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Chapitre 3

Gadie

           

D'un coup de pied, j'ouvris la porte qui menait vers l'extérieur. Putain... J'étais toujours habillée comme un clochard... Un clochard mâle sérieux ! C'était la méga honte ! Je retins un rire nerveux. Heureusement que ce quartier était un peu Hype, aucun des gros lourds de ma zone ne risquait de me voir comme cela, ma réputation durement acquise en prendrait un sacré coup sinon. Je serrai le poing. La prochaine fois que je croise Laura je l'égorge !

M'adossant au mur de briques rouges, je sorti une clope du paquet aux reliures rouges et la glissai machinalement entre mes lèvres. Une flamme bleue s'échappa du briquet dans un crépitement pour venir allumer l'extrémité du cylindre d'herbes. J'inspirai un grand coup en fermant les yeux. La nicotine envahit doucement mes poumons. Enfin, je me détendais.

La rue était assez animée. La circulation était dense et des coups de klaxon retentissaient un peu partout dans un joyeux tintamarre. Le soleil, haut dans le ciel, venait mêler sa chaleur astrale à celle plus asphyxiante encore des pots d'échappements. L'atmosphère était étouffante. Lourde. Mais cela me faisait sourire, j'étais habituée à cette agitation. Je trouvais cela agréable, rassurant. Observer quelques chauffeurs se beugler dessus tandis que des piétons traversaient la rue à tout allure en tirant des gamins morveux par les oreilles avait quelque chose de très... humain.

Tout à coup, la porte s'ouvrit violement et s'explosa contre le mur, me faisant sursauter. De la cendre vint me bruler les doigts. J'émis une légère plainte. Purée, mais qui était l'imbécile né qui avait fait cela ?! Délicatesse ! Ce mot ne vous disait donc foutrement rien dans ce fichu monde ?!

-          MAIS VA TE FAIRE FOUTRE SEBASTIEN !! hurla une voix, TU M'ENTENDS ?! VA TE FAIRE FOUTRE !!!

Raah... et moi qui cherchais du calme. Je glissai mon doigt brulé dans ma bouche pour calmer la douleur, puis jetai un coup d'œil sur ma droite pour tenter de distinguer l'être surexcité à qui appartenait cette voix décidément insupportable.

C'était une jeune fille. D'un geste rageur, elle raccrocha brutalement son téléphone et s'adossa au mur. Un lourd soupire s'échappa de ses lèvres. Je la dévisageai. Ses joues étaient rouges de colère.

Elle avait de long cheveux bruns et ondulés qui retombaient gracieusement sur sa poitrine. Son teint était légèrement halé et ses traits étaient fins. De fines touches de maquillage se décelaient sur son visage. Elle portait une courte robe en dentelle qui lui moulait le haut du corps et venait s'évaser au niveau de ses hanches, laissant entrevoir une magnifique paire de jambes longues et bronzées. Un lourd sac à main pendait à son épaule tandis qu'une élégante paire de chaussures à talons avait soigneusement été lassée autour de ses chevilles. L'ensemble de sa tenue semblait tiré aux quatre épingles. Je secouai la tête. Comment cette fille faisait-elle pour ressembler si parfaitement à une bimbo américaine ? L'archétype suprême de la gamine bourgeoise. Tout ce que je détestais en somme.

Pourtant je continuais à la fixer. M'avait-elle remarquée ou faisait-elle juste semblant de m'ignorer ? La seconde option ne m'étonnerait même pas... Je la voyais triturer rageusement son téléphone en marmonnant quelques paroles inaudibles. Elle releva les yeux et poussa un petit cri de surprise en croisant mon regard. Ah ben non en fait... Elle ne m'avait vraiment pas vu cette gourde.

Elle eut un sourire gêné tandis que ses joues s'empourprèrent légèrement. Arquant un sourcil, je portai ma cigarette à mes lèvres sans la lâcher du regard. Qu'est-ce la fifille à papa venait faire dans notre petit théâtre ? Surtout si c'était pour en ressortir en gueulant comme une furie...

-          Euh... bafouilla-t-elle maladroitement apparemment confuse. Je peux t'emprunter une clope ?

Cette question me surpris. J'écarquillai les yeux. Tutuche fume ?! Ouah, c'est une vraie thug en fait ! J'eu un sourire amusé.

-          M'emprunter ? Et tu comptes me la rendre comment au juste ?

Elle fronça les sourcils, visiblement surprise.

-          Non mais... T'as très bien compris ce que je voulais dire...

Elle respira un grand coup. Manifestement, je l'avais agacée. Elle semblait prendre sur elle car elle serra les poings. Il ne fallait pas grand-chose décidément. Expirant un filet de fumée grise, je continuais à la fixer avec amusement.

