Chapitre 2 : Ton regard sur ta bière
— Est-ce que tu veux bien me rappeler pourquoi tu m'as tiré de mon appart ce soir ? maugré le vert en montant les marches de l'immeuble.
— Parce que c'est une soirée organisée par mon pote qui est aussi ton pote. Donc tu es invité. Et par politesse, il faut venir à la soirée.
— J'ai rarement vu un argumentaire aussi pourri, le gorille.
— Et moi j'ai rarement vu plus asocial. Tu sais que les humains font une bien meilleure compagnie que les bouquins de science ?
— T'en sais rien t'en as jamais ouvert un seul.
— Pas faux.
Taiju enjambe les marches quatre à quatre. En plus d'être une soirée sûrement des plus ringardes, il fallait que Tsukasa habite dans un immeuble de six étages sans ascenseur. Décidément, le monde entier est contre lui.
— Mais ça va être l'éclate t'en fais pas !
— La dernière fois que tu m'as traîné dans une soirée, tu as fini ivre mort sur les toilettes. J'appelle pas ça l'éclate moi.
— Et ce n'est plus jamais arrivé.
— J'espère bien. J'ai pas que ça à faire que d'éponger ton vomi pour les trois prochains jours.
La dernière fois que Taiju a subi une gueule de bois, il a été malade pendant trois jours complets. Le premier jour, il n'a fait que se vider toute la journée, à tel point qu'il a appelé Senku à l'aide. Bien qu'à reculons, Senku est venu pour l'aider. Il n'allait quand même pas laisser son ami se noyer dans la cuvette des toilettes sans qu'il puisse bouger. Mais après avoir passé des heures à jouer au garde malade, il avait lui-même appelé Yuzuriha pour qu'elle l'aide à garder un œil sur lui. À deux, ils seraient plus efficaces pour ne pas le laisser mourir. Finalement, toute cette histoire a fini par un appel au père de Senku pour savoir quoi donner à un ivrogne souffrant d'une gueule de bois carabinée. Et tout ça s'était plutôt bien terminé, même si le vert ne gardait pas un très bon souvenir de ces trois jours.
— T'inquiète pas, aujourd'hui je bois avec modération.
— Je te garantis que si je te vois faire des mélanges douteux je te sors de l'appartement de force.
— "De force". T'es un comique toi, tu sais ?
Senku a envie de lui faire ravaler son grand air. Mais il n'en fait rien. Ce serait immature que de rentrer dans son jeu.
— Fait le malin mon cher Taiju. En attendant, j'ai hâte de voir ton état demain et te répéter toute la journée que je te l'avais bien dit quand tu iras dormir sur ton ami la cuvette des toilettes, répond-il avec un large sourire narquois.
Taiju fronce les sourcils avant d'afficher une mine boudeuse, visiblement plus touché que de raison par sa réplique.
— T'es vraiment un mec atroce. Tu resteras célibataire toute ta vie à ce rythme.
— Ouais bon commence par conclure avec Yuzuriha avant de me faire la leçon sur mes histoires de cœur.
Du coin de l'œil, il voit son ami piquer un fard, devenant rouge pivoine. Il semble sur le point de riposter mais le vert ne lui en laisse pas le temps, pressant le bouton de la sonnerie aussitôt.
Après quelques secondes d'attente, la porte s'ouvre, dévoilant une silhouette féminine.
— Ah vous êtes enfin là, braille-t-elle sans retenue.
Dans l'embrasure de la porte, Kohaku, avec une bière à la main.
— Mon dieu, je suis entouré d'ivrognes, se lamente Senku.
— Arrête de râler toi et entre. Vous êtes les derniers.
La jeune fille se pousse, laissant les deux garçons pénétrer dans l'appartement. Ce qui le frappe en premier, c'est la chaleur qui règne dans l'habitacle. Avec tout ce monde et la musique, la température n'a pas tardé à monter. Il fait si chaud que le vert s'empresse de se débarrasser de son bomber avant de le jeter sur une pile qui s'est formée dans un coin de la pièce.
