Chapitre 19
Mélina
Ses doigts enroulés autours des miens, sa paume chaude contre ma peau, Gady me guidait à travers un sentier de terre. Les yeux fermés, les joues rouges, je ne voyais rien. L'air était humide. J'entendais le vent bruisser dans des feuillages, souffler dans mes cheveux, rafraichir ma nuque. Nous étions dans un parc. Enfin, je le supposais. Je n'avais aucune idée du lieu où cet incroyable blond m'emmenait. J'osais croire à un parc. Dans tous les cas, je pouvais toujours hurler.
Mon cerveau était embrouillé. Je sentais le sang affluer avec excès dans mes tempes. Ma respiration était rapide. Je n'arrivais pas à réfléchir. La sensation de sa main dans la mienne me perturbait trop. Beaucoup trop. Les pulsations de son cœur, battant au rythme du mien. La douceur de sa peau. Je resserrai les doigts. Je ne voulais pas le lâcher. Jamais.
- Tu m'emmène où bon sang..?! râlais-je un nouvelle fois en essayant de me rapprocher de lui.
Un rire léger parvint à mes oreilles. Doux. Comme la brise. Il ralenti le pas.
- Pour la troisième fois : c'est une surprise.
J'étouffai un grognement. Une surprise. La belle affaire. Je lui avais demandé des étoiles moi, pas une balade en pleine forêt les yeux clos. Non que cela me déplaise vraiment de marcher à ses côtés, mais ma stupidité avait ses limites. Mon kidnappeur en sweat pouffa légèrement.
- Ahlala... Soupira-t-il d'une voix amusée, incroyable d'être impatiente comme ça.
Impatiente, moi ? Non mais j'aimerais bien l'y voir. Suivre un type portant une casquette Mickey dans un parc glauque les yeux fermés... Ce n'était pas impatiente que je devrais être, mais pétrifiée de terreur. Hurler à la mort. Lui rompre le cou. Ne se rendait-il pas compte de tous les efforts que j'étais en train de faire ? Cela faisait dix minutes que je prenais sur moi et il osait se plaindre ? Tsss... Décidément, les ravisseurs n'étaient plus ce qu'ils étaient...
- Euh, je suis une princesse ok ? rétorquai-je d'un air boudeur. Alors je suis impatiente si je veux..!
Il gloussa. Tirant doucement sur mon bras, il me fit faire un écart. J'esquivai d'un pas. Wow. Le retour de la poule.
- Tu prends ton rôle beaucoup trop à cœur, constata-t-il.
- C'est parce qu'il me colle à la peau.
Sa main se resserra autour de la mienne et il s'approcha de moi.
- Je vois ça, souffla-t-il, il te va comme un gant.
Son souffle vint chatouiller ma nuque, me faisant frissonner. Je me sentie rougir. Trop de flatterie. Imbécile. Mordant ma joue, je continuai à avancer. Je le sentais marcher à côté de moi. J'écoutais le léger bruissement de ses vêtements. Je n'entendais que cela. Son souffle, sa voix, le bruit de ses pas. Ils étaient mes seuls repères. Mon refuge. Mes doigts se resserrèrent. N'importe qui aurait essayé de me faire marcher à l'aveugle dans un parc comme cela, je lui aurais ri à la figure. Mais pas lui. Non. Pas lui. Il me rassurait. Entendre sa respiration calmait la mienne. Savoir sa peau contre la mienne m'enivrait. Son délicieux parfum de menthe emplissait l'air. Je soufflai doucement. C'en était presque agréable. Une seule chose me manquait vraiment. Un seul petit détail : l'éclat sublime de ses yeux de cristal. Cette flamme qui brulait dans son regard. Les stries parfaites de ses pupilles. Il ne manquait que cela pour me faire complétement chavirer.
Mon pied butta brutalement contre quelque chose et mon corps bascula en avant. Je chutai. Un frisson d'adrénaline parcouru mes veines. Les battements de mon cœur s'accélérèrent. J'allais me ramasser la figure. M'exploser sur le sol. Là. Maintenant. Je voulus pousser un cri, ouvrir les yeux. Voir le ciel une dernière fois avant de disparaitre dans la noirceur des enfers. Mais, avant que je n'aie pu faire un seul geste, un bras se glissa sous mon ventre tandis qu'une main se plaqua sur mes yeux. J'eu un hoquet de stupeur. Immobile, en équilibre sur un pied et la tête penchée en avant, je ne bronchai pas. Aucun son ne parvint à s'échapper de ma bouche pourtant béante. Que venait-il de se passer ?
- Crétin ! m'exclamai-je finalement en agitant les bras dans les airs. Imbécile ! Assassin ! Tu ne pouvais pas me prévenir qu'il y avait un rocher sur ce foutu chemin ?!
Un éclat de rire me répondit aussitôt. Je me senti tirée vers l'arrière. Une main toujours plaquée sur ma figure, m'empêchant de voir quoique ce soit, il fit glisser l'autre sur ma taille. Un frisson parcouru mon corps. Je n'en laissai rien paraitre. S'il croyait que j'allais lui faire ce plaisir... Il avait voulu de me tuer !
