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Chapitre 7 : Une réponse peu claire et assez floue

Matei crut qu'il allait s'évanouir...
Avait-il bien entendu ?
Les paroles de Pierrick tournaient en boucle dans sa tête dans une incessante ronde infernale, comme une douce torture...
-Matei...Je...Je t'aime. Est-ce que tu veux sortir avec moi ?
Cela ne pouvait pas être vrai...Un aussi beau jeume homme, le plus parfait du Triangle des Bermudes ne pouvait pas lui avoir demandé une telle chose à l'instant...

Sans réfléchir plus loin que :
-Qu'est-ce que je fais ? Je n'y crois pas ! Oh mon dieu !
En ce moment, Matei réfléchissait alors plus vite que la vitesse de la lumière...Il n'y croyait tellement pas dans des tonnes d'arguments pour et contre.
C'était dans sa nature de trop réfléchir. Alors que son cerveau était en train de chercher les arguments et de peser le pour et le contre de chacun d'entre eux, alors que son cœur battant à cent cinquante à l'heure actuellement, rendant aussi dans les joues de son propriétaire rouges, lui hurlait d'accepter sans réfléchir.
En fait, Matei aurait volontiers accepté mais...Il ne connaissais pas vraiment le garçon...Il savait que c'était un sportif, mais cela n'allait pas beaucoup plus loin dans sa vie privée autre que le lycée et il ne connaissait pas entièrement son caractère. Pourtant, il était très attiré par le jeune homme, mais surtout par son physique de rêve. Rêve en couleurs. Rêve sacrément réel, en fait...
Matei, sans aller chercher plus loin, suivit à la fois son cœur et son cerveau et dit alors avec un air parfaitement sérieux et d'une seule traite : 
-Apprends-moi à t'aimer...

Pierrick ouvrit des yeux vraiment surpris. Pas choqués, mais surpris.
Il ne s'attendait visiblement pas à ce genre de réponse, et ça pouvait parfaitement se comprendre...
-Explique-moi...demanda-t-il au bout de quelques secondes de silence, dans un murmure qui semblait plus pour lui que pour Matei.
-Je...bredouilla le jeune garçon, les joues rougies par la gêne et ses sentiments confus. Je me dis que tu es vraiment très beau et...En plus, tu as l'air tellement gentil...Mais en somme, je te connais peu...Donc avant de te répondre, j'aimerais apprendre à te connaître. Mieux.
Matei avait les pensées brouillées et l'esprit flouté, ses sens semblaient paralysés par cette déclaration à laquelle il ne s'attendait pas. Ses joues brûlantes n'aidaient pas trop non plus à sa concentration. Les paroles si belles de Pierrick, qu'il avait attendu si longtemps venant d'un garçon, tournaient dans son esprit en boucle et le bloquaient dans ses réflexions...

Contre toute attente, Pierrick sourit et déclara à Matei :
-Alors...Ça n'était pas un oui entier mais ça ne veut pas dire que tu me rejettes non plus ?
-Non, fit Matei surpris. J'aimerais juste mieux te connaître avant de te donner une réponse. Pas que nous nous fassions de mauvaises illusions et que nous déchantions après.
-Alors je viens dans ton groupe demain.
-Si tu veux. Mais n'oublie pas tes amis ! le conseilla Matei avec un sourire.
Pierrick sourit, alors que son visage était presque constamment inexpressif et de marbre, les joues rosies que Matei réussit à distinguer sous son épaisse barbe noire, et s'en alla après avoir soufflé un très faible :
-Merci..

Quand Matei retourna vers ses amis à table, Ngôi Sao passa à côté de lui en ouragan et l'attrapa limite par le col de son haut pour l'attirer dans un coin un peu isolé, à l'abri des oreilles indiscrètes.
-Alors ?
-Quoi, alors ? demanda Matei avec les joues rouges comme de la chair de pamplemousse.
-Tu as dit oui ? fit sa meilleure amie, les yeux brillant d'encouragement.
Matei allait lui dire quand il se rendit compte que quelque chose clochait dans leur conversation...
-Attends mais...Co...Comment peux-tu être au courant, toi ?
Ngôi Sao lui sourit avec fourberie mais amusement également.
-Je te dirai pas ! rit-elle.
-Ngôi Sao ! râla Matei, un sourcil froncé.
La jeune fille rit aux éclats, attirant quelques regards sur elle, puis elle fit un clin d'œil à son meilleur ami.
-Il est venu me voir l'autre jour pour me dire qu'il t'aimait.
-Quoi ? hurla Matei, attirant cette fois-ci lui tous les regards. Et tu ne m'as rien dit ?
-Je pense qu'il ne voulait pas que je te le dise. Et puis, c'était à lui de le faire pour que ce soit vrai et sincère.
-C'est vrai, sourit Matei timidement.
-Qu'est-ce que tu as dit ? Tu as accepté j'espère ? C'est ton plus beau rêve après tout !
Matei ne dit rien mais finit par baisser les yeux devant sa meilleure amie.
-J'ai honte...finit-il par lâcher en prenant son visage entre ses grandes mains.
-Quoi ? Pourquoi ? s'exclama Ngôi Sao, les yeux ronds.
Matei soupira. Il leva ses yeux au ciel avec un air désespéré, limite suppliant, en repensant à son immense bêtise proférée en face se Pierrick, quand il se dit que sa meilleure amie, elle, avait le droit de savoir. C'est elle qui l'avait soutenu et tellement encouragé durant tout ce temps.