-          Est-ce que tu veux bien condescendre m'offrir une de tes ô combien précieuses cigarettes je te prie ? articula-t-elle finalement, ça te va mieux comme ça ?

J'eu un sourire narquois. Mais quel honneur... ! J'allais, bonne âme que je suis, lui tendre gracieusement le paquet lorsqu'une idée me traversa l'esprit. Je plongeai de nouveau mon regard dans ses grands yeux verts eyelinerisés.

-          Ok, mais d'abord tu me dis qu'est-ce qu'il s'est passé, dis-je en désignant de la tête son téléphone.

Elle me regarda avec consternation. Ah... Apparemment elle n'était pas d'accord.

-          Non mais qu'est-ce que tu crois toi ?! fini-t-elle par rétorquer. Je ne suis pas en manque à ce point-là !

Elle n'était pas drôle cette meuf... Pas drôle du tout. Moi qui me faisait un plaisir d'écouter les petits ragots de la bourgeoisie coincée... C'était raté.

-          C'est toi qui vois...

Elle me fixa avec mépris. Je n'avais pas l'impression qu'elle appréciait énormément ma compagnie. Mais j'aimais bien sa petite mine renfrognée. J'inspirai une bouffée et la lui soufflai au visage avec malice. Foutu pour foutu...

Elle me fusilla du regard. Je voyais bien qu'elle hésitait. Ses dents mordillaient sa lèvre inférieure. J'étouffai un gloussement. Elle était peut-être un peu plus en manque que ce qu'elle affirmait.

-          Raah tu m'énerves ! lâcha-t-elle finalement, tu veux savoir c'est quoi mon problème ! A tes risque périls ! Je viens de passer vingt putains de minutes à attendre qu'une gourdasse à lunettes veuille bien me laisser accéder au bureau de mon père ! Et ça m'a agacée. Voilà. Ça te va comme ça ?!

Wait a minute. C'était à son père qu'elle parlait comme ça ? Le non-respect total. Elle me fixa, les joues rouges, croisant les bras sur sa poitrine.

-          Ma clope maintenant.

-          Attend là, c'est pas du tout ce qui était convenu. Je voulais que tu me parle de Sébastien, pas de ton père !

Un éclair de malice parcouru son regard. Elle m'adressa un sourire narquois.

-          Parce que ça t'intéresse tant que ça les problèmes de cœur d'une frêle jeune fille ?

Merde, elle me faisait chier. Et puis comment cela « frêle jeune fille » ? Elle avait l'air de très bien savoir se défendre toute seule !

-          Chacun se diverti comme il peut...

Elle sourit de nouveau, et appuya son épaule sur le mur, tournant totalement son buste vers moi. Je senti mes joues s'empourprer. Bon sang, elle était quand même vachement bien foutue !...

-          Ok, une clope et j'accepte de te révéler quelques parcelles de cette histoire ennuyante à souhait... !

-          C'était le deal du départ je te signale.

-          Alors là je t'arrête tout de suite, tu n'avais aucunement précisé de quoi tu voulais que je te parle ! J'ai rempli ta demande initiale... !

-          C'est trop facile ça !

Elle n'avait pas tort. Mais cela m'ennuyait qu'elle ait raison... Je soupirai et lui tendis le paquet.

-          Ok t'as gagné...

Elle attrapa joyeusement le sachet et en sorti une cigarette. Son pouce caressa doucement le papier. D'un mouvement agile, elle fit tourner le long cylindre entre ses doigts. Je l'observais, silencieuse, hypnotisée par ses gestes. Ses pupilles me fixaient avec malice. Mon regard croisa le sien. J'aimais bien la couleur de ses yeux. Verts légèrement irisés de bleu. Je m'y perdrais volontiers.

Sans crier gare, elle me lança soudainement le paquet à la figure. Surprise, je reculai et tendis maladroitement la main pour le rattraper, manquant de m'étaler sur le sol. J'étouffai un grognement. Mais à quoi jouait-elle cette imbécile manucurée ? Je condescendait gentiment à lui offrir une de mes précieuses clopes et c'était comme cela qu'elle me remerciait ?! Tsss... Cela m'apprendra à vouloir me montrer sympa. M'appuyant sur le mur pour me redresser, je maugréai quelques insultes. Son rire s'était mis à retentir dans la rue. C'était un joli rire. Clair et pur. Agaçant. Elle osait se foutre de moi. Je relevai la tête, prête à l'inonder de commentaires déplacés, mais ma bonne volonté s'évapora brusquement devant l'éclat rayonnant son sourire.

J'écarquilla les yeux. Wow, mais qu'est-ce que je faisais là ?! La jeune fille s'était remise à m'observer en souriant.