- Et ça te fais rire en plus ? enchainai-je furieuse. Lâche-moi, t'es pas un gentil ! T'es même plus un prince à ce rythme là !
Riant toujours, il libera ma taille pour saisir ma main. Ses doigts émirent une légère pression sur ma paume, calmant aussitôt ma colère. Il me fit avancer de quelques pas. Ce type était un magicien.
- C'était pour que tu arrêtes de râler, se justifia-t-il tout en continuant à marcher. Mais bon, force est de constater que ce n'est pas franchement une réussite...
J'eu un rire mauvais. Et en plus il continuait à se moquer de moi. Je le déteste.
- Tu te crois drôle ? m'emportai-je en tentant de me dégager. D'abord je râle quand je veux, et si je veux. Si t'es pas content t'as qu'à me laisser je t'ai rien demandé ! Et puis si tu...
- Calme-toi, me coupa-t-il en riant. Calme-toi... On est arrivé, c'est bon. Calme-toi.
Je me tue aussitôt. Comment cela on était arrivé ? Mais arrivé où ?
- Quoi ?
- Regarde... murmura-t-il.
Sa main libéra mon visage et vint se glisser sous mon menton pour me faire lever la tête. J'ouvris les yeux. Je cru défaillir.
C'était une explosion de lumière. Des lucioles. Comme la dernière fois. Des centaines de milliers d'astres, de paillettes, qui parsemaient un ciel d'un bleu sombre et profond. J'écarquillai grand les yeux, éblouie ce spectacle magnifique. Superbe. On aurait pu croire à un dôme, une bulle d'étincelles volant tout autour de nous. Une lune, parfaite et ronde, trônait un peu plus bas. Lumineuse, radieuse. Elle semblait avoir été tracée au compas, coupée au couteau dans cette nuit si délicate. Grandiose, on pouvait distinguer sur sa surface les centaines de petits cratères qui ornaient son visage pale. C'était une reine. Une reine au pays des étoiles.
L'une d'entre elles se décrocha pour traverser les cieux. Je tressaillis devant ce spectacle, serrant un peu plus la main de Gady. Une étoile filante. Une étoile morte. Si triste et si belle à la fois. Je n'en revenais pas. C'était la première fois que j'en voyais de telle.
- Vas-y, fais un vœu, me chuchota une voix douce à l'oreille.
Je sursautai, tournant aussitôt la tête. Ses grands yeux fixés sur moi, Gady me regardait avec un léger sourire. Il se tenait à côté de moi, tout près. Nos épaules se frôlèrent. Je lâchai immédiatement sa main. La chaleur me monta au visage.
- Que... quoi ? bégayai-je d'une petite voix.
Gady eut un rire. Reculant à son tour, il plongea les mains dans les poches de son sweat. Son regard n'avait pas lâché le mien. M'adressant un étrange sourire, il leva les yeux vers le ciel. De ma place, je pouvais seulement distinguer la pâleur de sa mâchoire, le reste de son visage avait disparu sous l'ombre de sa casquette.
- Un vœu. Répéta-t-il les yeux toujours tournés vers les cieux. C'est ce que l'on fait en général quand il y a une étoile filante.
Un voeu ? Je fronçai les sourcils, levant à mon tour la tête vers le ciel. Cela faisait une éternité que l'on ne m'avait pas proposé un tel jeu...
- Je... Ouais, c'est vrai...
Un rire parvint à mes oreilles. Je tournai mon regard vers Gady.
- Ne me dis pas que tu n'as jamais fait ça.. ? m'interrogea-t-il amusé.
- Ben... si, mais il y a très longtemps...
Gady se tourna complètement vers moi. Les mains toujours enfoncées dans les poches de son sweat, il s'approcha de quelques pas.
- Pas de vœu, pas d'arcade... énuméra-t-il d'une voix songeuse. Mais où diable donc as-tu grandis ?!
Je baissai la tête, mes yeux toujours posés sur lui. La lumière de la lune traçait les contours de sa silhouette dans l'obscurité. Ainsi dessiné, il paraissait étonnamment frêle, presque fragile. Je détournai le regard.
Où avais-je grandis ? Je ne le savais pas moi-même. Je ne savais même pas si j'avais déjà grandi un jour. Une sale gamine gâtée dans une vie trop bien pour elle. Qu'avais-je pu vivre ou découvrir qui aurait pu me permettre de grandir un peu ? De me construire. D'évoluer. Rien. Rien du tout. Je poussai un soupir, tournant le buste vers Gady.
- Pas dans le même endroit que toi apparement...
A ces mots, je le vis baisser la tête, faisant disparaitre complètement son visage sous sa casquette. Les épaules rentrées, il pivota.
- Ça c'est sûr... murmura-t-il.
Sa voix s'était brisée. Le dos toujours tourné, il avait rabattu sa capuche sur son crâne pour lever une nouvelle fois les yeux au ciel. Je me mordillai les lèvres. Qu'avais-je dit ? Qu'avais-je fait ? Je le scrutai, lui, sa silhouette fine, ses épaules anguleuses, sa taille menue. Il n'était plus qu'une ombre. Perdu au milieu des ombres. Qu'avait-il vécu lui ? Qu'avait-il pu vivre qui l'avait fait grandir comme cela ? Je n'en savais rien. Je ne savais rien. Rien du tout. Il était un mystère, une énigme. Une ombre.