Cet appartement semble cocher le parfait cliché des étudiants en sport. De l'alcool étalé sur tout le bar, des convives avec des bières dans les mains, des gens qui parlent forts et d'autres qui rigolent en hurlant. Au milieu de tout ce monde, Senku se sent comme un intrus. À la vue des gens dans cette pièce, il doit être le seul à ne pas faire partie du groupe sportif.
Soudain, le vert sent un bras entourer son cou avant de sentir un poids contre son épaule. C'est Kohaku qui s'est approchée de lui, le prenant pour un accoudoir au vu du poids que ressent Senku dans son dos.
— Alors l'ami, quoi de neuf ?
— Tu m'as posé la même question ce matin, la lionne.
— Roh mais c'est pas possible d'être aussi désagréable. T'es vraiment une tête de con.
— Allez Senku, relâche toi un peu ! ajoute Taiji en lui donnant un léger coup dans le bras.
— Je suis parfaitement relâché, là.
Les mains dans les poches, l'air nonchalant, Senku donne surtout l'impression de ne pas vouloir être là. Ce qui est, en même temps, parfaitement vrai.
— Allez, prends une bière et s'il te plaît, sourit un peu, ajoute Kohaku en affichant un grand sourire tout en lui déposant une bière entre les mains.
En guise de réponse, le concerné lui offre son faux sourire le moins convaincant avant de laisser sa mine déconfite refaire son apparition. Puis, il porte la bière à ses lèvres tandis que Kohaku se perd en un long rire.
Senku s'avance dans la pièce, se demandant où pouvait bien se trouver le maître des lieux. Il ne compte pas rester bien longtemps, mais il voudrait au moins saluer Tsukasa avant de s'éclipser dans peu de temps. Au moins, on ne pourra pas lui reprocher d'avoir de mauvaises manières.
Ce n'est pas la première fois qu'il vient dans cet appartement et pourtant, à chaque fois, il est frappé par la grandeur du lieu. Il sait que les parents de Tsukasa sont plutôt friqués et que cet appartement appartient sûrement à son père. Il faut dire que le brun ne s'est jamais vraiment attardé sur l'empire immobilier que possède son paternel. Le nom "Shishio" est connu dans toute la ville, mais Tsukasa essaye de faire son possible pour s'en éloigner. De nature humble, il n'aime pas que sa vie soit sans cesse ramenée à celle de son père. Mais cela ne l'empêche pas d'organiser de temps à autres des soirées dans cet appart bien trop grand pour n'héberger qu'une seule personne.
— Ah, enfin te voilà, lâche Taiju. On se demandait où tu étais.
— Désolé, j'étais au téléphone avec mon voisin pour m'excuser de la gêne pour ce soir.
Avec son habituel sourire, Tsukasa s'approche de ses amis. Habillé d'une chemise souple entrée dans un pantalon parfaitement bien taillé, le lutteur fait fière allure. Et pour parer à la chaleur dans l'appartement, il a ramené sa longue chevelure en une queue de cheval qui lui dégage le visage. Senku ne peut s'empêcher de sourire discrètement lorsqu'il perçoit les regards admiratifs des filles se trouvant dans l'appartement. Il faut dire que le charme et le charisme de Tsukasa fait tomber tout le monde à ses pieds, bien qu'il ne semble pas s'en rendre vraiment compte. Ou alors, il n'en a rien à faire, ce qui n'est pas impossible.
— Alors comme ça Taiju a réussi à te faire sortir la tête de tes livres, Senku ?
Comme unique réponse, Senku se contente d'afficher le même sourire atroce qu'à Kohaku.
— Sois pas trop confiant, je ne vais pas rester longtemps. Je compte bien bouffer gratos et rentrer chez moi.
— Oh mon dieu qu'on me retienne je vais lui en coller une, ajoute Kohaku en soupirant.
— Je te laisserai le frapper uniquement lorsque tu seras sorti de l'appartement, répond Tsukasa. Hors de question que tu casses quelque chose d'autre.
— Ah oui ! C'était quoi que tu avais cassé la dernière fois, reprend le vert en se moquant d'elle. La télé, non ?
— C'était un accident.
— Et c'était la chose la plus divertissante que j'ai pu voir à trois milliards de pour-cent.
