Seule, elle avançait dans la nuit, gravissait la colline d'un pas rapide. Elle suivait le chemin escarpé, elle avait toujours suivit le chemin imposé. Pourquoi vouloir arrêter maintenant alors que le monde a un penchant pour la facilité. Si seulement les habitudes pouvaient nous quitter pour nous laisser nous découvrir tel que nous sommes au plus profond de nous. S'enfonçant dans l'obscurité, l'ombre des arbres la cachaient. Juste éclairé par les astres lointains, la silhouette observait les vestiges de la vie à ses pieds.

Seul demeurait une fleur, au bord de la falaise. Un narcisse fièrement dressé, qui ne semblait pas tenir compte de la nuit déjà bien entamé. Pourtant, l'orage s'apprêtait à éclater. Symbole d'un printemps à venir et de renouveau, cette fleur ne voulait pas s'éteindre.

La fille se pencha et la regarda sans oser la cueillir. Plus abîmer. Moins pure. Mais bien plus vivante que les autres plantes. Celles qui souhaitaient se préserver de la pluie diluvienne qui allait s'abattre sur elles, n'étaient que des illusions.

Ce jour là, le vent prospérait, la lune ne daignait se montrer entière. Un parfum d'humidité régnait en maître sur la falaise. Le brouillard floutait ce magnifique tableau. Triste nuit pour partir rejoindre les astres qui lui parlaient. La tentaient. L'appelaient. La mort souffle à nouveau à son oreille, plus déterminer que jamais. Elle susurrait des paroles doucereuses pour lui présenter les beautés inattendues que les ténèbres lui apporteraient.

Au bord de la falaise, les yeux vides, le cœur froid, une âme brisée prisonnière d'un corps trop jeune, elle observait, stoïque. Elle, donnée contre sa volonté aux hommes, se sentait comme la punition divine imposée à des personnes bien trop vaniteuses et égoïstes.

Ce soir là, son démon le plus redouté lui murmura de nouveau à l'oreille, désireux de la voir sombré.

"Tu n'es pas assez forte pour supporter la tempête."

Le regard plongé sur le narcisse marqué par le temps, elle énonça d'une voix claire sa nouvelle résolution. Sa nouvelle vie.

"Dorénavant, je serai la tempête."

Seule, cette nuit, elle reparti sous un océan d'étoiles et de constellations. Les nuages, au loin, se déchirèrent sans toucher la fleur. À chaque pensées emporter par le vent, le masque de la jeune fille se fissurait. Elle laissa couler pour la dernière fois une larme empreinte de sentiments. Triste nuit pour décider de sa survie. Triste monde, remplie d'une cruauté perverse.