Frottant mon bras d'un geste maladroit, je m'approchai de lui.
- Et toi alors, commençai-je d'un air mal-assuré, tu as fait un vœu ?
Je m'arrêtai à quelques pas, retenant mon souffle. Son corps vouté se retourna vers moi, dévoilant un fin sourire sur son visage. Un sourire maladroit. Presque triste. Il pencha légèrement la tête sur le côté.
- Quelle question... railla-t-il avec un rictus moqueur. Evidement voyons, je sais vivre moi !
J'eu un sourire. Sa voix avait repris des couleurs. Plus vivante. Plus claire. Croisant les bras, je me penchai vers lui. L'éclat magnifique de ses pupilles restait invisible à mes yeux.
- Oh... ironisai-je. Je te prie d'excuser mon impolitesse en termes de vœu..!
- Ça va être difficile ça...
Je laissai échapper un rire.
- Je suis sûre que tu pourras faire un effort.
Son sourire s'agrandi. Eclatant. Les battements de mon cœur s'accélérèrent.
- Mmmh... hésita-t-il. Ça reste à voir...
Je pouffai. Il jouait les difficile maintenant. Tsss... Il avait bien de la chance que je sois super sympa comme princesse, sinon je l'aurais renvoyé pronto !
Les bras toujours croisés sur mon torse, je fis quelques pas timides vers lui.
- Alors ? demandai-je finalement en penchant la tête.
- Alors quoi ?
Il le faisait exprès ou quoi ? Je me mordillai ma lèvre.
- C'était quoi ton vœu ?
Il se mit à rire. Relevant la tête, il s'approcha de moi. Un sourire barrait son visage.
- T'as vraiment aucune culture des vœux toi.. ! lâcha-t-il d'une voix amusée. Un vœu ça ne se dit pas, sinon il ne se réalisera jamais.
- Comment ça ?
- C'est un secret.
J'eu une moue. Un secret ? Pourtant je mourrai d'envie de savoir ce dont il pouvait rêver. Cela hantait mon esprit. Qu'est-ce qu'un garçon comme lui pouvait souhaiter au plus profond de lui ?
- Même à ta princesse tu ne dirais rien ? tentai-je en battant des paupières.
Il eut un rire.
- Même à ma princesse. Rétorqua-t-il. C'est le jeu.
- Bon... soupirai-je déçue, j'aurais essayé au moins.
- Qui ne tente rien n'a rien.
- Comme tu le dis.
- Je suis la voix de la raison.
Je retins un rire. Il s'était approché. Je pouvais à présent parfaitement distinguer l'iris magnifique de ses yeux. Un frisson parcouru mon corps.
- Un guide je dirais même.
- Ah non. N'exagérons rien ! Je suis un prince moi !
Je ne pus retenir mon sourire. Mordillant ma lèvre, je penchai la tête.
- Ok ok, c'est vrai excuse-moi. Mais alors est-ce que le très cher prince que tu es me le dirait si son vœu se réalisait ?
Un merveilleux sourire étira les lèvres de Gady. Je sentie mes joues rougir.
- Seulement si je suis un très cher prince charmant.
Je pouffai bêtement. Ses réflexions étaient moisies, alors pourquoi ne pouvais-je m'empêcher d'avoir l'avoir l'air d'une tarte ?
- Bien évidemment que tu en es un, répliquai-je d'une voix ridicule.
Son sourire s'agrandit. Il s'approcha un peu plus. Il était proche. Trop proche. Ses grands yeux bleus se plongèrent dans les miens. S'il voulait me faire avoir une attaque, il n'avait qu'à continuer comme cela, il était carrément sur la bonne voie !
- Alors tu seras la première informée, chuchota-t-il.
Je pouvais mourir. Il s'était penché vers moi, un sourire suspendu aux lèvres. L'éclat de ses yeux était plus foudroyant encore. Mon cœur s'emballa. La chaleur s'empara de mes joues. Bon sang. Heureusement qu'il faisait noir. Mon regard était accroché au sien. Je ne voulais même pas imaginer la tête que je devais tirer.
Battant des paupières, je secouai la tête et détournai les yeux. Mélina, reprends-toi, je te prie. Ce n'était clairement pas le moment de perdre les pédales. Triturant nerveusement mes doigts, je levai la tête vers le ciel.
- Qu'est-ce que tu fais ? me demanda Gady après quelques instants.
Les yeux toujours obstinément tournés vers les cieux, je ne bougeai pas.
- Je cherche une étoile filante, rétorquai-je tout en malaxant maladroitement mon pouce. Il n'y a pas de raison qu'il n'y ait que toi qui ai le droit de faire des vœux secrets vachement stylés.
Un rire léger s'éleva dans les airs. Sans tourner le regard, je le sentis bouger à côté de moi. Sa capuche toujours rabattue sur son visage, il avait de nouveau levé la tête.