— Senku je te laisse trois secondes pour te taire avant que mon poing ne finisse dans ta joue.
— Calmos la lionne, rentre les griffes.
Tsukasa ne peut retenir un léger rire face à leur scène de ménage. Kohaku et Senku ne se connaissent que depuis un an et demi mais s'entendent comme frère et sœur, c'est-à-dire comme chien et chat.
— Bref, je tiens à te prévenir Senku, reprend Tsukasa. Chrome vient de décommander à l'instant.
Le sourire moqueur du garçon s'évanouit instantanément, laissant place à une profonde grimace de dépit.
— Quel enfoiré.
— J'en connais un qui va être privé d'expérience.
— Pire que ça. Je vais l'assigner à la vaisselle, c'est tout ce qu'il mérite.
Et puis les discussions ont continué pendant quelque temps, jusqu'à ce que Yuzuriha vienne à leur rencontre. Dès l'arrivée de la jeune fille, le visage de Taiju a radicalement changé. Un large sourire est né sur son visage, suivi des habituels éclats dans les yeux. Sous les yeux attentifs de Kohaku et de Senku, les deux jeunes adultes parlent de leur journée. Et tandis que le duo de curieux sirotent leur bière face au spectacle, ils ne peuvent s'empêcher de se demander en quelle année comptent-ils conclure. Ces deux là se tournent autour depuis des années, tellement longtemps que Senku a arrêté de compter. Après tout, ils se connaissent tous les trois depuis tellement de temps qu'il est difficile de donner une date à la naissance de leurs sentiments. Ce qui est sûr, c'est que l'intérêt qu'ils se portent se voit comme le nez au milieu de la figure pour tout le monde, sauf pour eux.
— Oh bonsoir Senku ! lance la jolie brune lorsqu'elle quitte Taiju des yeux avec un large sourire. Je ne pensais pas te voir ce soir.
— Et moi je ne pensais pas venir ce soir. J'ai été amené de force par cette grosse brute.
— Et voilà tu me fais encore passer pour un méchant !
Senku ne peut s'empêcher de lâcher un ricanement satisfait tandis qu'il porte sa bière à ses lèvres. Taiju ne changera jamais, toujours aussi premier degré.
— Bref le poireau, lâche soudainement Kohaku. Va me chercher une bière.
— Dans tes rêves. Débrouille-toi.
— Roh allez tu peux bien faire ça pour ta meilleure amie ?
— On est meilleurs amis maintenant ? Depuis quand ?
— On s'en fout. Vu que tu comptes bientôt partir, tu peux au moins me rendre ce service !
Senku ne peut s'empêcher de la dévisager de tout son soûl. Il savait que Kohaku n'était pas la reine de la logique, mais quand même.
— Ta logique m'échappera toujours.
— Arrête de faire ton malin et grouille. J'ai soif.
Senku lève grossièrement les yeux au ciel avant de capituler. Il ne l'admettra jamais à voix haute, mais il n'est pas assez fou pour défier une Kohaku sous alcool. Sobre, ses coups font mal. Alors quand elle a bu...
— C'est bon j'y vais, sale lionne.
— Fais gaffe.
En traînant des pieds, le vert se dirige vers la cuisine. S'il y a bien un endroit où doivent se trouver les bières, c'est dans cette pièce. Et il pense avoir vu juste quand il perçoit la masse de monde agglutinée dans le couloir menant à la cuisine. Grâce à son petit gabarit, il parvient à se faufiler (non sans mal tout de même) jusqu'à l'intérieur.
La température y est bien plus élevée que dans le salon. Il faut dire qu'avec tout ce monde regroupé dans une seule et même pièce, cela paraît logique.
Tsukasa a vraiment trop d'amis, remarque Senku alors qu'il s'avance lascivement vers le frigo.
Sans perdre une seconde, il ouvre le frigo et s'empare d'une bière fraîche. Il savoure la douce fraîcheur que lui envoie l'appareil avant de refermer la porte. Puis, pour une raison qu'il ignore, ses yeux se sont posés à l'autre bout de la pièce quand il s'est retourné. C'est là qu'il l'a vu.
