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Chapitre 23

Mélina

« Non, je crois que tu n'as pas vraiment compris ce que je viens de t'expliquer. La mairie s'apprête à suspendre vos subventions. Et quand je dis suspendre, je veux bien dire suspendre. C'est fini la pompe à fric. Du genre fini. Plus rien. Zob. Nada. »

A ces mots, le garçon ouvrit de grands yeux. Sa peau pâlissait à vue d'œil. L'incompréhension et l'inquiétude se lisait clairement sur son visage. Fronçant les sourcils, il battit nerveusement des paupières, la bouche entrouverte, semblant chercher ses mots.

-    Je... balbutia-t-il d'une voix étranglée, attends je, je ne comprends pas... Comment ça elle s'apprête à suspendre nos subventions ? Pourquoi ? Comment ? Pourquoi j'étais pas au courant ? Pourquoi elle ne nous subventionne plus ? Je... enfin.. Merde, comment ça ?

D'impressionnantes cernes sombre creusaient ses grands yeux clairs. Je le fixai avec peine.

-    Vos locaux ne sont plus aux normes, expliquai-je sur un ton qui se voulait neutre, surtout au niveau de la sécurité. Rien n'est adapté pour une évacuation d'urgence en cas de danger, le système électrique présente de failles inquiétantes ainsi que des risques d'échauffements, il n'y a aucun accès handicapé, les structures et fondations du bâtiment sont beaucoup trop datées, et le toit présente de nombreuses fuites... Je passe les consignes d'hygiène et propreté. Le fait est que la mairie ne veut plus vous subventionner, et si elle ordonne une visite de contrôle dans les jours qui suivent, je peux vous assurer à 2000% que votre théâtre sera fermé.

L'espèce de dinde à lunettes qui se tenait à mes côtés laissa échapper un petit cri horrifié. J'haussai un sourcil vers elle. Ma super copine Louise-au-chignon-immonde avait plaqué sa main devant sa bouche. Ben tiens, elle ne m'avait pas manquée celle-là.

Face à moi, mon nouveau compagnon d'infortune passa nerveusement ses doigts dans ses cheveux sombres, ruminant des injures. Il semblait effaré, complétement dépassé par les évènements. De toute évidence, rien de ce que je venais de lui dire ne l'avait inquiété jusqu'à présent. A moins qu'il n'ait jamais été au courant de ces problèmes... Il ne m'avait pourtant pas fallut plus d'une heure pour me rendre compte de l'ampleur des dégâts.

Avant de partir pour la Corée, Papa m'avait laissé sa mallette ainsi qu'une clé d'accès à l'ensemble du dossier sur le site de sa boite. Des décennies de paperasse et de chiffres à étudier et à analyser... Un véritable bonheur. J'y avais passé deux jours, nuits comprises, la tête plongée dans ces fichus dossiers et le cerveau carburant au café. Mon esprit était allé de consternation en consternation : ce n'était pas la faillite qui touchait ce théâtre, mais la ruine, le désespoir. La débâcle totale. Rien n'allait.

Le système de sécurité était tout simplement mort. Alarmes incendie, caméras, capteurs, contrôle du système électrique... Ce pathétique tas de bois menaçait de prendre flamme à tout bout de champ. Sans parler du risque de voir le plafond nous tomber sur la tête d'une seconde à l'autre... Depuis l'inondation, il y a deux ans, les murs étaient gorgés d'eau, les poutres rongées par la moisissure, et la toiture complétement fracassées. Le constat des dégâts aurait découragé n'importe quel couvreur ou menuisier, si tant est que quelqu'un ait essayé d'en contacter un. Sans compter l'état du sol, complétement pourri. Et ce n'était qu'une infime partie du problème.

-    Merde de merde de merde, ruminait le garçon en continuant à agripper ses mèches noires.

J'eu une mine désolée. Il se tourna vers moi, libérant ses cheveux pour venir harceler le pan de son sweat.

-    Et donc c'est à cause de ça que le théâtre va être vendu ?

J'eu un mouvement d'épaule maladroit.

-    En autre... il y a encore pas mal d'autre facteurs : les partenariats, les...

-    Putain.. !