Je ne distinguais plus rien. Mes yeux fixaient sans le voir ce ciel magnifique qui s'offrait à moi. Non. Je ne voyais rien. Mon esprit était déjà parti ailleurs. Envolé. Beaucoup trop perturbé par le garçon qui se tenait à mes côtés.
Un soupir discret brisa le silence. Remuant un peu plus, je vis Gady s'accroupir pour disparaitre complétement de mon champ de vision. Que.. ? Mais qu'est-ce qu'il faisait ? Je baissai la tête. Les bras croisés derrière sa nuque, il s'était allongé sur le sol, jambes tendues. La lune venait illuminer son visage pâle.
- Euh... hésitai-je, tu fais quoi là ?
Un rire s'échappa de ses lèvres. Les bras toujours callés sous son crâne, il tourna la tête vers moi.
- À fixer le ciel comme ça, ce n'est pas une étoile que tu vas attraper mais un torticolis. Railla-t-il. Chose je préfèrerai éviter....
Il n'avait pas complétement tort. Les bras ballants, je le considérai quelques instants. J'observais son corps mince, sa peau pâle. La tête ainsi révélée, je ne parvenais pas à distinguer ce qu'il observait. Il faisait beaucoup trop sombre. Un souffle de vent vint balayer mes cheveux, faisant légèrement onduler la toile de son sweat. Il faisait calme. Et noir. Poussant un soupir, je m'agenouillai puis m'allongeai à ses côtés.
- Tu craque ? ironisa-t-il en se tournant vers moi.
J'haussai les sourcils en secouant la tête.
- Il faut croire que je suis incroyablement faible.
- C'est bien que tu le reconnaisses...
Je lui offris un coup de coude. Il l'évita en ricanant et roula légèrement sur le côté.
- Tu as flanché avant moi je te signale, répliquai-je d'une voix boudeuse. C'est toi le plus faible dans l'histoire.
- Tes propos sont d'une violence...
J'eu un sourire. Une main posée sur mon ventre, l'autre caressant l'herbe fraiche, je me perdis une nouvelle fois dans l'immensité magnifique des cieux. Mon regard divaguait dans l'espace, ne sachant pas vraiment où donner de l'œil. Enfouissant mes doigts dans la terre humide, j'essayai de repérer les constellations que ma mère m'avait montrée. Je ne me souvenais d'aucune d'entre elles, si ce n'était celle de la grande ourse. La casserole au manche cassé. C'était la seule qui était restée gravée dans mon esprit. La seule qui me revenait en mémoire. Toutes les autres s'étaient envolées, oubliées. Disparues. Seule cette casserole qui m'avait tant fait rire était parvenue à se trouver une place dans le tourbillon difforme de mes souvenirs.
Quelque chose remua à côté de moi. Abandonnant mes outils de cuisine, je tournai la tête. Assis sur le sol, Gady s'était redressé. Sa capuche nonchalamment posée sur ses épaules, il avait retiré sa casquette et passait une main distraite dans ses cheveux, ébouriffant ses mèches blondes. Il était illuminé par l'astre de la nuit, enveloppé d'un halo divin... Je le regardai, hypnotisée. C'était la première fois que je le découvrais sans cet horrible couvre-chef, la première fois que j'avais la chance d'observer son visage. Mais il faisait trop sombre. Seul son profil se détachait dans la nuit, la courbe délicate de son front, la pâleur presque translucide de sa peau. La teinte argentée de ses cheveux étincelait sous la lumière froide de la lune. Ils étaient courts, légèrement longs sur le dessus mais rasés à l'arrière du crâne. Un anneau brillait à son oreille.
Silencieuse, mes yeux suivirent le dessin de sa figure. Son nez gracile, sa mâchoire fragile. Ainsi illuminé, on aurait pu croire à une femme tant ses traits étaient délicats. Doux. Sublimes. Je retins ma respiration. Je ne pouvais décrocher mes yeux de cette vision trop parfaite. Ses doigts fins dans ses cheveux, l'épaisseur de son sweat contrastant avec la maigreur de ses bras et de son cou. On aurait dit une poupée. Une poupée enveloppée dans un amas de tissus. Il était magnifique.
- Je ne savais pas que je te fascinais à ce point, prononça soudainement une voix.
Ecarquillant les yeux de surprise, je tournai aussitôt la tête, me tournant sur le côté. Mes doigts vinrent nerveusement triturer la toile de mon T-shirt. Je soufflai, essayant désespérément de calmer la tempête qui avait pris possession de mon corps. Mon cœur était devenu incontrôlable. J'avais chaud.
- Tu ne me fascine pas du tout, répliquai-je maladroitement.
Mon œil. Mélina, si un jour tu ambitionne de te lancer dans l'espionnage, je t'en supplie, essaye d'apprendre à mentir un minimum. Tu perds toute crédibilité là !
- Ah oui ? minauda-t-il d'une voix amusée en se penchant vers moi.
Je frissonnai.
- Oui, martelai-je. J'étais simplement en train de me demander où est-ce que l'on était. Arrête de prendre tes rêves pour la réalité.
Un rire s'éleva doucement dans les airs. Je me renfrognai. Qu'est-ce que je disais, pas crédible. Pas crédible du tout.
- Ah.
