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1- D'un cadavre et d'une tempête de neige (2/2)


Derrière lui, Jannek entend Nadjet hoqueter dans un réflexe nauséeux. Il réprime son propre haut le cœur, des images de charnier embrasent sa mémoire. Corps mutilés, femmes éventrées. Ivresse de sang et de vengeance. Terreur orchestrée. Folie.

Son esprit se rétracte, s'évertue à chasser le visage, alors imberbe, d'un jeune psychiatre rieur superposé à la face livide d'un homme mort, gisant dans une flaque poisseuse de sang congelé. Et ceux des autres. Tous les autres.

Ses yeux clairs s'arrachent au scintillement hypnotique du givre sur les cheveux bouclés et la barbe du mort, errent un instant sur les tiges raides des lavandes mal taillées, dressées en arrière-plan dans leur carcan de glace. Ils accrochent les prunelles chocolat de son adjointe, dilatées par le dégout.

Il sent l'émoi de la jeune femme prêt à se déverser, il ne faut pas. Il ne doit pas la laisser perdre pied au risque de se dévoiler lui-même. D'un geste sec, il rabat la couverture, prend une nouvelle inspiration et se redresse. Son regard se fait froid, inquisiteur.

— Premières constatations, Lieutenant ?

Elle se reprend aussitôt et lui débite son rapport.

La victime a été égorgée, le légiste affirme sans la moindre ambiguïté que c'est cela qui l'a tuée, les autres blessures sont probablement post mortem. La mort peut remonter à plusieurs heures, mais compte tenu du froid polaire de la nuit précédente, seuls les résultats de l'autopsie permettront de connaître avec certitude le moment du décès. Cependant, le corps était recouvert de neige quand la secrétaire l'a trouvé. Le psychiatre est sans doute mort avant ou pendant la tempête d'hier soir.

Jannek approuve d'un hochement de tête.

— Le vol n'est clairement pas le mobile du meurtre, précise Nadjet, devançant sa question suivante. Il avait encore son portefeuille avec de l'argent liquide, sa carte bleue, son portable et sa montre. On n'a pas retrouvé non plus l'arme du crime, le meurtrier a dû la récupérer ou s'en débarrasser dans les environs.

Elle jette un coup d'œil par-dessus son épaule et fronce le nez d'un air chagrin.

— Faudra fouiller le jardin et ceux des maisons voisines, ronchonne-t-elle, avec toute cette neige, on n'est pas sortis de l'auberge !

Le commandant opine derechef et scrute, lui aussi, les alentours. Dans l'allée et autour du corps, le piétinement des forces de l'ordre a laissé de multiples traces de pas, mais Nadjet assure qu'à leur arrivée, ils n'ont relevé que les empreintes de la secrétaire. Ceci dit, la tempête de la nuit a sans doute effacé toute autre marque ou d'éventuels signes de lutte.

— Pas d'effraction dans la maison ? demande-t-il.

— Apparemment pas. Madame Leclerc a trouvé la porte fermée à clef, comme tous les matins. Elle n'est pas entrée, ni nous non plus. On vous attendait.

— Qui a fermé hier soir ?

— Probablement Gruber... Ses clefs étaient dans la poche de son pardessus et il a dû quitter le CMP le dernier. La secrétaire dit qu'il travaillait encore quand elle est partie vers dix-huit heures.

— Il recevait des patients ?

— Son dernier rendez-vous de la journée, le petit Noah Pasteur et sa maman. Il est sans doute resté un peu après leur départ. Apparemment, il avait l'habitude de faire des heures supplémentaires pour étudier les dossiers de ses patients ou rédiger des rapports. Et c'était le directeur du CMP, il se tapait aussi pas mal de formalités administratives.

— Ouais, j'imagine.

Il connaît lui-même ce genre de corvées, grandes pourvoyeuses de journées à rallonge.

D'un geste, il indique aux deux fonctionnaires qui attendent avec leur housse mortuaire qu'ils peuvent enlever le corps. C'est désormais au service médico-légal de faire son travail ; pour sa part, il doit encore examiner l'intérieur de la maison.

