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Chapitre 29

Gadie

La lourde porte de métal claqua brutalement contre le mur. Je me ruai dehors, les mains agrippées à mon visage, mes ongles griffant ma peau. Je n'en pouvais plus. Ce tourbillon de colère. Cette douleur si vive qui s'agitait dans ma poitrine. Qu'avais-je fait ? Pourquoi ? Pourquoi ne pouvais-je m'empêcher de réagir ainsi ? Encore et encore. Le vent vint balayer mon visage, séchant les torrents de larmes qui dévalaient mes joues. J'avançais, mes semelles râpant tristement les graviers sombres. J'avançais, jusqu'à ce que mes forces me quittent, que mes genoux flanchent et que je m'effondre sur le sol, le front contre le béton froid, une grimace atroce sur le visage.

J'avais mal. J'avais terriblement mal. Mon cœur semblait se briser en mille éclats de verre dans ma poitrine. Des vagues de souffrance se déchainaient dans mon esprit. Je voulais hurler. Je voulais crier. Un hoquet terrible s'échappa de ma gorge. Je me mordis les lèvres, frappant rageusement du poing sur le sol. Je n'étais qu'un monstre. Je n'avais toujours été qu'un monstre. Un misérable monstre. Un goût de sang se répandit dans ma gorge. Âcre et métallique. Mon corps fut pris de lourds soubresauts. Je n'en pouvais plus. Je ne parvenais plus à lutter. Les vannes de ma souffrance s'ouvraient une à une dans mon corps, engloutissant chacune des parcelles de mon être. Mes forces me quittaient. Je laissai échapper un cri de douleur. Un hurlement terrible. L'aveu de ma faiblesse. Le témoin de ma laideur. Là, écroulée sur la surface terne et vide du toit, je déversais dans le ciel obscur de la nuit le néant infini de mon désespoir.








5 ans plus tôt

Les murs gris et froids défilaient devant ses yeux. Les mains enfouies dans les poches de sa veste, un sourire léger barrant son visage enfantin, la jeune fille grimpait d'un pas rapide les marches sombres de l'escalier. Un vent de bonheur jusqu'alors inconnu soufflait dans son esprit. Elle avait réussi. Elle allait pouvoir s'enfuir. Enfin.

Arrivée à l'étage, elle s'engouffra joyeusement dans le couloir. Il faisait sombre et une odeur désagréable de tabac froid flottait dans l'air. Plissant le nez avec dégoût, elle se dirigea vers l'extrémité de l'immeuble. Son pas raisonnait lugubrement dans le grand espace vide.

Un bourdonnement parvenait à ses oreilles. Des éclats de voix. Puis un tremblement. Sourd et puissant. La jeune fille frissonna. Son sourire avait disparu. À sa place, une crispation glacée s'était emparée de ses muscles. Un mauvais pressentiment. Une crainte soudaine et entêtante. Elle pressa le rythme.

La porte décharnée se présenta devant elle. Un nouvel éclat de voix. Plus violent encore. Plus fort. Puis un coup. La fillette sursauta. Cette peur. Cette colère. Tout gonflait en elle. Gadie ouvrit aussitôt la porte.

« JE T'INTERDIT DE ME PARLER SUR CE TON ! Beugla une voix.

- Mais puisque je te dis que c'est pas moi ! »

La jeune fille eut à peine le temps de refermer la porte pour s'écarter qu'une masse sombre s'effondrait brutalement à côté d'elle. Un jeune garçon aux boucles brunes et sauvages. L'adolescente se précipita vers lui.

- Marco ! s'écria-t-elle avec horreur.

Le jeune homme releva la tête, non sans dissimuler une grimace de souffrance. Il porta sa main au niveau de ses côtes.

- Toi ne te mêle pas de ça ! grogna une voix derrière eux.

Gadie se retourna. Devant elle, les muscles saillants et la chemise défaite, se dressait un homme menaçant. Ses petits yeux surplombés d'imposants sourcils broussailleux la fixaient avec colère. Elle plissa les lèvres, ravalant l'élan de rage qui grandissait dans sa gorge.

- Bon sang mais qu'est-ce qu'il se passe encore ?! s'exclama la jeune fille en serrant les poings.

- Il se passe que ce taré a encore pêté un câble, grinça Marco derrière elle.

