regard dans le sien. 

Accroche-toi à moi, Gen. 

— Je... je n'arrive plus à vivre, Senku... 

Là, dans ce couloir, Senku s'est agenouillé devant lui. Du bout de ses doigts, il continue d'essuyer ses larmes qui coulent. Ses mains tiennent son visage en coupe, un visage qu'il n'a jamais vu autant anéanti. 

— Tous les jours... j'ai l'impression de sentir son odeur, de sentir ses mains sur moi... J'ai l'impression qu'il va venir me chercher, qu'il va m'emmener loin de toi ! 

Ses mains s'agrippent à lui. C'est bien la première fois depuis qu'ils sont ici que Gen est aussi proche de lui. 

— J'ai mal tous les jours... j'ai mal partout, absolument partout !

Ses sanglots repartent. Déjà, il le voit se dandiner d'inconfort. Rien que d'évoquer Mozu lui crée cette terrible sensation désagréable qui se propage dans son corps. La douleur rampe comme des vers, grignote sa peau et ses nerfs comme des rats. 

— Je ne veux plus vivre comme ça, j'en peux plus ! 

Malgré ses mots, Senku est encore à mille lieux d'imaginer ce qui peut se passer dans sa tête. Tout ce qu'il peut faire, c'est écouter, et essayer d'être une épaule sur laquelle il pourra s'écrouler. 

— Tous les jours je pense à ce qu'il m'a fait. Et chaque jour... je me hais un peu plus. 

Cette fois, ses yeux se lèvent vers lui. Ils attrapent son regard qui attend. Une douleur infinie se reflète dans ses yeux ébènes. 

— Si vous n'étiez pas venus me chercher, je l'aurais tué. 

Senku sent ses yeux s'écarquiller. Malgré ça, il continue de l'étreindre. Une nouvelle larme s'échappe, s'échouant sur le bout de son pouce. D'un simple geste, il la balaye. 

— Quand j'étais là-bas... je pensais tous les jours à ce que je pouvais faire pour me débarrasser de lui. Quand il me laissait faire à manger, qu'il me laissait avec un couteau dans les mains... 

Cette fois, la main de Senku migre vers ses cheveux. Là, il repousse sa mèche blanche qui lui tombe sur le visage. Il laisse ses doigts passer sur son cuir chevelu tout en l'écoutant parler. 

— J'ai imaginé tant de fois ce que j'aurais pu faire pour le tuer... Un coup de couteau, un somnifère dans son eau, de la mort aux rats dans son plat... 

Ses pleurs redoublent d'intensité. Depuis le début, il garde tout pour lui, incapable d'avoir le courage de formuler ce qui se passait dans sa tête. Et maintenant qu'il l'a fait, il mesure toute la gravité de ses actes. 

Je ne suis qu'un monstre. 

— Et... je l'ai laissé me toucher, ajoute-il la voix tremblante. Je l'ai laissé me faire des choses... J'aurais pu le repousser, me défendre mais... je n'ai rien fait. Et à chaque fois... j'avais l'impression de te trahir. J'aurais dû le repousser. 

Ses yeux fixent le vêtement de Senku. Il aimerait avoir la force de le regarder, mais il n'en est pas capable.

— Comment... comment peux-tu aimer quelqu'un qui a fait tout ça ? 

Ses yeux ne le regardent plus, ils sont effrayés. Ses mains tremblent, ses épaules tressautent. Il attend une réponse, quelque chose qui viendra mettre fin à cette torture qu'il s'inflige. Il attend, la boule au ventre, la gorge serrée. 

Mais les mains de Senku ne reculent pas. Au contraire, l'une continue d'essuyer ses larmes tandis que l'autre passe doucement à travers ses cheveux. Gen ne bouge plus, incapable de faire quoi que ce soit. 

— Avoir ce genre de pensées est la chose la plus normale, Gen. 

Encore une fois, dans la voix de Senku, il n'y a que la douceur. Telle une caresse, ses mots viennent chatouiller son visage, asséchant ses larmes. 

— Tout ce que tu as pu faire là-bas ou même tout ce que tu as pu penser à faire, tu l'as fait pour survivre. 

Cette fois, Senku s'assoit juste en face de lui. Lentement, il relève son visage pour qu'il le regarde.

— Tu vois, dans ton cerveau, tu as une toute petite glande, pas plus grosse qu'une cacahuète qu'on appelle l'amygdale. 

En parlant, il laisse sa main passer sur son crâne. Déjà, les tremblements de son corps semblent se calmer. 

— Et cette toute petite glande s'occupe de gérer nos émotions. À elle seule, elle évalue les menaces qui nous entourent et la manière dont notre corps doit y répondre. Elle contrôle l'anxiété, la colère, le plaisir, la peur... 

