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Suite du Flashback.

— Puis-je vous poser une question Mademoiselle Lambert? me demande mon professeur.

    Je me contente d'hocher légèrement la tête en guise de oui. Je savais pertinemment que Monsieur Alberto ne s'attendait guère à une réponse de ma part. Sa question n'est que le début d'un monologue qu'il compte engager d'un ton impérieux jusqu'à la fin du cours.

— Qu'est ce qui va faire de vous la star de demain? continue-il tout en se lissant soigneusement la moustache.

    Il aimait faire ça, Alberto. Il aimait faire mine de réfléchir à une réponse qu'il connaissait déjà. J'ignore si c'est pour étoffer son discours ou pour montrer qu'il excellait dans ce qu'il appelait "L'art de l'improvisation" mais il ne pouvait se passer de ses petits moments de réflexion. D'habitudes, je ne manifestais aucun intérêt à ses longs monologues dépourvus de sens. Il ne faisait que répéter quelques consignes que je connaissais par coeur pour ensuite faire l'éloge de lui-même ou de son arrière-grand-père, un certain Carlo Gozzi. Pourtant, cette fois, je choisis de prêter attention à son discours. Demain, c'est le grand jour, et n'importe quel conseil aussi futile soit-il m'est important. Alberto était peut-être un homme orgueilleux mais son expérience et son aptitude dans le domaine n'étaient pas des choses à prendre à la légère.

— Ce n'est ni le faux diadème que vous allez porter ni les paillettes sur vos paupières qui feront votre succès. Les hommes se souviendront peut-être de votre beauté ensorcelante pendant une soirée, mais le lendemain vous ne serez qu'un souvenir qui finira par s'effacer. Un souvenir qui disparaîtra comme par enchantement.

    Le professeur marque une pause et foudroie du regard les quelques acteurs qui ne l'écoutaient pas. Le silence s'installe aussitôt sur scène et Alberto ne tarde pas à reprendre son discours.

— Un rôle de théâtre vaut bien plus que ça. Une pièce doit vivre dans les coeurs et les esprits de chacun même après avoir tiré les rideaux. Et comme le dit si bien Carlo Gozzi..

    Je me maudis intérieurement. Pour une fois, j'avais décidé de croire que les discours d'Alberto pouvaient m'être utiles, mais le revoilà en train d'étaler devant son public les nombreux succès littéraires de son arrière grand père Carlo.

    Comme toujours, mon esprit ne s'interdit pas de divaguer ailleurs comme il le faisait si bien en cas d'ennui extrême. Mes yeux fixent la moustache de mon professeur. N'est-elle pas semblable à celle du vieillard sur les boîtes de jeu Monopoly? Non, celle d'Alberto était noire. Pourquoi pas celle d'un chef cuisinier? Oh oui! Un chef cuisinier italien! J'imagine mon enseignant vêtu d'un tablier et d'une toque qui aplatissait ses cheveux ébouriffés. Le scénario que je conçois dans mon esprit est hilarant. Alberto Gozzi vante la qualité de ses plats et le don culinaire qu'il a hérité de son arrière-grand-père. Il marque une pause entre chaque sauce qu'il énumère.

    Le professeur se met à agiter ses mains, à l'endroit précis où mon imagination lui avait dessiné une jolie toque. Ce n'est que quelques secondes après que je réalise bêtement que ses signes de mains m'étaient adressés. Je corrige instinctivement ma posture en levant la tête.

— Notre reine d'Espagne est-elle bien parmi nous? Que pourrait bien inquiéter sa majesté? Est ce que ce vendredi treize vous inquiète-t-il?

    J'ouvre la bouche pour répondre mais mon interlocuteur m'en empêche en tapant des mains pour annoncer la fin du cours. Tant mieux. Il était 19h et je n'avais rien avalé de la journée après mon petit déjeuner. De plus, je comptais appeler Noah et le bombarder de questions. Si mes calculs sont exacts, le concert commence dans une demi-heure.
Nous sommes peut-être le vendredi 13 novembre mais rien ne pouvait s'opposer à l'excitation de mon meilleur ami, pas même cette superstition ridicule. Noah et moi avions fait la promesse de ne jamais laisser rien ni personne aller à l'encontre de notre bonheur.

