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6- De similitudes étranges et de rituel égyptien


Seine-Saint-Denis, Le Blanc Mesnil,

Commissariat.

Mercredi 3 février 2019


Marseille. Elle était à Marseille.

Vendredi soir, elle donnait une conférence de paléo linguistique au Mucem* en marge d'une exposition sur la civilisation carthaginoise. Elle avait profité du samedi pour visiter la ville et n'était rentrée à Paris que le dimanche matin.

C'est ce qu'elle a affirmé au commandant Miljanic qui s'est aussitôt empressé de le vérifier. Au terme d'une série de coups de fils impérieux, il raccroche enfin et daigne l'informer du résultat de ses investigations.

— Le directeur du département des antiquités nord-africaines du Mucem confirme votre présence à cette conférence, il... vous remercie encore de votre participation.

— Évidemment que j'y étais ! grince-t-elle. Vous imaginiez quoi ? Que j'avais quelque chose à voir avec la mort du docteur Gruber ?

Il se penche légèrement en avant, coudes appuyés au rebord de son bureau, son menton ombré d'une barbe naissante soutenu par ses doigts croisés.

— Je n'imagine rien, énonce-t-il calmement, mon travail consiste à envisager toutes les hypothèses.

Soledad a quand même très envie de lui faire remarquer qu'il pourrait y mettre les formes ; pour autant, elle conçoit que, dans le cadre d'une enquête criminelle, ménager un éventuel suspect ne fasse pas partie de ses priorités. Elle esquisse un mouvement pour se lever.

— Bien. Maintenant que vous m'avez rayée de la liste des meurtriers potentiels, est-ce que nous en avons fini ? s'enquiert-elle.

— Avec votre possible culpabilité, je pense que oui...

Il se renverse dans son fauteuil, étire ses jambes. Son corps se relâche, il parait moins tendu, plus... serein. Bizarrement, pouvoir raisonnablement conclure qu'elle n'est pas impliquée dans ce meurtre semble l'avoir un peu décoincé. Il se fend même d'un sourire.

— Mais si vous disposez d'un peu de temps, j'aimerais vous poser encore quelques questions.

— À propos de Gruber ?

— Disons que je souhaite plutôt faire appel à votre connaissance de l'antiquité. Vous l'avez dit vous-même, ce texte décrit des pratiques pour le moins barbares, est-ce qu'elles incluaient aussi des sacrifices... humains ?

— Quoi ? se récrie-t-elle, outrée. Certainement pas ! Les augures égyptiens immolaient des chèvres, des génisses, parfois des oiseaux, en aucun cas des êtres humains. Je vous accorde que ça peut nous paraître barbare, sauf qu'à l'époque, la cause animale... Mais ce n'est pas une raison pour croire que les peuples antiques passaient leur temps à égorger des vierges et étriper des nouveau-nés !

— Je n'ai jamais prétendu ça ! se défend-il. C'est juste que...

Il s'arrête brusquement, comme s'il hésitait à lui confier sa pensée. D'une main lasse, il repousse une mèche de cheveux qui lui tombe dans les yeux.

— Bon, reprend-il avec un soupir, entre les bruits de couloirs et les réseaux sociaux, ce n'est plus vraiment un secret. Gruber a été égorgé. Et étripé.

Soledad sursaute sur sa chaise et le dévisage, les yeux écarquillés.

— C'est... c'est une plaisanterie ?

— Pas vraiment. Enfin... je ne suis pas sûr que les termes soient exacts d'un point de vue médico-légal, mais on lui a tranché la gorge et lardé son corps de coups de couteau. Objectivement le résultat est le même.

— Je confirme, les termes sont adéquats, lâche-t-elle, la mine sombre.

Un poids désagréable lui oppresse la poitrine. Un sentiment de terreur larvée, nourri d'images gore piochées par son cerveau dans tous ces films d'horreur et ces thrillers qu'elle affectionne. Qui se mue presque aussitôt en incrédulité au fur et à mesure qu'elle réalise ce que suggère le policier.