Le bout de ses doigts glissent sur sa joue. Gen ne parle pas, se contentant d'écouter le vert qui fait tout ce qu'il peut pour que ses mots soient les bons. 

— Et parfois, sans même que l'on puisse y faire quoique ce soit, l'amygdale indique au corps que la meilleure manière de survivre face à un danger, c'est de ne pas bouger. 

Ses yeux ébènes s'écarquillent. Aussitôt, les mains de Senku se posent sur son visage pour le prendre à nouveau en coupe. 

— Ne pas bouger, se laisser faire, ne rien dire, c'est un réflexe de survie, continue-t-il. Et élaborer des plans pour éliminer une menace, c'est aussi un réflexe de survie. 

Gen aimerait parler, mais il ne sait pas quoi dire. À la place, il se contente de le regarder, lui et ses yeux doux, lui et ses mots semblables à du miel. 

— Le cerveau est complexe, tu le sais mieux que moi non ?

Il ne peut s'empêcher de ricaner légèrement. 

— Oui, je le sais très bien. 

Sur ses lèvres, il voit un léger sourire. Les secondes défilent, et il sent son corps se réchauffer. 

— Encore une explication parfaitement scientifique. 

Il ne l'aurait jamais imaginé, mais il avait besoin d'entendre cette justification. Le pire étant qu'il connaît parfaitement ce phénomène du cerveau. Mais parfois, entendre la science parler permet de rationaliser, de mieux comprendre et de se souvenir. Il peut comprendre ce corps qui ne réagissait pas comme il le voulait, il peut comprendre cette douleur qu'il ressent. Ou du moins, une petite partie. 

— Les prochaines semaines seront dures, ajoute Senku. Certains jours, tu te sentiras bien, et d'autres, tu auras tellement mal que tu préfèreras certainement en finir que de continuer à vivre ainsi. 

Cette fois, il laisse ses mains attraper les siennes. Les larmes se sont taries désormais, ne laissant derrière elles que des yeux rouges et bouffis. 

— Ne reste pas seul, Gen. Si tu veux parler, fais-le. Si tu as mal, dis-le moi. Et si cela devait arriver au milieu de la nuit, réveille-moi. 

Le corps calé sur le mur, Gen regarde leurs mains. Au creux de ses paumes, il ne ressent qu'une profonde douceur, et une chaleur confortable. Alors, il laisse ses doigts se refermer autour des siens. Là, tout de suite, ce contact ne le dérange pas. 

Son corps hésite mais, lentement, il se penche en avant. Son front vient doucement se poser sur son épaule, laissant sa tête se caler là où elle avait l'habitude de s'installer. C'est la première fois qu'ils ont un tel contact depuis qu'il est revenu. Là, tout de suite, il ne voit rien d'autre que ce qu'il est. Un mur sur lequel se tenir, des bras dans lesquels pleurer, une épaule sur laquelle se reposer. 

Il est là pour toi. 

Malgré tout, son esprit n'a pas oublié la peur qui l'habite. Les jours passeront, et elle sera toujours là. Accrochée à lui comme une sangsue, aspirant son énergie et son bonheur. Mais un jour, il se réveillera, et elle sera partie.

En attendant ce jour, il aura toujours un endroit où pleurer. Et pour que la douleur et la peur cessent rien que quelques instants, il n'a pas à laisser son corps tomber dans le vide. La paix n'est pas dans les étoiles. 

Elle est ici, au sein de son foyer, au creux de son épaule, dans la paume de ses mains. Tout ce qu'il a à faire, c'est le laisser le guider pour la trouver. Le reste viendra tout seul. 

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Bon eh bien nous voilà avec un chapitre qui est bien loin d'être joyeux. Ça m'a beaucoup coûté de l'écrire et je dois vous avouer que je n'ai pas réussi à le faire d'une traite. J'ai dû prendre des pauses pour récupérer car c'était loin d'être facile d'aborder des thèmes comme le suicide et les violences sexuelles. Je profite de cette fic pour vous rappeler que le suicide n'est jamais une solution. Si vous avez des idées noires, des envies suicidaires, parlez-en autour de vous. Et si vous n'avez personne à qui parler, il y a toujours des professionnels pour vous prendre en charge. Parlez-en à votre médecin, ou alors à un opérateur. Dans tous les cas, ne restez pas seuls. 

Je vous dis à jeudi pour le prochain chapitre qui, je l'espère, vous redonnera un petit peu espoir (pour l'instant nous sommes loin de la petit fanfic mignonne du début). Merci à vous de lire cette histoire et de lui donner du crédit. Ça me donne de la force pour continuer ! 

À bientôt !

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