    — Tu étais incroyable comme toujours, me complimente Lucie, notre metteuse en scène.

    Lucie était une charmante femme, le genre de femme qui pouvait s'attacher les cheveux avec un crayon, suer du front, mâcher la bouche ouverte mais avoir tout de même des airs d'un mannequin de Victoria's Secret ou encore d'une star de cinéma. On ne pouvait lui parler sans s'attarder un moment sur ses fossettes symétriques, ses lunettes qui glissaient sur son nez discrètement parsemé de tâches de rousseur ainsi que sur ses longs cils sensuels ombrant un regard irrésistible d'une douceur innée. Lucie dégageait non seulement un charme à en couper le souffle, mais également une certaine vitalité et énergie positive à travers ses compliments. Elle savait parfaitement comment remonter le moral aux gens de son entourage et apporter ce petit brin d'espoir aux acteurs qui en avaient besoin. Ceux qui ne l'aimaient pas, l'enviaient. Mais dans les deux cas, on ne pouvait nier l'importance qu'avait sa présence, son sourire et son soutien.

    — Tu aurais du temps à m'accorder Chantal? me demande-t-elle, le sourire aux lèvres.

    Honnêtement, je n'en avais pas. J'étais exténuée et mon ventre criait famine. L'idée d'inviter Alberto à notre dernière séance de répétition était massacrante parce qu'à part nous rappeler le taux d'échec de la pièce une fois sur scène, sa présence n'avait pas été d'une grande aide. J'en ai eu ma dose de pessimisme auquel je n'y voyais qu'un seul remède en trois étapes: Un appel avec Noah, un bon bain chaud dans l'immense baignoire de ma chambre d'hôtel et une bonne pizza. Cependant, je ne pouvais pas dire non à notre incroyable metteuse en scène et je me voyais dans l'obligation de ralentir mon programme anti-pessimisme.

    — Bien sûr, je suis libre.

— Parfait, j'ai terriblement besoin de toi! Des modifications de dernières minutes s'imposent et il faudrait qu'on y travaille dessus, ça te va?

— Aucun problème.

    Nous attendons que tout le monde quitte la grande salle de théâtre avant de nous mettre au travail. Pour être franche, j'aimais être en compagnie d'adultes expérimentés et matures. Ici, au théâtre, nous étions tous pareils malgré nos différences d'âge. J'avais peut-être seize ans mais mes coéquipiers ainsi que toute l'équipe de réalisation n'ont jamais mentionné mon manque d'expérience ou mon très jeune âge. Tout ce qui nous reliait était la passion et l'amour de la scène. Lucie, d'ailleurs, m'expliquait ses nouvelles décisions avec professionnalisme et prenait en compte toutes mes remarques qu'elle notait dans son petit carnet.

    Me sentir sous le feu des projecteurs n'a jamais été mon objectif en tant qu'actrice débutante bien que le théâtre a en quelques sortes boosté mon estime de soi et assouvi mon besoin de reconnaissance. Les gens m'écoutent, prennent mon avis en considération et s'interrogent sur mon absence. Je n'ai point de doutes sur mon existence. Je suis bien là et je fais ce que j'aime avec des personnes qui me poussent à me surpasser.

    Ce n'est qu'à 21h que Lucie décide de mettre fin à nos répétitions. Ce n'était pas si terrible que je ne le pensais même si mon estomac n'était pas d'accord avec ma dernière remarque. Il manifestait même son désaccord par des gargouillis disgracieux, me laissant perplexe et confuse devant la belle rousse qui m'expliquait les ordres du directeur artistique et les consignes du jeu d'acteurs.

    Les membres faibles et les yeux à moitié ouverts, je me jette sur le lit de ma chambre d'hôtel et enfoui mon visage dans les doux oreillers en soie. C'était un véritable lit royal et j'étais sans aucun doute la reine Marie-Anne de Neuborg. Il y'avait là un seul petit problème: Une reine ne dort pas le ventre vide. Je bondis hors du lit pour composer le même numéro du service de restauration que j'ai appelé ce matin pour mon petit déjeuner. La même voix masculine et rauque me répond en disant que le restaurant était fermé à cette heure-ci. Le jeune homme me propose d'aller à la supérette de l'hôtel ouverte 24h sur 24 tout en s'excusant poliment. Bon, je pouvais déjà oublier ma bonne pizza et me contenter de quelques petites choses à grignoter.