— Vous n'êtes pas en train de me dire que... le docteur Gruber a été tué selon un rituel divinatoire égyptien de la IIIe Dynastie ?

— Je n'en sais rien, je ne suis pas comme vous spécialiste de ce genre de coutume, mais... d'après le légiste, Gruber a été découpé post mortem avec un poignard ou une espèce de dague. Je vous l'ai dit, mon boulot exige d'examiner toutes les hypothèses. Je ne peux pas faire autrement que de remarquer certaines similitudes.

— C'est... troublant. Mais qui ferait une chose pareille ?

— Allez savoir ! Peut-être un illuminé qui lui en voulait pour une raison ou une autre. Gruber était psychiatre, les dingues, ça ne devait pas manquer dans son entourage.

— Mouais... Il faudrait quand même vérifier si le modus operandi correspond vraiment, ces rituels étaient très codifiés. Et cela supposerait aussi que le meurtrier les connaisse.

Ses derniers mots lui dessèchent la bouche de frayeur rétrospective. Elle vient de comprendre pourquoi le commandant l'a soupçonnée. Heureusement qu'elle dispose d'un alibi solide. Comme s'il devinait le cheminement de ses pensées, il lui adresse un sourire rassurant.

— Ma foi, si c'est un déséquilibré agissant sous le coup d'une pulsion, il a pu se contenter de le reproduire approximativement. Pas besoin de maîtriser tous les détails. Et puis, il y a ce texte.

— Vous... vous pensez que l'assassin s'en serait inspiré ?

— C'est une éventualité. Ce qui m'amène aux questions suivantes : quand avez-vous traduit ce texte et qui, selon vous, aurait pu être au courant de son contenu ?

Soledad réfléchit un court instant. Elle fronce les sourcils, pas besoin de chercher bien loin.

— Pour le quand, c'est facile, répond-elle. Gruber me l'avait transmis le weekend précédent, mais je n'ai pas eu le temps de m'en occuper de la semaine. J'ai profité de mon voyage en TGV, vendredi, pour terminer la traduction. Je la lui ai envoyée en arrivant à Marseille.

— Le jour de sa mort, donc. Et pour le qui ?

Elle serre les dents, une pointe de malaise s'insinue en elle. La réponse, une fois encore, risque bien de la désigner comme la coupable idéale. Face à elle, Jannek Miljanic l'observe avec une acuité dérangeante. Cherche-t-il à la piéger ?

Tu n'as rien à craindre, tu n'étais pas à Paris. Elle se répète ce mantra et affiche l'expression navrée de celle qui aimerait aider davantage.

— Je suis désolée, Commandant, mais franchement... À part Gruber et moi, je ne vois pas qui d'autre pourrait avoir eu connaissance de ce texte.

Une ombre de déception rembrunit le visage du policier. Il se masse la racine du nez du bout des doigts, sa bouche se plisse d'une expression ennuyée.

— Accessoirement, il y a celui ou celle qui l'a écrit... lâche-t-il finalement.

Cette fois, Soledad ne peut retenir une exclamation d'indignation horrifiée.

— Vous êtes sérieux ? C'est un enfant ! Vous n'imaginez quand même pas qu'il aurait pu... C'est... c'est vous qui êtes dingue !

Elle se mord aussitôt les lèvres, maudissant son impulsivité. Insulte à un représentant de l'ordre dans l'exercice de ses fonctions, ça va chercher combien ? Mais Miljanic n'a pas l'air de s'en formaliser. Son franc parler semble même l'amuser.

— Les hypothèses, Docteur Del Pozzo, toutes les hypothèses, souligne-t-il avec son petit sourire craquant. Mais vous savez...

Long soupir de lassitude.

— J'ai connu malheureusement des gosses de douze ans capables des pires atrocités... L'âge n'est pas toujours une garantie d'innocence.