Nadjet ouvre obligeamment la porte du CMP. Il passe le seuil, s'attendant à une nouvelle résurgence de souvenirs. L'odeur familière le saisit aussitôt, mélange de craie et de vieille poussière comme on en rencontre encore dans certaines salles de classe. Il s'y superpose des relents de café froid, d'eau de toilette bon marché et des effluves de plats tout prêts réchauffés au micro-onde .

La salle d'attente n'a guère changé depuis l'époque où il attendait Nikola durant ses interminables séances de psychothérapie. Il y a passé tellement d'heures, à tenter de potasser ses cours, en faisant abstraction des cris et de l'agitation des enfants perturbés qui fréquentaient le centre.

— Le bureau du docteur Gruber est en haut, indique Nadjet.

Il se raidit, il sait. À droite de la porte, l'escalier biscornu qui mène vers le premier étage... La silhouette rassurante de Gruber campée en haut des marches de béton inégales, sa voix chaleureuse qui résonne par-dessus les cris des enfants. Une main bienveillante qui ébouriffe ses cheveux blonds. Hier, il se tenait à cette même place, ignorant qu'il allait mourir. Ses doigts s'agitent contre sa cuisse, il les oblige à l'immobilité et désigne la salle d'attente d'un coup de menton.

— Inspectez le rez-de-chaussée, je m'occupe de l'étage.

En guise de réponse, Nadjet lui lance une paire de gants en latex qu'il attrape à la volée.

Il se contraint à inspecter la petite salle de réunion et le cabinet de Gruber. Tout est en ordre, pas de signe de lutte ni d'intrusion, aucun indice relatif au drame ne saute aux yeux. L'endroit peut se trouver exactement dans l'état où le médecin l'a laissé après une longue journée de travail. Sur son bureau trône un ordinateur. Éteint. Il faudra, bien sûr, en vérifier le contenu.

Après un dernier coup d'œil, Jannek ressort et regagne le jardin d'une démarche inhabituellement raide. Il se pose un court instant, se force à réfléchir. Faire travailler sa tête pour dissiper son malaise. Classer et analyser les différentes informations, formuler une première hypothèse. C'est ce qu'on attend de lui.

La scène se dessine dans son esprit : le médecin a fini ses consultations, il quitte son bureau, sort du CMP. Il a déjà refermé la porte et s'apprête à partir...

Déduire.

Gruber était-il la cible ? Le tueur l'attendait-il, tapi dans le jardin, guettant l'instant propice pour l'agresser ? Pourquoi, alors, ne pas avoir pénétré dans le CMP pour accomplir son forfait à l'abri des regards ? Peut-être le psychiatre s'est-il simplement trouvé au mauvais moment au mauvais endroit. Les trafics sont légions dans ces quartiers, il a pu surprendre une quelconque transaction. Oui... ça pourrait coller. Mais dans le cas d'un crime crapuleux, cet acharnement sur sa dépouille n'aurait aucun sens.

Suivre la procédure.

Il faudra vérifier qu'il n'a pas reçu d'autres visiteurs après le départ de la secrétaire. Dresser une liste complète de tous les patients qui l'ont consulté dans la journée de la veille. L'un d'entre eux aura peut-être remarqué quelque chose d'anormal. On devra aussi déterminer s'il avait des problèmes ou des ennemis. L'affaire exigera les habituelles investigations dans le voisinage et auprès des proches et des collègues du psychiatre.

La routine.

Sauf que ce n'est pas la énième victime d'une violence ordinaire. C'est le docteur Gruber.

Roulée sur un brancard, la forme inerte emballée dans sa housse plastique s'éloigne. Jannek la suit des yeux et frissonne. Pas à cause de l'atmosphère glaciale de cette matinée hivernale. Ce froid-là, c'est celui du vide. Celui que vient de laisser dans sa vie un nouveau repère effacé.

Trouver le coupable. Il n'y a pas d'autre choix.

Une chose est sûre, il attendra un peu avant d'en parler à Nikola.


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