Chapitre 33 : Vie heureuse
-Tu n'aurais pas un peu plus de muscles qu'avant ?
Pierrick et Matei sortaient d'un moment de caresses et de baisers extrêmement chaud mais aussi très mignon, quand le noiraud lui avait posé cette question.
Matei s'était figé quelques millisecondes, le temps de se ressaisir, puis dit avec les joues rouges :
-Je...Je ne crois pas. Je suis peut-être juste plus maigre.
Pierrick n'avait pas insisté.
-Ngôi Sao ? Je peux te demander un service ?
Matei était venu voir la jeune fille chez elle, un samedi matin, histoire que Pierrick ne soupçonne rien. La noiraude avait écouté son meilleur ami avec attention et prendrait avec plaisir part au plan du jeune brun.
-Et pourquoi aussi vite ? lui demanda-t-elle.
-L'autre jour, après ce moment qu'on a eu tous les deux...Il a fait la remarque comme quoi j'avais plus de muscles qu'avant...
-Tu en a toujours le même nombre, remarque...rit la jeune fille.
-Mince, c'est ce que j'aurais dû lui répondre, mais sur le coup, je ne pensais juste pas qu'il le verrait...Si vite, surtout.
-Allons ! essaya la jeune fille de le convaincre. Même moi, la dernière fois que je t'ai vu torse nu, c'est-à-dire la semaine dernière, j'ai vu le changement ! Lui qui t'aime à la folie et qui doit connaître chaque parcelle de ton corps, tu m'étonnes, qu'il l'ait remarqué...
-Vu sous cet angle...réfléchit Matei en remontant ses lunettes sur son nez aquilin.
Puis, le jeune garçon reçut un message qui fit tinter son téléphone.
-Parfait, il vient de me répondre !
-Il a dit oui, je suppose ? rit Ngôi Sao.
-Oui ! confirma le brun en souriant. Tu prends part au plan, donc ?
-Évidemment ! fit-elle en lui tapant dans la main, paume contre paume. Tu m'as dit quand ? Samedi prochain, à l'arrêt de bus le plus proche, à quinze heures ?
-Oui. Il devrait arriver un peu avant avec le bus.
-Parfait, rit la jeune fille. J'ai hâte de voir sa tête !
-Moi aussi ! fit le brun, se joignant à sa meilleure amie dans son rire.
-Et dire que Pierrick voulait te faire commencer le MMA et que Massimo te harcèle pour que tu l'accompagnes à la salle de fitness ! Ils vont être drôlement surpris !
-Ça, c'est sûr ! Massimo commence à prendre du muscle, d'ailleurs...Ça le rend beau.
-Cesse donc, scélérat ! rit Ngôi Sao en prenant un ton noble et amusé. Tu vas rendre Pierrick jaloux !
Les deux amis se séparèrent et Matei rentra chez lui en pensant à la surprise énorme que ça provoquerait chez son petit ami !
Sur le chemin du retour, le jeune garçon huma l'air du printemps qui venait de commencer.
Il plaignait de tout son cœur Ngôi Sao, victime du terrible rhume des foins, mais lui adorait cette saison, havre de prolifération du pollen. Il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid, et ça plaisait au jeune homme !
En fait, cela faisait six mois que les deux tourtereaux s'étaient mis ensemble ! Six mois déjà !
Entretemps, Massimo s'était trouvé une petite amie avec qui il passait peu de temps à l'école mais bien plus en-dehors des heures de cours, si bien que ses amis ne le voyaient globalement que de huit à seize heures, les fesses vissées sur une chaise, dans une salle de classe parfois austère.
Durant ce long laps de temps, Matei avait reçu plein de demandes de ses amis pour se mettre au sport.
Pierrick voulait qu'il vienne à son club de MMA avec lui, mais Matei n'avait pas tellement envie de taper sur des gens et de se faire frapper en retour...Il était masochiste au point de rejouer des centaines de parties aux jeux vidéos avec Ngôi Sao en sachant qu'il allait perdre, mais pas au point d'aimer se faire défoncer le visage à coups de poing et de pied !
Massimo avait plusieurs fois, plus de trois semaines d'affilée, insisté pour qu'il s'inscrive à la même salle de fitness que lui. Cela taillerait un peu le jeune garçon maigrelet et le sport lui serait bénéfique ! Mais Matei avait gentiment décliné son offre. Trop suer, ce n'était pas tellement sa tasse de thé...
Car sinon, avec cet ingrédient improvisé, sa boisson aurait eu un goût vraiment étrange...