Je me tus aussitôt, interdite. Un léger courant d'air vint faire valser une de mes mèches brunes. Mais qu'est-ce que je faisais là moi ? Je pensais être tranquillement venue récupérer les documents qui manquaient à ma collection « Épave théâtrale au bord du gouffre », et voilà que je me retrouvais à annoncer la fin du monde à un malheureux garçon dont les cheveux étaient beaucoup trop longs pour être vrais. Comment s'appelait-il déjà ? Tom ? Thomas ?

-    Comment ça se fait qu'on n'ait pas été mis au courant ? s'emporta-t-il en agitant désespérément ses bras dans les airs. On se réuni toutes les trois semaines, on vous envoie des comptes rendus chaque mois... Pourquoi on n'a pas eu ces infos là ?!

-    Je... j'en sais rien.

-    Comment ça t'en sais rien ?! s'exclama-t-il brusquement. Bon sang, mais tu bosse bien dans leur boite ! Comment ça se fait que t'en sache rien ?!

J'eu un mouvement de recul, surprise. Wow. Alors il allait se calmer tout de suite le zouave. J'étais venue en paix moi. S'il osait encore une seule fois me...

-    Tommy, voyons ! gronda Louise.

Je me figeai sur place. Bon sang, je devais sérieusement avoir touché le fond pour que miss-tête-à-claque vienne à ma rescousse. Secouant la tête, je me tournai de nouveau vers « j'ai craqué mon slip »'s guy.

-    Non, je n'en sais rien. Répliquai-je sur un ton agacé. Je m'occupe du dossier depuis à peine deux jours, alors tu m'excuseras si j'ai besoin d'encore un peu de temps pour réunir toutes les infos dont j'ai besoin.

-    Comment cela tu t'en occupe depuis deux jours ?

-    C'était soit ça, soit ton théâtre partait à la casse sans même avoir la chance de combattre.

Il se tut. Ce n'était pas trop tôt. Inspirant longuement, il plissa les lèvres. Ses pupilles grises étaient toujours fixement posées sur moi.

-    Ça ne m'explique pas pourquoi, alors que nous avions envoyé plusieurs mails, que personne n'ait daigné venir à nos réunions mensuelles, répliqua-t-il d'un air sombre.

-    Je n'en pas la moindre idée non plus.

Monsieur le névrosé poussa un lourd soupir et croisa ses bras sur sa poitrine, l'air soudainement épuisé. Il fixait le sol d'un air las. Une de ses mèches grasses glissa sur son front pour venir gratter son menton. Je relevai les yeux vers lui. Son soudain silence m'inquiétait. Plissant les paupières, je le scrutais du regard. Il avait le visage d'un homme usé, rongé par la fatigue. Ses yeux étaient ceux d'un vieux soldat, ceux de quelqu'un qui semblait avoir déjà tout connu, tout vécu. Pourtant il ne me paraissait pas si vieux. Une mâchoire osseuse, un front boutonneux, des lèvres pleines et un nez cassé. Un certain charme se dégageait de sa silhouette longiligne. Une beauté toute particulière. Quelque chose de mélancolique. Une once de tristesse et de colère. Un démon fragile et torturé.

-    Alors qu'est-ce qu'on fait ? lâcha-t-il d'une voix épuisée en appuyant son front sur sa paume.

Je sursautai. Le grain rauque de sa voix me ramena brusquement à la réalité. Pinçant mes lèvres, je lui adressai un mince sourire rassurant. Un démon... non mais je t'en ficherai moi des démons.. !

-    J'ai quelques idées, répondis-je prudemment. Rien d'extraordinaire pour le moment, mais j'ai commencé à réfléchir...

-    A la bonne heure...

-    Tommy !

-    Mais avant cela, continuai-je sans relever sa remarque, j'aimerais bien rencontrer l'ensemble du bureau. Pour que je puisse en discuter avec tout le monde et me rendre vraiment compte de l'ampleur du problème.

Tommy plissa les yeux, passant une main fatiguée sur son visage. Un soupir s'échappa de ses lèvres.

-    Ça ne devrait pas être un problème, lâcha-t-il, on se réunit en fin de semaine pour...

Un lourd fracas retentit brusquement dans la salle, coupant mon nouveau meilleur copain dans sa tirade.