« Ah » ? Quoi « Ah » ? C'est tout ce qu'il avait à répondre ?! « Ah » ?!! Non mais il voulait me rendre dingue cet imbécile. Je me retournai. J'allais lui apprendre moi à me répondre « Ah » comme cela. Personne ne me disait « Ah » !
Mon geste s'arrêta aussitôt. Le corps tourné dans ma direction, Gady s'était de nouveau allongé sur le sol. Il avait glissé une main sous sa tête, l'autre entortillant distraitement quelques brins d'herbe humides. Son regard était posé sur moi, un léger sourire soulevant le coin de ses lèvres. Mon cœur rata un battement. Je cru défaillir. Si je parvenais à peine à distinguer les traits de son visage, l'éclat de ses yeux lui, brillait dans la nuit. Plus fort, plus magnifique encore. De véritables perles bleues.
Il eut un rire et baissa les yeux. Ses doigts arrachèrent une touffe d'herbe. Il faisait décidément beaucoup trop sombre.
- C'est un parc un peu à l'écart de la ville, commença-t-il les yeux toujours baissés. Tout juste entre le centre-ville et sa banlieue proche. Il n'y a jamais aucune lumière ici. Personne. Quelques dealers de temps en temps mais bon... Pas grand monde.
Il arracha une autre touffe. Je l'observai faire. Silencieuse.
- Le Parc Mon Trésor, articula-t-il d'un air absent en faisant claquer sa langue contre son palais.
Envoyant valser la terre qu'il tenait dans sa main, il releva les yeux vers moi. Je dégluti.
- Je l'aime bien ce parc... dit-il avec un vague sourire.
Son regard parcouru distraitement mon visage. Je ne savais que dire. Il semblait ailleurs, perdu dans ses pensées. Mais il semblait triste surtout. Nostalgique.
- Je trouvais son nom carrément ridicule au début, continua-t-il de sa voix lasse, mais finalement, c'est un peu grâce à lui que j'ai pu découvrir quel était le véritable trésor de mon existence...
Le trésor de son existence ? Je fronçais les sourcils. Mais de quoi parlait-il ? Quel était-il ? Ce trésor... ?
- C'est un peu lui qui m'a sauvé...
Ses yeux fixaient un point invisible sur ma joue. Absent. Je ne le lâchai pas du regard. Le sauver ? Mais le sauver de quoi ? De qui ? Un millier de questions assaillirent mon esprit. Hypnotisée. Je voulais tout savoir. Comprendre.
Un rire nerveux s'échappa de ses lèvres, brisant le silence. Passant une main sur son visage, il tourna la tête. Sa jambe se ramena contre lui.
- Mais qu'est-ce que je raconte-moi...? Marmonna-t-il dans un rire triste. Un parc... Tsss... je suis d'un stupide parfois...
Il lâcha un soupir affligé, sa main toujours posée sur son front. Le regard tourné vers lui, je le fixai bêtement, la bouche entrouverte, ne sachant que dire. C'était la première fois qu'il me parlait de lui. De son histoire. Ce n'était pas grand-chose, quelques phrases vagues et incompréhensibles, quelques phrases tristes, mais quelques phrases évoquant des souvenirs. Et c'était déjà beaucoup. J'eu un pincement au cœur. Constater son visage défiguré par un sourire douloureux m'attristait. Je ne voulais pas le voir ainsi. Je ne voulais pas le voir torturé par cette ombre de tristesse, ce frisson de nostalgie. Non. Je voulais qu'il rit, qu'il sourît, vraiment. Je voulais le voir rayonner de cette flamme de bonheur que je lui connaissais. Et non pas cette larme de souffrance cachée. Je mordillai ma lèvre.
- Non... murmurai-je d'une voix hésitante, non, ce n'est pas stupide.
Gady souleva un index, révélant un œil intrigué. Je senti mon cœur accélérer dans ma poitrine.
- Ce n'est pas stupide du tout, continuai-je maladroitement. Bon ok, le nom laisse peut-être à désirer...
Il eut un léger rire. Une boule de chaleur se forma dans mon ventre. Je triturai mes doigts.
- Mais ce que tu as vécu dans ce parc et grâce à lui n'est stupide en rien, lâchai-je.
Sa main glissa sur sa joue, libérant son visage. L'éclat de ses yeux me fixait avec intérêt. Je dégluti.
- Tout ce qui fait ta vie, tes souvenirs, ton existence... tout ce qui te concerne, ce que tu affectionne... Tout cela ne sera jamais stupide, jamais. Car ce sont toutes ces choses qui font de toi la personne merveilleuse que tu es. Et tu n'as pas le droit de te qualifier de stupide.
Un sourire se dessina sur ses lèvres. Doux. Sublime. Il se tourna vers moi, s'approchant légèrement. Je sentie la chaleur me monter au visage. Qu'est-ce que je venais de dire ? Ce n'était clairement pas mon truc ce genre de chose... Il avait dû me trouver pathétique, ridicule. Quoique je m'en fichais pas mal, j'étais simplement heureuse de le voir sourire à nouveau. Ravie de le savoir près de moi. Comblée de le voir de nouveau briller dans cette obscurité.
- Merci, murmura-t-il finalement après quelques instants. Merci, ça me touche.