Son regard s'évade, comme embrumé de réminiscences. Sans doute les souvenirs éprouvants des affaires sordides qu'il a dû traiter. Soledad ressent un peu de gêne, elle regrette la virulence de sa réaction. Son propre métier la confronte régulièrement aux preuves de la sauvagerie humaine, mais il s'agit de témoignages lointains, lovés dans les vestiges archéologiques d'époques révolues, édulcorés par la distance temporelle. Lui, certainement, baigne au quotidien dans une violence immédiate et sans filtre.

— Je comprends, acquiesce-t-elle sobrement.

Sa voix le tire de sa songerie, il reporte aussitôt toute son attention sur elle.

— Désolé si je vous ai choquée... s'excuse-t-il. Revenons à ces écrits. Vous n'en avez parlé à personne ?

Elle secoue la tête en signe de dénégation. Bien sûr que non ! Même si son excentricité n'est plus à prouver, elle ne tient pas plus que ça à informer ses collègues, et surtout sa hiérarchie, qu'elle a accepté de bosser en free-lance sur des textes prétendument écrits par des gamins dérangés.

— Et Gruber ? Il vous avait sollicitée pour les traductions, mais ensuite ? Il en faisait quoi ?

— À ma connaissance, rien de particulier. Il voulait surtout s'assurer que ces enfants ne reproduisaient pas simplement des symboles de manière aléatoire. Leur comportement l'intriguait, il essayait de comprendre comment et pourquoi ils faisaient ça.

— S'il cherchait des explications, il a peut-être demandé leur avis à des confrères. Ou au personnel du CMP.

— Possible, oui. Mais il ne m'en a rien dit et j'ignore s'il a pu montrer mes traductions à quelqu'un. Par contre, il a sans doute discuté de ces textes avec les parents. Et éventuellement, avec des gens de l'Institut, aussi.

— De l'Institut ?

— L'Institut Andromède, c'est une sorte d'école spécialisée. Tous les patients de Gruber qui se sont mis à reproduire des écritures anciennes le fréquentent. Au début, il s'est demandé si ce n'était pas là qu'ils avaient appris à le faire. Il avait même contacté leur instituteur pour lui poser la question.

— Et ?

— Ça n'a pas donné grand-chose, je crois. Il m'avait dit que l'enseignant trouvait ça trop bizarre, lui aussi, mais qu'a priori, il n'y était pour rien.

— Je vois... Bien, je vais rédiger le procès-verbal de votre audition. Je vous demanderai ensuite de le relire et de le signer si les termes vous conviennent. Juste une dernière question...

Sa main gauche vole vers la souris, le logo de la police nationale tourbillonnant sur l'écran se reflète dans ses iris clairs.

— Pourriez-vous me préciser combien de patients de Gruber ont développé ces... étranges talents graphiques ? Et... Je suppose que vous n'avez jamais rencontré ces enfants, mais si vous connaissez leurs noms... En particulier de celui qui a décrit le rituel égyptien.

Tandis qu'il recherche dans son ordinateur le formulaire adéquat, Soledad tortille machinalement une de ses longues mèches rousses autour de son doigt. Compte tenu des soupçons qu'il a formulés plus tôt envers l'auteur du texte, elle ne doute pas qu'il ait l'intention de l'interroger. Ça l'ennuie vraiment de l'aider à l'identifier ; en livrant son nom, elle a un peu l'impression de lui jeter ce malheureux gamin en pâture.

En même temps, prétendre qu'elle l'ignore ne servirait à rien. La police dispose des mails de Gruber et le docteur désignait les fichiers qu'il lui envoyait par le prénom de l'enfant à l'origine de chaque texte. Le commandant n'aura pas à chercher bien loin pour trouver l'information et... constater qu'elle a menti. Elle se demande même s'il ne s'agit pas d'une sorte de test pour éprouver sa bonne foi.

— Aux dernières nouvelles, les enfants concernés étaient cinq, se décide-t-elle à répondre. Celui qui utilise des hiéroglyphes s'appelle Noah.


*Mucem : Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée


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