Assis au bout du comptoir se trouvant dans la pièce, il semble ne regarder personne mise à part son verre. Lascivement, il joue avec la mousse produite par la bière. Il passe et repasse son doigt dessus, ne s'occupant absolument pas du monde autour de lui. À le regarder comme ça, il a l'air triste. Pas un seul sourire sur le visage, tranchant radicalement avec l'hilarité qui règne autour de lui. Et en y regardant bien, personne ne lui jette le moindre regard. Il ne doit connaître personne.
Mais il fallait que ce soit le garçon de la dernière fois. Ce troisième année en littérature, celui qu'on a bousculé dans le couloir, faisant tomber tous les livres qu'il tenait dans les mains. Ce cliché ambulant avec ses cheveux bicolores à la coiffure bien étrange. Et surtout, celui qui l'a traité de "connard" alors que le vert avait eu le malheur de rire de lui.
C'est alors qu'il se rend compte qu'une partie de lui n'a pas vraiment envie qu'il le voit. Si ses yeux venaient à se poser sur lui, il sait déjà quelle tête il tirera. Son sourire, déjà inexistant, finira de s'affaisser. Alors, il recule, mais heurte quelque chose.
— Un problème, Senku ?
Il se retourne brusquement vers la personne juste derrière lui. Tsukasa se tient là, dans l'embrasure de la porte.
— Je te conseille de ne pas trop traîner, Kohaku commence sérieusement à s'impatienter.
— Tu connais ce mec ?
D'un simple geste du menton, il désigne le garçon en retrait au fond de la pièce.
— Oui, c'est Gen Asagiri. C'est un ami d'enfance. Il a déménagé pendant plusieurs années et vient tout juste de revenir dans le coin. Du coup je l'ai invité, histoire qu'il rencontre du monde.
Les yeux du bruns viennent se poser sur son ami. Encore concentré sur la mousse de sa bière, il n'a pas remarqué l'intérêt que lui portent les deux garçons.
— Enfin... ça n'a pas l'air de bien fonctionner.
Les yeux rivés sur son verre, il ne semble pas enclin à discuter. Et pourtant, du plus loin que Tsukasa se souvienne, Gen n'a jamais eu ce genre de comportement. De nature joviale, il est toujours partant pour sympathiser.
— Je pourrais peut-être vous présenter, non ?
— Non, répond sèchement le vert, ça va aller... merci.
D'ordinaire, il serait resté indifférent à cette situation. Ce n'est pas la première fois qu'il se fait insulter par quelqu'un et pourtant, une part de lui n'a pas envie de lui faire face. Il y a quelque chose chez lui d'étrange, quelque chose qu'il veut éviter. Comment le sait-il ? Un pressentiment, quelque chose qui est arrivé à lui comme une évidence quand il l'a vu, assis devant ce verre.
Sans perdre de temps, le vert retourne dans le salon, retrouvant une Kohaku impatiente.
— Ah quand même ! J'étais en train de me demander si tu n'étais pas en train de boire ma bière dans ton coin.
— La prochaine fois, débrouille toi pour chercher ta bière.
Il lui tend la bouteille et, tandis que la blonde s'empare de sa boisson, un air agacé apparaît sur son visage.
— C'est un génie de la science mais ça ne sait pas qu'il faut décapsuler la bière pour la boire.
Un sourire mi-narquois, mi-agacé s'étire pendant une brève seconde. Puis, Kohaku quitte le groupe, se ruant vers la cuisine.
— Ça va Senku ? T'as l'air tout bizarre, ajoute Taiju.
C'est alors qu'il se rend compte que sa nuque lui fait mal. Sans s'en rendre compte, son corps s'est tendu.
— Rah je sais, l'alcool te fait tourner la tête !
— Mais qu'est-ce que tu racontes ? Je n'ai bu qu'une bière.
— Tu tiens pas l'alcool mon pote.
— Une bière ce n'est pas assez. En plus je l'ai bue il y a peu de temps. Pour que la bière fasse effet, il faut que l'alcool circule dans le sang. Avec une bière, mon taux d'alcool dans le sang est bas. Mon sang n'a pas commencé à circuler plus vite, ce qui fait que je suis encore clair. Par conséquent je ne peux pas être ivre.
