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Chapitre 21 : Tout ce que tu ne m'as jamais dit

Quand Chrome a reçu l'appel de Senku, il a bien cru qu'il avait perdu la boule. Son téléphone a sonné et, quand il a décroché, il n'a rien compris à ce qui se passait. Senku parlait vite, le souffle court. Les mots semblaient lui manquer pour expliquer ce qu'il ne voulait pas admettre. Et dans cette confusion la plus totale, Chrome a juste compris une chose : il doit le rejoindre à l'appartement de Gen, au plus vite.

À ce moment-là, Chrome était avec Kohaku. Tous les deux, ils étaient en train de s'affairer à trouver un cadeau pour Ruri. Son anniversaire n'est que dans deux mois, mais ils voulaient déjà faire des repérages. C'est pour cela que la blonde n'a pas manqué d'accompagner Chrome quand ce dernier s'est tourné vers elle en disant qu'il venait de se passer quelque chose avec Gen.

Sur le chemin, Chrome a tenté d'expliquer à Kohaku ce qu'il avait compris de l'appel de Senku. Apparemment, le vert a retrouvé l'appartement du bicolore ouvert et totalement vide. Mais ce qui l'inquiète le plus, c'est surtout que l'appartement donne l'impression d'avoir été déserté. Il y a tous les effets personnels de Gen dedans, mais Gen est introuvable. 

— Mais Senku est sûr qu'il n'est pas simplement sorti en ayant oublié de verrouiller derrière lui ?

— C'est ce que je me dis aussi mais il avait l'air de me dire que c'était impossible. Il était totalement paniqué, je n'ai pas tout compris. 

Décidément, toute cette affaire ne semble pas décidée à se terminer. Senku est allé parler à Gen sous les conseils de la blonde et voilà qu'il clame désormais sa disparition. Actuellement, ce n'est pas réellement cette histoire qui effraie Kohaku, mais bien l'état de Senku. Lui qui a toujours fait preuve d'un calme olympien à toute épreuve serait en train de vriller ?

C'est pour cela qu'ils ne perdent pas de temps. Ils ont sauté dans le premier bus pour atteindre le quartier de Gen. Ils ont tous les deux l'horrible impression que plus ils laisseront Senku seul dans cet appartement, plus il y a de chances pour que Senku pète complètement les plombs. 

Quand ils sont arrivés près de son immeuble, ils ont monté les marches en courant. C'est donc essoufflés qu'ils sont arrivés au troisième étage. Ils n'ont pas eu grand mal à trouver l'appartement de Gen. Il est le seul de tout l'étage à avoir la porte ouverte. Ils sont entrés, bien plus paniqués qu'ils ne voulaient le croire. 

Kohaku entre la première dans l'appartement. Aussitôt, ses yeux viennent se poser sur Senku, assis sur le canapé, les yeux rivés sur son ordinateur posé sur ses genoux. Il tape frénétiquement sur les touches et ses sourcils sont froncés à l'extrême. Il lui faut quelques secondes pour capter la présence de Chrome et Kohaku. Quand son regard se pose enfin sur eux, chacun peut voir toute la détresse dans son regard. 

— Vous n'avez pas traîné, ajoute-il alors que son regard se concentre à nouveau sur son écran. 

Il essaye de garder son calme, mais tout son corps crie son angoisse. 

— En même temps ton appel avait de quoi nous faire paniquer, ajoute Chrome en s'approchant à son tour. 

— Qu'est-ce qui se passe, Senku ?

Malgré elle, Kohaku s'adresse à lui comme elle le ferait avec un enfant. Mais c'est plus fort qu'elle. C'est bien la première fois qu'elle voit autant de panique dans son regard inébranlable. 

— Il y a un problème avec Gen. On l'a enlevé j'en suis sûr !

— Senku calme-toi, intervient la blonde. Respire un grand coup avant de parler. 

Elle voit que ses yeux ne savent plus où se poser tandis qu'il cherche les mots justes. D'habitude, il garde toujours la tête froide, même en cas de stress extrême. Mais là, il n'y arrive pas. Trop d'informations circulent dans son cerveau à toute vitesse. 

— Le début, commence par le début, ajoute Kohaku tandis qu'elle devine son trouble. 

Il inspire profondément, histoire de délier ses poumons et de calmer son stress. Il faut qu'il soit clair, qu'ils comprennent la gravité de la situation.

— Je suis venu lui parler, comme tu me l'as conseillé, commence Senku. J'ai fini par me rendre compte que son appartement était ouvert, ou du moins pas verrouillé. 

— Et qu'est-ce qui te fait dire qu'on l'aurait enlevé ?

— Le verre d'eau, répond-il en pointant le verre du menton. 

Chrome et Kohaku se tournent vers la table. Leurs yeux se posent sur le verre renversé avant de revenir sur Senku.

— Il était renversé quand je suis arrivé. L'eau a même fait une tâche sur la table car elle n'a pas été nettoyée. 

— Ok mais de là à dire qu'il a été enlevé...

— Sur le canapé, il y avait son téléphone, reprend-il en prenant l'objet dans ses mains. Il était éteint car complètement déchargé. 

Il repose le téléphone à côté de lui tandis qu'une nouvelle bouffée d'angoisse vient le dévorer. 

— J'ai... j'ai fait le tour de l'appartement. Il y a toutes ses affaires. Il ne manque rien et il n'a préparé aucun bagage. Tous ses sacs sont ici. 

— Et donc tu penses... ajoute Chrome, qu'on l'aurait enlevé ? 

— Bon sang mais ça ne vous saute pas aux yeux ? Cet appartement a été brusquement déserté ! Il est parti sans même prendre son téléphone. 

Maintenant que Senku a exposé les faits, c'est vrai que ça leur paraît étrange. Sachant que, dernièrement, le téléphone de Gen était une véritable extension de sa propre main, tant il passait son temps à le regarder. 

— Son téléphone étant complètement déchargé, ça veut dire que sa disparition remonte à plusieurs jours.

— Et qu'est-ce que tu fais sur ton ordinateur ? demande le scientifique. 

Chrome a posé les yeux sur l'écran du vert et, malgré lui, il ne comprend pas ce qu'il regarde. Tout ce qu'il voit, ce sont des lignes de codes, sans qu'il ne comprenne quoi que ce soit. 

— J'essaye de trouver un logiciel capable de faire sauter le code de son téléphone, répond Senku. Je ne sais pas où il est mais j'ai le pressentiment qu'une partie de ce mystère sera résolu dès que j'aurai pu jeter un œil à l'intérieur. 