    Munie de ma carte de chambre et de mon porte monnaie, je parcours les interminables couloirs de l'hôtel avant d'arriver à la supérette. La boule qui s'était formée au niveau de mon estomac se faisait de plus en plus douloureuse, chose qui me pousse à presser le pas vers les différents rayons alimentaires. J'opte pour des bâtonnets de surimi, une boîte de conserve d'haricots verts et un jus de fruits. J'aurais qualifiée ma petite course de saine et mon repas équilibré si un paquet de cake ne m'avait pas fait les yeux doux. Quelle reine pouvait se priver d'un délice pareil?

    Je regagne ma chambre à toute vitesse et vide le contenu de mon sac de course sur le lit. J'allume la télévision tout en ouvrant mes produits un par un. Je n'avais pas regardé un film depuis tellement longtemps ni suivi quelconque émission. Il serait peut-être temps que j'écoute les conseils de Noah et lui prouver que je savais faire autre chose à part lire et répéter pour mes pièces. Je tombe sur les infos du soir et c'est en voulant changer de chaîne qu'un message capte mon attention. Le bandeau du programme télévisé annonce qu'une brasserie à proximité du Stade de France vient d'exploser, faisant au moins un blessé. Inquiète, je m'empare de mon téléphone. Les nombreuses publications sur les réseaux sociaux confirment la terrifiante nouvelle. On parle d'actes de terrorisme, de danger et je ne pouvais que penser à mon meilleur ami. Il n'est pas au stade ce soir mais j'ai besoin de m'assurer que tout allait bien. Je perds aussitôt l'appétit et un mauvais pressentiment me submerge.

    J'appelle Noah au moins une bonne dizaine de fois mais il ne décroche pas. Qui répondrait à un appel en plein concert de rock sérieusement? J'actualise le fil d'actualité de Twitter afin de voir les nouvelles informations. D'après les nombreux tweets, les coups de feu ne cessaient point et cette fois, les fusillades surviennent de rue de Charonne et du boulevard Voltaire.

    Boulevard Voltaire. Là où se trouvait le Bataclan. Mon cœur rate un battement et je sens mon sang se frigorifier dans mes veines. Je sens aussi les larmes monter en moi, des larmes que j'échoue à retenir. Ça ne pouvait pas être ainsi. Noah reviendra ce soir-même et me racontera sa soirée avec le même brin d'excitation dans la voix. Il me montrera les vidéos qu'il avait filmées et nous partagerons mon paquet de cake avant de dormir. Aucune autre version de cette fin de journée ne pouvait être valable, aucune.

    Le bandeau de la chaîne télévisée venait de changer. Ce dernier évoque une fusillade à la kalachnikov qui a fait plusieurs morts dans un restaurant du dixième arrondissement de Paris. La ville de l'amour était plongée dans l'effroi, l'horreur et la haine. La main tremblante, je réactualise Twitter. Le nombre de publications avait doublé en quelques minutes et je me perds en lisant ces dernières. Tout le monde était bouleversé. J'essaie de recontacter Noah mais en vain.

    Des frissons traversent mon corps, accompagnés d'une accélération cardiaque brutale et douloureuse. Ma vue se brouille pendant un instant et mes larmes me brûlent les yeux. Ma respiration se fait de plus en plus lourde, m'arrachant des gémissements sourds et brisés. Ce que je redoutais le plus s'était produit. Je relis encore et encore le tweet et la même douleur me perce la poitrine à chaque relecture.

Très nombreux coups de feu au Bataclan. Et ça continue à tirer.

    Mon téléphone vibre. Le nom de la personne que j'essayais de joindre s'affiche sur l'écran. Mes larmes coulent toujours à flots quand j'ouvre le message.

"C'était incroyable Chantal mais je crois qu'ils sont là.. Je les vois. Merci pour tout je t'aime. "

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