L'homme eut un grognement terrible. Ses joues se tintèrent d'une inquiétante couleur rouge. Il serra la mâchoire.

- Petit enculé, fulmina-t-il avec difficulté. Comment as-tu osé appeler ton père ?!

- De grand malade, siffla le plus jeune.

Le corps de Gadie se raidit. Elle se tourna vers son frère avec effroi.

- Marco arrête, s'il te plait... supplia-t-elle.

- Un putain de cinglé, continua le garçon sans lâcher son père du regard.

Le visage colosse gonfla de colère. Repoussant violement la jeune fille d'un coup de pied, il saisit brutalement le garçon par le col de son sweat pour le plaquer contre le mur. Ses yeux semblaient cracher des éclairs. Dans un geste bestial, il se rua sur lui, l'étranglant presque de sa grosse main.

- JE VAIS T'APPRENDRE CE QUE SIGNIFIE LE MOT RESPECT PETIT FILS DE PUTE ! Vociféra-t-il d'une voix de dément.

Son poing vint violement percuter le visage du garçon. Ce dernier lâcha un cri étouffé.

- ON RESPECTE SON PÈRE ! rugit l'homme.

- Papa non arrêtes !

- ET ON NE LUI VOLE PAS SON FRIC ! continua-t-il en le frappant de plus belle.

Il lui adressa un énième coup avant de s'écarter d'un pas, sa main serrant toujours le col du garçon. Son nez sifflait bruyamment. La mâchoire crispée, les babines tremblantes, il fixait son fils d'un air haineux, presque animal.

- COMPRIS ?! mugit-il en lui offrant un ultime coup de genoux dans l'estomac.

Le jeune homme eut un hoquet étouffé. Un filet de sang poisseux coulait le long de son menton. Le corps tremblant, il releva la tête, plantant son regard terrible dans celui de son père.

- Je ne t'ai rien volé du tout, articula-t-il avec difficulté tout en crachant une bille de sang.

L'homme le plaqua de nouveau contre le mur, rugissant de plus belle. Toujours plantée dans l'entrée Gadie se crispa sur elle-même, paralysée par la peur.

- TU OSE ENCORE ME CONTREDIRE ?! gronda son père en levant le poing.

- Claude, implora une petite voix derrière eux, s'il te plait...

Gadie frissonna. Quittant son père des yeux, elle pivota lentement sur elle-même, balayant l'espace du regard. Accroupie à l'autre bout de la pièce, ses doigts maigres agrippés aux pans de son tablier, une femme aux cheveux blonds et à la peau terne les fixaient de ses grands yeux terrifiés. À cette vue, l'adolescente étouffa un gémissement craintif.

L'homme se retourna à son tour. Plissant les lèvres, il foudroya la femme du regard. Monstrueux. Redoutable. Il roula des épaules. Un fauve en action.

- Quoi ?! grogna-t-il d'un air mauvais. T'as quelque chose à dire toi ? C'est toi qui me l'a piqué mon fric c'est ça ?!

La pauvre femme secoua fébrilement la tête d'un air effrayé, se cramponnant un peu plus à son vêtement. Claude lâcha Marco pour s'approcher d'elle, menaçant.

- Aller, grinça-t-il d'un air narquois, une pute comme toi, ça ne m'étonnerait même pas...

Marco retomba lourdement sur le sol. Gadie se précipita vers lui. Une grimace de souffrance barrait son visage tandis que du sang poissait ses boucles sauvages. Elle passa un bras sous son épaule pour l'aider à se redresser.

- Aller viens, souffla-t-elle, on se tire d'ici.

Le garçon se releva en étouffant un grognement de douleur. Il plaqua sa main contre son torse. La jeune fille plissa les sourcils. Ce spectacle lui déchirait le cœur. Pinçant les lèvres, elle secoua brièvement la tête puis l'aida à avancer. D'un mouvement de pied habile, elle ouvrit la porte.

- Eh, vous pensez aller où vous-deux ?! s'exclama une voix derrière eux.

Un frisson d'angoisse traversa le corps de l'adolescente. Elle s'arrêta aussitôt, levant des yeux inquiets vers son frère. Ce dernier, le visage fermé, l'enjoignit à avancer d'un mouvement de tête.

- Là où on a aucune chance de croiser ta sale tronche connard, cracha-t-il avec un dernier regard chargé de haine.

Saisissant la main de sa sœur, il la poussa devant lui et tous deux s'enfuirent dans la dédale des étages de l'immeuble. Derrière eux, les beuglements furieux de leur père résonnaient dangereusement entre les murs.





Les deux adolescents déboulèrent sur le toit. À leur passage, la porte de métal se referma dans un claquement brutal et sec. Ils émergèrent au soleil. Ce fut comme une bouffée soudaine et inespérée de liberté. La peur au ventre, les jambes tremblantes. Ils firent quelques pas maladroits, les mains toujours serrées l'une dans l'autre, avant de s'effondrer sur le sol, le dos contre la paroi froide du mur. Ils étaient libres.

Le vent ébouriffait leurs chevelures, séchant doucement le sang qui avait souillé leurs visages. Perçant à travers les nuages, les rayons timides du soleil venaient redonner un peu d'éclat à leurs peaux ternes et fatiguées. Gadie ferma les yeux, savourant ces quelques instants de sérénité retrouvée. Les battements affolés de son cœur se calmaient doucement au creux de sa poitrine. Elle tourna la tête. A ses côtés, la tête appuyée contre le mur, Marco semblait retrouver son souffle. Son torse se soulevait péniblement. Il passa une main frissonnante sur son front.

La jeune fille plissa les yeux. Mordillant ses lèvres, elle fixait avec peine le visage tuméfié de son frère. Ses épaisses boucles brunes tentaient vainement de cacher les tâches bleuâtres qui parsemaient sa figure. De léger tremblements avaient saisi le corps massif du garçon. Des tressautements imperceptibles. Gadie ne bougea pas. La bouche close et le cœur chargé de chagrin, elle se contentait de retracer du regard la courbe cassée de son nez et le trait sévère de sa mâchoire. Encore et encore. Jusqu'à en connaitre par cœur le moindre recoin, le plus petit interstice.

Un soupire lourd s'échappa des lèvres du jeune homme. Ebouriffant distraitement sa chevelure, il pivota vers sa sœur. Un fin sourire se dessinait sur son visage. Un de ces sourires qui se voulaient rassurant. Un de ces sourire que la jeune fille avait déjà trop vu. Scrutant son frère avec dubitation, elle finit par se détourner en haussant les épaules.

- Tu veux que je sorte la trousse ? lâcha-t-elle finalement sur un ton monocorde.

L'adolescent examina son visage d'une main distraite puis vint rapidement tâter son torse.

- Mmmmh, je ne suis pas aux portes de la mort mais une ou deux compresses ne seraient pas de refus.

Gadie le considéra quelques instants sans rien dire, puis se releva. Contournant le bloc de béton contre lequel ils s'étaient appuyés, elle s'approcha de la bouche d'aération qui occupait un pan du mur. Pinçant ses lèvres avec nervosité, elle glissa ses doigts derrière le couvercle de métal, puis souleva la plaque. Cette dernière se détacha de la paroi pour aller rejoindre les graviers noirs qui couvraient la surface du toit. A l'intérieur de la cache, des caisses de bois et de métal avaient été soigneusement entreposées. Gadie saisit la première, une rouge au couvercle cabossé. Elle l'inspecta brièvement puis retourna auprès de son frère.

Ce dernier n'avait pas bougé. La tête toujours appuyée contre le mur, il s'amusait à presser la plaie qui ornait son avant-bras pour en faire sortir des perles de sang. Gadie s'accroupie à ses côtés.

- Bon sang mais qu'est-ce que tu fous, crétin ?! s'exclama-t-elle en lui saisissant le bras d'un air horrifié.

Le jeune homme suspendit son geste, surpris, avant de faire lourdement retomber sa main sur le sol, l'air soudainement blasé.

- Oh c'est bon, maugréa-t-il. Calme-toi, ce n'est que du sang...

- Ah parce que tu ne trouves pas que tu en as déjà suffisamment perdu ? rétorqua l'adolescente d'une voix agacée.

Marco laissa échapper un soupir. Il releva la tête.

- Dramatise pas trop non plus...

- Je ne dramatise pas, je constate.

Un sourire narquois étira les lèvres du garçon. Il pencha la tête.

- Ton constat est biaisé, il y a zéro objectivité dans tes propos.

Gadie leva les yeux au ciel. Réprimant un soupir agacé elle ouvrit la boite de métal pour en retirer un paquet blanc.

- Si tu te crois malin, râla-t-elle. Tiens tes compresses, crétin.

Les bandes de tissus vinrent percuter son visage avant de dégringoler le long de son corps pour finir leur course dans les graviers. Marco les saisi puis releva les yeux vers sa sœur.

- Gadie... soupira-t-il

Cette dernière, la tête haute, ne lui adressa pas un regard. Reposant la mallette sur le sol, elle se redressa et retourna s'adosser contre le mur. Ces lèvres étaient pincées et son visage tiré.

Marco secoua la tête avec effarement puis se pencha pour disposer la trousse de secours à sa portée. Il en sorti un flacon d'antiseptique dont il se servit pour nettoyer ses blessures. Des petits gestes maladroits, crispés par la douleur. Par moment, un juron étouffé franchissait la barrière de ses lèvres. Il serra la mâchoire.

Les genoux repliés contre sa poitrine, les bras enroulés autour de ses jambes, Gadie le regardait faire d'un air sceptique. Ses dents venaient titiller sa lèvre inférieure avec nervosité. Elle ne le lâchait pas du regard, suivant au centième de milliseconde près le mouvement de sa main, les frissons de son corps et l'épaisseur de ses croutes. Elle le scrutait, sans rien dire, laissant son esprit se faire envahir par une multitude de pensées obscures.

- Je ne veux pas y retourner... souffla-t-elle.

Marco, qui s'appliquait alors à retirer le sang de ses sourcils, suspendit son geste. Il se tourna vers sa sœur. Ses pupilles claires furent traversées par un voile de tristesse. Il se pinça les lèvres.

- Moi non plus, dit-il d'une voix sourde.

Un silence occupa l'espace. Un silence chargé de colère, de chagrin, de tristesse. Mais également de haine. Un désespoir soudain. Une crainte terrible. Gadie enroula un peu plus ses bras maigres autour de ses genoux.

- J'en ai marre Marco, murmura-t-elle.

Ses mains agrippèrent les pans de son T-shirt et elle enfoui sa tête dans le creux de ses genoux.

- J'en ai marre, marre, marre, marre...

Un léger sanglot s'échappa de son corps. Ses épaules s'affaissèrent lourdement.

- Qu'est-ce qu'on va devenir ? se lamenta-t-elle avec découragement.

Un reniflement triste émergea de sa silhouette recroquevillée. Marco, qui s'était figé sur place, se précipita vers elle. Entourant son corps de ses larges bras, il l'enlaça, le visage soudainement marqué par un masque terrible de tristesse.

- Oh oh oh, s'alarma-t-il d'une voix qui se voulait rassurante. Calme-toi eh, ça va aller. Tu verras, ça va aller...

Gadie releva la tête. Ses yeux étaient devenus rouges et une larme désespérée dévalait sa joue pâle. Elle renifla.

- Tu dis ça à chaque fois. Tu dis ça à chaque fois et ça fait 15 ans que ça ne va pas...

Elle se dégagea brutalement et passa une main agacée sur son visage pour y effacer les traces de sa faiblesse. Son souffle était devenu bruyant et irrégulier. A ses côtés, Marco la regardait avec peine, ne savant comment réagir.

- Si ça continue, poursuivit la jeune fille en baissant ses yeux embués de larmes, un jour... Un jour ça finira mal et tu... et tu...

Un sanglot lourd vint secouer ses épaules. Marco enroula de nouveau ses bras autour d'elle et la serra contre lui, concentrant dans son étreinte toute la force et l'amour qu'il pouvait lui donner. Posant son front contre le sien, il secouait lentement la tête, comme pour chasser les souvenirs sinistres qui assiégeaient l'esprit tourmenté de sa sœur.

- Shhhh, souffla-t-il doucement, shhhh. Dis pas ça Gad, dis pas ça. Je suis là. Je serais toujours là.

Un reniflement discret s'éleva. Les tremblements de la jeune fille se calmèrent et une petite voix vint brouiller le silence.

- Promis ?

Le jeune homme eut un sourire et déroula ses bras, pour relever vers lui le visage fragile de sa sœur.

- Eh, s'offusqua-t-il doucement, tu me prends pour un menteur ?!

Gadie haussa les sourcils avant de se dégager de son emprise.

- Il n'y a pas pire menteur que toi, rétorqua-t-elle avec une moue dédaigneuse.

Marco retint un sourire.

- Tssss... T'es vraiment la petite sœur la plus ingrate qu'il soit.

Gadie plongea son regard dans le sien.

- Promet le.

Un soupir amusé s'échappa des lèvres du garçon. Il se pencha vers sa sœur, son petit air narquois gravé sur le visage.

- Je te le promets, articula-t-il avec un doux rictus.

Les joues de la jeune fille s'empourprèrent et un sourire irrépressible vint doucement soulever le coin de ses lèvres. Elle se détourna pour venir s'adosser contre le mur, sereine, rassurée, vivante.

Un léger rire s'échappa des lèvres de son frère, qui vint à son tour s'adosser contre la parois sale et froide. Le souffle calme, le regard tourné vers les cieux, tous deux observaient sans rien dire la course tranquille des nuages. Par moment, de petites silhouettes noires venaient barrer ce paysage taché de bleu, dessinant dans les airs des arabesques sombres et insouciantes. Le vent ne soufflait plus. Seule une brise, légère et apaisante, venait par moment soulever leurs mèches emmêlées.

- Tu verras Gadie, souffla Marco d'un air absent, le visage toujours tourné vers le ciel. Un jour, je serais riche. On partira tous les deux, et on s'en ira loin, très loin, là où personne ne nous retrouvera jamais. Là où personne ne nous reconnaitra. Juste tous les deux. Loin. Et libres.

Gadie leva la tête vers lui. Ses yeux clairs toujours fixés devant lui, son frère semblait fixer l'horizon. Non. Il semblait regarder plus loin encore. Dans l'avenir. Un avenir rêvé. Un avenir possible. Un avenir parfait. Sans coups, sans cris, sans souffrance. Un avenir pour eux. Rien que pour eux.

- A la mer ? murmura-t-elle d'une petite voix.

Un rire ébranla le visage tranquille du garçon qui se tourna vers elle. Il la contempla quelques instants avec de détourner le regard, les pupilles pétillant de malice.

- Ouais c'est ça, à la mer...

Un sourire fragile étirait les lèvres de la jeune fille. Elle tourna la tête, plongeant une nouvelle fois son regard dans les flots tourmentés du ciel. A côté d'elle son frère ne bougeait plus. Immobile, elle pouvait entendre les claquements nerveux de sa langue contre son palais, signe qu'il réfléchissait.

- Faut juste que je devienne riche... marmonna-t-il pour lui-même.

Un gloussement nerveux s'échappa de la gorge de l'adolescente. Gloussement qui s'arrêta presque aussitôt. Écarquillant les yeux, elle se redressa vivement et se frappa le front avec son poing.

- Oh putain, souffla-t-elle.

- Quoi ? s'alarma son frère en se tournant vers elle.

- Je suis trop bête.

- De quoi ?

- De ça !

Se détachant complètement du mur, elle enfonça ses mains dans les poches de sa veste pour en retirer une poignée de billets qu'elle étala sur le sol. Son frère étouffa un juron.

- Oh purée... lâcha-t-il en saisissant les coupures d'une main tremblante. Merde mais t'as eu ça où ?

- C'est Stud ! J'avoue qu'au début j'étais un peu réticente mais regarde tout ce pognon !

Marco lâcha brusquement les papiers qu'il tenait entre les doigts pour fixer sa sœur avec horreur. Il fronça les sourcils.

- Comment ça Stud ? articula-t-il d'une voix étouffée. Ne me dit pas que t'as bossé pour ce type ?!

- Je... Si, mais regarde, ça rapporte ! Ça rapporte un max !

Marco lâcha un grognement agacé et frappa brutalement le mur. Gadie sursauta.

- Bon sang Gad, s'agaça-t-il, mais ce type c'est un connard, une pourriture ! Tu commences par ça et c'est lui qui finit par te tirer une balle dans le dos !

L'adolescente le considéra quelques instants d'un air dubitatif, puis détourna le regard en haussant les épaules.

- Si tu crois que tu m'apprends quelque chose...

- Gadie... soupira le garçon.

- Mais regarde tout ce que j'ai gagné ! s'exclama-t-elle en brandissant une liasse de billets. C'est pas juste énorme ?!!

Le garçon leva les yeux au ciel, réprimant un énième juron. Il serra les poings.

- Ah super, s'exclama-t-il d'un air faussement réjouit. Et t'as fait quoi pour gagner tout ça ? Tu lui as sucé la queue ?!

- Raaah Marco... s'agaça l'adolescente, t'es chiant ! Tu voulais devenir riche ? Eh ben voilà, j'ai trouvé comment ! Tu ne veux pas m'aider ?

Le jeune baissa la tête pour poser son regard clair sur la fillette. Ses petits yeux clairs la fixaient avec suspicion. Il secoua la tête.

- T'as fait quoi exactement ? soupira-t-il finalement en passant une main épuisée sur son visage.

- J'ai revendu sa came, dans le quartier de la Palisse.

Marco se figea aussitôt. Il écarquilla les yeux.

- De la Palisse ? T'es sérieuse là ?

- C'est justement ça le problème, c'est pas ouf. Il m'avait dit qu'il foutrait ses gars, mais je ne suis pas stupide à ce point...

Le garçon lâcha un juron. Relevant la tête, il pinça avec nervosité le quartilage brisé de son nez.

- Putain Gadie...

- Mais si tu viens avec moi, il y aura aucun souci. On doublerait les ventes !

- Arrête de déconner... maugréa-t-il.

- Mais écoute moi deux minutes ! s'emporta l'adolescente. Plus tu m'aides, plus vite on amasse de la tune et plus vite on se barre. On n'aura même plus besoin de bosser pour lui !

Un silence s'installa entre eux. Marco reposa sa main sur le sol pour poser un regard affligé sur sa sœur.

- Je n'arrive mais pas à croire que tu cois en ce que tu racontes... Qu'est-ce qu'il t'a dit pour que tu deviennes aussi stupide ?

- Marco purée...

- Je vais aller lui péter la gueule.

- C'est ça... t'as aucune chance crétin.

Un lourd grognement s'échappa de ses lèvres. Il regarda la jeune fille avec peine.

- C'est toi qui est naïve, soupira-t-il.

- T'es juste trop fermé d'esprit.

Le jeune homme leva les yeux au ciel, effaré.

- Tu ne veux même pas écouter ce que j'ai à dire, continua l'adolescente.

- Non, rétorqua-t-il d'une voix sévère. Tu vas me sortir un discours tout frais pondu de Stud, et je n'ai aucune envie d'entendre ça...

Gadie secoua la tête d'un air agacé.

- T'es franchement stupide quand tu t'y mets.

- C'est ça.

- Il y a que les crétins qui ne changent pas d'avis, enchaina-t-elle d'une voix pinçante.

- Il y a que les crétines qui se font plumer, rétorqua le jeune homme avec exaspération.

Posant un dernier regard affligé sur sa sœur, il secoua la tête puis se redressa. Ses jambes tremblèrent quelques instants avant de docilement se stabiliser. Il jeta un coup d'œil vague à la forêt de tours de béton qui l'entourait puis enfonça ses mains dans les poches de son jean et s'éloigna.

- Purée Marco ! explosa brusquement Gadie derrière lui. Ecoute moi au moins deux minutes ! Deux minutes bon sang, c'est trop te demander ?!

Le garçon s'arrêta. Levant la tête vers le ciel, il laissa son visage être balayé par le souffle discret du vent. Ses traits se détendirent doucement. Il ferma les yeux, puis prit une profonde inspiration avant de se retourner, l'air décidé.

- Ok. Acquiesça-t-il sur un ton ferme. T'as deux minutes.


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Hey ! Voici le chapitre 29, comme promis !

Retour petit flashback en arrière pour Gadie et rencontre d'un nouveau protagoniste  : son bien trop charmant et adorable paternel ! Alors ? Il vous a plu ? ;)

Enfin voilà, on comprend maintenant un peu mieux l'environnement dans lequel elle a grandie, et je ne vous cache pas que le voile de sa vie va continuer à lentement se soulever... Mais vous en avez ici un léger avant goût.

Qu'en avez-vous pensé ? De son père, de sa réaction, de sa relation avec son frère... dites moi tout !

Merci mille fois de continuer à suivre ma petite fiction, et merci mille fois encore pour vos retours !!

A bientôt pour la suite !!

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