Lancé dans son monologue, Senku n'a pas vu Yuzuriha et Taiju froncer les sourcils à s'en déformer le visage. Comment fait-il pour ramener absolument tout à la science ?
— Et... que fait Kohaku au fait ? Elle en met du temps pour décapsuler une bouteille.
— Oh tu as raison Yuzuriha ! reprend la brun. Allons voir ce qui se passe !
Sans perdre une seconde, les deux amis se ruent vers la cuisine. Senku ne peut s'empêcher de soupirer. À chaque fois qu'il parle de la science, ses amis semblent comme... assommés. Si seulement Chrome était là, il aurait pu le soutenir au milieu de tous ces gens bien trop apprêtés. Pris au dépourvu par Taiju, il n'a mis qu'un simple tee-shirt blanc oversize et un jean noir. Cela tranche avec les chemises des hommes et les robes des filles.
Lassé, il se gratte l'oreille. Puis, il décide de rejoindre ses amis dans la cuisine. Et puis, quand il passe le pas de la porte, il entend Kohaku exploser de rire à en faire trembler les murs. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il a aperçu la blonde rire avec... Gen.
Soudain, les yeux de son amie se tournent vers la porte, se posant malheureusement sur lui.
— Oh tient Senku ! Approche faut que je te présente quelqu'un !
Pourquoi fallait-il que Kohaku soit à ce point sociable ? Mais dans cette situation, il ne peut pas simplement refuser et partir. Alors, bien qu'il n'en ait aucune envie, il s'approche d'eux.
— Gen, je te présente Senku ! Notre scientifique fou.
— Oh, un scientifique ?
La mélancolie semble avoir quitté son visage, laissant place à un sourire amical. C'est la deuxième fois qu'il entend sa voix. Et cette fois-ci, elle n'est pas agressive.
— Oui, en deuxième année ! Tu seras amené à le croiser souvent. Ton bâtiment est collé à celui des sciences.
— Oui, j'ai déjà pu voir ça.
Et Senku sait exactement à quoi il fait a allusion.
— Enchanté mon petit Senku, je suis Gen.
— Enchanté.
Bon sang, qu'il se sent con.
Et puis, soudain, la blonde se met à bondir.
— Bon, je vous laisse. Je compte bien profiter de la soirée pour danser toute la nuit !
Et avec elle, Taiju et Yuzuriha quittent la pièce. La musique se fait plus forte et, petit à petit, la pièce se vide un peu plus. Bientôt, la cuisine est presque vide.
Ils restent là, quelques secondes à se toiser. Puis, Senku ose enfin parler.
— Tu attends que je m'excuse, c'est ça ?
Pour être honnête, il n'a pas vraiment envie de s'excuser. Après tout, il n'a fait que pouffer de rire. Ce n'est pas grand chose. C'est pour cela qu'il a parlé d'une voix nonchalante.
— Non, mon petit Senku. C'est plutôt à moi de m'excuser. Je n'aurais pas dû t'insulter pour si peu.
Son visage brille désormais de malice tandis qu'un sourire amusé a remplacé son air maussade. Décidément, ce garçon est vraiment étrange.
— Disons que ce jour-là n'était pas un bon jour. J'étais stressé, un peu agacé et te voir rire de ma situation n'a fait que m'irriter davantage. Par conséquent, je m'excuse.
Le vert ne s'attendait pas à ce qu'il s'excuse. Mais bizarrement, malgré son discours qui semble sincère, il y a toujours cet air malicieux qui ne quitte pas son visage. Le vert se sent... presque désemparé.
— Pas de problème, se contente-il de répondre.
Gen lui offre un dernier sourire avant de se lever de son siège.
— Ce n'est pas que je n'ai pas envie d'être ici, reprend le bicolore, mais l'emménagement m'a épuisé. Je vais rentrer chez moi.
— Et moi je pense que je vais faire pareil. J'ai tenu ma part du marché en buvant une bière avec eux. Maintenant, je pense que je peux rentrer dormir.
En l'entendant parler, Gen ne peut retenir un rire amusé.
— Tu m'as l'air... très asocial.
— Disons que ce genre de fête, c'est pas mon truc.
