Ce n'était pas normal. Ils étaient pourtant liés, c'était certain. Alors pourquoi rien ne se passait comme prévu ? Ils devaient vivre avec l'autre éternellement mais ils n'avaient échangé qu'un seul je t'aime. Elle allait se réveiller. Demain, dans une semaine, un mois, un an, il attendrait car à son doigt, il portait un anneau avec une promesse qu'il comptait bien tenir.
Assit à côté d'elle, tenant sa main et le regard perdu, il se sentait comme vide. Sans son sourire, sa voix, son rire, rien n'était pareil. Il avait besoin d'elle.

« Emma, réveille toi s'il te plaît... Tu me manques beaucoup, et aux autres aussi.»

La brune était toujours sous respiration artificielle, la tête entourée d'un bandage. Elle semblait encore plus blanche, une pâleur cadavérique.

Pendant deux semaines et trois jours, Marco vint au chevet de la blessée. Il rattrapait tout ce temps qu'ils avaient perdus en étant séparés, et l'impression de n'avoir jamais vraiment existé avant de l'avoir prise dans ses bras. Comme si son coeur avait vraiment commencé à battre quand ses doigts avaient caressés ses courts cheveux ondulés, comme si sa vie n'avait pas vraiment commencée.
Et maintenant, Marco rêvait. Où plutôt, il retrouvait ses anciens souvenirs qu'Emma avait pourtant déjà récupérés depuis bien longtemps.

Une nuit soldat, courant sous une pluie de bombe pour rejoindre cette qu'il aimait, une autre un simple ouvrier le visage plein de charbon qui demandait la main de celle qui devenait chaque fois la femme de sa vie et de celles qui suivraient. La reine de son éternité.
Le brun lui racontait en lui tenant la main quelle belle histoire ils avaient vécus et comme il voulait en créer une nouvelle. La certitude que jamais il n'aimerait quelqu'un d'autre qu'elle ne le quittait pas. Ses yeux bruns s'émerveillaient chaque fois qu'il voyait son visage, et il revivait dès qu'il embrassait ses joues pâles.
La culpabilité le rongeait, son silence devant sa souffrance.

Mais une nuit, il ne rêva pas. Son ventre s'était noué, son sang battait contre ses tempes et il tremblait. Le père du garçon vint le réveiller le lendemain matin, plus tard que d'habitude. Il avait décidé qu'il n'irait pas en cours aujourd'hui. Et peut-être pas les jours suivants.

« Marco ?»

Le garçon aux joues tachées se réveilla directement, les yeux remplis de larmes.

« Il... Il s'est passé quelque chose. Papa... »

Il étreignait son fils et lui caressait les cheveux, tentant de retarder LE moment. Mais il n'était pas bête.

« Marco, je suis désolé. Elle ne s'est pas réveillée... C'est finit.»

Et encore une fois, c'était tout son monde qui s'écroulait et il était impuissant.