« Purée mais fais gaffe ! »

Je me retournai aussitôt. Sur scène, un grand type au cheveux bouclés agitait les bras dans les airs tandis qu'un autre, plus petit et au teint basané, se frottait douloureusement les genoux sur le sol. Une masse, semblable à ce qu'un aveugle borgne tétraplégique aurait pu qualifier de trône, gisait tristement derrière eux. Une fraction de seconde suffit pour qu'une flopée de crétins emplumés se déverse sur la scène, empêchant le plus grand d'assouvir ses élans meurtriers sur son sympathique petit camarade. Une poule géante et un homme de Cro-Magnon défroqué s'accroupirent pour redresser le malheureux siège déchu, tandis qu'une créature d'origine inconnue à la crinière rousse aida à relever l'homme qui gisait à terre. Je ne saurais décrire le sentiment de désespoir qui s'emparait de moi... Comment se faisait-il que l'autre excité s'étonne encore de la ruine de son précieux théâtre ? À ce rythme-là ce n'était plus du théâtre, mais la cour des miracles du ghetto ! 

J'allais détourner le regard quand quelque chose agrippa mon attention. Enfin, quelque chose... Quelqu'un plutôt. Une casquette mickey. Un indécrottable sweat vert. Une silhouette menue. Une ombre mystérieuse adossée au mur du fond, engloutie par les ténèbres. Je me figeai sur place. Gady.

Je n'allais pas me mentir, je l'avais cherché du regard. Un peu. Beaucoup. Ok, pour dire vrai, mes yeux n'avaient cessé les allers-retours entre mon pote le mort-vivant et l'amas de bois qui leurs servait de scène, cherchant vainement son énigmatique silouhette. Mais entre Pinocchio et le soldat Ryan, mon pauvre cœur n'avait pas réussi à suivre le rythme. J'en étais presque venue à craindre de le voir brusquement surgir en Betty Boop sur un tank du troisième Reich, c'était dire... Mais non, mon cœur pouvait se remettre de ses émotions, Gady n'était pas sur scène en train d'hurler une chanson paillarde, ni même en coulisse à tenter vainement d'enfiler une combinaison rose ultra-moulante. Il était tout simplement là, adossé à un mur, les bras croisés sur son torse, le visage dissimulé derrière la visière de sa casquette. C'était... C'était tellement lui.

Je fis rapidement courir mon regard sur son corps. Comme à son habitude, il portait son horrible assortiment de fringues trop grandes et trop vertes. A croire qu'il n'avait rien d'autre à se mettre sur le dos. Hochant la tête, je le voyais mouvoir ses mains devant lui tandis qu'il parlait. Dans un mouvement souple, il se tourna vers la droite. Je fronçai les sourcils. A ses côtés, une Marie-Antoinette à la perruque vertigineuse agitait vulgairement ses bras dans les airs en faisant valser les pans d'une robe atroce sur le sol. Sa copine aux gros nibars de la dernière fois. Ben tiens, il se faisait plaisir à ce que je vois. Elle fit un geste vers nous. Je détournai aussitôt la tête.

-    Hum.

Sursautant, je relevai les yeux. La tête légèrement penchée sur le côté, Tommy me regardait d'un drôle d'air, les bras croisés sur sa poitrine.

-    Dis-moi, commença-t-il d'un air pensif, ce ne serais pas toi la copine de Gady par hasard ?

Je sentis littéralement mes joues rougirent de honte. Agitant stupidement les bras dans les airs, je secouais la tête. Comment cela « la copine à Gady » ? Copine du genre... copine ou... Mince, mais comment le savait-il en plus ?!

-    Hein ? m'exclamai-je d'une voix étranglée. Je... Oui enfin, on est amis, c'est tout... Je... Oui.

Un mince sourire se dessina sur le visage anguleux du garçon. J'avais l'effroyable impression qu'il se payait ma tête. Et je ne supportais pas cela.

-    Mélina, c'est bien ça ? demanda-t-il d'une voix amusée.

Je me renfrognai, croisant les bras sur ma poitrine. Mon sac vint frapper contre ma hanche dans un cliquetis bruyant.

-    Super, ton Alzheimer n'a pas encore atteint un stade trop avancé ! Raillai-je agacée. Maintenant que cette réjouissante constatation sur ton état de santé est faite, on peut se reconcentrer sur le sujet qui nous intéresse ?