Il avait prononcé ces mots dans un souffle, un murmure. Doux. Délicat. Fragile. Je tressailli. Son visage ne se trouvait qu'à quelques centimètres du mien. Si proche. Une main glissée sous sa tête, il me regardait, un léger sourire suspendu à ses lèvres. Je le fixais également, détaillant chacune des lignes de son visage. Ses grands yeux posés sur moi, ses lèvres fines près des mienne, son souffle sur ma joue. Les battements de mon cœur s'accélérèrent. Je ne pouvais pas détacher mon regard de sa figure. Ses traits, son odeur, sa bouche. Il m'enivrait, m'hypnotisait. Me possédait. Je ne pouvais plus bouger. Je respirais à peine. Seuls les battements excités de mon cœur me rattachaient encore à la terre. Mon esprit était ailleurs, noyés dans le bleu sublime de ses yeux. Un frisson parcourut mon corps.
- Tu as froid ?
Un coup de vent. Je revins aussitôt à la réalité. Battant des paupières, je reconcentrai de nouveau mon intention sur Gady. Mais que m'arrivait-il bon sang ? Reprends toi imbécile ! Face à moi, mon beau blond me regardait avec un sourire gêné. Tu m'étonne, je devais avoir été affreusement gênante à le fixer comme cela. Psychopathe. Etirant ses bras, il se redressa. Un nouveau frisson s'empara de moi. C'est vrai qu'il faisait froid.
- Un peu... murmurai-je en frottant mon bras.
Il m'adressa un nouveau sourire. Plus doux. Je pouvais mourir. Saisissant la casquette qui se trouvait à côté de lui, il la visa sur sa tête. Mon cœur se serra. Son incroyable gueule d'amour s'était à nouveau faite engloutie par les ténèbres. Poussant un discret soupir, je me relevai à mon tour.
- Tu veux que je te passe mon sweat ? Demanda-t-il en replaçant maladroitement sa visière.
Il voulait que quoi ? Je le considérai quelques instants. Avais-je bien entendu ? Son sweat ? A lui ? Pour moi ? Ce ne pouvais pas être vrai. Non. Pas du tout. J'eus un rire nerveux.
- Non, bégayai-je stupidement. Non je... Ne te dérange pas. Après c'est toi qui auras froid.
Bien sûr que si je le voulais ton sweat imbécile. Ton odeur. Ta douceur. Mais cela ne devait pas se voir. Pas se savoir. Pour qui allais-je passer ? Et puis, c'était vrai, tu aurais froid à ton tour. Je n'étais tout de même pas une égoïste à ce point. Je ne voulais pas que tu tombes malade à ma place.
- Je n'ai jamais froid, rétorqua-t-il avec un sourire amusé. Et puis ça fait partie de mon devoir de prince. J'aurais l'air de quoi moi après avec une princesse enrhumée ?
J'étouffai un rire. Ouah... Alors cela c'était de l'argument en béton. Il se leva, époussetant distraitement son jean.
- Oserais-tu insinuer que je suis une princesse faible ? Interrogeai-je d'une voix suspicieuse. C'est une insulte envers mon système immunitaire princier !
Il eut un sourire puis releva les yeux vers moi. Eblouissant.
- Mince... ironisa-t-il. J'aurais doublement failli à mon devoir alors... Milles excuses princesse, vraiment. Veuillez accepter cet humble sweat en signe de mon repenti.
Je pouffai. Ce type était décidément trop fourbe. Oh et puis zut hein ! S'il insistait... Ce serait vraiment beaucoup trop malpoli de ma part de refuser. Ce n'est pas de l'égoïsme, mais un acte solidaire de compassion. Rien à voir.
- Ok ok... Mais vraiment parce que tu insistes hein. Je me dois de défendre mon titre de princesse vachement sympa cédant aux requêtes même les plus incroyables de ses vénérables sujets, tout princes soient-ils...
Il eut un rire et retira son sweat. Avec un sourire victorieux, il me tendit son vêtement. Je le saisi. La toile était étonnamment douce. Une odeur de cigarette et de menthe s'en échappai. Son odeur. Je me senti rougir de plus belle. J'allais porter le même vêtement que lui. Son vêtement. Incroyable. Je secouai la tête, chassant ses images de mon esprit. Cela devait être le rêve de toute gamine pré pubère accro au film américains bien coulants. Désespérant.
Je l'enfilai hâtivement. Le tissu vint frôler mes bras, me faisant frissonner. Déjà, le vent ne pouvait plus venir atteindre ma peau nue. Je flottai dans le bonheur. Un nuage de douceur. Magique.
Face à moi, Gady m'observait en souriant, les bras croisés sur son torse. Il ne portait plus qu'un simple T-shirt. Ample. Large. Très large. Il lui retombait sur les cuisses. Ses immenses manches, qui recouvraient la moitié de ses bras, soulignaient plus encore la finesse de ces derniers. Dans ce vêtement bien trop grand pour lui, il paraissait plus chétif, plus fragile.
S'approchant de moi, il frotta nerveusement son avant-bras. Une ride soucieuse barrait son front. Je fronçai les sourcils. Que lui arrivait-il ?