— Je n'ai rien contre personnellement. C'est juste que je suis épuisé. Si Tsukasa ne m'avait pas traîné ici, je ne serais pas venu.
— Et moi c'est Taiju qui m'a trainé de force dans cet appart.
— Au moins ça nous fait un point commun.
Un nouveau sourire. Senku le regarde et, malgré ses efforts, il ne parvient pas à savoir si c'est un faux sourire ou un vrai.
Sans perdre une seconde, Gen se dépêche de sortir de la cuisine pour trouver Tsukasa. Pendant quelques secondes, il le voit se confondre en excuses face à son ami, plaidant la fatigue de l'emménagement. Comme à son habitude, le lutteur lui offre un sourire chaleureux avant d'hocher la tête.
Senku, lui, s'est dépêché d'attraper Taiju par l'arrière de son col. La musique étant forte, il a dû se rapprocher de lui pour que le brun puisse entendre ses paroles. Il sent déjà l'alcool à plein nez et semble ne plus marcher bien droit.
— Fait gaffe, Taiju. J'ai aucune envie de jouer au garde malade demain.
— T'inquiète ! Je gère !
Déjà que le brun parle fort en temps normal, cette fois-ci il lui a tout simplement détruit les oreilles. Puis, il s'occupe de simplement saluer Tsukasa de loin avec un signe de la main. Sans rien dire, Tsukasa a compris que le vert s'en allait lui aussi. Il s'empresse de récupérer et, sans un mot de plus, il se dirige vers l'entrée.
Lorsque son corps franchit le pas de la porte, il est frappé par la fraîcheur du palier. Pas une fraicheur désagréable, au contraire. Les jours chauds ne vont pas tarder à arriver et les nuits se sont déjà réchauffées. Le bomber sur les épaules, il n'a pas froid.
Il descend les escaliers et, bientôt, l'extérieur vient l'accueillir. Il fait nuit noire dehors et il n'y a plus personne à l'horizon. Ou du moins presque personne.
En tournant la tête, il aperçoit la même coupe de cheveux étrange que tout à l'heure.
— Tu n'es pas parti ?
— Je t'ai attendu, répond-il avec un large sourire.
Cela réussit à désemparer le vert pendant une micro seconde.
— Et pourquoi ça ?
— Être seul la nuit est dangereux, même pour un garçon.
Senku ne peut s'empêcher de voir là une ouverture pour le taquiner.
— Alors comme ça tu t'inquiètes pour moi ? C'est ta manière de te rattraper pour m'avoir traité de connard ?
Le vert ne peut s'empêcher d'être fier de son effet, surtout lorsqu'il voit les joues du garçon rosir légèrement pendant quelques secondes.
— Tu es toujours aussi détestable, mon petit Senku ?
L'honnêteté de la phrase le fait tiquer.
— Eh bah, tu mâches pas tes mots toi.
Comme réponse, Gen se contente de sourire et, soudain, il se met à avancer. Pendant un instant, Senku le regarde s'éloigner. Puis, le bicolore s'arrête, se retournant vers lui.
— Tu habites où ?
— Heu... dans le quartier d'à côté.
— Oh ! Je ne suis pas loin non plus.
Puis, un silence s'installe. Ils se regardent tous les deux, sans bouger.
— On... fait la route ensemble ? propose Gen.
Sans parler, Senku acquiesce et se dépêche de le rejoindre. Ils marchent ensemble, traversant les rues sans jamais cesser de discuter, tout ça sous le regard de la lune et l'approbation des étoiles.
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Vous n'êtes pas prêts. J'ai actuellement écrit 11 chapitres et un inter-chapitre. Il se pourrait donc que je puisse ENFIN avoir un rythme de publication plutôt régulier avec un chapitre par semaine. Après des années sur Wattpad, j'ai enfin atteint l'objectif de la 🌌 régularité 🌌. En espérant que ça dure !
Sinon, l'histoire se met doucement en place dans ce petit chapitre. Ça va aller crescendo, soyez patients !
Je vous dis donc à la semaine prochaine (je suis émue de pouvoir écrire ça 🥲) pour la suite !
Ciao~
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