-Je...Je lui ai dit que, comme on ne se connaissait pas encore très bien, je voulais apprendre à mieux le connaître...Et je lui ai dit sans réfléchir "Apprends-moi à t'aimer"...
Ngôi Sao resta interdite quelques secondes avant de cacher son petit sourire sous sa main, les yeux clos.
-C'est trop mignon ! fit-elle avec une petite voix.
-Pardon ? lâcha Matei avec un air dubitatif. Mignon, dis-tu ?
-Oui ! rit Ngôi Sao avec enthousiasme.

Elle donna alors un coup de coude à son meilleur ami et lui dit avec un sourire accompgné d'un clin d'œil :
-J'espère que ça va marcher entre vous deux ! J'espère de tout mon cœur !
-Merci...sourit timidement le jeune garçon, les joues rougissant de plaisir.
-T'es quand même un peu crétin mais...
-Ngôi Sao...geignit le garçon.
Elle lui sourit :
-Allez, viens, retournons auprès des autres !
-Attends ! l'arrêta Matei avec un geste de la main.
-Oui ? fit la jeune fille.

Matei déglutit avant de sourire encore une fois timidement et s'exprima avec une douce voix :
-S'il te plaît...Ne dis rien aux autres tant que...Que nous n'avons rien conclu. J'aimerais encore garder le secret...
Ngôi Sao sourit avec une tendresse infinie pour son ami tellement mignon à ses yeux.
-D'accord. J'emporterai ce secret dans ma tombe !
-Pas à ce point, Ngôi Sao ! rit son ami en tapotant son épaule. Ne sois pas si extrême !

Ils retournèrent auprès de leurs amis et surprise...Il y avait là à table le Triangle des Bermudes imparfait, c'est-à-dire sans Ayden mais avec Noël à la place. Matei ouvrit grand ses yeux et s'assit à sa place d'avant, en face de Ngôi Sao et à côté de Pierrick. Le jeune garçon rougissait de plus en plus mais il essaya de camoufler sa gêne.
Bien plus grande que d'ordinaire, vu qu'il y a à peine quelques minutes, Pierrick lui faisait sa déclaration...
Helena ricana derrière sa main en regardant le visage rouge pivoine de son ami, qui la foudroya du regard...Pierrick, quant à lui, avait aussi les pommettes un peu rosées mais il ne laissait rien transparaître de sa gêne.
-Vous étiez vite là, dit Matei en regardant Massimo avec un regard assez troublé.
Le beau blond fixa son interlocuteur avec un petit rictus en coin, probablement un peu amusé par le stress de Matei. C'est avec son sourire ravageur exposant ses belles dents blanches parfaites qu'il répondit à son camarade de classe :
-Oui, merci de ton aide. On est venus là parce qu'on ne savait pas trop où aller...
Il lorgna ensuite un regard un peu narquois sur son ami et lui dit avec un petit rire étouffé :
-N'est-ce pas, Pierrick ?
Le jeune homme vira au rouge pâle du rouge à lèvres carmin de Mélissa et il baissa légèrement la tête.
-Ou...Oui...dit-il sans grande conviction.

Matei observa son potentiel futur petit ami. Il le connaissait normalement sûr de lui, le dos bien droit et sans hésitations. Le voir ainsi, aussi stressé et peu rassuré lui semblait complètement aberrant, surréaliste...
Le jeune blond, bras croisés sur la table blanche de la cafétéria, regarda alors de nouveau Matei avec son sourire ravageur, cette fois les lèvres rassemblées, qu'il fit un clin d'œil à son camarade. Ce dernier sentit son pauvre cœur chavirer et rater un battement en même temps. Il sentit son visage et ses joues, surtout sa peau, brûler vive.
Depuis la déclaration tellement attachante et touchante de Pierrick tout à l'heure, il avait l'impression d'être quatre fois plus sensible au charme des beaux garçons...Pierrick, à sa droite, le regarda avec un air que Matei interpréta, du coin de l'œil, comme interrogateur quand il lui demanda avec un petit sourire empli de timidité :
-Ça va, Matei ? Tu as l'air d'avoir chaud...

Matei crut cette fois qu'il allait faire un infarctus...
Son prénom prononcé par Pierrick, de sa voix si grave et masculine, que Matei aimait entendre. Sa voix déjà assez haute de base paraissait si aiguë à côté de la sienne...Elle le rendait complètement fou.
Il finit par reprendre ses esprits pour pouvoir pondre une réponse plus ou moins potable à Pierrick qui le regardait encore de ses yeux bruns très foncés qui semblaient le transpercer tant son regard était profond et sincère :
-Je...Oui, j'ai un peu chaud. J'ai toujours trop chaud, l'été.
-Je confirme ! confirma Ngôi Sao pour le secourir dans son malaise et sa détresse. Tu es une vraie bouilloire cent pourcents du temps !
-Très amusant, lui fit Matei en riant jaune.
Tous ses amis rirent et les deux membres du Triangle des Bermudes présents les suivirent avec enthousiasme, surtout pour Massimo.

Noël, lui, ne riait pas.
Tout cela ne l'amusait pas. Mais pas du tout !
Pierrick était son meilleur ami et il s'était dit qu'ils auraient pu aller plus loin dans leur histoire, plus loin que de simples amis au lycée. Il croisa ses bras sur son torse fin, sourcils froncés et air renfrogné allant de pair.
Matei, il ne l'appréciait pas. Pas parce qu'il n'était pas sympa, au contraire, ça allait plutôt bien. Pas parce qu'il avait des préjugés à son égard. Mais parce que Pierrick semblait s'intéresser à lui mais sans qu'il ne le sache formellement ni pourquoi...Et cela le faisait fulminer !
Déjà, pourquoi Pierrick s'était-il absenté quelques minutes avant, quand ils mangeaient tous les trois à l'étage ?
Pourquoi ne lui disait-il rien ? À lui, son meilleur ami alors que pourtant, Massimo avait l'air au courant ?
Et alors que la meilleure amie de Matei, Ngôi Sao, semblait savoir tout sur tout sur Matei !
Il grinçait des dents quand Massimo lui demanda :
-Ça va, Noël ? Tu as l'air en colère...Très en colère.
Il se leva brusquement en renversant la chaise derrière lui avec un grand fracas auquel il ne prêta pas attention.
-Ça va ! fit-il, excédé, le visage rouge, pas de gêne comme Pierrick et Matei, mais de rage. Je vais aux toilettes, je reviens !
Il s'en alla d'un pas décidé et agacé, sans chercher à le cacher.

Pierrick le regarda s'en aller sans piper mot, mais en fut surpris. Un tel accès de rage était rare chez son meilleur ami.
Noël se rendit aux toilettes du premier étage et se passa de l'eau sur le visage après avoir retiré ses lunettes de l'arète de son nez. Il sembla se calmer après avoir balancé un coup de pied dans une poubelle qu'il avait renversée puis respiré plusieurs fois longuement et tranquillement.
Il retourna vers les deux groupes réunis une fois que son visage avait retrouvé une teinte normale et non pas celle du cœur écarlate dessiné sur le devant du cahier de dessins de Bérangère...
Pierrick le regarda mais détourna le regard sans rien lui dire, les joues toujours rosies. Massimo lui adressa un sourire complice d'ami mais Noël se rassit sans piper mot non plus.

Il remarqua que son meilleur ami et Matei étaient en grande discussion sur les cours de philosophie que ce dernier adorait et qu'ils riaient aux éclats sans pression.
Noël grinça encore des dents et décida de jouer à un jeu sur son téléphone pour ne pas se laisser encore une fois aller à sa rage.

Vers la fin de l'après-midi, Noël se sépara de ses amis à la sortie des cours pour partir chez lui, pas dans la même direction que ses deux amis, mais il rendit compte en poussant la porte de sortie qu'il avait oublié de prendre ses affaires pour réviser son anglais et retourna donc à son casier.
Quand il arriva sur place, il entendit Massimo et Pierrick en grande discussion devant le casier du noiraud et il s'arrêta au coin du mur pour les écouter sans être vu.
-Finalement ?
-J'ai fini par lui avouer mes sentiments avec le soutien de Ngôi Sao...
-Super ! sourit Massimo, jambes croisées et accoudé aux casiers dans une pose de charmeur, avec un air enthousiaste pour son ami. Et donc ?
-On n'est pas ensemble pour le moment. Mais si on se rapproche un peu plus, je pense qu'il acceptera. C'est ce que j'ai ressenti en discutant avec lui.
-Parfait alors ! Et Noël ? Tu lui as déjà dit ?
-J'ai peur de lui dire, Massimo...avoua Pierrick un peu penaud. Il a beau être mon meilleur ami, il a déjà dit deux ou trois trucs qui pouvaient être interprétés comme des propos homophobes. J'ai peur qu'il le prenne mal...Mais ne lui dis rien, s'il te plaît, c'est à moi de la faire, je veux lui dire moi-même !
Noël baissa les yeux et relâcha les muscles de ses épaules attristées.
-Tu viens de le faire...murmura-t-il tout doucement.

-Je veux lui dire de ma propre voix que j'aime Matei.
Et c'est alors que Noël se laissa glisser contre le mur sur lequel il était discrèrement adossé, désespéré et triste comme jamais, alors que ses larmes envahissaient déjà ses yeux humides de chagrin...

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