Même Noël avait proposé qu'il se mette au football avec lui ! Depuis deux ou trois mois, le jeune homme semblait moins virulent et agressif à l'égard de Matei, comme s'il commençait à tourner la page, mais Matei ne savait pas si ce n'était que de la façade ou si c'était réel, ce qu'il espérait pour le brun sportif !
Non, en fait, il avait repris le sport de son enfance, sur les bons conseils de Ngôi Sao, qu'il avait laissé tomber vers ses onze ou douze ans. Pour lui, c'était le sport parfait et il allait bientôt montrer à son petit ami à quel point il aimait ce sport et qu'il avait envie de percer un peu là-dedans.
À chacun ses capacités et ses prédilections ! Aussi, Matei avait besoin de son soutien !
Pour le moment, seule Ngôi Sao, sa meilleure amie, était au courant, car cela ne faisait que deux mois qu'il avait recommencé...Mais voilà pourquoi c'était elle qu'il avait importunée un samedi matin et mise dans le coup pour en faire sa redoutable complice !
Matei arriva chez lui et salua sa sœur et sa mère, dans le salon. Cette dernière donnait quelques leçons de rattrapage sur ses cours d'économie. La pauvre avait été malade quelques temps et avait dû louper des cours. Sa mère, ayant fait des études de droit, prenait donc du temps avec sa fille pour lui expliquer ce qui composait majoritairement ses lacunes.
Le jeune garçon monta dans sa chambre puis se jeta sur son lit, les bras derrière la tête. Il resta songeur un moment allongé sur son moelleux matelas doublé de son épaisse couverture douce.
Pendant quelques instants, il passa sa main sous le tissu son haut au niveau de son nombril pour effleurer de ses doigts tactiles son ventre, où le contour de ses abdominaux se faisait légèrement voir, apportant une petite délimitation sur ce torse lisse, imberbe et blanc.
Il resta un moment couché ainsi, sa main caressant légèrement son ventre dans un mouvement mécanique et léger. Il continuait même inconsciemment car il aimait cette sensation, de chatouille et de frôlement, sans aucune pensée libidineuse. Il se sentait juste calme et en paix, en ce moment.
Après avoir piqué un somme d'à peu près trente minutes, il balaya sa chambre du regard. Il vit que, niveau rangement, il commençait un peu à se laisser aller dans son bonheur...
Le jeune garçon regard tour à tour son bureau surchargé, son sac de sport dans un coin avec un bonnet en caoutchouc qui en dépassait depuis qu'il avait mis ce sac la, son étagère remplie de livres et de bibelots en tous genres, puis encore son sac de sport normal dans un autre coin.
Il souriait depuis qu'il était rentré en imaginant la tête de Pierrick quand il verrait tout !
Tout ce qu'il lui cachait au mieux depuis deux mois !
Heureusement, il était moins curieux que Ngôi Sao et pas espion du tout. Il était impossible de cacher quoi que ce soit à la jeune fille...Une fois, ils avaient tenté de lui faire une fête surprise pour son anniversaire mais presque un mois avant, elle avait découvert le pot-au-rose...
Impossible de cacher quelque chose à Ngôi Sao ! Les autres, oui encore, mais pas l'espionne qu'était la jeune noiraude !
Quand Matei eut fini de ranger ses affaires, le jeune garçon se remit à penser à des choses et d'autres et s'installa à son bureau pour dessiner un peu.
Pendant que ses mains se baladaient sur sa feuilles de papier, un crayon entre les doigts, il songeait au fait que Pierrick était depuis ces six mois, assez souvent venu chez lui.
Ses parents aimaient beaucoup le jeune garçon et sa sœur était toujours jalouse, mais depuis quelques temps, elle avait peut-être ses chances avec un beau garçon de sa classe parallèle donc elle piquait moins sa crise de jalousie quand Pierrick venait à la maison.
Pierrick aussi commençait à bien aimer les parents de son petit ami, il avait assez vite sympathisé avec eux.
Mais Matei, lui, n'avait encore jamais rencontré les parents de son petit ami. Il ne se faisait pas vraiment de souci pour ça, cela lui importait moyennement, disons que ce n'était pas en haut de sa liste de ses priorités, mais il se demandait quand même s'il y avait un souci familial chez Pierrick pour ne pas les avoir rencontrés en six mois.
Chaque fois que le brun allait chez Pierrick, ses parents étaient absents, tout comme sa cousine qui apparemment habitait toujours chez eux pour une raison inconnue par Matei.
Néanmoins, ce dernier n'en avait jamais parlé avec Pierrick, il avait peur de le froisser ou d'amener un sujet sensible. Il ne voulait ni vexer ni bleser son petit ami, et encore moins le perdre !
Voilà pourquoi Matei n'avait jamais insisté quand il demandait à son petit ami pourquoi ils étaient seuls à la maison quand il lui rendait visite.