-          Tu peux me passer du feu ?

J'eu un sourire malicieux.

-          Ça ne fait pas parti de notre accord ça...

Elle se renfrogna aussitôt. Décidément j'aimais beaucoup son petit nez retroussé.

-          T'es pas du genre à lâcher prise toi hein ?

-          Pire que moi tu meurs !

Elle soupira en observant sa cigarette puis reposa son regard sur moi.

-          Ok comme tu veux... Sébastien, c'est mon copain. Il est du genre un peu possessif et jaloux. Bon je ne peux pas vraiment lui en vouloir, c'est vrai que je suis quelqu'un d'assez irrésistible ; j'aurais super peur à sa place ! Mais ça a le don de m'agacer. Il m'appelle sans arrêts, ne veux jamais que je sorte seule ou sans lui... Ça en devient vraiment oppressant... Enfin bref, là il m'appelait parce qu'il voulait m'interdire de sortir voir une amie ce soir... Ça m'a passablement énervée... Comme tu as pu le voir...

Je la regardai sans rien dire. Elle avait les yeux perdus dans le vague. Mais qu'est-ce qu'elle foutait avec un type pareil ?! Je ne pouvais pas supporter ce genre de mecs ! Sous prétexte qu'ils portaient une paire de couilles ils se donnaient le droit de contrôler leurs homologues féminins ?! Pour eux ce n'était pas une partenaire, mais un objet... Cela me dégoutait. Raah ! Qu'est-ce que ce monde était mal fichu !

-          Bon, ton briquet maintenant.

J'hochai la tête et lui tendis le petit récipient de plastique. Elle le saisi et alluma rapidement sa cigarette. Elle inspira une longue bouffée. Je ne la quittais pas des yeux.

-          Pourquoi t'es avec lui ?

Elle tourna son visage angélique vers moi, puis soupira d'agacement.

-          Je ne vois pas en quoi ça te regarde, grinça-t-elle avec une grimace. Ne t'octroie pas le droit de t'immiscer dans ma vie privée parce que je t'ai raconté ça, je voulais simplement avoir une clope.

Elle n'avait pas tort.

-          Ok ok... Je me demandais c'est tout... Mais méfie-toi, je peux te garantir d'expérience qu'avec ce genre de mec possessif et égoïste, ça ne finit jamais très bien...

Un sourire se dessina sur son visage. Elle se pencha vers moi. Qu'est-ce qu'elle avait encore cette gourde ?

-          « D'expérience » ? demanda-t-elle d'un ton malicieux, parce que tu as eu beaucoup d'expériences avec des mecs toi ?

J'écarquillai les yeux. De quoi ? Mais qu'est-ce qu'elle en savait celle-là ?! C'était écrit homosexuelle sur mon visage c'était cela ?! Je me renfrognai.

-          Non... marmonnai-je. C'est vrai...

-          Mouais... minauda-t-elle, amusée.

Je sentais son regard posé sur moi, me détaillant. Si elle n'avait pas été si mignonne je lui enfoncerais volontiers mon poing dans la tronche à cette tarte !

-          Tu t'appelles comment ? interrogea-t-elle soudainement.

Je la regardai, surprise.

-          Parce que ça t'intéresse maintenant ?

-          J'aime bien savoir à qui je parle... rétorqua-t-elle. Je t'ai quand même révélé pas mal de trucs, ton nom ce n'est pas trop demandé, si ?

Je la fixais toujours, sans rien dire. Une pétasse comme elle méritait-elle de savoir mon nom ? Je ne pensais pas non. Elle méritait seulement mon poing dans sa jolie figure. Je détestais que l'on porte ce genre d'aprioris sur ma personne et mon orientation sexuelle. Je n'avais envie que d'une chose à présent, qu'elle se tire, et presto !

-          A moins que tu aies peur que je sois une espionne infiltrée à la solde de russe soudanais albinos venue enquêter sur ton paquet de clopes et ton briquet... Dans ce cas-là franchement, je comprends. C'est vrai que j'ai l'air méga effrayante...

Elle m'énervait.

-          Gadie.

C'était bon elle était satisfaite la bourgeoise ? Je lui lançai un regard agacé. Son visage semblait songeur et ses sourcils s'étaient froncés. Elle avait l'air étonné. Je soupirai. Quoi ?! Mon prénom non plus ne te plaisait pas miss perfection ?!

-          Gady ? répéta-t-elle d'une voix songeuse. C'est original pour un mec...

Attends... Un quoi ?

-          Moi c'est Mélina.

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Hey ! Chapitre number 3 !! Yeaaaah !! J'espère que ça vous plait!

Dites moi ce que vous en pensez, je suis preneuse de tous les conseils que vous voudriez me donner ! ;)

Enjoy !

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