Désormais, il n'est plus question de protéger sa vie privée. Si Gen est en danger, il doit savoir ce qui se passe. Et tout a commencé avec ce téléphone, alors il doit comprendre, maintenant. 

— Attends Senku, reprend la blonde. Si Gen a vraiment été enlevé... ou qu'il a soudainement disparu... Tu ne penses pas qu'on devrait prévenir la police ? 

— J'y ai pensé mais ça prendrait trop de temps. Gen est majeur, il n'y a aucun signe d'intrusion dans l'appartement et pas de caméras de surveillance dans l'immeuble. J'ai aussi demandé à ses voisins s'ils avaient vu quelque chose mais ils n'ont rien dit. 

Autrement dit, dès le départ, les policiers seraient dans l'impasse. Qui plus est, ils pourraient aussi penser qu'une telle situation ne mérite pas qu'une enquête soit ouverte. Parce que les disparitions volontaires sont choses courantes dans le pays, ils ne pourraient rien faire. 

Cette pensée la terrifie, mais malgré elle, elle émerge petit à petit dans son esprit. 

Toutes les conditions sont bonnes pour que la police ne le cherche pas. 

Autrement dit, si quelqu'un voulait véritablement du mal à Gen, il aurait là tout ce qu'il faut pour qu'il ne soit pas poursuivi. Aussitôt, elle sent un frisson parcourir son dos. 

Chrome, quant à lui, a toujours les yeux rivés sur l'ordinateur du vert. Pas parce qu'il essaye de comprendre ce qu'il y a devant lui, mais bien parce qu'il réfléchit. 

Un programme pour faire sauter le code de son téléphone... 

Il connait quelqu'un qui pourrait faire ça. 

— Senku, j'ai un ami qui pourrait déverrouiller le téléphone de Gen. 

Le regard de Senku fait volte-face vers Chrome. Ce dernier ne peut s'empêcher d'avoir un sourire confiant. Toutefois, il y a encore un obstacle.

— Tu permets que je l'appelle ? Faut que je le convainc de sortir de sa chambre. 

***

Senku et Kohaku sont restées bouche bée face aux compétences de Chrome en matière de négociations. Visiblement, Chrome a un ami qui serait capable de s'occuper de son téléphone pour qu'ils puissent voir ce qu'il y a à l'intérieur. Mais, d'après la conversation qu'ils ont entendu, cet ami ne semble pas enjoué à l'idée de se déplacer. Ils ont alors assisté à un long dialogue de sourd pour qu'il accepte de les aider, à une seule condition. 

— Bon, il veut qu'on aille chez lui. 

Senku ne peut s'empêcher de maudire cette personne qu'il ne connaît même pas. Quel genre d'amis peut bien avoir Chrome ? 

— Sérieusement ? Et il est loin d'ici ? demande Kohaku, elle aussi agacée. 

— 20 minutes en bus.

Tant pis, Senku n'a pas la force de protester. Aussitôt, il rassemble ses affaires en prenant soin de récupérer le téléphone de Gen. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ils sont tous les trois partis en direction de l'appartement de ce drôle d'énergumène. Et sur le chemin, Kohaku ne peut s'empêcher de se montrer curieuse. 

— C'est qui ce mec, on le connaît ? 

— Je l'ai rencontré sur un jeu en ligne. Et par un hasard dingue, il s'est avéré qu'il vivait pas loin d'ici. 

— Mais tu l'as déjà rencontré ? 

— Heu... non. Mais il est étudiant en informatique et passionné par le hacking. C'est la personne parfaite pour nous aider !

À l'unisson, Senku et Kohaku tirent une drôle de grimace. Visiblement, le profil de ce garçon semble être particulier... Voire même très peu fréquentable. 

— Bon sang Chrome tu as des fréquentations vraiment bizarres. 

— Tu juges un peu trop facilement, Kohaku. 

— Tu nous parles d'un type que tu n'as jamais vu, passionné par le hacking et qui vit complètement reclus. Et c'est moi qui juge trop facilement ?

Vu comme ça, la blonde n'a pas vraiment tort de se méfier. Mais même s'il ne l'a jamais vu, ça fait un moment qu'il le connaît. Parce que comme beaucoup de garçons de son âge, il aime jouer aux jeux en ligne. Et parfois, il se réunit avec des garçons qui ont la même passion que lui. Mais actuellement, c'est la seule solution qu'ils ont, alors ils vont devoir faire avec. 

Depuis leur départ, Senku est atrocement silencieux. Et pour cause, il ne fait que se repasser les images de l'appartement de Gen dans sa tête. Doté d'une incroyable mémoire des espaces, il parvient à reconstituer son appartement dans sa tête. Il y revoit la table du salon ainsi que son verre d'eau renversé. Puis, il se souvient de son téléphone abandonné sur le canapé. Ce ne sont que de petits détails, mais il est persuadé qu'ils veulent dire beaucoup. Mais ce qui l'inquiète le plus, c'est ce verre renversé. 

Pourquoi était-il renversé ? 

Quand on renverse un verre, on a toujours le réflexe de le rattraper pour empêcher son contenu de s'échapper. Mais là, non seulement il n'a pas été redressé, mais l'eau n'a même pas été essuyée. 

Il n'a pas eu le temps de l'essuyer. 

Il devait y avoir quelque chose, ou même quelqu'un, qui ne lui a pas laissé le temps ou l'occasion de le faire. Quand ce verre s'est renversé, il devait se passer quelque chose qui l'a empêché d'agir. 

Est-ce que la table a été bousculée ? 

Il ne s'est pas posé la question quand il a vu ce verre renversé. Mais maintenant qu'il y pense, si la table a été bousculée, ça expliquerait pourquoi le verre s'est renversé, mais aussi...

Qu'il y a eu de la violence.

Son estomac se tord tandis qu'il s'efforce de virer ces images de son esprit. Il ne peut pas envisager ça, il ne veut pas. Mais une part de lui essaye de s'y préparer. Parce que plus le temps passe, plus il est certain qu'il découvrira une bombe dans ce téléphone déchargé. 

Avant qu'il ne s'en rende compte, Kohaku et Chrome se relèvent. Ils sont déjà arrivés. 

L'appartement n'est pas très loin de l'arrêt de bus. Sans perdre une seconde, ils remontent la rue avant de faire face à un immeuble tout ce qu'il y a de plus banal. Chrome passe la porte de l'édifice, suivi par ses deux amis. 

— C'est au cinquième étage. Et il n'y a pas d'ascenseur. 

Dans d'autres circonstances, Senku aurait râlé. Mais là, il est beaucoup trop angoissé pour réussir à protester. Il se rue dans les marches, suivi de près par ses deux amis. 