Le samedi suivant, à quatorze heures quarante-cinq tapantes, Ngôi Sao était assise sur le banc de l'arrêt de bus où elle devait attendre Pierrick, comme le plan de Matei le demandait.
Dix minutes plus tard, le bus apparut au coin de la rue et le grand et beau noiraud descendit les marches du véhicule.
Quand il aperçut Ngôi Sao, souriante, assise les jambes croisées sur le banc de l'arrêt, il lui sourit avec sa légendaire gentillesse et s'exclama :
-Ngôi Sao ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Ça va ?
-Bien et toi ?
-Bien, merci, répondit Pierrick. J'attends Matei. Que fais-tu, toi ? Quel hasard de se voir ici !
Ngôi Sao sourit de plus belle, amusée.
-Je pense que c'est moins un hasard que ce que tu penses, Pierrick...
-Matei t'a donné rendez-vous aussi ?
-On peut dire ça...rit la jeune fille, souriant devant cette mignonne ignorance doublée d'innocence.
Elle décida de lui en révéler un petit peu, pour ne pas le laisser pédaler dans la soupe trop longtemps :
-En fait, il ne pouvait pas vraiment venir te chercher ici à cette heure. Donc c'est moi qui suis venue. Suis-moi, je vais t'amener à bon port.
Pierrick, d'abord perplexe, finit par suivre la meilleure amie de son copain, toujours aussi interdit.
Ngôi Sao emmena alors le garçon à travers les rues. Elle vit alors des gamins du quartier les regarder en les désignant du doigt, très discrètement bien sûr, en ricanant avec un des enfants qui imitait des bisous. Elle leur jeta un regard aussi noir que ses prunelles et ils filèrent aussi vite que possible.
-Où m'emmènes-tu ? demanda Pierrick, toujours dans la force de son ignorance.
-Tu verras dans pas longtemps...rit la jeune fille avec un sourire machiavélique à peine camouflé.
-Dis-moi ! fit le jeune garçon avec un ton presque suppliant.
-Non, non, non ! fit Ngôi Sao avec un petit sourire qui paraissait très démoniaque au vu de la situation.
Soudain, après un petit moment de marche, elle s'arrêta d'un coup et eut un autre petit sourire.
-Quoi ? fit le noiraud
-Maintenant, je vais te bander les yeux. Matei ne m'a pas demandé de te faire ça mais ça te fera un encore plus grande surprise !
On put presque distinguer une goutte de sueur, trahissant de son inquiétude, sur la tempe de Pierrick. Sur son front bronzé se formèrent des plis de peau à cause du haussement de ses sourcils.
-Ne t'inquiète pas, je ne vais pas faire de mal ! sourit Ngôi Sao avec un foulard rouge dans les mains. Tu fais confiance à Matei, non ?
-Oui, évidemment ! fit le jeune homme.
-Et bien, tu peux me faire confiance aussi ! sourit la jeune fille.
Pierrick finit par se laisser faire. La jeune noiraude lui banda les yeux et le guida en le tirant par le bras, en prenant bien soin de ne pas lui agripper la main.
Le jeune homme, perdu dans le noir, se laissa porter avec une confiance littéralement aveugle par Ngôi Sao et entendit un bruit de porte qui s'ouvre puis qui se ferme après son passage. Une odeur intense d'eau de javel envahit son nez et il se demanda où la jeune fille le menait. En tout cas dans un endroit sans doute lavé à grandes eaux récemment, l'air était encore humide.
Celle-ci lui fit monter des marches, environ une quinzaine, sur lesquelles il y avait probablement une sorte de moquette, puis elle finit par le faire s'asseoir sur une chaise, ou plutôt un siège, apparemment en plastique au vu de la froideur de la matière sous le postérieur du garçon.
Il entendait des bruits et Ngôi Sao lui retira son foulard d'un seul coup.
La lumière envahit ses pupilles qui se refermèrent sur elles-mêmes d'un coup pour palier à ce surplus de lumière.
Pierrick cligna une fois ou deux des paupières, faisant se mouvoir ses longs cils fascinants, quand il se rendit compte où il était...
La piscine municipale !
Pierrick comprit alors que cette odeur d'eau de javel était en fait l'odeur moins prononcée du chlore qu'on mettait dans les bassins et que la moiteur de l'air était juste parfaitement normale !
Il allait demander à Ngôi Sao ce qu'il faisait quand il aperçut au loin, près du bord de la piscine, un garçon en maillot de bain plaquant bleu foncé et avec un torse blanc et à la peau lisse qu'il ne connaissait que trop bien...
-Matei ! murmura-t-il.
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