-    Ah mais je suis tout ouïe, répliqua-t-il avec un grand sourire.

-    Je te parle de ton théâtre en ruine.

Son sourire s'éteignit aussitôt et il laissa ses bras pendre lamentablement de chaque côté de son corps. Voir de nouveau cette mine torturée sur son visage m'apaisa presque. J'étais décidément une créature terriblement pathétique...

-    Ouais, j'avais compris, marmonna-t-il.

J'agrippai la bride de mon sac afin de le repositionner sur mon épaule. Meldy s'il te plait, pourrai-tu essayer de retrouver un minimum de crédibilité ? Parce qu'on avait atteint un stade rare de loositude là...

-    Et j'ai toujours mes documents à récupérer... précisai-je en glissant une mèche de cheveux derrière mon oreille.

Tommy m'observa quelques instants puis hocha la tête d'un air entendu.

-    Oui, je n'avais pas oublié, articula-t-il, mais je pense qu'il serait important de les prévenir eux aussi, avant toute chose.

En disant cela, il tendit un bras en direction de la scène. Mes yeux suivirent son geste pour se retrouver immédiatement aimantés par mon irrésistible créature encapuchonnée. Cette dernière s'était détachée de son mur et avançait à reculons vers les coulisses. Un sourire se dessinait sur son visage, presque un rire. Je sentie mes joues s'échauffer. Face à lui, la blondasse aux lèvres trop roses étouffait des gloussements pathétiques. Sans blague ? Elle était capable de faire de l'humour audible cette grue à paillettes ? La chaleur monta jusqu'à mes oreilles. Pitoyable.

Agacée, je me tournai de nouveau vers Mister Men in black.

-    Mouais, grognai-je d'une voix étouffée. Après, je n'ai pas envie d'inquiéter tout le monde sans être au fait de tout l'ampleur du problème... Je pensais en parler d'abord aux responsables pour éviter que tout le monde ne s'inquiète trop vite...

-    Si ce que tu viens de me dire est vrai, le leur dire maintenant ou dans trois jours ne changera pas grand-chose, répliqua-t-il d'une voix lasse. Et je préfèrerai les en informer dès maintenant, on n'a déjà presque plus de temps...

Acquiesçant de la tête, j'agrippai de nouveau mon sac. Tommy m'adressa un regard entendu puis pivota sur lui-même pour faire face à la scène. Il porta ses mains au niveau de sa bouche.

« Oh les gars, beugla-t-il d'une voix forte, un peu de calme s'il vous plait ! J'ai quelque chose d'important à vous annoncer... »

Le brouhaha qui régnait dans l'espace se calma quelques instants, puis une dizaine de créature effroyables se rassemblèrent au le centre de l'estrade. Le bourdonnement incessant avait repris, plus intrigué qu'auparavant. Plissant les yeux, je suivis d'une attention distraite l'amassement de la troupe « tarés and co ». Marie-rienàfoutre et son décolleté affolant s'était frayée un chemin à travers la foule pour rejoindre Tommy au pied des gradins. Un frisson d'angoisse commençait à envahir mon corps. Je ne le voyais pas. Ni avec sa copine immonde, ni même encastré dans un mur. Nulle part. Pas l'ombre d'une casquette ou d'un sweat en vue. Non. Rien. Il avait disparu.

Je triturai avec une angoisse nouvelle la boucle de mon sac, un gout amer de tristesse dans la bouche. Peut-être m'avait-il vu. Peut-être avait-il préféré fuir. Mais pourquoi ? Et pour aller où ? Il était pour ainsi dire la seule véritable raison de ma présence ici, et voilà qu'il fuyait. Lâcheur. Un sanglot déçu vint mourir dans ma gorge. Je secouai vivement la tête. Mélina mince ! Reprends-toi ! Réordonnant maladroitement le désordre de ma chevelure, je battis brièvement des paupières et emboitai le pas de Tommy. Louise me suivit.

La plupart des acteurs s'étaient assis sur le devant de la scène, les pieds dans le vide et leurs plumes dans les cheveux. Marie-bidule agrippait fermement le bras squelettique du noiraud, l'interrogeant du regard avec insistance. Je laissai échapper un soupir. Une vraie girouette celle-là...

