Chapitre 41 : Sortie
-Arrête de faire la tête, Pierrick !
-Je fais ce que je veux, Mélanie.
La voix du jeune homme était dure et neutre, sans colère ni empathie. Il avait le regard sombre et semblait de mauvaise humeur.
-Tu gâches mon moment de shopping ! lâcha la noiraude.
-Tant mieux...grommela le jeune homme.
Rectification, il ne semblait pas de mauvaise, il était de mauvaise humeur. Si le doux et gentillet Pierrick devenait moqueur ainsi, presque sarcastique, il était réellement de mauvais poil...
-Tu es vraiment nul, Pierrick ! se plaignit la jeune fille.
-Peut-être, mais dans ce cas, je ne suis pas le seul.
Ses parents l'avaient envoyé accompagner sa chère et tendre cousine pour qu'elle puisse faire les magasins, comme chaque semaine. Normalement, elle y allait plutôt avec deux ou trois amies, mais aujourd'hui, chacune d'entre elles avait eu, pour le plus grand désarroi de Pierrick, un empêchement de dernière minute...Le jeune noiraud n'en avait que faire des achats de sa cousine mais il avait appris que pour les filles, c'était important.
Enfin...
Certains filles.
Il voyait mal Ngôi Sao ou encore Xiù faire les boutiques de vêtements comme il était en train de le faire actuellement avec sa cousine...
-Tu ne trouves pas ce petit haut adorable ?
Mains dans les poches de son pantalon beige, Pierrick, qui avait laissé libre cours à ses pensées en imaginant Matei dans toutes sortes de tenues et laissant ainsi ses fantasnes courir où ils voulaient, se força à sortir de ses agréables pensées pour se recentrer sur sa cousine et ses foutus achats.
Elle lui présentait un petit haut orangé, tirant sur la saumon, sans manches et qui montrait probablement le ventre au vu de sa longueur.
-Immonde, lâcha-t-il sans aucun filtre, ne se donnant même pas la peine d'essayer d'en mettre un.
-Pierrick ! s'exclama la jeune fille complètement indignée.
-Tu me demandes mon avis, je te le donne, rétorqua l'aîné en détournant les yeux.
Il voulait juste qu'elle le laisse tranquille, vaquer à ses occupations et ses pensées...Déjà qu'il perdait à moitié son temps dans ces magasins avec elle...
Deux heures après, qui parurent en faire le triple ou le quadruple pour Pierrick, après qu'il ait révisé de long en large tout son catalogue de tenues désirables et tout son inventaire de jeux vidéos à se procurer ou à vendre, Mélanie lui dit enfin qu'il ne lui restait plus qu'une ou deux boutiques à faire.
Il lui fallait un cadeau pour une de ses amies, qui avait un style très punk gothique. Elle se dirigea donc, son cousin de mauvaise grâce sur les talons, vers la seule boutique adéquate de la zone dans laquelle ils se trouvaient.
La boutique était très sombre et vraiment idéale pour quelqu'un baignant dans le style gothique. Mélanie arpenta les rayons à la recherche de quelqu'objet qui puisse être à la hauteur de l'exigence de son amie. Pierrick, dans son dos, bâilla sans retenue, quand ils entendirent une voix inquisitrice :
-Bonjour, bonjour ! Puis-je vous être utile ?
Le duo se retourna.
-Merci, on regarde, déclara immédiatement Mélanie.
-Si vous avez besoin d'un conseil, n'hésitez pas.
-Oui, merci.
La vendeuse, qui avait des cernes gigantesques faits de maquillage et une ombre à paupière surchargée de noir et de gris, tourna les talons, les siens étant particulièrement hauts et aiguilles...
Le noiraud se baladait alors mains dans les poches quand il entendit quelque chose qui le ravit et qu'il connaissait mieux que n'importe quoi :
-C'est magnifique, on le prend ! Tu es obligé de mettre ça, je te force si tu ne veux pas !
-Ngôi Sao ? s'exclama Pierrick, tout surpris.
-Pierrick ? fit la voix qui ne pouvait appartenir à personne d'autre que la jeune fille.
Le noiraud vit alors émerger d'un rayon la tête joviale de Ngôi Sao et juste derrière elle...Matei !
Un sourire fendit simultanément les lèvres des deux partis du couple. Matei prit la main de son petit ami et Ngôi Sao gloussa discrètement. Elle les laissa profiter en allant à la caisse payer ce qu'elle avait choisi.
-Qu'est-ce que tu fais dans cette boutique ? demanda alors Pierrick avec un petit sourire en coin. J'ai entendu que tu devais absolument porter quelque chose, pas vrai ?
-Oui, c'est...Compliqué. Je dois aller à l'anniversaire d'un de mes cousins.
-Et alors ? sourit le noiraud avec un air suspicieux mais amusé.
-Laisse-moi finir ! rit le plus jeune. C'est une soirée à thème.
-Punk gothique ? fit le sportif avec un air surpris.
Matei hocha la tête.
Pierrick se rapprocha encore un peu plus de Matei quand ils entendirent un cri strident à la gauche du plus âgé :
-Pierrick ! Éloigne-toi de lui !
Une jeune fille noiraude avec sa coupe au carré fixait le brun avec un air tout bonnement furieux ! Ce dernier se demanda ce qu'il avait fait et il voulut retirer sa main de celle de Pierrick. Il ne tenait pas à s'afficher trop longtemps dans un lieu public et surtout pas devant sa famille ou celle de Pierrick. Ce dernier fronça les sourcils et resserra ses doigts à ceux de Matei. Il révisa sa prise sur le plus mince et le tira vers lui pour le coller à son torse musculeux. C'est contre un cœur battant que Matei atterrit en rougissant. Lui qui n'aimait pas s'afficher...Il était servi, forcé ainsi...
-Je fais ce qu'il me plaît, Mélanie, et ni toi ni mes parents ne me forceront à faire quoi que ce soit. Tiens-toi-le pour dit.
La jeune fille parut complètement choquée de la réaction de son cousin. Ses yeux semblèrent briller sous les faibles lumières de cette boutique sombre peu éclairée. Ngôi Sao, revenue de la caisse, vit immédiatement la tension qui régnait entre les trois jeunes gens...Elle décida de jouer l'adolecente bête, enjouée et complètement aveugle pour détendre l'atmosphère au moins quelques minutes le temps de sortir. Elle savait bien que son meilleur ami, déjà mal à l'aise de se retrouver dans les bras de Pierrick au beau milieu d'une boutique, ne supporterait pas encore en plus un affrontement entre les deux cousins...
-Tiens ! Je t'ai déjà vue toi ! Tu es la cousine de Pierrick, non ? Enchantée de faire ta connaissance ! Moi, c'est Ngôi Sao ! Allons boire quelque chose tous ensemble !
Si Mélanie était totalement abasourdie par l'apparition furtive de Ngôi Sao qu'elle n'avait pas vue donc en ignorait la présence, Pierrick fut à la fois surpris en bien et effaré de voir à quel point la jeune fille était passé de celle qu'il connaissait à une sorte de fillette niaise sortie de sa tour en cristal pour explorer le monde environnant...
La jeune fille finit par tous les mener au café d'en face afin qu'ils puissent prendre quelque chose à boire ou grignoter puis ils sortirent du centre commercial pour se retrouver dans un parc encore bien vide au vu de la saison, fin hiver, qui se terminait mais qui restait tout de même froide.
-Pierrick, éloigne-toi de lui. Je ne veux pas que tu sois près de ce type !
-Qui t'a dit que tu pouvais régenter ma vie, Mélanie ? fit le noiraud avec véhémence. Je fais ce que je veux avec ma vie, mon corps, mon cœur. Je ne laisserai personne me dicter ma conduite si ça rentre en contradiction directe avec ce que me disent mon cœur et ma tête !
Mélanie afficha un air renfrogné.
-Depuis que tu sors avec lui, tu ne me laisses plus rien dire sur ta vie et tu ne me laisses plus aucune place. Tu as changé. Il te rend bien trop renfermé, Pierrick, ouvre les yeux !
Le noiraud fronça les sourcils et Matei, assis à sa gauche, sentit l'air se charger d'électricité, sans doute de rage.
-Toi, ouvre les yeux ! On dirait juste que tu veux me garder dans une cage dorée mais je ne suis ni un jouet qu'on garder jalousement au fond de son placard, ni ton prisonnier, ni un pantin ! Je suis vivant et j'ai besoin de vivre. Vivre ma vie, vivre au jour le jour, tout simplement vivre. Pourquoi tu t'acharnes sur ce pauvre Matei qui ne t'a jamais rien fait et qui me demande qu'à être ami avec toi ?
Mélanie se leva pour faire face à son cousin, faisant du coup une quinzaine de centimètres de plus que lui, toujours assis. Le ton monta quand elle parla mais trembla un peu aussi si Ngôi Sao entendait bien les nuances dans son langage.
-Pierrick, la seule chose que je remarque, c'est que tu as changé depuis à peu près six mois, donc la date à laquelle tu t'es mis avec ce fil de fer ! Avant, tu faisais tout ce que je te demandais, tu étais gentil, et maintenant, tu ne penses plus qu'à lui et tu me délaisses. Je ne supporte pas ça !
Pierrick se leva à son tour et du coup, dépassa la hauteur de sa cousine.
-Tu veux bien cesser de ne penser qu'à ta petite personne ? En fait, c'est ça le problème depuis le début ? Tu te sens délaissée parce que j'aime Matei depuis plus d'un an et que depuis six mois, les choses se sont concrétisées ? Mais Mélanie, même si avant j'étais le cousin idéal, le plus gentil du monde, les gens mais surtout les situations changent ! Maintenant, c'est Matei que je chéris et que j'aime, donc que j'ai envie de combler. En fait, depuis le début, tu es jalouse ?
Soudain, les yeux de Mélanie se mirent à ruisseler de larmes mais aucun sanglot ne sortit de sa bouche et son air coléreux ne changea pas d'un seul milimètre...
-T'es vraiment un idiot, Pierrick ! Un immense imbécile aveugle et insensible !
Elle tourna les talons et alla s'asseoir cinq mètres plus loin, bras croisés et tête baissée de rage. Le noiraud soupira discrètement, regarda Matei et sa meilleure amie assis côte à côte. Il fit les quelques pas en direction de sa cousine.
On lui avait déjà reproché son manque de sensibilité envers les autres quand il était aveuglé pour autre chose. Noël le premier...
-Mélanie...
-Quoi ? fit-elle agressivement.
-Je sais que tu as probablement raison. Quand tu dis que je suis aveugle. Parce que, aimant Matei de tout mon cœur, je ne vois plus autant les autres. Mais je ne comprends toujours pas pourquoi tu t'acharnes sur lui et pourquoi tu es aussi virulente à son égard.
Mélanie se leva comme une furie, à tel point qu'elle aurait pu renverser Pierrick avec le courant d'air qu'elle avait provoqué, et ce fut des flots de larmes dans les yeux, les poings serrés et la bouche tordue de colère qu'elle lui hurla dessus :
-Oui Pierrick, tu as parfaitement compris ! Je suis jalouse ! Je suis jalouse comme jamais de ton petit ami parfait, là, qui est maintenant constamment entre toi et moi ! Maintenant qu'il est là, on n'est plus aussi proches qu'avant et à la maison, tu ne parles que de lui ! Oui, l'amour c'est beau et tu as enfin trouvé un type assez stupide pour supporter ton insouciance, mais pourquoi tu te laisses aveugler par ton amour à ce point ? Tu ne comprends pas que moi aussi, je veux passer du temps avec toi ? Tu ne comprends pas que moi aussi, je t'aime ?
Pierrick se figea à l'entente de ces mots. Et pour la première fois, Mélanie, en baissant les yeux, hurla mais ce fut un hurlement de douleur et de peine, une sorte de sanglot de martyr.
Le jeune homme fit un geste pour la prendre dans ses bras mais il se ravisa à cause de sa rage actuelle, qui la pousserait peut-être à le repousser plus violemment. Mine de rien, malgré son corps fin, elle avait beaucoup de force parce qu'elle était tout aussi sportive que lui. Il lui dit avec un ton doux que Matei connaissait bien :
-Mélanie...Moi aussi je t'aime, autant qu'un cousin puisse aimer sa cousine qui, en plus, vit sous le même toit depuis plusieurs mois.
La jeune fille pleurait toujours sa peine. Elle renifla et arriva à articuler entre deux sanglots :
-Quand on était petits, on avait une promesse...Celle qu'on se marierait quand on serait grands. Tu es un parjure, Pierrick !
Le jeune homme leva les yeux au ciel, ce qu'elle ne put voir parce qu'elle avait les mains sur ses yeux baissés vers le sol.
-Mélanie, réfléchis...On ne peut pas se marier. On est de la même famille. On était juste petits et en plus, on était en train de jouer à des jeux, on ne pouvait pas être sérieux. On n'était pas conscients des notions de la vie réelle...
-Tais-toi ! Tais-toi...
Sa voix, d'abord agressive, s'atténua puis se perdit dans les sons saccadés de ses sanglots.
Finalement, Pierrick la prit dans ses bras et elle se laissa faire, se lovant contre son torse musclé. Elle pleurait toujours mais ses sanglots s'estompèrent peu à peu, mouillant encore un peu plus le tissu du haut de son cousin à qui elle tenait toujours autant, à qui elle tenait plus que n'importe qui, surtout maintenant que ses parents adorés ne pouvaient plus être auprès d'elle...
Pierrick lui murmura encore quelques mots que Matei et Ngôi Sao n'entendirent pas et la noiraude revint vers eux.
Elle avait les yeux rouges et bouffis à cause de ses torrents de larmes et son mascara discret ne l'était plus tellement car il avait coulé le long de ses joues claires en même temps que ses larmes salées. Elle tendit la main vers Matei, grandement surpris, et lui dit avec une toute petite voix, à la limite de la timidité :
-Désolée Matei, j'ai toujours été méchante avec toi mais ce n'était pas contre toi personnellement, mais plutôt contre celui qui me volait ma relation de complicité avec Pierrick. Je suis désolée. Reprenons depuis le début et à zéro, tu veux bien ?
Elle bredouilla alors avec un semblant de sourire, la main tremblante :
-Enchantée, je suis Mélanie, la cousine de Pierrick.
Matei était grandement surpris mais vu le sourire de Pierrick derrière sa cousine, elle devait être sincère, cette fois-ci. Il aurait un peu de mal à s'accoutumer, probablement pendant encore un petit moment, mais mieux valait de repartir maintenant sur de bonnes bases.
Il empoigna la main de Mélanie et lui répondit :
-Enchanté, je suis Matei, le petit ami de Pierrick !
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