- Euh... commença-t-il d'une voix hésitante. Mélina je... Il faudrait que je te dise quelque chose...
Quelque chose ? Comme quoi ? Etait-ce grave ? Il ne me supportait plus ? Je le dégouttai ? Cette soirée avait-été horrible ? Je le savais... J'aurais dû m'en douter. Mais pourtant j'y avais cru. Un peu. Au fond de moi j'y avais vraiment cru. Je me mordis la joue. Imbécile. Qu'allais-je m'imaginer ? Que quelqu'un pouvait m'apprécier ? Idiote. Tu me désespère.
- Quelque chose ? répétai-je d'une petite voix.
- Oui. Mais... je ne suis pas sûre que ça te plaise vraiment... Alors promet moi de ne pas t'énerver... et de m'écouter jusqu'au bout.
Ne pas m'énerver ? Mais j'avais envie de hurler. De pleurer. Quoi ? Qu'avais-je encore fait de si terrible pour qu'il me rejette lui aussi ? J'hochais nerveusement la tête, essayant de calmer les tremblements nerveux de mon bras.
- Je... hésita-t-il. Je... Voilà, ce n'est pas vraiment simple à dire mais...
"I miss the taste of a sweeter life"
Quoi ?
"I miss the conversation"
Qu'est-ce que ? La bouche ouverte, Gady me fixait avec incompréhension.
"I'm searching for a song tonight"
Ok... Je venais de comprendre. J'étouffai un juron. Bon sang. Qui était l'imbécile né qui osait venir bousiller un moment de tension aussi extrême ?! J'allais commettre un meurtre.
« I'm changing all of the stations »
Je sorti mon téléphone de mon sac et appuyai sur la touche répondre. Pas un meurtre. Un massacre. Un carnage. D'abord, je ferais avaler à cette créature aussi immonde qu'inutile une marmite remplie de rognons aux épinards, puis je...
- Oui quoi ?! m'énervai-je dans mon téléphone.
- Mélina ? me répondit une voix angoissée. Bon dieu ma chérie ! Mais où es-tu ?!
Je fronçai les sourcils, perplexe. Attendez... Il y avait un truc moyennement logique là.
- Papa ?
- Lui-même.
Mon père qui m'appelait de sa propre initiative... Pas de doutes, quelque chose de grave devait être arrivé. Pas moyen autrement. La fin du monde. Juste après l'aveux de Gady me confiant que je l'insupportais... Le coup était plutôt dur là...
- Euh... dans un parc mais, sans vouloir te vexer, qu'est-ce que ça peut te faire ?
- Ce que ça peut me faire ? répéta-t-il d'une drôle de voix. Ben... que je suis ton père quand même... et que je viens de rentrer sans trouver personne à la maison à qui refourguer mes Piroshki !
Hein ?
- Tes piro quoi ? Mais je... Attends deux minutes là, comment ça « t'es rentré » ? Je croyais que t'étais censé revenir dans une semaine seulement ?
Un soupir raisonna dans l'appareil.
- Concrètement oui, mais notre filiale russe nous a plantée au dernier moment. Problème de gestion, désaccords d'investissements... enfin tout plein de trucs qui ne t'intéresserai pas. Le fait est que du coup, au lieu de poireauter en Russie en attendant mon avion pour la Corée, je me suis dit « pourquoi ne pas rentrer voir ma petite fille chérie ? » Et me voilà..!
Ma petite fille chérie ? Ouah... je n'avais rien entendu d'aussi drôle depuis la mort de Bubulle le poisson rouge.
- T'es à la maison ?
- Tes capacités de déduction sont toujours aussi impressionnantes à ce que je vois...
- Ce n'est pas vrai...
- Je t'assure que si.
Il y eut un blanc. Papa. Maison.
- Mais c'est trop génial ! m'exclamai-je en sautant sur place.
- Je l'espérai oui. Dit-il d'une voix calme mais néanmoins ravie. Où te trouve-tu alors ? Tout va bien rassure moi ?
Je lançai un regard vers Gady. Ce dernier m'observait d'un air intrigué. Un sourire gêné flottait sur ses lèvres. Il frotta nerveusement son bras.
- Oui, oui, tout va bien. Je.. Je suis en ville là. Mais je rentre de suite !
- Ah, excellente nouvelle ! Je t'attends alors.
- Oui, c'est mieux en effet, à moins que tu n'aies un autre avion à prendre dans l'heure qui vient.
Un rire retenti contre mon oreille. J'éloignai légèrement le haut-parleur.
- Non, pas de suite ne t'inquiète pas ma chérie. Articula-t-il en riant. Rentre vite !
- J'arrive.
- A tout de suite alors...!
- Oui, à tout de suite !
J'allais raccrocher quand un éclair vint traverser mon esprit.
- Attends Papa.. !
- Quoi donc ?
- C'est quoi un piroki ?
- Un piroshky ?
- Ouais si tu veux...
Un nouveau rire fit écho dans le combiné.
- Ah ça... tu devras rentrer pour le savoir.
- T'es fourbe.
- Mais moi aussi je t'aime ma puce.
Et il raccrocha.
