Chapitre 26
Mélina
« T'es sûre que tu ne veux pas que j'apporte quelque chose ? Boire, manger... Ce que tu veux ! Je passe devant une grande surface là... »
Les derniers rayons de soleil éclaboussaient le bitume sombre d'une chaude lumière. Le vent dans mes cheveux et la fraicheur du soir sur ma peau, j'avançais d'un pas calme sur le trottoir, offrant mon visage aux ultimes lueurs du jour. A mon oreille, sa voix grésillant légèrement dans l'écouteur de mon téléphone, Sophie s'évertuait à refuser mes propositions.
- Mais non, t'inquiète, je ne veux que toi ! On a déjà tout ici, si ce n'est trop... Antony s'est complètement lâché au rayon des bonbons, tu verrais ça... D'ailleurs j'espère que t'aime les tagadas sur-sucrées et bourrées de produits chimiques, parce qu'on en a une bonne demi tonne !
Je détestais cela. Réprimant une grimace, je laissai échapper un rire amer.
- J'a-dore, ironisai-je.
Le rire de Sophie vint faire écho au mien, heurtant un peu plus la sensibilité précieuse de mes tympans. Je me mordis les lèvres.
- J'en étais sûre... Bon, alors maintenant tu bouges tes fesses, on t'attend tous là.
- Ecoute, le meilleur pour la fin comme on dit...
- Ouais c'est ça, t'emballe pas trop non plus hein.
Je souris bêtement sur mon trottoir.
- T'inquiète, assurai-je d'une voix trainante. Je suis là dans cinq minutes, à peine.
- Excellente nouvelle.
- Tu vois. Aller je te laisse, à tout de suite !
- Yes ! Appelle-moi quand t'es en bas.
- Ça marche.
Je raccrochai. Face à moi, le petit bonhomme lumineux venait de passer au rouge. Les voitures commençaient à faire gronder leurs moteurs. J'évaluai la scène. Je me trouvais face au dilemme le plus dingue de toute mon existence : avais-je le temps de traverser la route ou devais-je me résigner à perdre quelques précieuses secondes de plus sur ce trottoir répugnant ? Mourir bêtement ou perdre son temps ? Dilemme dilemme. Le feu passa au vert. Les voitures démarrèrent en trombe. Raté...
Après avoir quitté le théâtre, j'étais rentrée chez moi pour y déposer une montagne de nouveaux documents. Mon père avait déjà bossé dessus, et force est de constater qu'il n'avait pas chômé. Deux ou trois bons gros kilos de dossiers devaient s'entasser un peu partout dans mon appartement. De quoi décourager Chuck Norris en personne. Mais j'étais encore plus dingue que lui. Deux diamants bleus veillaient sur moi, guettant ma réussite. Je ne pouvais pas échouer.
Sur le chemin, j'avais repensé à Gady, à son air triste et ses problèmes d'argent. Un sentiment étrange gonflait dans ma poitrine. Une vague de chaleur glacée. J'étais heureuse d'avoir pu l'aider. J'étais heureuse qu'il se soit confié à moi, ou du moins, qu'il m'ai fait suffisamment confiance pour me parler de lui. Ce n'étaient que des balbutiements. Des fragments de vie, quelques éclats inquiétants. Mon bonheur se mêlait à une crainte nouvelle. Un refrain de préoccupations étouffantes qui se répétait inlassablement dans mon esprit. Je ne savait plus quoi penser. De lui. De tout.
La drogue. Ce mot m'avait fait trembler. Ma vue était passée du blanc au noir. D'un coup. Pourtant je n'étais pas si naïve, beaucoup de gens en consommaient aujourd'hui. Sébastien en consommait. J'en avais consommé. Mais ce simple mot, drogue, regroupait à lui seul une montagne d'autres mots. Un océan d'inquiétudes et d'angoisses. De quelles drogues parlait Gady exactement ? Quel genre de problèmes rencontrait-il ? On ne s'endettait pas aussi facilement auprès de dealers. Quels était ses relations avec eux ? Je ne savais pas. Des images inondaient mon cerveau. Des scénarios catastrophes. Qui était Gady ? Un mafieux ? Un petit Qaïd ? Un ancien toxicomane ? Non. Ce n'était pas possible. Je ne pouvais pas croire à cela. Jamais. Il y avait quelque chose en lui, quelque chose qui respirait la confiance. Alors pourquoi ? De quoi avais-je peur ? Je croyais me noyer.
Mais mon cerveau n'eut pas le temps de tergiverser très longtemps sur la question. À peine arrivée chez moi que Sophie m'harcelait de nouveau. Une soirée entre amis, chez elle, ce soir. Juste comme ça. Parce que oui, tu comprends, cela faisait une éééééternité qu'on ne s'était pas vues. Elle n'avait pas tort. Mais j'avais d'autres chats à fouetter moi. Un gros chat blond en particulier. Mon gros chat princier. Mais il ne semblait pas pleurer mon aide. Et j'avais besoin de compagnie. Sophie chérie, des fois tu tomberais presque à pic.
Le petit bonhomme passa au vert. C'était mon tour. Enfin. Un sentiment de satisfaction extrême se déversa dans mon corps. J'aurais eu mille fois le temps de mourir d'un infarctus depuis que je poireautais sur mon trottoir. Personne n'avait le droit de me faire attendre. Pas même un ignoble et ridicule pictogramme lumineux. Compris ?
Relevant le menton et méprisant de toute mon âme la foule d'automobilistes arrêtés sur le bitume noir, je traversai la rue. Lentement. J'étais libre. Il faisait beau. Les oiseaux chantaient. Les moteurs ronronnaient. J'allais passer une soirée tranquille, entourée de gens qui feraient semblant de m'aimer. C'était mon tour. Crotte à la fin.
L'ascenseur émit un petit « ding » sonore, puis la porte s'ouvrit dans un léger grincement. Avant même que je n'eusse le temps de faire un pas hors de cette étouffante boite de fer, une masse blonde et terriblement lourde me sauta dessus.
- Meldyyy ! s'exclama Sophie en s'agrippant à mon cou. Enfin ! Purée mais t'as mis une éternité ! C'était quoi le souci ? T'es tombée en adoration devant le clochard du rond-point et de son super morceau d'accordéon ?!
Elle éclata d'un rire léger tandis que je tentai vainement de reprendre possession de mon corps. Hilarant Sophie, hilarant. Et puis d'un goût. Je feignis l'amusement.
- C'est plutôt le souvenir de ta tronche de meuf désespérée qui m'a saisie... J'avais bien besoin d'une petite éternité ou deux pour m'en remettre.
Elle s'esclaffa bêtement puis se dirigea vers la porte, me tirant par le bras.
- C'est ça, articula-t-elle entre deux rire, c'est toujours un plaisir de te voir dis-moi.. !
Réciproque chérie, je t'assure. Tirant sur le bas de ma tunique pour réajuster le vêtement froissé, j'entrai dans l'appartement. Il faisait frais. De la musique envahissait l'espace tandis qu'un lointain bourdonnement de voix titillait le fond de mon oreille. Il devait y avoir du monde. Traversant rapidement l'entrée, nous entrâmes dans le séjour. Les bais vitrées grandes ouvertes laissaient entrer dans la pièce un océan de lumière douce et chaude.
Mon regard balayai brièvement la salle. Trois personnes se trouvaient dans le salon. Derrière le bar, ses mèches roses tombant devant ses yeux, Antony était occupé à mixer un mélange suspect en dandinant son derrière trop ferme au rythme de la musique. Devant lui, accoudées au plan de travail, Jessy et Laëtitia riaient à des blagues vaseuses tout en s'empiffrant de bonbons fluos. Wow. Super. Que du beau monde dites moi !
- Hey les gars ! s'exclama Sophie en sautillant sur place, regardez qui voilà ! Miss Mélina en personne nous fait l'honneur de sa présence !! On applaudit bien fort je vous prie !
Trois têtes se tournèrent aussitôt vers nous. Laëtitia laissa échapper un cri de joie tandis que Jessy m'inspecta de la tête aux pieds, une mine dédaigneuse gravée sur le visage. Antony lâcha son mixeur pour venir s'agripper à mon cou.
- Mon chaaat ! Ronronna-t-il d'une voix trop aiguë pour être sincère. Comment ça fait trop plaisir de te voiiir !
Esquissant un sourire factice, je tentai de me libérer de son emprise. Mon chat ? Sérieusement ? Je ne m'y ferais décidément jamais. Libérant mes épaules, le pot de colle à paillettes se détacha légèrement de moi pour mieux venir s'extasier sur mes vêtements, s'émerveillant devant la douceur de mes cheveux et fondant face à la hauteur vertigineuse de mes talons. Tout en me lançant un regard amusé, Sophie lâcha mon bras pour aller rejoindre les deux filles au bar. Je lui offris une grimace méprisante. Fausse-sœur. Elle l'avait fait exprès.
- Chérie t'as juste pas changée, continua ma sangsue en slim moulant. T'es ma-gni-fique. Franchement tu m'avais carrément trop manqué ! Nan parce que ça fait quoi ? Genre... deux semaines quoi ! É-norme !
Je lui adressai un rictus qui se voulais bienveillant. Ses mains s'agrippaient à moi, tâtant le tissu de ma jupe et caressant le grain fragile de ma peau. Un grognement agacé vint mourir sur mes lèvres. Je tentai de me ressaisir. Bon sang. Il pouvait vraiment être pire qu'un gros lourd de soirée quand il s'y mettait lui ! Je saisi ses mains et les plaquai sur son torse.
- Toi aussi chat, assurai-je avec un rire forcé tout en fuyant vers le buffet. Toi aussi. Ça ne devrait pas être permis des absences comme ça !
- On est carrément d'accord !
Et il repartit dans ses exclamations fantasmées, passant de mon sac au dernier tube à la mode. D-J je-sais-pas-quoi. Encore une de ses fascinations passagères. Génial. Au moins il ne s'acharnait plus sur moi. Je m'accoudai au bar. Laëtitia, m'adressa un immense sourire.
- Ça va ? demanda-t-elle sur un ton espiègle. Bien remise de la dernière fois ?
La dernière fois ? Je fronçai les sourcils. Quelle dernière fois ?
- La vodka, précisa-t-elle avec un clin d'œil.
Ce fut une décharge. Cette dernière fois là ? La soirée de la misère ? Bon sang si tu savais... Un sentiment désagréable s'empara de moi. Un brusque frisson d'angoisse. Secouant vivement la tête, je chassai les images qui étaient soudainement venues assaillir mon esprit, avant de me tourner vers elle, un sourire qui se voulait complice sur les lèvres.
- Bah tu sais, je suis une reine moi, l'alcool ne m'atteint pas.
Laëtitia étouffa un gloussement.
- Ah oui ? s'amusa-t-elle en glissant une de ses mèches sombre derrière son oreille. Je ne te cache pas que ça ne m'avait pas vraiment marqué...
J'eu un rire. Pétasse.
A côté de moi, Jessy ne me lâchait pas du regard. Sa masse de cheveux blond noué en un imposant chignon et sa bouche enduites d'un rouge pétant, elle semblait examiner chacune des parcelles de mon corps. Oscillant entre mon front et mon menton, ses petits yeux clairs faisaient peser sur moi un poids lourd et désagréable. Ce genre de poids que je détestais. Une sensation inconfortable et encombrante. Envahissante. Je me tournai vers elle, un sourire sur les lèvres mais le regard sévère. Bon, qu'est-ce qu'il y avait la blondasse ?
- Pourquoi t'es pas venue avec Sébastien ? lâcha-t-elle finalement d'une voix trainante.
Je me figeai. Sébastien ? Un frisson glacé me parcouru le dos. Mais qu'est-ce que cela pouvait bien te faire à toi ?
Lui offrant mon plus beau sourire, je me penchai pour saisir un bonbon. Mes pupilles ne l'avaient pas quittée un seul instant.
- Je ne suis pas obligée d'être H24 avec lui tu sais... l'assurai-je gobant la pâte sucrée.
Elle eut un froncement de sourcil sceptique.
- Ah. Parce que je l'ai croisé la dernière fois, et il avait franchement une tête pas possible.
Mon cœur se mit à accélérer dans ma poitrine. Comment cela elle l'avait croisé ? Que lui avait-il dit ? Je détournai le regard pour dissimuler mon angoisse. Ma jambe tressautait sur le sol.
- Mauvaise chute à moto. Répliquai-je d'un ton sec.
- Oh merde, souffla Laëtitia.
De l'autre côté du bar, Sophie, qui avait sorti une pizza de four, laissa échapper un juron.
- Mince, s'alarma-t-elle en se précipitant vers moi pour me saisir le bras. Tu ne me l'avais pas dit ça ! Comment va-t-il ? Rien de grave j'espère ?
Son regard inquiet parcouru mon visage. Je me dégageai gentiment. Un sentiment désagréable s'était glissé dans mon ventre. Un soupçon de honte et de remords. Pourquoi ne pouvaient-ils pas s'empêcher de sur-réagir ? Trop de gentillesse vous tuera les gars. Ravalant la boule culpabilité qui se formait dans ma gorge je rehaussai mon sourire.
- T'inquiète il n'y a rien de grave, répliquai-je avec un rire forcé. Il s'est encastré dans un fossé. Sa moto est hors d'usage mais il est toujours en vie. Plus de peur que de mal comme on dit.
Sophie me scruta quelques instants puis se détacha de moi pour retourner à ses pizzas. Ses prunelles bleues ne cessaient de faire des aller-retours entre sa garniture anchois-salamis et mon visage. J'eu un moment d'absence. Anchois-salamis... Elle était sérieuse là ?
- Pauvre Seb, murmura Laëtitia en saisissant une poignée de bonbons qu'elle enfourna dans sa bouche.
J'haussai un sourcil. Comment cela « pauvre Seb » ? Pouvait-on vraiment faire plus hypocrite ? Elle ne le connaissait même pas. C'était tout juste si elle avait dû l'apercevoir à une soirée, et encore. Je détournai le regard. Ce genre de comportement et de faux-semblant m'agaçait sincèrement. A côté de moi, Jessy continuait à m'observer d'un air sceptique. Je retins un soupir énervé. Elle commençait sérieusement à me courir sur le système celle-là...
- Oh-mon-Dieu, s'exclama soudainement la voix suraigüe d'Antony. Mais il est déjà 7h 45 ! Sophie, viiiite, la télé !!
Je fronçai les sourcils. Mais de quoi parlait-il encore ?
- La télé ? répétai-je. Il y a quoi à la télé ?
Laëtitia eut un gloussement amusé puis se pencha vers moi, les yeux brillants, un sourire moqueur sur les lèvres.
- Il était en stage chez une esthéticienne cette semaine, et une chaîne télé est venue faire un reportage dans leur salon. Ça passe ce soir aux infos, alors monsieur est comme un dingue. Non parce que tu comprends, il va passer à la télé !
Un ricanement fit échos à ses paroles. Réajustant son décolleté, Jessy s'était redressée pour s'approcher du canapé, dandinant lentement son derrière trop gras.
- Moi c'est surtout sa tronche couverte de cire qui m'intéresse, s'amusa-t-elle en s'appuyant sur l'accoudoir du sofa.
Antony lui jeta un coussin à la figure. Derrière lui, Sophie avait quitté ses pizzas pour remuer le bazar qui s'entassait sur le petit meuble du salon.
- T'es juste jalouse toi, rétorqua le précieux avec une moue suffisante. Vous allez voir, je suis la reine de ce reportage.
Sophie éclata de rire avant d'aller ouvrit un nouveau tiroir. Ses éclats de voix vinrent rejoindre ceux de Laëtitia qui s'était jetée dans les coussins du sofa, le bol de bonbons entre les mains.
- La reine, rien que ça ? s'esclaffa la petite brune.
- Eh, tu ne connais pas le titre du reportage ? ironisa Sophie. C'est « la reine aux cheveux roses se refait le maillot » !
J'eu un sourire. Cette bande d'imbéciles heureux me semblait si réelle par moment. Presque sincère, innocente. J'appuyai mes coudes sur le bar. Sa petite moue de chien battu sur le visage et ses bras ostensiblement croisés sur son torse, Antony s'était enfoncé dans le canapé.
- Tsss. Taisez-vous, vous êtes toutes des jalouses ! bougonna-t-il. Aller So', tu l'allume cette foutue télé ?!
- A tes ordres Elisabeth.
Laëtitia étouffa un énième gloussement tandis que Sophie actionna la télécommande. L'écran s'illumina aussitôt et un homme aux cheveux blancs, les mains posées sur un bureau beaucoup trop propre pour être crédible, nous fit face.
« ... occasion de la journée nationale de la beauté et du corps, nous sommes partis à la rencontre de... »
- Aaaah ! S'excita brusquement Antony en battant des mains. C'est moiiii ! Regardez, c'est ça !!
Jessy le fit taire avec un coussin. Ravalant un rire, je plissai les yeux, concentrant mon regard sur l'écran. Oui, c'était lui. Une petite blouse bleue nouée à la taille, ses mèches roses ramenées en chignon sur le haut de son crâne et une légère touche d'eyeliner au coin des yeux. C'était bien lui. Antony dans toute sa splendeur, souriant comme un gosse. Il était lumineux. Accoudé à une table, les bras entortillés devant lui, il fixait la caméra d'un air malicieux, les pupilles pétillantes de bonheur. Cela m'arracha un sourire.
Antony avait toujours été ce genre de personne qui aimait jouer les divas sous le feu des projecteurs. Toujours très propre sur lui, constamment vêtu de fringues colorées avec des touches de paillettes sur le visage. Une vraie petite princesse. Il me fascinait. Cette excentricité, ce courage d'affirmer sa différence. Certes il pouvait sérieusement m'agacer par moment, mais au fond de moi, je l'admirais. J'admirais sa force et sa fierté. J'admirai cet homme pour oser être lui-même. Je savais que ce n'était pas facile. Je savais que ses sourires n'étaient que des façades eux-aussi.
S'il était ce garçon solaire et rayonnant, il était aussi ce garçon au corps trop grand et aux yeux trop petits. Ce garçon trop maigre et mal dans sa peau. Cette insupportable boule d'énergie qui ne demandait qu'à exploser au grand jour. Bien dans ses baskets et sans personne pour le juger. Et là, sur cet écran, ses pinceaux dans les mains et son sourire radieux étalé sur le visage, oui, là, il ne m'avait jamais paru aussi heureux. La diva devenait reine de cinéma.
Un battement de mains me tira brutalement de mes pensées. Devant moi, debout au milieu du salon, Antony sautait sur place en agitant ses bras dans les airs.
- Alors ?! s'extasia-t-il en continuant de tressauter sur place. J'étais comment ? C'était pas trop parfait ?
Laëtitia gloussa bruyamment tandis que Jessy se détacha du canapé. Sur l'écran, le présentateur continuait à faire défiler l'actualité d'un ton las.
- Trop parfait, c'est le mot, assura Sophie avec un hochement de tête amusé.
- Je dirais même plus, enchaina Laëtitia en riant, parfait ce fut trop !
- Exactement, trop parfait c'était, ajouta Jessy en faisant bruyamment claquer sa langue sur son palais.
Je pouffai tandis qu'Antony se renfrogna sur lui-même. Dissimulant son rire, Sophie se leva pour venir enlacer ses épaules.
- On plaisante chat, on plaisante.
- Mais oui, assura Laëtitia en les rejoignant. T'étais parfait ! Une vraie bombe de l'esthétisme !
- Mouais, bouda-t-il. Vous êtes des méchantes.
Et tous les trois entamèrent une sandwich-party humaine. Un spectacle décidément ravissant. Je levai les yeux au ciel. Jessy, le regard rivé sur l'écran de son téléphone, m'avait rejointe près du bar. Je lui tendis un bol de bonbon qu'elle refusa. Haussant les épaules, je ramenai le bol contre mes genoux et piochai dedans. Elle n'avait pas tort, son derrière était déjà suffisamment volumineux comme cela...
« Avant de finir, nous venons d'être informé qu'un nouveau fait-divers a eu lieu il y a quelques heures dans notre chère capitale... »
Sophie quitta le gang des saucisses pour se rapprocher de nous. Les yeux brillants, elle glissa une main dans mon bol de bonbons répugnants avant de se tourner vers l'imposante blondasse au gros derrière.
- Tiens, s'amusa-t-elle. Jess, regarde, ils parlent de toi ! Je t'avais pourtant bien dit de ne pas massacrer ton proprio aujourd'hui...
La grande blonde marmonna quelques injures ravissantes puis se détourna. Susceptible celle-là. J'engloutis une énième boule de sucre chimique. Des clichés de camions de police commençaient à défiler sur le téléviseur.
« Ces images témoignent une nouvelle fois de la violence qui sévit dans ces quartiers de non droit, où a eu lieu la troisième fusillade inter gang depuis le début du mois... »
Ma main vint se perdre dans le bocal. La troisième fusillade en un mois ? Eh ben purée, cela m'étonnait presque qu'il y ait encore des survivants là-bas. Lâchant un soupir, je m'accoudai nonchalamment au bar, le regard perdu dans le flot d'images qui défilait sous mes yeux. Sophie était retournée à ses pizzas et les deux imbéciles heureux continuaient à se faire des mamours dans le canapé. Génial. J'engloutis un énième bonbon. Une foule, des gyrophares et la voix morne d'une journaliste. Ennuyant à mourir.
« ...blessé grave. Ses assaillants se sont enfuis avant l'arrivée de la police. D'après la... »
Je fronçais les sourcils. Quelque chose venait soudainement d'agripper mon attention. Au milieu de cette masse difforme de couleurs et de bruits, une casquette. Une casquette Mickey. Des cheveux blonds. Des joues rougies par des larmes. Gady. Le sweat à moitié défait, son couvre-chef tordu sur le côté, agrippé par deux hommes en uniformes. Gady, le visage ravagé par des pleurs, défiguré par une grimace atroce. Gady, à moitié au sol, qui se démenait en hurlant. Gady.
Le bol de friandises me glissa des mains pour venir se briser sur le sol.
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Heyyy ! Le chapitre 26 is in the place !!
Bon, il vous faudra encore patienter un petit peu pour comprendre ce qui est arrivé à Gadie (désoléééé). Mais maintenant au moins vous n'êtes plus les seuls à être au courant, Mélina is in the place elle aussi !! ^^
J'espère que ce chapitre vous aura tout de même plu. On redécouvre Mélina dans son milieu de bullshitage permanent. On ne se refait pas aussi facilement hein... 😬
Qu'est-ce que vous en avez pensé ? Anthony, Jessy and co, ils vous ont plu ?
Merci encore énormément de continuer à me suivre et à commenter, j'adore, vous êtes beaucoup trop géniaux ! 😍
La suite dans un semaine !!
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