-    Bon, les gens, commença Tommy, vous le savez déjà mais le théâtre traverse une passe difficile en ce moment...

J'haussai un sourcil. Une « passe difficile », vraiment ? Ouah, c'est beau l'optimisme...

-    Mais, le fait est que je viens d'apprendre que la réalité est encore plus terrible que ce qu'on pensait.

Une petite rondouillarde en tutu fronça les sourcils d'un air perdu. Je retins un sourire. Vas-y Tommy, essaye d'être encore plus clair pour voir...

-    En fait le théâtre est sous contrat de vente.

Des chuchotements surpris s'élevèrent dans la pièce.

-    D'ici trois mois, si rien ne change, on pourra lui dire bye-bye...

Marie-truc lâcha le bras de son nouvel amant pour le fixer avec horreur. Quand je disais que c'était une girouette cette fille...

-    Attend, s'inquiéta un type à lunettes, comment ça il est sous contrat de vente ?

-    Il est déjà vendu ou il risque d'être vendu ? enchaina une fille au costume de policière.

-    Meeerde mais depuis quand ?!

Les questions commencèrent à fuser de toutes part. Une foire. Incompréhensible. Je le savais. Annoncer les choses de cette manière ne mènerait à rien. Et puis c'était quoi cette expression ? « Trois mois et bye-bye »... On ne pouvait pas faire plus vague et incompréhensible. J'adore, vraiment.

-    Ah mais laissez-moi expliquer, merde à la fin ! s'agaça Tommy.

Enfin un peu d'autorité. Bravo Dracula ! Si cela ne tenait qu'à moi, je t'applaudirais !

-    Je n'en savais rien non plus ! se justifia-t-il d'une voix excédée. C'est elle qui vient à l'instant de me l'apprendre.

Tommy avait tendu un bras vers moi. Je relevai immédiatement la tête. Attends mec, ne me dis pas que...

-    D'ailleurs, elle vous expliquera toute l'ampleur de problème mieux que moi.. !

Ah t'es un bâtard Dracula, un énorme bâtard. Une dizaine de paires d'yeux se posèrent presque aussitôt sur moi. Impressionnant, angoissant. Je tentai un léger sourire. Echec. Louise se recula de quelques pas. Je lui jetai un regard méprisant. Lâcheuse. Inspirant un grand coup, je relevai la tête vers la petite assemblée. Un frisson pesant parcouru mon dos. Fuis Meldy, fuis.

-    Euuh... bafouillai-je. Oui.

Ma voix tremblait. Depuis quand est-ce qu'elle tremblait celle-là ? Je n'avais jamais été... angoissée comme cela. Du moins, je ne l'avais jamais laissé autant paraitre. Ridicule. Reprends-toi Mélina ! Tu ne vas quand même pas laisser la bonniche de l'accueil au chignon gras te sauver la face une seconde fois ?!

Je me raclai la gorge.

-    Votre théâtre ne bénéficie plus des subventions de la mairie, annonçai-je d'une voix plus forte. Il n'est plus aux normes, et, comme vous le savez déjà, ses comptes sont dans le rouges depuis plusieurs années. En gros pour la faire courte, il n'est plus assez « rentable » pour les investisseurs donc il va être vendu, puis sûrement reconverti en autre chose, ou rasé... On ne sait pas encore quoi.

Un silence de plomb avait envahi la pièce. A la fois lourd et terrible. Un silence de mauvaise nouvelle. Je laissai mon regard balayer l'assemblée. Tous me fixaient d'un air horrifié, comme si je venais de leur annoncer la fin du monde. Le garçon au teint basané qui avait failli mourir décapité tout à l'heure faisait furieusement osciller son regard entre mon visage et celui de Tommy, comme s'il espérait que l'un d'entre nous ajoute quelque chose. Comme s'il souhaitait qu'on lui annonce que tout cela n'était qu'une vaste blague. J'eu un pincement au cœur. Non, ce n'était pas une blague. Mes yeux se rivèrent sur le sol.

-    Putain de capitalisme de merde, jura une voix en brisant le silence.

-    Ta gueule Marx.

Je relevai la tête. Des voix commençait peu à peu à s'élever dans l'espace. Hésitantes, elles se firent de plus en plus puissantes.

-    Mais, qu'est-ce que t'entends par plus aux normes au juste ?

-    Depuis quand est-ce qu'il est mis en vente ?

Sans que je n'eusse le temps de répondre, les questions vinrent m'assaillir, m'agresser. Une à une, comme jeter à la pelle à ma figure. Aucun répit ne m'était plus accordé. Je comprenais un peu mieux la détresse de Tommy...

-    Merde mais taisez-vous et laissez-la répondre ! S'agaça une petite blonde. On ne comprend rien là !

Et voilà, je venais une nouvelle fois de perdre toute crédibilité. Mes doigts vinrent rageusement pincer le coin de mon coude. Je crois que je haïssais ce théâtre.

Mais son intervention s'était néanmoins révélée efficace, le silence avait de nouveau subitement envahi l'espace. Tous les regards étaient posés sur moi, même celui de la pétasse aux gros boobs. Su-per.

-    Il est trop vieux, trop dangereux... commençai-je d'une voix lasse. Il y a beaucoup trop de travaux à faire. Et puis il n'est plus assez attrayant. Il n'y a qu'à regarder vos partenaires, ils vous lâchent tous un par un. Ce théâtre est tout aussi ruiné qu'en ruine.

-    Et est-ce qu'on peut faire quelque chose ? interrogea la blondinette avec une moue inquiète. Ce n'est pas foutu foutu tout de même ? Si ?

J'haussais les sourcils d'un air blasé. Cela, c'était la question que je m'étais posée pendant deux jours, et à laquelle j'aurais sûrement déjà trouvé une réponse si je n'étais pas malencontreusement tombé sur ton metteur en scène sénile chérie...

-    Et bien... hésitai-je tout en réfléchissant. Il faudrait déjà essayer de remettre le théâtre sur ses pieds, réparer tout ce qui doit être réparé. En gros le remettre aux normes pour récupérer les subventions de la Mairie. Puis essayer de déplacer vos recettes vers le vert, le rendre plus attractif, créer de nouveaux partenariats... enfin je ne sais pas. Obtenir d'ici trois mois les garanties suffisantes que ce théâtre peut redevenir rentable, ou alors quitter le navire.

-    D'ici trois mois ?!

-    Quand les papiers de la vente seront officiellement signés.

Nouveau silence. J'en aurais presque été déçue. La blondasse avait une nouvelle fois agrippé le bras de son prince des ténèbres et me fixait avec un drôle de regard. Je serrai les dents. Bon sang, mais qu'est-ce qu'elle avait celle là ?!

Quelques murmures timides vinrent maladroitement briser le silence. Un à un, les membres de la troupe se penchèrent vers leurs voisins pour marmonner quelques paroles inaudibles. Je laissai échapper un lourd soupir. Tout cela commençait sérieusement à me prendre la tête. Une vibration se fit sentir contre ma cuisse. Mon téléphone.

            Farfouillant dans mon sac, je le retirai et déverrouillai brièvement l'écran d'accueil. Sophie.

« Salut belle endormie ! Enfin, j'ose espérer qu'à une heure pareille je ne te réveille pas... Dis-moi, serais-tu libre pour une petite soirée alcoolisée ? Call me girl ! We need to talk !! Miss you. <3 »

            De l'anglais. Wow, elle faisait dans l'original dites-moi... Etouffant un énième soupir agacé, je relevai la tête. J'en avais officiellement marre.

-    Bon, déclarai-je finalement d'une voix suffisamment forte pour que tout le monde puisse m'entendre, je comprends que tout cela vous surprenne et que ça ne soit pas vraiment clair. Le fait est que ce ne l'est toujours pas pour moi non plus, il me manque quelques dossiers à consulter... Mais une fois que je l'aurais fait, je ferais parvenir un mail à... Tommy, pour que vous sachiez tous de quoi il en retourne précisément. Et puis, j'aimerais organiser une réunion en fin de semaine avec tous les membres de l'association pour trouver une solution. Ceux qui veulent venir seront les bienvenus.

-    En fin de semaine ?

-    Oui, à la place de la réunion du bureau, précisa Tommy.

-    D'ici là, ajoutai-je en fourrant nonchalamment mon portable dans mon sac, vous aurez le temps de réfléchir à des solutions, et de prendre connaissance des documents que je vous ferais parvenir.

Un nouveau bourdonnement insupportable s'éleva dans la salle. Super. Je devais fuir, rapidement.

-    Mais je ne suis pas là ce weekend ! s'exclama une voix.

J'étouffai un juron. Mais qu'est-ce que ça pouvait me foutre Ducon ?

-    Je ferais un compte rendu, ne t'inquiète pas, répliqua Tommy.

Un à un, les monstres costumés se relevèrent, échangeant entre eux des réflexions toutes plus constructives les une que les autres... « putain ! », « fait chier.. », « ça craint.. ! », « mais qu'est-ce qu'on va faire ?! », « aucune idée... » Je levai les yeux au ciel. Ouah... Sûr avec eux, on ira loin !

Louise-truc se détacha de moi pour aller discuter avec la petite blonde de tout à l'heure. J'étais enfin libre. Agrippant nerveusement mon sac, je tournai les talons et me dirigeai d'un air décidé vers la sortie, sans un regard pour la foule qui se tenait derrière moi. J'allais récupérer ces fichus documents dans le bureau de mon père, puis me casser d'ici, et fissa.

Mais alors que j'atteignais enfin la porte de ma libération, une main m'agrippa fermement le bras. Je me dégageai brutalement. Bon sang mais quoi encore ?! Qui était l'immonde fils de chien qui avait osé me toucher et réduire à néant mes rêves de liberté ?!

-    Oooh calme-toi, s'amusa une voix derrière moi. Je ne vais pas te bouffer, promis !

Je me retournai brusquement. Miss gros nibard en personne. Merde. J'allais commettre un meurtre.

Une main sur sa hanche, un sourire idiot sur le visage, Gratin-girl ne me lâchait pas du regard. Son bras tremblait nerveusement. Je plongeai mon regard dans le sien. Bon, qu'est-ce qu'elle me voulait encore celle-là ?

-    Je... hésita-t-elle, tu te souviens de moi ?

J'haussai un sourcil. Sérieusement ?

-    Oui, rétorquai-je d'une voix agacée.

Elle eut un rire crispé. Sa main vint pathétiquement balayer l'air.

-    Ah. Super ! Parce que c'est vrai qu'avec le costume tout le monde ne...

-    Ouais super, la coupai-je d'un ton sec. Ce n'est pas que ta conversation m'ennuie mais là je vais devoir y aller, ok ? 

Je la vis écarquiller les yeux d'un air perdu. Presque angoissé.

-    Ah non mais...

-    Aller salut.

Au loin, la lourde voix de Tommy beugla un nom.

-    Oui c'est bon Tom, s'exclama-t-elle d'une voix aiguë, deux minutes !

C'était cela, deux minutes. Aller ciao chérie ! Sans prêter plus d'attention à cette créature insupportable, j'ouvris les battants de la porte et m'éclipsai de cette salle obscure. De lourds rideaux griffèrent mon visage puis un brusque éclat de lumière vint agresser ma rétine. Comme un vent violent de liberté. Je relevai la tête vers les rayons éclatants du soleil. Enfin !

..............................

Hey !! Je suis terriblement désolée pour ce retard... honteux.

En plus j'étais déter de fou mais, la rentrée est passée par là, les cours, les exams... la bière... Pas bien la bière ! Vilaine !

En fait je n'ai pas vraiment d'excuse, alors je vous demanderais de ne pas trop m'en vouloir. J'espère malgré tout que mon histoire vous plait encore.

Je me suis peut être un peu trop étalée sur ce chapitre dans lequel j'avais prévu plusieurs autres éléments... mais du coup la suite arrivera demain (si je vous l'assure, elle est déjà écrite ! Je me suis juste dit que si je vous donne les deux d'un coup ça allait faire très long... Et je n'ai pas envie de vous dégouter de mon histoire..)

Enfin voilà, qu'en avez vous pensé ? La petite jalousie naissante de Mélina. Les problèmes du théâtre... Donnez-moi vos impressions ça me fait toujours hyper plaisir, et puis ça m'aide à m'améliorer !

Merci encore de continuer à me suivre malgré l'irrégularité flagrante de mes publications. J'aime vraiment beaucoup cette histoire mais j'ai beaucoup trop peu de temps pour l'écrire, ce qui m'agace...

Encore désolée

A demain !!

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