— J'espère que ton ami du net n'est pas en réalité un vieux pervers de quarante-ans, lâche la blonde en montant les marches.

— Roh arrête un peu, tu veux ?

— Elle est au courant Ruri que tu as des fréquentations pas nettes ?

— Non, elle n'est pas au courant. 

— En plus tu fais des cachoteries ! 

En un sens, les entendre se chamailler lui permet de garder les pieds sur terre. Sans ça, il aurait eu l'impression de sombrer. 

Très vite, les voilà arrivés devant l'appartement en question. Chrome se rue sur la sonnette, faisant résonner un bruit atroce dans tout le couloir. Ils restent un moment devant la porte, sans que personne ne vienne leur ouvrir. 

— Bon il se magne ton pote ?

— J'espère qu'il n'a pas son casque sur les oreilles.

Il appuie encore, faisant un boucan à réveiller les morts. Si son ami ne les entend pas avec ça, c'est qu'il doit être complètement sourd. Puis, soudain, ils entendent des pas se précipiter vers la porte, ainsi qu'une voix.

— Oui ça va j'arrive ! 

Et la porte s'ouvre, ou du moins, elle s'entre-ouvre. De là où elle est, Kohaku ne parvient pas à distinguer son visage. Tout ce qu'elle entend, c'est une voix. 

— Bordel mais ça ne va pas de sonner aussi fort, Chrome ?

— J'y peux rien si ta sonnette fait autant de bruit ! 

— Si je n'ai pas de plaintes de mes voisins je pourrais m'estimer heureux. 

Enfin, son visage sort un peu de la porte, se dévoilant aux deux amis de Chrome. Son regard se pose sur eux et, aussitôt, une étrange panique naît dans ses yeux. 

— Heu... bon... bonjour ! Je... je ne vous avais pas vu.

— T'es con ou quoi ? Je t'ai dit qu'il y allait avoir du monde avec moi.

— Oui bah allume la lumière la prochaine fois !

Puis la porte s'ouvre à la volée. Le garçon se décale, intimant aux trois amis d'entrer. Kohaku jette un rapide regard vers Senku, tout de même pas très rassurée. Mais ce n'est pas le cas du vert qui, sans aucune hésitation, entre dans l'appartement. 

Il fait très sombre dans l'appartement et, comme Kohaku s'y attendait, ce n'est absolument pas rangé. Elle voit un monticule d'emballages de nourriture industrielle en tout genre polluer le salon, signe que le ménage n'a pas été fait depuis un moment. 

Bon sang, c'est encore pire que chez Senku.

Mais aucun des deux garçons ne semblent capter la gêne de la jeune fille. Au lieu de ça, ils se dirigent tous vers le bureau du garçon, installé au fond de l'appartement. Il s'empresse d'ouvrir les volets, laissant la lumière entrer dans la pièce et dévoilant enfin les traits de son visage.

En effet, ce n'est pas un vieux de quarante ans. Son visage est plutôt harmonieux, dévoilant tout de même de profondes cernes certainement dues à ses soirées jeux. Ses cheveux sont en bataille, n'offrant qu'une coiffure désordonnée sans aucune tentative de dompter ses boucles folles qui partent dans tous les sens. De ce que voit Kohaku, il a l'air plus vieux qu'eux, mais elle est incapable de dire de combien d'années. Sa peau, légèrement hâlée, trahit des origines qui ne sont pas seulement japonaises. 

— Heu... je... je m'appelle Saï, Saï Nanami. Enchanté. 

Kohaku jette à nouveau un regard vers Senku, essayant de capter les premières impressions de son ami face à ce garçon. Mais le vert reste de marbre, la même expression grave qu'il arbore depuis qu'ils ont quitté l'appartement.

— Je te présente Senku, et voici Kohaku. Bref, Saï, on a besoin de tes talents en hacking, s'empresse d'ajouter Chrome. 

— Tu penses pouvoir déverrouiller ce téléphone ? ajoute Senku aussitôt en s'approchant du garçon. 

Ne s'attendant pas au geste brusque du vert, Saï sursaute. Ses yeux semblent ne plus savoir où se poser avant de finalement regarder le téléphone qu'il lui tend. Il le prend dans ses mains, analysant le modèle. 

— C'est un modèle Android. Je peux facilement le déverrouiller, en effet. 

Concentré sur le téléphone, sa timidité semble s'envoler. Mais cela ne dure qu'un temps. Dès que ses yeux quittent l'appareil, l'hésitation se fait entendre dans sa voix.

— Enfin... je peux savoir... pourquoi vous voulez le déverrouiller ? 

Chrome n'a pas le choix, il va devoir lui expliquer toute l'histoire. Sans perdre un instant, il lui résume les grandes lignes, sans oublier l'importance du téléphone pour comprendre ce qui se passait du côté de Gen. Aussitôt, son visage s'est décomposé. 

— Attends mais tu me demandes de faire un truc complètement illégal là ! Si jamais ce type a été enlevé, c'est à la police que vous devez vous en remettre ! 

— Ça prendra trop de temps si on laisse le téléphone à la police, reprend Chrome. Et on ne sait même pas s'ils accepteraient d'ouvrir une enquête. 

— Même ! J'ai une preuve entre les mains, c'est illégal ! 

Kohaku voit Senku serrer les poings. À son visage, elle sent qu'il est sur le point de perdre patience. Pas le choix, elle doit intervenir.

— Dis donc tu me sembles bien à cheval sur la loi pour un hackeur. Ta passion n'est pas illégale en soi ?

— Pas du tout ! Le hacking peut être parfaitement légal ! Je n'ai jamais usé de mes compétences pour récolter des informations personnelles ou quoi que ce soit d'autre si c'est ce que tu insinues. 

— Dans tous les cas, on n'a pas le temps pour tes états d'âme. Si ça se trouve, un de nos potes est en danger et la réponse se trouve dans ce téléphone. Donc tu vas le déverrouiller fissa et arrêter de nous laver les oreilles avec la loi !

Chrome ne s'attendait pas à ce qu'elle aille jusqu'à le menacer. Saï est un garçon... assez spécial. Il est du genre peureux, effrayé pour un rien et très timide. Alors se faire crier dessus par une fille comme Kohaku, ça ne doit pas être très agréable. Il veut intervenir, mais c'est déjà trop tard. 

Et puis, contrairement à ce qu'il pensait, Saï se tourne à nouveau vers son bureau, attrapant le téléphone de Gen pour le brancher à un fil qu'il attrape dans un de ses tiroirs.

— Ça va... je... je vais vous aider.

Kohaku ne peut empêcher un sourire fier de naître sur son visage. Elle se tourne vers Senku, espérant que ce sourire suffira à calmer ses angoisses. Dans ses yeux carmins, elle voit un semblant de regain d'espoir.

— Ça te prendra longtemps ? intervient Senku, resté en retrait.

— Pas plus de dix minutes je pense. 

Très bien, ils n'ont plus qu'à attendre. En dix minutes, ils pourront avoir accès à tous les secrets que gardent ce téléphone. Senku regarde les lignes de codes s'enchaîner sur l'ordinateur de Saï. Il a beau être incollable en sciences, l'informatique ne fait pas partie de ses spécialités. Il a quelques bases, ayant plusieurs fois participé à la construction de robots au collège ou au lycée. Mais de là à pouvoir hacker un téléphone, ce n'est pas dans ses cordes.

Et si j'avais regardé dans son téléphone avant, on n'en serait pas là.

Aussitôt, il secoue la tête. Il ne doit pas ressasser le passé. Il pourra faire toutes les conjectures qu'il veut, ça ne changera rien à la situation. Là, la priorité, c'est de comprendre ce qui se passe pour pouvoir aider Gen. 

Les lignes s'enchaînent devant leurs yeux. Et tandis qu'ils attendent que le logiciel décrypte le mot de passe, Senku ne peut s'empêcher de prier pour qu'il ne soit pas trop tard.

— C'est bon, j'ai le code.

Senku se relève et se rue devant l'ordinateur. Encore une fois, son geste est si brusque qu'il fait sursauter Saï dans sa chaise. 

— Tu peux le déverrouiller ? 

— Heu... oui... je vais transférer son interface sur ma machine.

Il pianote quelques instants sur son clavier et, cinq minutes plus tard, l'interface du téléphone est transférée sur son écran. Là, le fond d'écran de Gen s'affiche. Une photo de Senku, prise certainement à la volée. Le vert n'avait jamais vraiment fait attention à ça. Et aussitôt, son cœur se serre. 

— Qu'est-ce que je dois regarder ? 

— Les messages, ouvre sa messagerie. 

Kohaku et Chrome s'installent eux aussi autour de Saï. Chacun fixe cet écran qui, enfin, dévoile tout ce que le bicolore cache depuis des mois. 

Saï ouvre la messagerie, dévoilant toutes les conversations qu'il a eu dernièrement. Senku connaît certaines de ces personnes, d'autres non. Mais parmi toute cette liste, il y a un numéro non enregistré qui attire son attention. Senku le pointe du doigt, laissant Saï cliquer dessus. Sans perdre un instant, Senku commence à lire tous ces messages qui défilent devant lui. Enfin, toute l'horreur de ce qu'il a vécu se dévoile devant ses yeux.

"Arrête un peu ton cinéma, on sait tous les deux ce qui compte réellement pour toi."

"Va te faire foutre."

"Tu m'insultes maintenant ?"

"Oui. Et je le répète : va te faire foutre."

— C'est quoi ce bordel... ne peut s'empêcher de lâcher Chrome. 

— Remonte les conversations, demande Senku.

Saï ne comprend pas trop ce qui se passe. Mais d'après ce qu'il voit, ces messages sont loin d'être ceux qu'on envoie à un ami. 

"Je suis sûr que j'arriverais à te convaincre, ce n'est qu'une question de temps." 

"On était bien tous les deux, avant que tu te casses."

"Réponds bordel t'es en train de me tendre là". 

Senku sent sa tête devenir lourde. Saï remonte les messages, lisant lui aussi ce qui défile devant ses yeux. Il a l'horrible impression de pénétrer dans l'intimité de ce garçon qu'il ne connaît pas. Mais quand il jette un œil autour de lui, il se rend compte que c'est la même chose pour tout le monde. 

— Bon sang mais il y a combien de messages ? ajoute Kohaku. 

Saï n'arrête pas de remonter dans cette conversation qui ne semble jamais s'arrêter. Senku ne lit même plus les messages. Tout ce qu'il lit, c'est la date de ces messages. Ils s'enchaînent, tous les jours, à toutes les heures de la journée. Pendant tout ce temps, Gen était harcelé par un malade qui prenait un malin plaisir à le faire flipper. 

"C'était bien la partie de jambes en l'air ?"

"Comment est-ce que tu le sais ? Tu nous observes ? Où est-ce que t'es bon sang !

— Attends, arrête-toi. 

Saï s'arrête, laissant Senku lire les messages devant ses yeux. Il sent d'atroces sueurs froides le faire frissonner. Ses yeux descendent, lisant tous ces messages qui le terrifient. Sa main tremble, son cœur bat la chamade dans sa poitrine. 

"Alors j'ai vu juste ? Tu viens juste de t'envoyer en l'air là ?"

"Après, je ne dis pas que je ne t'ai pas vu entrer chez lui hier. Je ne fais juste que deviner." 

Ce mec le suivait. 

Pendant tout ce temps, Gen vivait un enfer. Pendant tout ce temps, ce mec s'en prenait à lui en lui envoyant des tonnes de messages, tous plus flippants les uns que les autres. Tout ça s'est passé devant ses yeux, et il n'a rien vu. 

"Qu'est-ce que tu veux ?"

"Envoie-moi une photo de toi."

"Nu."

Senku sent une nausée atroce tordre ses entrailles. Ce mec n'était pas seulement un harceleur, ça va encore plus loin. 

À côté de lui, Kohaku vient porter sa main devant sa bouche. Elle ne peut pas croire ce qu'elle est en train de lire, c'est tout bonnement impossible.

"Si tu ne le fais pas, je lui enverrai la vidéo."

"Non ne fais pas ça." 

"Ne me force pas à faire ce genre de photo." 

Ses yeux ont envie de se détourner de ces messages atroces. En voyant les réponses de Gen, il imagine toute la panique qu'il a dû ressentir. Il imagine cette boule qu'il devait avoir dans l'estomac, il imagine toute la détresse qu'il devait ressentir. Et le pire, c'est que Senku ne l'a pas aidé.

"Je ne me répèterai pas deux fois, Gen."

"Trop tard, le temps est écoulé."

— C'est quoi cette histoire de vidéo ? demande Saï qui, comme eux, est en train de lire les messages depuis tout à l'heure.

Senku semble se souvenir de sa présence. Il lâche l'écran des yeux, cherchant à digérer tout ce qu'il vient de dire. 

— Je... j'en sais rien. Je... je ne savais même pas qu'il recevait ce genre de messages.

Il passe sa main sur son visage, cherchant à y voir plus clair. Sa vision est tellement floue qu'il a du mal à voir devant lui.

— Mais... quand ce type parle d'envoyer la vidéo, c'est de toi qu'il parle non ? reprend Kohaku. Tu ne l'as jamais reçue ?

— Non... non je n'ai jamais rien reçu.

— Alors ce mec bluffait ? ajoute Chrome. Mais c'est vraiment un tordu.

Non, il n'a rien reçu. Mais soudain, Senku parvient à faire le lien avec ce qui s'est passé. 

— Une minute, ces messages ont été envoyés quel jour ? 

— Heu... le 10 février, répond Saï en regardant son écran.

Enfin, pour la première fois, il peut mettre la lumière sur une partie du comportement de Gen.

— Il a effacé la vidéo avant que je ne la vois.

Kohaku et Chrome se tournent vers lui. Évidemment, il n'y a que lui pour comprendre de quoi il parle. 

— Ce jour-là, il a fouillé dans mon téléphone. On s'était promis de ne jamais regarder dans le téléphone de l'autre sans son accord, mais il l'a quand même fait. Je l'ai pris en flagrant délit et on s'est disputés. 

Tout prend sens maintenant. Gen ne fouillait pas dans son téléphone, ce jour-là. Il a juste cherché à supprimer une vidéo qu'il ne voulait pas qu'il regarde. 

Bon sang mais quel con !

Tout était devant ses yeux depuis le tout début. Depuis des mois, Gen souffrait et cherchait à cacher ce qu'il vivait au quotidien. Gen recevait des messages tout le temps, même quand il était avec lui. Senku se souvient de toutes ces fois où il venait se réfugier dans ses bras, s'accrochant à lui comme si sa vie en dépendait. Qui sait combien d'atrocités il avait lu dans la journée pour se retrouver dans un état pareil.

Gen... pourquoi tu ne m'as rien dit ?

— Les gars regardez ça.

Pris par les émotions, Senku avait quitté l'écran du regard. Mais sitôt a-t-il reposé ses yeux sur cet écran que son sang se glace. 

— Ça date du 6 janvier au soir.

Le jour de ma fête d'anniversaire.

Aussitôt, Senku comprend de quoi il s'agit. Il ne peut s'agir que de ça, surtout après les messages qu'ils ont lu. 

"Tu ne crois quand même pas que je t'avais oublié ?

C'est le tout premier message de leur conversation. Et juste après lui, il y a une vidéo. La miniature de la vidéo ne permet pas de savoir de quoi il s'agit, mais rien qu'en la regardant, Senku sent son cœur s'accélérer. L'angoisse monte, et il est incapable de la contrôler.

— Qu'est-ce que je fais, je clique dessus ?

— Je crois qu'on n'a pas trop le choix, répond le vert. 

Le curseur de la souris de Saï s'approche de la vidéo. Puis, il clique dessus, démarrant la vidéo.

Qu'est-ce que tu voulais me cacher, Gen ?

Au début, ils ne voient rien du tout. Il n'y a que le noir dans la vidéo. Puis, un flash apparaît, illuminant ce qui semble être une chambre. Le champ bouge tandis que la personne qui filme se déplace. Ainsi, ils peuvent voir toute la chambre qui se dessine dans le noir. Un mur blanc, quelques décorations sur les murs, une bibliothèque remplie de livres en tout genre. Puis, la caméra se tourne encore, se concentrant sur le lit. 

Très vite, ils comprennent que le caméraman est dans ce lit et qu'il y a une personne juste à côté. On y voit une silhouette, allongée sur le flanc, emmitouflée dans les couvertures. Elle est dos à la caméra, ne permettant pas de voir son visage. 

Puis, la caméra change d'angle. Elle passe au-dessus de cette silhouette endormie, dévoilant le visage de la personne. Aussitôt, Senku a l'impression de chuter de plusieurs étages. 

Dans ce lit, endormi, se trouve Gen. Malgré la puissance du flash, il ne sourcille pas face à la caméra. Il semble épris d'un sommeil imperturbable tandis qu'il ne bouge pas d'un pouce. Plus la vidéo avance, plus Senku a un affreux pressentiment.

La caméra revient à sa position de départ. Là, elle se concentre à nouveau sur ce dos, recouvert par la couverture. Puis, une main fait son apparition, celle du caméraman. 

Aussitôt, Senku se sent serrer les poings.

Cette main vient se poser sur Gen, le poussant lentement. En faisant ça, il incite le bicolore à changer de position. Bientôt, le voilà étendu sur le ventre, toujours prisonnier d'un sommeil limpide. Ensuite, cette même main vient retirer la couverture. Elle dévoile son corps, habillé d'un jogging et d'un tee-shirt. Son corps se lève lentement, au rythme de sa respiration paisible et imperturbable. 

Puis, la suite est tellement invraisemblable qu'il lui faut de longues secondes pour comprendre ce qu'il est en train de regarder.

Cette main se glisse sous son tee-shirt, remontant dans son dos avant de descendre. La caméra se met à bouger, dévoilant désormais le corps de Gen vu du dessus. Ensuite, cette même main attrape son jogging avant de le glisser de force en dessous de ses fesses. 

— Éteins la vidéo ! Tout de suite ! 

Totalement choqué par ce qui était en train de se jouer sous ses yeux, Saï n'a pas eu le réflexe de fermer la fenêtre. Mais en entendant Senku crier, il est soudain revenu sur Terre. Aussitôt, il arrête la vidéo, s'empressant de se débarrasser de toutes ces images atroces. 

Kohaku et Chrome ne savent pas comment réagir. Les mains sur la bouche, la blonde est incapable de bouger. Chrome, lui, ne parvient plus à regarder ailleurs qu'un tiroir du bureau de Saï. Quant à Senku, ce dernier est sur le point de perdre pied. 

Son premier réflexe est de s'éloigner de cet écran. Son deuxième est de repasser ces images dans son esprit pour être sûr de ce qu'il a vu. Son troisième est de rationaliser, comme il en a l'habitude. Et c'est ce troisième réflexe qui le fait chavirer. Heureusement pour lui, il a pu se rattraper sur le mur pour ne pas tomber. 

Un viol, je viens de voir un viol. 

Il n'a pas eu besoin de voir toute la vidéo pour comprendre. Ces simples images lui ont suffi. 

Ce malade menaçait Gen de m'envoyer la vidéo de son viol. 

De l'air, il a besoin d'air. 

Gen a cherché par tous les moyens à ce que je ne sache pas ce qu'on lui a fait. 

Il s'approche de la première vitre qu'il croise. Sans perdre un instant, il l'ouvre, laissant l'air lui fouetter le visage. Ça ne peut pas être possible, il ne peut pas avoir assisté à ça. Il se passe la main sur le visage, comme si cela allait suffir à le sortir de cette horrible réalité. 

Saï, resté sur sa chaise, ne sait pas quoi dire. Quand Chrome lui a expliqué ce qu'il en était, il n'imaginait pas tomber sur une chose pareille. Cette histoire, elle relève d'un crime.

— Vous... vous devez appeler la police, lâche-t-il après de longues secondes de silence.

— Non, pas tout de suite, répond Senku.

Sans perdre un instant, il se rue à nouveau près du bureau. 

— Il doit forcément y avoir des indices sur qui est ce mec. On doit trouver qui il est.

— Senku, tu as vu la même chose que nous, reprend la blonde.

— Oui je sais ce que j'ai vu ! Et si c'est ce taré qui l'a emmené avec lui, alors on doit savoir qui c'est pour le retrouver et le sortir de là !

Ses mains tremblent, la migraine pulse dans ses tempes. Il sent ses pensées partir dans tous les sens, mais il doit garder son calme. Ce n'est pas en paniquant qu'il l'aidera. Il doit garder la tête froide et les idées claires.

— On a son numéro de téléphone déjà. Saï, tu penses pouvoir le géolocaliser ?

— Heu... peut-être... 

Il pianote à nouveau sur son ordinateur. En quelques secondes, une page internet s'affiche, dévoilant un service de tracking par le numéro de téléphone. Saï entre le numéro, sans résultat. 

— Merde, lâche le vert.

— Fallait s'y attendre. Ce service ne marche que si le propriétaire du numéro de téléphone a accepté qu'on le géolocalise. 

Et avec ce qu'il a fait, il est certain qu'il n'aurait pas laissé la moindre personne savoir où il se trouve. 

— Il doit forcément y avoir un truc, quelque chose qui va nous permette de savoir qui est ce malade.

— Est-ce que... est-ce que Gen t'a déjà parlé de ses exs ? demande Chrome qui, depuis tout à l'heure, est resté silencieux. 

Maintenant qu'il y pense, il a déjà évoqué une relation avec quelqu'un. Mais il n'a jamais parlé de lui, ni même évoqué son nom. 

Pas étonnant qu'il ne l'ait jamais fait.

Plus le temps passe, plus il se rend compte qu'il ne sait absolument rien du bicolore. 

— Il ne m'a jamais dit son nom.

— Et tu n'as jamais demandé ?

— Non je n'ai jamais demandé parce qu'il n'a jamais voulu creuser le sujet, répond Senku agacé. 

Mais soudain, il se rend compte que quelqu'un pourrait avoir la réponse. 

— Tsukasa. Il le connaît depuis des années, peut-être qu'il sait quelque chose. 

Sans perdre un instant, Senku attrape son téléphone. Il cherche le numéro de Tsukasa et s'empresse de l'appeler. De longues secondes s'écoulent durant lesquelles il tarde à répondre. Chaque seconde est un véritable supplice pour lui, mais aussi pour toutes les personnes qui sont en train d'attendre.

— Allô ?

Il a l'air essoufflé au bout du fil. Il devait certainement être en train de s'entraîner. Mais Senku n'a pas le temps pour tout ça. Il s'empresse de poser sa question, même si son ton est bien trop sec.

— L'ex de Gen, comment il s'appelait ?

Il faut quelques secondes à Tsukasa pour comprendre de quoi il parle. Et même quand il comprend, il ne parvient pas à faire le lien entre lui et Gen.

— Qu... quoi ? Mais pourquoi tu veux savoir ça ?

— J'ai pas le temps là, Tsukasa. Dis-moi juste son nom. 

De longues secondes de silence s'étirent durant lesquelles Tsukasa est complètement perdu. Mais en entendant le ton employé par Senku, il comprend que quelque chose cloche.

— Heu... Mozu Saito. Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

Sans perdre une seconde, il s'empresse de transmettre l'information aux autres. Aussitôt, il voit Saï en train de pianoter sur son ordinateur tandis que Kohaku et Chrome attrapent leurs téléphones. La seconde d'après, il se reconcentre sur sa discussion avec Tsukasa.

— Tsukasa, tu as connu ce Mozu ?

— Ouais, Gen et lui se sont mis ensemble quand ils avaient quinze ans. 

— Tu sais s'il a eu quelqu'un d'autre après lui ?

— Eh bien... toi, c'est tout. 

Le cerveau de Senku tourne à plein régime. Alors voilà le nom de la personne qu'ils recherchent : Mozu Saito. 

— Pourquoi tu veux savoir tout ça, c'est quoi le problème ?

— Tsukasa, je vais avoir besoin que tu sois très clair dans ta réponse. Est-ce que tu te souviens si Mozu était violent avec Gen ?

— Quoi ?...

Cette discussion n'a aucun sens. Pourquoi est-ce que Senku lui demande tout ça tout à coup ?

— Senku, dis-moi ce qui se passe, maintenant. 

Le vert laisse un temps avant de répondre. Comment lui expliquer toute la situation au téléphone ? Il ne peut pas, ça serait trop long. 

— Je ne peux pas t'expliquer par téléphone. Ramène toi à l'adresse que je vais t'envoyer, tout de suite.

***

— Je n'en reviens pas, c'est impossible.

Tsukasa est arrivé et, dès qu'il a passé le pas de la porte de l'appartement que lui a envoyé le vert, Senku lui a tout raconté. Il lui a expliqué que Gen a disparu, et tout ce qu'ils ont trouvé dans son téléphone. Il faut dire que Tsukasa est tombé de haut. Quand il était adolescent, il a connu ce Mozu. Et il n'avait rien à voir avec tout ce que décrit le vert. 

— Et pourtant il n'y a que lui qui a pu faire tout ça, reprend Senku.

— Enfin je veux dire... Il n'a jamais été violent avec Gen. J'étais là, je les voyais ensemble, et ils étaient un couple tout ce qu'il y a de plus normal.

Mais il y a des choses que tu ne pouvais pas voir.

Peut-être qu'à cette époque, il n'a vu que ce que le garçon voulait montrer. Ou peut-être qu'il a changé. Et quand il est parti avec Gen, loin du Kanto, il n'était plus là pour voir comment il se comportait avec Gen. Alors oui, tout ce que lui dit Senku n'est pas improbable. 

Pendant tout ce temps, Gen s'est battu seul contre un ennemi qui ne le lâchait pas. Et alors qu'il le connaît depuis des années, il n'a pas été capable de le comprendre plus tôt. Il aurait dû insister quand il lui a dit que Mozu et lui s'étaient séparés. Il aurait dû s'en préoccuper davantage et non pas laisser couler. 

— Tsukasa, est-ce que tu sais où il habite ? demande Senku, plus déterminé que jamais. 

— Je sais qu'ils ont déménagé dans le Chubu parce que Mozu avait hérité de la maison de son père quand il est décédé. Mais j'ai très vite perdu le contact avec eux quand ils sont partis, donc je n'ai pas l'adresse exacte.

Ça aussi, ça aurait dû te mettre la puce à l'oreille, pense le lutteur.

Quand il y repense, Gen a brusquement arrêté de donner des nouvelles. Et même quand il en donnait, il restait toujours évasif, n'abordant jamais son quotidien avec son petit-ami. Depuis le début, il y avait un problème, et Tsukasa n'a rien remarqué. Il ne s'est jamais posé la moindre question. 

— Maintenant que j'y réfléchis... le fait qu'il ait coupé les ponts du jour au lendemain... Ça aurait dû m'alerter, déplore le grand brun. 

Senku voit dans son regard qu'il s'en veut. Mais comment le blâmer ? Parfois, les signes sont justes sous nos yeux, mais ils sont malgré tout invisibles.

— J'aurais dû le comprendre aussi, répond le vert. Il y avait des choses dans son comportement qui ne trompaient pas. Mais j'ai mis ça sur le dos de son enfance, sans même chercher davantage.

Il repense à ce soir où il a cassé un verre alors qu'il faisait la vaisselle. Ses tremblements dans ses mains, la peur dans son regard. Et il y a aussi cette fois aux olympiades lorsqu'il a hurlé quand il l'a touché, ou même ce jour où ils se sont disputés et qu'il a crié quand sa main s'est posée sur lui. Depuis le début, tous les indices étaient là.

— Ne vous torturez pas tous les deux, ajoute Kohaku. Gen ne voulait rien dire, donc il a tout fait pour que ça ne se voit pas. 

— Peut-être mais...

— Ton plus grand tort, Senku, a été de respecter sa volonté quand il te disait ne pas vouloir en parler. Je ne pense pas qu'on puisse te reprocher ça. 

Peut-être que Kohaku a raison, mais il continue de se dire que c'était une erreur d'agir comme ça. Mais à l'heure actuelle, se morfondre ainsi ne les mènera à rien. Désormais, il est question de savoir où il se trouve pour le sortir de là. 

— Si vous voulez vous lancer dans les remords, je pense que j'ai également ma part de responsabilité, reprend la blonde.

Elle sent les regards se tourner vers elle. Depuis tout à l'heure, elle essaye de ne rien dire, mais elle n'arrive pas à tout garder pour elle.

— Je comprends maintenant pourquoi il ne voulait pas être pris en photo. Il voulait juste disparaître pour que ce taré ne le retrouve pas. Et moi, non seulement je l'ai pris en photo, mais j'ai également posté la photo sur Instagram. Si Mozu a réussi à le retrouver, c'est certainement de ma faute. 

Elle sent une boule dans sa gorge. Oui, elle aussi elle a des reproches à se faire. Et si Gen et Senku venaient à la détester pour ça, elle comprendrait parfaitement.

— Tu ne pouvais pas savoir, Kohaku... tente Tsukasa.

— Au fait, j'y pense mais... si Gen avait réussi à disparaître, alors comment il a fait pour retrouver son numéro de téléphone ? Et aussi pour trouver le tien, Senku, demande Chrome. 

— Il y a plusieurs manières de trouver les informations personnelles des gens, répond Saï, toujours le regard rivé sur son ordinateur.

Aussitôt, les visages se tournent vers lui, attendant tous qu'il continue.

— Eh bien... il peut par exemple... les trouver sur internet si jamais ton numéro est accessible, bégaye t-il, intimidé par tous ces regards. Il peut aussi avoir piraté le téléphone à distance, même si ça m'étonnerait. 

— Gen n'était sur aucun réseau social, répond Senku. 

— Dans ce cas peut-être qu'il a trouvé un autre moyen de vous approcher. 

C'est alors qu'un détail crucial revient en mémoire de la blonde. Aussitôt, sa raison lui dit que c'est impossible. Mais l'instant d'après, elle se rappelle à qui elle a affaire, et elle se dit que c'est même plus que probable. 

— Tsukasa, tu aurais une photo de Mozu ?

— Heu... sur Instagram je pense. 

Il sort son téléphone, pianotant sur son téléphone. En quelques secondes, il retrouve le profil du jeune homme avant de le montrer à la blonde. Aussitôt, son sang se glace.

— Putain de merde. 

Un regard noisette, des cheveux épais avec des dreadlocks. Une carrure athlétique et surtout, un sourire enjôleur. 

— C'est lui qui m'a piqué mon téléphone.

Elle l'a rencontré, sur le campus. Il lui a foncé dessus et, à cause de cette altercation, elle a perdu son téléphone. 

— Il... il m'est rentrée dedans. Après ça, j'avais perdu mon téléphone. C'est Nikki qui l'a retrouvé. Il avait été ramené au secrétariat par le garçon qui m'avait foncé dessus. 

— Attends, tu en es sûre ? insiste Chrome, bouche bée.

— Oui, c'est lui j'en suis sûre.

— Et tu n'avais pas de code pour verrouiller ton téléphone, reprend Senku tandis que l'évidence lui saute aux yeux. 

Étant dos à lui, Kohaku n'a pas vu l'air horrifié de Saï. Ne pas mettre de code de sécurité pour verrouiller son téléphone est bien la chose la plus inconsciente qu'il n'ait jamais entendue. 

La culpabilité ne fait que l'assaillir davantage tandis que toutes les pièces du puzzle s'assemblent entre elles. Malgré elle, elle est celle qui a aidé Mozu a retrouver la trace de Gen, tout en lui offrant un moyen de le faire chanter. 

Elle aimerait dire quelque chose, mais elle n'y parvient pas. Pire, elle n'ose pas poser ses yeux sur Senku. Il doit la détester, elle en est certaine. C'est à cause d'elle s'ils en sont là aujourd'hui. Sans ses maladresses, Mozu n'aurait jamais retrouvé la trace de Gen, et il serait encore aux côtés de Senku. 

Kohaku a envie de se faire toute petite. Et pour la première fois depuis tant d'années, elle aimerait que sa sœur soit là pour l'épauler. Parce que Ruri a toujours les bons mots pour la consoler et pour adoucir l'odeur rance de la colère. 

— Kohaku, arrête de te torturer toi aussi. 

La blonde vient poser les yeux sur Senku. Elle n'a rien dit, mais il a deviné tout ce qu'elle pensait.

— Je suis quasi certain qu'il aurait trouvé un autre moyen de l'atteindre. Ce n'est pas de ta faute. 

C'est bien la première fois que les autres voient Senku la rassurer. D'habitude, il prend un malin plaisir à la taquiner, surtout lorsqu'elle est en tort. Mais aujourd'hui, la donne est différente. D'une certaine manière, tout leur cercle a ses torts dans la situation. Gen était très bien entouré et pourtant, personne n'a rien vu. Quand bien même il y aurait un coupable parmi eux, ça ne ferait pas avancer la situation qui est plus que critique. Parce que pendant qu'ils parlent, ils n'ont toujours aucune idée de l'endroit où peut être détenu Gen, ni depuis combien de temps il y est.

Senku ne peut empêcher ses pensées de se porter vers lui. Que fait-il en ce moment ? Est-ce qu'il va bien ? Est-ce qu'il tient le coup ? A-t-il peur ? 

Bien évidemment qu'il doit avoir peur. Il doit même être mort de trouille. 

Dans sa tête, il imagine le corps de Gen, recroquevillé sur un lit. Dans cette position, il a l'air si faible et fragile, donnant l'impression qu'un rien pourrait le briser en mille morceaux. Il entend ses sanglots, comme s'ils résonnaient à côté de lui. Et cette simple pensée suffit à lui procurer un frisson désagréable. Il donnerait tout pour, en ce moment, pouvoir le tenir contre lui. 

Mais trop préoccupés par leur conversation, aucun n'a porté la moindre attention à ce que Saï était en train de faire sur son ordinateur. Tout à l'heure, quand il a vu la vidéo, il a tout de suite pensé au pire. Et c'est parce qu'il a imaginé le pire qu'il a pu commencer ses recherches. Et malheureusement pour lui, ce qu'il craignait de pire est effectivement arrivé.

Il lui faut quelques secondes pour inspirer lentement et digérer ce qu'il vient d'apprendre. Mais au moins, à travers toute cette horreur, il a trouvé ce qu'ils cherchent tous depuis tout à l'heure.

— Les gars... j'ai une très bonne nouvelle et une nouvelle vraiment horrible. 

Ils se tournent tous vers Saï. Quand Senku l'a entendu parler, son cœur a raté un battement. Parce que ce qui l'inquiète le plus, c'est cette nouvelle "horrible". 

— Qu'est-ce que tu veux dire par "nouvelle vraiment horrible" ? s'inquiète Chrome. 

— C'est la vidéo... 

Instinctivement, le regard de Saï vient se poser sur Senku. Aussitôt, le vert comprend ce que ses mots peinent à dire. 

— Je l'ai retrouvée sur... un site porno. 

Ils ne sont plus à une mauvaise nouvelle près, mais celle-ci finit de les achever. Senku a l'impression que l'univers tout entier est en train de l'écraser. Encore une fois, sa tête tourne, et sa vue se brouille. Aussitôt, il sent un frisson atroce parcourir tout son corps.

— Mais grâce à ça, j'ai pu remonter jusqu'à l'adresse IP de l'utilisateur. 

Cette fois, Saï n'a pas hésité à aller plus loin dans les choses illégales. Il faut dire qu'entre violer la vie privée d'une ordure comme Mozu et retrouver Gen, son choix était vite fait. 

— Donc j'ai son adresse, conclut-il. 

Pour la première fois depuis le début de leurs recherches, Senku sent l'espoir revenir en lui. Sans perdre un instant, il revient aux côtés de Saï. Il a besoin de voir cette adresse, besoin de voir que ce n'est pas un mirage. 

— Elle est bien dans le Chubu, ajoute Senku. S'il n'a pas déménagé depuis qu'il a posté la vidéo, alors c'est ici qu'il est.

Ils ont une adresse, ils savent où chercher. Chrome attrape son téléphone et, sans perdre une seconde, il la rentre dans son GPS.

— Ils sont dans la ville de Shizuoka, autrement dit à presque trois heures de Tokyo. 

— Ça se tente, répond Senku. 

Chrome se tourne vers lui, tout comme Kohaku et Tsukasa.

— Attends, tu vas y aller ? demande Chrome.

— Oui, je vais le sortir de là et le ramener ici.

— Tu rigoles Senku ? Je dois vraiment te rappeler à qui tu as affaire ?

— Je n'irai pas tout seul. 

Il se hâte de se tourner vers Tsukasa. Son regard carmin est tranchant comme des larmes, plus déterminé que jamais. 

— Tsukasa, tu acceptes de venir avec moi ?

Sa part raisonnable aimerait le raisonner et lui dire de confier ça à la police. Mais l'autre part de lui, celle en colère, meurt d'envie de refaire le portrait de cet enfoiré qui s'en est pris à son ami d'enfance. 

— Bien sûr. 

— Dans ce cas je viens aussi. 

Kohaku ne peut pas rester dans son coin sans rien faire. Si Gen est là-bas, c'est à cause de son manque de rigueur. Si elle n'avait pas agi aussi bêtement, Mozu n'aurait jamais retrouvé Gen. 

Chrome aimerait les raisonner, mais il sait qu'il n'y parviendra pas. Il a devant lui les plus grandes têtes de mules de leur groupe. Essayer de les convaincre d'abandonner, ce serait comme parler à un mur. Alors, il se contente de jeter un rapide regard à Saï qui, tout comme lui, ne peut qu'observer cette détermination sans faille qui est née entre eux. 

Rien ne les empêchera de ramener Gen avec eux. Ils vont se rendre à Shizuoka pour arracher le bicolore aux griffes d'un fou comme Mozu. Désormais, il n'y a plus de temps à perdre. 

Ils doivent ramener Gen avec eux. Et ce, coûte que coûte. 

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Hééééé c'est que les choses commencent à bouger ! Pas mal de révélations dans ce chapitre, toutes plutôt douloureuses. Quand j'écrivais ce chapitre je me suis vraiment demandée pourquoi j'avais choisi de faire souffrir Gen à ce point 😭. On espère que Senku et ses amis arriveront à ramener Gen avec eux !

Dans le prochain chapitre, la confrontation entre Senku et Mozu. Alors, comment cela va tourner ? Réponse dans la prochaine fois  !

Je vous dis donc à lundi pour le chapitre 22 !

Bye~

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