Un sourire benêt sur le visage, je fixais l'écran à présent teinté de noir de mon téléphone. Mon père était rentré. Plus tôt. Pour moi. Cela me semblait une éternité que je ne l'avais pas vu. Une éternité que je n'avais pas pu admirer son sourire éclatant, me perdre dans ses yeux gris et lourds, m'abandonner à la chaleur rassurante de ses bras. Une éternité. Et voilà qu'il était de nouveau là. Mon père. Mon papa. A moi. Pour moi. Je n'en revenais pas.
- Ton père ? questionna une voix dans le silence.
Je relevai la tête. Gady, droit devant moi, une main frottant son bras, me regardait d'un air embarrassé. Je me mordis la joue. Mince. Comment avais-je pu l'ignorer comme cela ?
- Euh.. Hésitais-je. Oui. Oui c'était lui.
Un vague sourire étira ses lèvres. Il s'approcha un peu plus, hésitant. Je plissai la bouche. Depuis quand l'ambiance était-elle devenue aussi pesante ?
- Bonnes nouvelles ? demanda-t-il.
- Oui je.. Il vient de rentrer, à l'instant.
Il s'arrêta, hochant maladroitement la tête, lèvres pincées.
- Cool... lâcha-t-il d'une voix triste.
J'eu un pincement au cœur. Pourquoi avait-il l'air si triste ?
- Du coup je... Bafouillai-je. Je vais devoir rentrer moi aussi... Enfin, je ne veux pas que tu...
- T'inquiète, me coupa-t-il avec un sourire en levant la main, t'inquiète je comprends carrément. Tu dois avoir super hâte de le voir !
Super hâte... Ce terme n'était pas suffisamment fort pour d'écrire le sentiment qui m'envahissait à l'instant. J'avais... Une envie surdimentionnelle de le voir à l'instant. Un désir inégalable de le serrer dans mes bras. Une fièvre nerveuse et impétueuse de l'entendre me dire qu'il m'aimait. Là. Maintenant. Tout de suite.
- Oui... murmura-je. Oui beaucoup.
Il eut un sourire. Tendre. Doux. Merveilleux. Je battis des paupières.
- On y va alors ? demanda-t-il finalement.
J'écarquillai les yeux. Hein ? De quoi ?
- Je... Oui. Oui, On y va...
Il eut un léger rire. Je bredouillai encore. Toujours. Parfaite idiote. Enfonçant les mains dans les poches de son jeans, il avança de quelques pas, m'enjoignant de le suivre d'un coup de tête. Secouant la tête comme pour me ramener à la raison, je trottinai légèrement pour me mettre à son niveau.
Il avait les épaules rentrées, la tête voutée sur lui-même. Son visage était de nouveau en proie aux ombres. Je lui jetai un coup d'œil inquiet. Je le sentais triste. Mais je ne savais pas pourquoi. Je n'osais pas demander... Etait-ce de ma faute ? Serrant les poings, je pressai le pas pour arriver à suivre sa cadence.
- Je... hésitai-je au bout d'un moment. Qu'est-ce que tu voulais me dire tout à l'heure ?
Il releva la tête vers moi, ralentissant légèrement le pas. Une mine intriguée se peignait son visage.
- Ce que je voulais te dire ?
- Oui, à l'instant, là... juste avant que mon père ne m'appelle ?
Il me considéra quelques instants avant de tourner la tête.
- Ah ça... soupira-t-il en haussant les épaules. Rien d'important.
- Il n'y a rien de pas important...
Le regard toujours fixé droit devant lui, il continua à avancer, l'air songeur. Perdu.
- Ta jupe, lâcha-t-il finalement.
- Quoi ma jupe ?
- Tu as une énorme trace de boue sur le derrière...
Comment cela une énorme tâche de...
- Oh bon sang !
......................................
Hey ! Ma régularité va presque de devenir grave là ! (oui, je suis fière de moi au cas où vous ne l'aurez pas remarqué ^^) Mais voilà comme promis le 19ème chapitre pour clore cette charmante soirée entre nos deux protagonistes préférées ! J'espère qu'il vous aura plu !
C'est la première fois que l'on avait une description un peu plus poussée de Gadie, bon, cette description n'était pas du tout objective et mélina n'y voyait pas grand chose, mais c'est mieux que rien ! Qu'en pensez vous ?
On sens qu'il commence a y avoir un petit rapprochement entre elles deux, une attirance du moins... Enfin, j'espère que la fascination de Mélina était assez explicite, je ne pouvais pas faire mieux ! ^^
Quand au passé de Gadie, quelques brides et indices... j'espère avoir réussi à éveiller votre curiosité de ce côté là... On ne devrait plus tarder à en savoir d'avantage ;)
Enfin, Gadie a presque réussi à avouer la vérité... Vous y avez cru ? Qu'est-ce que vous en avez pensez ? Comment pensez-vous que Mélina réagirait ?
Bref bref je m'arrête là avec mes questions, j'espère tout simplement que ça vous a plu, la suite dans une semaine ! N'hésitez pas si vous avez des remarques ou des critiques, cela me fait toujours hyper plaisir d'avoir vos retours !
Merci encore de continuer à me suivre !!
A très bientôt !!
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro