Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 18

Mélina

L'ampoule grésillait faiblement dans sa malheureuse prison de verre. Un. Deux. Trois. Elle s'éteignit. Puis se ralluma aussitôt. Un. Deux. Trois. Nouvelle coupure. Je grinçai des dents. Cela commençait sérieusement à me porter sur les nerfs. Assise sur le rebord d'un muret, mes pieds se balançant au rythme des secondes, j'observais le calme oppressant de cette rue vide et sombre. Seuls les néons aux couleurs atroces du fast-food d'en face semblaient redonner un semblant de vie à cette nuit trop obscure. Il était tard. Très tard. Le soleil avait disparu depuis longtemps déjà derrière les imposantes barres d'immeubles grises.

Le vent soufflait légèrement, faisant danser quelques mèches rebelles sur mon front. Un soupire s'échappa de mes lèvres. Je me sentais bien, apaisée. Sereine. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti pareil calme. Ce petit frisson de bonheur. Cette once de douceur. Oui, là, assise sur un muret, le regard perdu dans le vide, je me sentais bien.

J'avais longuement hésité avant d'oser venir le voir. Avant d'oser simplement remettre le nez dehors. Pendant plusieurs jours j'étais restée chez moi, cloitrée dans mon appartement de crainte que l'on me voie ainsi. De peur que chacun puisse découvrir sur moi les preuves criantes de ma lâcheté et de ma faiblesse. Mais je n'avais pas su résister plus longtemps. Il me manquait. Je ne savais pas vraiment pourquoi. Je ne comprenais pas. Pas du tout. Mais ce garçon un peu étrange aux doux yeux bleus me manquait terriblement. Cela était rare mais je me sentais bien à ses côtés. Je me sentais moi. J'aimais entendre le son de sa voix. J'aimais savoir son regard sur moi. Moquer son caractère maladroit, qui semblait pourtant tellement sincère et vrai. Entendre son rire. Admirer son sourire.

L'ampoule tressauta de nouveau. Je penchai ma tête en arrière agrippant mes doigts au muret. Qu'est-ce qu'il fichait ? Cela faisait une éternité que cet imbécile blond avait disparu dans ce restaurant miteux, osant honteusement m'abandonner, seule, dans une rue sombre et déserte. Certes, s'il était parti c'était pour aller chercher de quoi satisfaire les plaintes de mon estomac affamé mais tout de même... Oser me planter comme cela... Son kebab avait intérêt à être sacrément bon.

Soupirant, je passai une main dans mes cheveux. Mes yeux scrutèrent le ciel. Je ne voyais rien. Rien d'autre qu'un épais voile sombre surplombant le ciel. Il faut dire que l'éclat des lampadaires m'empêchait de distinguer quoique ce soit sur la voute céleste. Quelle ironie. Les innombrables réverbères du quartier, pourtant censés m'aider à voir plus clair dans cette obscurité maladive, me rendaient aveugle face à la beauté des cieux. Je pinçai mes lèvres, songeuse. Depuis combien de temps n'avais-je pas contemplé le ciel, sans artifice, sans rien ? Juste le regarder, me perdre dans l'immensité magnifique de l'univers. Depuis combien de temps, hein ? Je ne savais pas. Je ne me souvenais pas.

D'aussi longtemps que je me souvienne, j'avais toujours observé le monde depuis des terrasses et des hôtels luxueux, complètement éblouie par l'éclat insolent de l'opulence et de la richesse qui faisaient ma vie. Aveuglée par le masque de mon existence, je me contentais d'admirer la beauté de l'univers à travers des écrans, des vitres, des miroirs. Rares étaient les moments où j'osais retirer ce masque pour contempler le monde tel qu'il était vraiment. Affronter la réalité.

Sauf une fois.

            Une fois oui. Une fois. Je m'en souviens très bien. C'était l'été, un doux mois de juillet. Je n'avais que cinq ans et ma mère vivait encore avec nous. La vie n'était pas tellement plus rose, le chant des oiseaux n'était pas tellement plus beau, mais je ne m'en rendais pas vraiment compte. Je n'étais qu'une gamine perdue dans un monde bien trop grand pour elle. Cet été-là pourtant, nous avions décidé de partir tous les trois, juste tous les trois, nous perdre dans la nature belle et sauvage de la montagne. Oubliés les hôtels luxueux, envolées les villas excessivement coûteuses de mon père, non, ma mère avait loué un chalet, un misérable petit chalet de bois perdu dans une plaine déserte. Du plus loin que je me souvienne, cela était bien la première fois que je quittais mon confort d'enfant pourrie gâtée. Et ce fut également la dernière. Mais pour la première fois de ma vie, il n'y avait rien autour de moi, rien d'autre que la douceur sauvage et sublime de la montagne. Pas de bruit de klaxon, pas d'odeurs artificielles et étouffantes, non, simplement la tendresse du vent, le parfum brut et humide de la terre et le fumet délicat des fleurs. Je m'en souviens si bien. Ma mère ne criait pas. Mon père semblait presque heureux. Je croyais à un rêve. 

            Nous y étions restés deux jours. La nuit passée dans cet écrin de tranquillité était sans doute la plus belle qu'il m'ait été donnée à vivre. Sur un feu de fortune, nous avions fait griller quelques saucisses. Mon père, tablier en main, avait vainement tenté de cuisiner une salade tandis que ma mère me chantonnait quelques comptines en grattant sa guitare.

Le feu s'était teint. Nous étions allés nous promener. Main dans la main, nous avions marché tous les trois jusque dans une vaste plaine. Mon père nous racontait des histoires. Ma mère riait. J'essayais de comprendre ce qu'il racontait. C'était comme dans une bulle. Nous étions seuls, perdus. Abandonnés dans l'immensité de l'univers. Je marchais sans réfléchir jusqu'au moment où ma mère s'arrêta de rire. Un sourire aux lèvres, elle s'était penchée vers moi et avait saisi mon menton entre ses doigts manucurés pour me faire lever la tête. Mes yeux avaient cru à un rêve. Je me souviens encore parfaitement de ce moment, de ce sentiment de bonheur infini qui m'avait envahi. De cette vague de plénitude qui avait pris possession de mon esprit. C'était incroyable. Jamais je n'avais vu un pareil spectacle. Jamais. Des milliers, des centaines de milliers d'astres illuminaient un ciel argenté. Une multitude de couleurs, d'éclats, de lumières. C'était magnifique. Doucement, ma mère m'avait prise dans ses bras. Allongées sur l'herbe humide, sa main posée sur mon ventre, elle me chuchotait des paroles douces à l'oreille tout en me montrant une à une les constellations qui parsemaient le ciel. Je pouvais sentir son cœur battre au rythme du mien, son souffle chaud dans mon cou. Emerveillée par la splendeur des cieux, ma main serrant la sienne, j'avais cru à un rêve. Jamais, non jamais je n'avais été aussi heureuse.

Mes doigts glissèrent sur le béton râpeux. Je senti mon corps perdre l'équilibre, me ramenant aussitôt à la réalité. Agitant maladroitement les bras dans les airs, j'agrippai dans un élan désespéré le muret de pierre. Mes ongles crissèrent sur la surface dure et glaciale. Si je tombais, là maintenant, je me ruinerais le cou, me briserai la nuque et finirais tétraplégique pour le restant de mes jours. Pire. Je risquais de déchirer ma jupe. Et cela n'était carrément pas envisageable. C'était une collection unique. Jamais je n'en trouverais de semblable. Poussant un grognement étouffé, je crispai un peu plus mes doigts et me redressai d'un geste vif, manquant de tomber en avant. Une violente douleur s'empara de mon corps. Mes doigts me brulaient. Bon sang, ce n'était franchement pas mon moment-là. Un coup de vent. Je retombai assise sur le béton sale. Super.

- Euh... tu nous fais quoi là ? demanda une voix interloquée. Un numéro d'équilibriste ?

Je relevai la tête. Gady se trouvait devant moi, un paquet dans les mains, sa casquette toujours profondément enfoncée sur la tête. Je poussai un soupir. Eh bien, ce n'était pas trop tôt. Lui adressant une grimace des plus accueillantes, je glissai mon doigt douloureux dans ma bouche. Au contact de ma langue, la brulure s'apaisa légèrement.

- Purée... marmonnai-je. Je me suis pété un ongle.

Gady, qui s'était approché de moi, ouvrit de grands yeux surpris avant de se mettre à rire. Il m'adressa un sourire narquois.

- Oh pauvre chou... ironisa-t-il en s'asseyant à mes côtés. Mon idée de pédicure n'était pas si mauvaise finalement...

Je lui adressai une moue agacée. Quel crétin ce crétin.

- D'abord je souffre atrocement là alors tes blagues moisies tu peux te les garder, rétorquai-je d'une voix pinçante, et puis sache pour ta gouverne qu'une pédicure ne concerne que les pieds. T'es complètement à côté de la plaque, mais bon ça ce n'est pas totalement une nouveauté.

Il pouffa en secouant la tête. Le buste ainsi incliné, je pouvais à peine distinguer le sourire malicieux qui se dessinait sur son visage. L'ombre de sa casquette envahissait l'entièreté de sa figure. Et cela m'agaçait. Dans un mouvement d'épaule souple, il déposa le paquet de papier marron à côté de lui puis releva la tête. Le bleu de ses yeux s'illumina dans la nuit. Je tressautai. Un rictus amusé s'était emparé de ses lèvres.

- Ok ok, je m'excuse, lâcha-t-il d'un air espiègle. C'est vrai que se casser un ongle est quelque chose de beaucoup trop horrible...! Pauvre de toi, tu dois endurer mille et une tortures ! Comment ai-je pu un seul instant oser me moquer d'une pareille souffrance ?!

Je levai les yeux au ciel. Quand je disais que c'était un crétin... Oui, cela faisait mal. Très mal même. Mais ce garçon était un ignare. Insensible à la douleur des autres ! Cœur de pierre. Monstre !

Une main appuyée sur le béton dur, l'autre glissée dans la poche de son sweat, mon imbécile aux yeux bleus me fixait avec un énorme sourire. S'il croyait qu'il allait arriver à me déstabiliser avec si peu, il se fichait clairement le doigt dans sa magnifique pupille azure. Retirant le mien de ma bouche, je levai ma main endolorie en l'air et me jetai par terre.

- Aaaaaaaaaaaaaargh !! M'écriai-je en me roulant sur le bitume noir.

Gady se redressa aussitôt. Ses yeux se tintèrent d'un mélange de stupeur et de panique. Il s'accroupit à côté de moi. Tout en me trémoussant sur le sol, je l'observai du coin des yeux. Il semblait inquiet, surpris, ne sachant vraiment comment réagir. Je me retins de rire. Une de ses mains blanches vint se poser sur mon genou, me secouant légèrement.

- Euh... Mélina ? hésita-t-il. Tu nous fais quoi là ?

J'arrêtai quelques instant mes beuglements de vache agonisante pour planter mon regard dans le sien.

- Je souffre, ça ne se voit pas ?

À ces mots, mon merveilleux prince ouvrit de grands les yeux avant d'éclater de rire. Il passa une main sur son visage avant de reposer son regard sur moi. Ses yeux pétillaient.

- Mais t'es complètement malade ma pauvre ! Articula-t-il entre deux éclats de rire.

Toujours en riant, il se redressa. Allongée sur le sol, les bras en croix, je pouvais voir ses dents mordiller sa lèvre inférieure. Un sourire barrant son visage, il tendit une main vers moi.

- Aller vient madame la mourante, je vais te soigner.

Je fronçai les sourcils. Me soigner ? Comment cela il allait me soigner ? Alors d'abord j'aimerai bien savoir grâce à quel miracle il comptait rendre à mon magnifique petit ongle son inimitable beauté, et puis bon, j'espérais tout de même qu'il ait conscience que je plaisantai. Il ne fallait pas prendre tout ce que je disais au pied de la lettre. Du moins, pas toujours.

Un sourire étirait malicieusement le coin de ses lèvres. Je détournai les yeux. Bon, après s'il promettait de me soigner avec un sourire aussi craquant, comment étais-je censée résister moi ? Secouant la tête, je saisi la main qu'il me tendait. J'étais décidément atrocement faible.

Dans un mouvement souple, il me tira doucement vers lui. Je me sentie décoller du sol, comme happée par un élan irrésistible. Passant un bras dans mon dos, il m'attira contre son torse. Tout près. Trop près. Mon visage ne se trouvait plus qu'à quelques mètres du sien. Je pouvais sentir son souffle sur ma peau, son inimitable parfum mentholé dans son cou. Je me figeai sur place. Que faisait-il ? Ses yeux bleus se plongèrent dans les miens tandis que ses doigts fins parcoururent ma main. Lentement, il l'approcha de son visage. Je ne pouvais plus bouger, complètement paralysée. Hypnotisée par la splendeur de ses traits. Envoutée par la pâleur de sa peau. Son regard toujours agrippé au mien, il posa ses lèvres sur mon doigt. Doucement. Intensément. J'écarquillai les yeux. Mais... Que... La chaleur envahie mes joues. Mais qu'est-ce qu'il faisait bon sang ? Ma bouche s'ouvrit sans que des mots ne puissent s'en échapper. Je cru défaillir.

Les yeux pétillants, Gady retira ses lèvres et laissa lentement glisser mon bras le long de mon corps. Un sourire satisfait se dessinait sur son visage.

- Et voilà, prononça-t-il finalement avec un étrange sourire, je t'ai fait un bisou magique.

Un bisou quoi ? Je me sentis rougir jusqu'aux oreilles. Mais qu'est-ce qu'il venait de faire ce crétin ?! J'eu un bafouillent ridicule. Et qu'est-ce qu'il m'arrivait bon sang ? J'étais décidément la dernière des idiotes...! Agitant maladroitement mes mains dans les airs, je tournai sur moi-même avant de me retourner m'assoir sur le muret. J'époussetai distraitement ma jupe, n'osant pas relever les yeux. Tête baissée, je vins triturer mon doigt. Mon visage était rouge. Bon sang. Je ne me laverais plus jamais la main.

- T'es vraiment un gamin, marmonnai-je.

Le rire étincelant de cet imbécile à casquette s'éleva avec légèreté dans la nuit. Je me mordis la joue pour ne pas rougir davantage. Comment se faisait-il qu'un crétin pareil parvienne à me déstabiliser à ce point ? Je n'étais pourtant pas une de ces adolescentes excitées bourrées aux hormones ! Mince à la fin.

Les yeux toujours obstinément baissés sur mes genoux, je sentis mon beau blond s'assoir à mes côtés. Sans même relever la tête, je pouvais deviner le sourire narquois qu'il arborait sur son si parfait visage. Crétin.

- Quoi ? me taquina-t-il d'une voix amusée. T'as toujours mal au doigt ?

Je levai les yeux vers lui. Je ne m'étais pas trompée. Ce bellâtre en sweat me fixait d'un air moqueur. Un sourire malicieux était suspendu à ses lèvres. Mes dents se serrèrent. Je vais t'apprendre à te foutre de ma figure toi..!

- Un conseil, bougonnai-je, ne te lance surtout pas dans une carrière de médecin, tu n'as aucune chance de sauver des vies avec tes méthodes.

Il eut un rire. D'un geste théâtral, il se frappa le front avant de jurer.

- Oh non, mince ! s'exclama-t-il d'un air faussement déçu. Moi qui ambitionnais de devenir le nouveau docteur Dereck... C'est tout un rêve que tu viens de massacrer là !

Je pouffai nerveusement. Les vannes de ce garçon étaient décidément toujours aussi moisies.

- Désolé, lâchai-je avec un clin d'œil, je crois que tu vas devoir trouver une autre méthode pour te taper un tas de petites infirmières sexy...

Il se mit à rire, appuyant de sa main sur la visière de sa casquette. Ses yeux pétillants se posèrent sur moi.

- Mince, tu m'as percé à jour...

- On m'appelle The Mentalist dans le milieu. Tu n'as aucun secret pour moi.

Haussant les sourcils, il plongea son regard dans le mien. Un sourire malicieux étirait ses lèvres. Je me senti rougir de plus belle.

- Vraiment ? Aucun secret ?

- Aucun. D'ailleurs je te conseille de bloquer ton compte en banque.

Pouffant une nouvelle fois, il détourna le regard. Je fis de même. Bon sang Meldy ! Tu ne pouvais pas trouver des vannes encore plus pourries hein ? Pauvre naze... Mal-à-l'aise, je scrutais mon beau blond du coin des yeux. Ce dernier était occupé à contempler d'un air absent le paquet qui se trouvait à ses côtés. Il le saisit finalement entre ses longs doigts et me le tendis.

- Aller, tiens Patrick, me lança-t-il avec un sourire. Savoure ta victoire. Il s'agit que tu reprennes des forces avant que je ne décide de te démolir la figure pour oser me piquer les bonbons planqués dans mon coffre-fort.

Je laissai échapper un rire. Bon, au moins mes blagues restaient au niveau des siennes. Moisies. A moins que ce ne soit lui qui se mette à mon niveau... Honnêtement, je ne préférais pas le savoir. Pourtant, malgré les absurdités ridicules qu'il débitait à longueur de temps, tout semblait couler comme de l'or dans sa bouche. Ses mots étaient plus beaux, plus drôles, plus forts. C'était... différent. Sublime. Je me mordis la joue. Bon sang... Je devais être sérieusement atteinte pour penser des trucs pareils ! Reprend toi imbécile ! Jaugeant du regard l'amas de papier brun qu'il me tendait, je le saisi du bout des doigts pour le déposer sur mes genoux. Une délicieuse odeur s'en échappait. J'en eu l'eau à la bouche. J'étais littéralement affamée.

Ma main glissa sur la surface lisse. C'était mou, chaud. Je m'employai aussitôt à en détacher les bords. La faim me tiraillait l'estomac. Je fis glisser l'emballage sur le béton du muret dans un froissage insolent. Que... Je fronçai les sourcils. Mais qu'est-ce que c'était que ce truc ?

- Euh... butais-je, c'est quoi ça ?

Un sourire ravi étira les lèvres fines de mon beau blond. Les mains dans son sweat, Gady se tourna vers moi.

- Tout simplement le meilleur tacos de tous les temps ! Déclara-t-il d'une voix enthousiaste.

Je relevai les yeux vers lui d'un air perplexe. Le meilleur tacos ? Non mais il se fichait de moi ?

- On n'avait pas dit que c'était un Kebab ?

- Si, mais moi je préfère les tacos.

Il préférait les tacos ? La bonne blague. C'était plutôt mon poing dans la figure qu'il allait préférer à ce rythme-là.

- Mais on avait dit Kebab, répétai-je.

Il poussa un soupir et pencha sa tête sur le côté. Une de ses mèches blondes vint chatouiller son nez.

- Tu n'avais qu'à perdre si tu voulais choisir. Bien fait pour toi.

- T'es rien qu'un mauvais perdant, marmonnai-je en resserrant le tacos entre mes doigts.

Un rictus malicieux pris de nouveau possession de son visage. Il redressa la tête.

- Ah mais si tu n'en veux pas, ne te force surtout pas ! Je peux t'en débarrasser sans problème !

Je fronçai les sourcils, raffermissant ma prise sur la tortilla chaude. En plus de m'avoir trompée sur la marchandise, ce magnifique saligaud voulait me piquer ma bouffe ? Je le fixai d'un air méfiant. Monstre ! Affameur !

- Non ça ira, je me contenterais de ça... Mais sache que la prochaine fois que tu oses confondre kebab et tacos je t'explose la figure.

Mon beau blond se mit à rire. Il m'adressa un regard espiègle.

- La prochaine fois c'est moi qui t'explosera, et tu me devras une crêpe Suzette.

D'un hochement de tête, je fis courir mes mains sur ma maigre pitance. Une sauce brune à l'odeur légèrement sucrée coula sur mes doigts.

- Ça marche, assurai-je, je te payerai un cassoulet.

Gady explosa de rire. La tête toujours baissée, je me mordis les lèvres pour ne pas craquer avec lui. Gardons encore un minimum de contenance je te prie. Il se tourna vers moi.

- Deal ? demanda-t-il avec un sourire.

- Deal. Acquiesçai-je en relevant les yeux vers lui.

- Cool.

- Supra cool.

Il me scruta quelques instants. Un sourire étrange flottait sur ses lèvres. Ses grands yeux bleus pétillaient. Encore. Toujours. Illuminant sa peau si pâle. Je ne savais que dire. Muette, je le regardais, la bouche légèrement entrouverte. Je devais avoir l'air d'une belle idiote. Mais pourquoi me fixait-il comme cela en même temps ?! Crétin de yeux bleus !

Haussant les sourcils, il finit par détourner le regard d'un air amusé.

- Aller, lâcha-t-il, mange avant que ça ne refroidisse.

Il ne fallait pas me le répéter deux fois. Mes doigts enroulés autours du tacos, je le soulevai vers ma bouche. Un frisson de plaisir parcouru mon corps. J'avais l'impression de ne rien avoir avalé depuis une éternité. Et c'était sacrément long une éternité ! Les papilles frémissantes, j'ouvris la bouche prête à tout engloutir, quand mon geste s'arrêta en plein vol. Ce fut comme un décharge. Refermant mes lèvres, je baissai les mains, reposant le tacos dans son emballage. Mais quelle crétine je faisais. Une sale crétine égoïste et pourrie gâtée. Je me tournai vers Gady. Celui-ci me fixait d'un air intrigué, un de ses sourcils légèrement froncé.

- T'en veux un morceau ? questionnai-je d'une voix penaude.

Un sourire surpris se dessina sur ses lèvres. Il leva les mains en l'air en signe de refus.

- Je ne me permettrais pas...

- Donc t'en veux un morceau. Concluais-je en hochant la tête.

Séparant le tacos en deux, je lui tendis une moitié. La sauce me dégoulinait sur les doigts. Il l'a saisie d'un air ravi.

- Merci, lâcha-t-il avec un sourire.

Je lui renvoyai son sourire. Un frisson de bonheur parcouru mon corps. Je ne pensais pas qu'il était possible qu'un simple geste puisse me procurer autant de joie. C'était... C'était agréable. Sans le quitter du regard, je l'observai du coin des yeux engloutir son morceau de tacos en quelques bouchées rapides. Une perle de sauce vint tacher la commissure de sa bouche. Un coup de langue habile la fit rapidement disparaitre. J'écarquillai les yeux. Ce n'était rien, rien d'extraordinaire, mais cela me fascina. Ce petit éclat de plaisir qui brillait dans son regard, le mouvement hypnotisant de ses lèvres. Ce sourire sublime et non dissimulé qui traduisait sa gourmandise. Tout en lui m'émerveillait. Il était une véritable œuvre d'art à lui seul. Une merveille. Ses traits, ses gestes, son rire. Tout semblait se mouvoir et s'accorder dans une envoutante harmonie. Chaque détail, même le plus infime, paraissait sublime. Parfait. Il était parfait. Sublime.

Son regard azur se tourna vers moi. Je sursautai, prise en flagrant délit, et me retournai aussitôt. D'une bouchée, j'engouffrai mon bout de tortilla, tête baissée. La chaleur avait pris possession de mes joues. Je me mordis la langue. Quelle imbécile je faisais ! Fascinée par un type qui mangeait un tacos... Je devais vraiment avoir fini de toucher le fond. Quelle était la prochaine étape, hein ? Tomber en admiration devant un inconnu qui faisait la grosse commission ? Et puis après devant la grosse commission en personne ? J'étais décidément d'un pathétique... pathétique.

Je lui lançai un coup d'œil timide. Sans rien dire, un sourire amusé flottant sur ses lèvres, Gady m'observait la tête appuyée sur son poing. Je baissai de nouveau les yeux. J'avais eu l'air d'une parfaite idiote et lui n'en n'avait pas raté une miette. Super. Il devait bien se moquer de moi à présent. Un soupire inaudible s'échappa de ma bouche. Enfin, si cela pouvait faire rire quelqu'un, c'était au moins cela de gagné. Après tout, c'était toujours un plaisir de passer pour une imbécile.

Je tournais la tête vers lui. L'éclat sublime de ses yeux me déstabilisait. Les joues rouges, l'air stupide, je triturai nerveusement mes doigts.

-    Quoi ?! marmonnai-je en relevant les yeux. Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai un truc sur le visage ?

Son sourire s'agrandi d'avantage. Décollant sa tête de son poing, il se pencha vers moi. Je me reculai automatiquement. Qu'est-ce qu'il fichait encore ?

-    Mis à part ce sublime petit air de merlan frit, non pas vraiment... rétorqua-t-il d'un air moqueur.

Je levai les yeux au ciel. Ouah, hilarant. Tout en essayant de lui lancer le regard le plus méprisant possible, je me penchai à mon tour vers lui.

-    Génial, surtout préviens-moi quand je suis censée rire, je ne voudrais pas vous vexer, toi et ton humour de limace tétraplégique.

Il retint un rire. Mais pourquoi est-ce que je parle de limace moi ?!

-    T'es pas hyper sympa avec les limaces...

J'eu une moue excédée. C'était vraiment tout ce qu'il avait à répondre ?

-    T'avais qu'à faire des blagues drôles.

-    Je suis hilarant.

J'haussai un sourcil, amusée. 

-    Ah. Première nouvelle.

-    T'es juste pas assez futée pour comprendre mon sens de l'humour supérieur.

J'eu un rire maladroit. Un sens de l'humour supérieur ? Non mais il se fichait de moi ?

-    Là c'est moi que tu vas vexer.

-    Bien fait.

Affichant une mine boudeuse, je croisai les bras sur ma poitrine. Bien fait toi-même.

-    T'es pas un type gentil.

Il gloussa. Et après c'était moi que l'on osait traiter de poisson ?! Espèce de poule.

-    Je ne peux pas te laisser dire ça.. ! s'indigna-t-il d'un air faussement offusqué.

-    Alors arrête de me traiter de merlan grillé.

-    Frit.

Hein ?

-    Quoi ?

-    Frit. Il était frit mon merlan.

Je me mordis la joue pour ne pas éclater de rire. Sérieusement ?! Je te méprise Gady, je te méprise profondément.

-    Va te pendre.

Il étouffa un gloussement. Passant une main oisive sur son menton, mon insolent petit prince se pencha vers moi et planta son regard cristallin dans le mien. Je sentis mon cœur accélérer.

-    Ok ok... lâcha-t-il avec une petite moue penaude. Je m'excuse.

Il s'excusait ? La poule s'excusait ? Ah ben tiens, c'était la meilleure. Je le toisai du regard.

-    Rien à faire. Allez tous vous pendre, toi et tes excuses moisies.

Mon beau blond se mit à rire. D'un geste maladroit, il vint frotter la toile de son jean.

-    Roooh... Mais non, je suis ton prince. Je ne peux pas aller me pendre, qui te protégera sinon ?

Bien vu. C'était vrai qu'il était toujours plaisant d'avoir un prince prêt à se jeter du haut d'un pont pour soi. Surtout quand il était aussi charmant... Même si j'avoue avoir de sérieux doutes quant à sa capacité à sauter d'un pont pour défendre mon honneur.

-    Vu l'efficacité de tes actions... soufflai-je d'une voix lasse.

Mon joli prince eut un hoquet offusqué. Se tournant complétement vers moi, il me toisa de ses grands yeux bleus, mordant nerveusement son pouce entre ses dents.

-    Tsss... marmonna-t-il. T'es difficile quand même.

-    Que veux-tu ? Je suis une princesse.

Il eut un rire. Ses yeux étaient fixés sur moi, pétillant dans l'obscurité de la nuit. Magnifiques.

-    Ok... Alors qu'est-ce que je peux faire pour me faire pardonner, madame la princesse frite ?

Qu'est-ce qu'il pouvait faire ? Oh mais tellement de chose si tu savais... Me prendre dans tes bras, me susurrer à l'oreille des mots doux, ne jamais cesser de poser sur moi ce regard bien trop beau pour être vrai... Je me mordis violemment la joue. Bon sang Meldy ! Reprends toi imbécile ! Il t'avait traité de princesse frite ! Frite ! Mince à la fin !

Les yeux toujours posés sur moi, Gady me fixait sans rien dire. Il attendait. J'avais encore eu l'air d'une imbécile, pour changer. Passant une main épuisée dans mes cheveux, je levai les yeux au ciel. Ce que je voulais ? Mon regard se perdit dans l'obscurité des cieux. Je le savais parfaitement.

-    J'aimerai beaucoup aller voir les étoiles... murmurai-je d'une voix presque inaudible.

Le visage toujours tourné vers le ciel, je ne bougeai pas. Je senti Gady se trémousser à côté de moi.

-    Les étoiles ?

Je me tournai vers lui. Il avait à son tour levé les yeux au ciel. L'éclat éblouissant du lampadaire se reflétait superbement sur sa rétine. Il baissa la tête vers moi. Je retins mon souffle. Il était beau. Ces traits fins, sa peau blanches. L'ombre de sa casquette dissimulait une partie de son visage et pourtant... Pourtant je pouvais deviner la douceur et la délicatesse des lignes qu'elle tentait de dissimuler.

Je lui adressai un sourire, frottant nerveusement le tissu sali de ma jupe. Il ne me lâchait pas des yeux.

-    Oui, dis-je dans un souffle. Les Étoiles. Emmène-moi voir les étoiles.

........................................

Heeeey !!! Je vous l'avait promis, et le voilàààà ! A une semaine d'intervalle, je me sens telllllement badass..! Le chapitre 18 !!!!!! Ouiiiiiiii !!!!!

Bon, je suis désolé si c'est un peu long, cette soirée ne devait pas s'étaler sur autant de chapitre mais finalement... je crois que je me suis un peu trop emportée... ^^' mais rassurez vous, le troisième chapitre mettra un point final à cette nuit décidément.. torride !!

Enfin voilà, un peu de complicité, quelques touches de nostalgie et un soupçon de fascination... le tout assaisonné d'une bonne dose de Tacos, j'espère que ce chapitre vous a plu !

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, cela me fait toujours hyper plaisir !

La suite dans une semaine (si si je vous assure que ce n'est pas une blague !)

Merci beaucoup de continuer à me suivre !!

A trèèèès bientôt !!!

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro